Entreprise 2.0 Études Internet Ideagoras Innovation Réseaux professionnels internes Social Business

DRH et Social Business: tout le monde veut aller au ciel mais personne ne veut mourir…

13 janvier 2012

En plus de l’Observatoire de l’intranet édition 2012, la société française Arctus effectue aussi un sondage annuel auprès des entreprises et sociétés afin de sonder les DRH sur leur degré de e-transformation. Elle publie donc, comme c’est le cas pour les intranets, un Observatoire. L’enquête en ligne a été ouverte du 4 septembre au 30 novembre 2011. L’échantillon retenu pour l’analyse des données est composé de 83 entreprises françaises. Et il faut noter et on le verra dans les résultats qu’il n’y a pas que les Communications ou les Ti/Si qui sont impliquées dans ce que Michel Germain nomme la e-transformation, soit le passage d’une entreprise traditionnelle à une entreprise sociale (Social Business).

observatoireRH-logo

Et il ne faut pas se surprendre des grands faits saillants de ce premier sondage. Comme le démontre le tableau ci-dessous les préoccupations sont assez proches de celles de l’Observatoire de l’intranet en particulier pour la mobilité et les RSE (réseaux sociaux d’entreprise). Ce qui diffère c’est évidemment la préoccupation marquée pour la gestion et le transfert des connaissances ainsi que pour l’innovation et l’intelligence collective, des domaines habituellement chasse gardée pour les DRH.

faits saillants

Mais ce qui me frappe dans ces constats, c’est que tout le monde veut aller au ciel mais personne ne veut mourir… Ainsi, dans le domaine de l’innovation, les DRH se voient comme les initiateurs au sein de l’organisation dans 61% des cas et qu’en plus, ils identifient les outils collaboratifs comme favorisant l’innovation pour plus de 80% des répondants mais seulement 39% favorisent la mise en place d’un processus de collaboration ou pas pour capter l’innovation. Traditionalistes les DRH ? Voyez le tableau ci-dessous:

idées1

Ça ne peut pas être plus clair. Comme dirait l’autre, plus clair que ça, tu meurs… 61% répondent qu’ils «incitent le développement d’une culture favorable à l’échange et au partage» et que 17% répondent qu’ils ne font rien… 39% des répondants indiquent qu’ils mettent en place des processus pour exploiter les idées et l’innovation mais seulement 2% utilisent les outils collaboratifs… Bref on fait bien peu dans l’Hexagone en termes de génération d’idées chez les employés ou les clients afin de favoriser l’innovation.

Innovation, RSI et transmission du savoir

Très différent des chiffres et de la réalité nord-américaine où les sites de génération d’idées (idéagoras) sont de plus en plus nombreux, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur des entreprises, qu’on pense seulement à Innocentive, IdeaStorm, MyStarbuckIdea, MechanicalTurk, etc. mais aussi les sites à l’interne comme ceux d’IBM, soit ThinkPlace et Greater IBM Connection. Je reviendrai sur ce dernier cas mais je tenais à mentionner que ces plates-formes sont actuellement celles qui ont le plus grand potentiel de retour sur investissement (RSI), ce qui fait que Forrester avait déjà noté en 2009 que de tous les outils du Web social, les idéagoras sont celles qui ont marqué la plus forte croissance d’adoption aux USA au cours de cette année-là. En fait, en 2008, il n’apparaissaient même pas dans leur étude (tableau ci-dessous).

croissance

Le cas de Greater IBM Connection est encore plus intéressant car il adresse aussi le second grand constat de l’Observatoire des DRH et de la e-transformation, soit la gestion et le transfert des compétences. En effet, cette idéagora est née de l’initiative des retraités d’IBM qui ont décidé de la créer afin de continuer à partager leur expertise avec leur entreprise mais aussi afin de la partager avec les plus jeunes. Il s’agit donc là d’un lieu d’échange et de transfert d’expertise et de transmission de savoir tacite. Du coup, on évite aussi un autre problème croissant chez les entreprises: la perte d’expertise au profit de la concurrence car qu’arrive-t-il aux retraités après leur départ ?

