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Conférences techno: existe-t-il une discrimination 2.0?

31 juillet 2009

L’univers des conférences techno, style Web 2.0, est-il la dernière frontière de la discrimination envers les femmes et un des derniers refuges du machisme? C’est cette question, pour le moins étonnante à première vue, qui a fait l’objet d’un billet de Geoff Livingston, il y a quelques jours. Geoff est bien placé pour parler puisqu’il organise à Washington une conférence sur les blogues et le «Social Media Marketing», intitulée BlogPotomac.

L’univers des conférences est-elle la dernière frontière?

Dans son billet, Geoff note les propos tenus dans le blogue de niche The Speakers Group (TSG) :

« In a “blog post” listing the top ten social media speakers, The Speakers Group (TSG) listed voices for “your consideration.” Not one of the speakers was a woman, highlighting a much larger social media services industry problem where women are often overlooked for top speaking gigs, and don’t rank as well as men».

Et vlan! Dans les dents de bien des organisateurs de conférences, que ce soit Tim O’Reilly, Loic LeMeur, Infopresse ou même nous à webcom… Vraiment?

C’est la question que je me suis posée en lisant les propos de Geoff. Sommes-nous aussi du lot et faisons-nous inconsciemment de la discrimination en boudant les femmes conférencières à webcom? J’avais donc promis à Geoff de faire un examen de conscience et de publier un billet sur le sujet. Alors le voici…

Debbie Weil lors de son passage à Montréal en 2007

J’organise des conférences depuis 1999 mais pour les besoins de ce billet, je vais me limiter à rensencer les conférences webcom-Montréal que j’ai organisées depuis 2006 avec le producteur Michel Chioini et Claude Thibault, le Grand Manitou des commandites. Donc, depuis novembre 2006, nous avons organisé six conférences et je dois l’avouer, le ratio hommes/femmes avantage de loin les hommes. En novembre 2006, sur 15 conférencier(ère)s, deux femmes seulement soit Marie-Chantale Turgeon et Martine Gingras. En mai 2007, trois sur 11, soit Élisabeth Lane-Lawley, Michelle Blanc et Kate Trgovac et en novembre de la même année, quatre sur 22, soit Debbie Weil, Theresa Valdez-Klein, Robyn Tippins et Sophie Beauchemin. Environ 20% de moyenne. C’est bien peu…

L’écart s’est encore creusé en mai 2008 avec seulement quatres femmes sur 35, soit Katheryn Everest, Sophie Beauchemin, Pascale Guay et Marie-Hélène Lagacé. Toutefois, à l’automne, ce fut nettement mieux avec sept sur 26, soit Laura Fitton, Isabelle Juppé, Nathalie Pilon, Michelle Blanc, Wanda Yu, Joelle Stemp et Isabelle Lopez. Et 2009? En mai dernier nous avons invité six conférencières sur un total de 36, soit Jessica Lipnack, Clara Shih, Patricia Tessier, Caroline Allard, Anastasia Simitsis et Martine Lafleur. Bref, avec 17% de moyenne pour les trois plus récentes, nous n’avons pas de quoi pavoiser non plus.

Nettement mieux pour les «keynotes»

Là où webcom fait un peu mieux, c’est quand vient le temps d’analyser la présence des conférencières dans le cercle sélect des «keynotes» ou conférencier(ère)s vedettes. Depuis 2006, webcom en a accueilli 21 et de ce nombre, le tiers sont des femmes, soit Isabelle Juppé, Debbie Weil, Laura Fitton, Jessica Lipnack, Kathryn Everest, Elisabeth-Lane Lawley et Robyn Tippins. Aucune québécoise pourtant… Chez les hommes des noms comme Loic LeMeur, Andrew McAfee, Bryan Eisenberg, Marc Canter, Marc Prensky, Pierre-Karl Péladeau, Hervé Fischer et plusiers autres…

Mais est-ce possible de penser à une représentation plus égale? Les femmes sont-elles aussi présentes dans le Web 2.0, dans le marketing 2.0, dans l’entreprise 2.0 ou dans les produits et solutions 2.0? Bonne question… Leur faible représentativité comme conférencières est-elle corollaire à leur relative absence de ce milieu pourtant en croissance effervescente? Poser la question, est-ce y répondre? Pas certain…

Bref, pour ma part, je m’engage à faire des pieds et des mains pour hausser leur nombre lors des futurs webcom-Montréal, dont le prochain aura lieu le 22 octobre et pour ce faire, je vous invite à me suggérer les noms de celles que vous aimeriez voir et surtout entendre.

