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Le SaaS comme cheval de Troie ? Faut toujours lire ses classiques…

11 mars 2013

Comme l’aurait dit mon prof. de Grec s’il vivait encore, il faut toujours relire ses classiques… Bref,  ce matin je travaillais à faire le tri de mes billets en prévision de la publication de mon prochain bouquin, (oui, oui, ça s’en vient !). Je me suis donc replongé dans la lecture du bouquin de Nicholas Carr, intitulé « The Big Switch – Rewiring The World, From Edison to Google ».

Titre évocateur s’il en est un… En fait, j’ai déjà écrit sur lui et son livre ICI quand il est venu donner une conférence à Québec en avril 2008, invité alors par le Cefrio. Le livre de Carr n’est pas banal car il émet comme hypothèse que l’Internet deviendra, comme l’électricité avant lui, un service public.

À ma première lecture du livre, je m’étais surtout arrêté au fait que l’Internet comme service public, au même titre qu’Hydro-Québec ou EDF, signifiait que nous consommateurs ainsi que les entreprises, aurions bientôt à payer une somme X par mois pour avoir accès, non seulement à l’Internet mais à tous nos services logiciels offerts en magasins ainsi qu’à nos données dématérialisées dans le Nuage. Et que les successeurs d’Hydro ou EDF seraient Google, comme le mentionne Carr, mais aussi Microsoft, Amazon et cie. Bref, tous les joueurs actuels du l’Infonuagique car c’est entre autres, de cela que l’on parle.

Mais à la relecture, je me rends compte que je suis passé par-dessus ce que je considérais comme des détails mais qui sont deux faits très importants de l’histoire de l’informatique. D’une part le passage de l’ère client-serveur à celle du SaaS et au retour de l’ordinateur central, et de l’autre de la chute en désuétude de la loi de Grove.

Toujours en place dans les entreprises, le modèle client-serveur signifie que ces dernières continuent d’ajouter de nouveaux logiciels et de nouvelles applications à leur univers déjà très complexe et pour gérer cette expansion et cette complexité, doivent acheter de nouveaux équipements et/ou mettre à niveau les anciens, embaucher encore plus de spécialistes et de consultants et surtout augmenter la taille de leurs centres de traitement et qu’en plus, pour des raisons de sécurité, elles doivent souvent les dupliquer. Imaginez les coûts…

Selon Carr, ce sont des milliards de $ que les entreprises investissent en pure perte. En appui, il cite une étude Berkeley National Laboratory, parue en 2005. Selon les chercheurs, une entreprise peut dépenser jusqu’à un million $US par mois, juste pour payer sa facture d’électricité générée par UN seul centre de traitement !!!  Et selon Luiz André Barosso, un ingénieur de chez Google, le coût énergétique relié à l’informatique dépasse maintenant celui de l’achat et de l’entretien des équipements.

Moore a toujours raison, pas Grove

Deuxième fait, relié celui-là à la loi de Grove. Vous ne connaissez pas ce bonhomme ? Alors vous connaissez certainement Moore. La loi de Moore ? Celle qui a émis comme hypothèse que le puissance des microprocesseurs double à tous les deux ans ? Eh bien, la loi de Moore tient toujours mais pas celle de son confrère Grove qui avait postulé que la bande passante des télécommunications doublait à tous les 100 ans…

loidemoore

L’écart entre les deux lois a longtemps été un frein à la croissance de l’Internet et des services qui y sont offerts. Combien de fois en entreprise s’est-on fait dire: désolé mais vos projets de eLearning, de streaming ou de web-vidéo sur intranet sont retardés sine die faute de bande passante. Mais ce frein a disparu à l’éclatement de la Bulle technologique et l’effondrement des dot.com, ce qui a donné vie à une nouvelle loi, soit celle de Georges Gilder ; « Bandwidth grows at least three times faster than computer power ».

Vous vous souvenez du fameux mémo écrit en 2005 par Bill Gates mais largement inspiré par Ray Ozzie ? Voyant venir la tempête provoquée par l’offre des Telcos, il avait averti ses troupes que les logiciels ne seraient plus une chose qu’on installe sur son ordinateur:

« The broad and rich foundation of the Internet will unleash a « services wave » of applications and experiences available instantly », écrivait-il avant d’ajouter: « Services designed to scale to ten or hundreds of millions of users will dramatically change the nature and cost of solutions deliverable to enterprises and small businesses ».

Le SaaS comme cheval de Troie ?

Il parlait de la disparition du modèle d’affaires de Microsoft en faveur d’un nouveau dont les assises reposent sur le SaaS ou logiciels et/ou applications comme services Web. Bref, ce n’est pas le seul Cloud Computing qui va pousser les entreprises à changer leur environnement informatique traditionnel mais bien la demande de services de plus en plus offerts par des magasins d’applications à la App Store et consommables de partout et sur de multiples supports allant même jusqu’au BYOD

Dans la marge du livre, j’ai écrit cette réflexion (J’écris en anglais quand je lis en anglais) :

« Note. The Utility Age is based on SaaS and Cloud Computing and this, for economic and competitive reasons but as Cloud Computing climbs and is at the top the Gartner’s Peak of Inflated Expectations, it rises questions of reliability, security and data ownership, SaaS doesn’t. So, for enterprises, the next econnomic and technological step is SaaS and will be, in so doing, the desktop killer ».

HC2012b

Le Hype Cycle 2012 de Gartner ci-dessus et son «sommet des espérances gonflées» encerclé en rouge. On y retrouve le Cloud Computing et le BYOD et les Application Stores mais aussi les Clouds privés et les Clouds hybrides

Le SaaS comme cheval de Troie au sein de l’informatique traditionnelle ouvrant, en toute légitimité et pour des raisons économiques, toute grande la porte à l’intégration des technologies du Web 2.0 et du logiciel libre dans les entreprises et organisations. Est-ce le dernier clou au cercueil ?

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1 commentaire

  • Répondre Daniel Carrière 12 mars 2013 - 10 h 13 min

    C’est exactement ce que nous observons chez nos clients : Avec la venue d’une bande passante large et disponible pratiquement partout, les entreprises envisagent un desktop qui est de fait une mosaïque de services, sorte de courtepointe qui permet d’accéder à des services en lignes (logiciels, progiciels, sources de données, etc.)de même qu’à des éléments du Cloud interne à l’entreprise (logiciels, systèmes, courriels, etc.)et tout ça indépendamment du système d’exploitation local – donc fort potentiel pour le BYOD. Cette transformation est tellement profonde, que même certains services livrés à même le Cloud interne de l’entreprise, sont de fait, des agglomérats de services dont certains proviennent du Cloud externe, auquel l’entreprise est abonnée. Ajoutez à cela le blending des moyens de communication voix et données distribués-intégrés dans tout ces interfaces et l’environnement de service traditionnel fait figure de dinosaure. La synthèse que vous nous offrez reflète exactement ce que nous observons dans les officines de planification stratégique de nos clients. Bravo !

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