Beaucoup se retrouvent sur des sites comme YourEncore où ils monnaient leur expertise auprès de qui voudra bien de leurs compétences. Ou encore, il se font consultants. Ainsi, selon les derniers chiffres, 62% des organisations embaucheraient des retraités comme consultants et pas nécessairement ou uniquement les leurs…

Les réseaux socio-professionnels ou RSE

Dans l’étude d’Arctus, 70% des répondants considèrent que la facilité d’identification des compétences est essentielle à une bonne gestion des ressources mais comme on vient de le voir, seulement 2% utilisent les outils collaboratifs et seulement 29% pensent qu’un réseau socio-professionnel interne peut les aider alors qu’il a été prouvé aux USA que justement, c’est le premier grand avantage d’un tel réseau qui fonctionne par profil d’expertise et permet par recherche et mots clés de trouver plus rapidement les expertises requises. Certains fournisseurs vantent leurs produits en parlant de LA solution aux traditionnelles lacunes des bottins téléphoniques internes. Bref, on repassera…

Je saute la mobilité car on pourra y revenir dans un autre billet plus spécifique pour traiter en finale du quatrième constat le l’Observatoire. Près de 3/4 des répondants trouvent que réseau socio-professionnel interne est nécessaire ou souhaitable mais 42% d’entre eux craignent la fameuse perte de contrôle et la baisse de productivité: «Quoi ? Un Facebook à l’interne pour que les employés aillent perdre leur temps à dire un peu n’importe quoi ?». Bref vous voyez le genre… En fait constatez par vous-mêmes avec le tableau ci-dessous qui, en passant, ne diffère guère d’autres tableaux nord-américains sur le même sujet.

rserisques

Les peurs hiérarchiques sont bien ancrées et le tableau le prouve hors de tout doute. Comme cet autre tableau tiré d’une étude USAienne et qui identifie encore plus précisément ceux qui ont peur dans la hiérarchie. Et sans surprise, plus on monte dans la hiérarchie plus ça résiste. Plus on descend, moins ça résiste… Fascinant n’est-ce pas ? On est encore loin de l’entreprise horizontale et de la «wirearchy»…

résistance

Ce qui me «bugge» un peu dans le tableau précédent sur les risques c’est la dernière colonne. Comment le fait d’avoir un réseau socio-professionnel en interne peut-il contribuer à faire fuir les talents ? Il me semble que c’est plutôt l’inverse ? Bref, il y a quand même de l’espoir et habituellement cela vient d’en bas comme le démontre le tableau ci-dessus. Malgré les peurs de la hiérarchie, les usages sont là et là pour rester, ce qui fait que nous avons le tableau suivant:

rse2

60% des répondants n’ont pas encore l’outil mais seulement 9% ont une population réfractaire et 40% ont déjà certains usages, ce qui fait qu’en bout de ligne, entreprises et organisations n’auront pas le choix que de devenir à terme une «Social Business». Ce qui donne le dernier tableau et il sera intéressant de voir l’an prochain la progression:

rse1

En terminant, je voudrais simplement mettre ce résultat en perpective avec ceux obtenus mondialement par la firme américaine McKinsey. Vous remarquerez que pour l’Europe, le pourcentage est presque identique à celui de l’Observatoire (28% chez McKinsey contre 27% pour l’Observatoire) et que comme je le mentionnais plus tôt, l’Amérique du Nord est en avance (35%) mais on note une forte croissance du côté Asie-Pacifique.

Les outils

En passant, le tableau de McKinsey montre quelque chose qui me réconforte quand on parle d’entreprise 2.0 ou de Social business. En Amérique du Nord, en Inde et en Asie-Pacifique, les blogues sont encore bons deuxièmes derrières les services Web, ce qui signifie qu’ils sont encore une partie essentielle d’une stratégie d’entreprise «sociale». Si vous désirez en savoir plus sur les résultats de l’Observatoire, je vous donne ci-dessous le lien pour y avoir accès:

orh-résultats

Vous pourriez également aimer

Aucun commentaire

Laissez un commentaire