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6 Commentaires

  • Répondre Patricia 2 août 2009 - 8 h 19 min

    Claude,

    Je salue ton exercice de faire le décompte et de garder cette réalité en tête.

    Je n’ai pas de faits à proposer mais notre faible représentativité n’est certainement pas un reflet de notre participation au phénomène puisque nous y sommes en grand nombre.

    As-tu confirmé tes sujets clés question de nous aider à réfléchir à des suggestions?

  • Répondre claudemalaison 2 août 2009 - 14 h 18 min

    Patricia,

    Je ne vous demande pas nécessairement de faits spécifiques ou de cas vécus mais bien des suggestions de femmes/conférencières capables de faire avancer la cause et le débat sur l’entreprise 2.0, le marketing et la communication 2.0 les RP 2.0 ou encore les médias 2.0.

    Je reviens la semaine prochaine avec les grands thèmes du prochain webcom.

  • Répondre Fanie 13 août 2009 - 14 h 31 min

    Bonjour M. Malaison,

    La majorité des sujets écrits par les femmes ne sont pas sur le Marketing ou tout ce qui inclu le Web 2.0, mais plutôt des sujets de niche, soit de leurs passions.
    Arts, musique, cuisine, sports, voyages, journal de vie quotidienne…
    Nous utilisons le web 2.0 pour ce à quoi il sert et non seulement pour parler de ce phénomène, c’est peut-être pour cela qu’il y’a moins de conférencières sur le sujet.

    Car vos conférences portent avant tous sur le moyen d’utiliser le web 2.0 de manière à être rentable pour une entreprise. Et tout ce qui touche les affaires, les femmes sont moins poussées à aller l’étudier. Pourquoi? Je crois que nous pourrions en discuter longtemps…

    Je crois qu’il serait intéressant de monter une conférence sur la présence des femmes sur le web 2.0 et la manière dont elles l’utilisent.

    Je prends donc note de votre suggestion et vous suggérerai des conférencières lorsque j’en croiserai via les blogues.

  • Répondre At Home with Kim Vallee 18 août 2009 - 23 h 42 min

    Fanie apporte un excellent point en mentionnant que les femmes utilisent en général le Web 2.0 pour suivre leurs passions. Je suis toujours épatée de voir les initiatives des bloggeuses de sujet dit féminin. Elles embrassent le mouvement 2.0. Plusieurs d’entre elles ont démarré des réseaux sociaux nichées en plus de produire leur blogue. Elles utilisent de façon créative les outils Web 2.0 qui sont à leur disposition. Elles réalisent leurs idées sans connaissance technique et à faible budget. Elles démontrent bien que lorsque l’on veut, l’on peut.

    Pour répondre à ta question, je propose Lara McCulloch (@ready2spark). Cette ancienne stratégiste de marque qui travaille maintenant dans une entreprise d’événements a démarré des chats sur Twitter pour les professionnels de l’événement. Son initiative a été souligné dans le livre de Tom O’Reilly sur Twitter. Elle est aussi une évangéliste des médias sociaux.

  • Répondre émergenceweb : blogue » webcom-Montréal: un caractère exceptionnel et une envergure mondiale! 7 septembre 2011 - 11 h 15 min

    […] version automnale… Certain(e)s se souviendront peut-être de mon billet écrit en 2009 sur le discrimination 2.0 dans les conférences Web. J’y notais l’absence évidente de femmes parmi les conférenciers et faisais mon […]

  • Répondre émergenceweb : blogue » Les femmes et leur place dans les NTIC. Pour en finir avec le sujet ! 11 janvier 2014 - 14 h 23 min

    […] j’étais alors responsable des contenus et conférencier(ère)s pour webcom-Montréal. Voir ce billet ICI où je fais le décompte et le ratio hommes/femmes. Le sujet est ensuite devenu en quelque sorte une […]

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