Dans un de mes derniers billets sur la conférence LeWeb11 à Paris, j’ai mentionné que ma journée du vendredi avait été dédiée au «réseautage», ce qui a donné, entre autres, mon entrevue avec Phil Libin, le CEO d’Evernote. Mais j’avais pris une note… Celle de retourner devant mon écran pour regarder ce qui s’est passé dans la piste Social Enterprise animée par Cédric Giorgi et Michelle Chmielewski. J’ai su par le fameux réseautage que la conférence la plus retweetée et la plus appréciée a été celle d’un certain Ramon de Leon, propriétaire de six pizzerias Domino’s à Chicago. Bon on verra plus loin. Pour les lignes suivantes je tiens à souligner qu’à part #RamonWOW, j’ai eu quelques belles surprises en provenance de la programmation de cette piste.
Des surprises en provenance de grandes compagnies telles que Dell, Pepsi Co. et IBM. Pour Dell, ce qui m’a le plus frappé de la présentation de Richard Binhammer, Directeur, «Social Media & Community Team», c’est une de ses slides où il montre l’évolution de la stratégie sociale de Dell et que je reproduis ci-dessous:
Sans le mentionner lui-même, Binhammer indique avec ce graphique qu’il faut que les entreprises qui se donnent une stratégie Web 2.0 ou «sociale» soient patientes et ne pensent pas avoir tout cuit dans le bac la première année. Une bonne stratégie se construit avec du temps, des expériences, des erreurs, des itérations et une évolution constante en fonction de besoins des clients ou des employés. Et ce qui m’a beaucoup plu dans cette ligne de temps qui remonte à 2006, c’est que la stratégie de Dell s’est articulée au début comme maintenant autour des blogues. Dell a aussi été une des premières entreprises à utiliser les «idéagoras» et aussi une des rares entreprises à avoir mis sur pied un «Social Media Listening Command Center».
Ce que ça bouffe en hiver ? Comme vous le voyez, c’est un endroit fermé et vitré ou des employés font de la veille sur les médias sociaux avec une batterie de portables et écrans géants branchés en temps réel sur Facebook, Twitter, YouTube, LinkedIn, Google+, etc. Et finalement j’ai aussi retenu de sa présentation qu’il aura été le seul à aborder l’épineux problème de la gouvernance d’une stratégie médias sociaux d’entreprise.
Chez Dell des responsables de chaque département se rencontrent une fois par semaine pour adresser les problèmes tels que la rationalisation de leurs quelque 200 pages Facebook, pas toutes en vie et pas toutes aux bons gabarits corporatifs. Écrire ces lignes me fait penser aux problèmes similaires en gouvernance de l’intranet. Parlant de Facebook, il en a été question ad nauseam dans cette piste avec un panel, une conférence et une étide de cas, celle de Ferrero Rocher mais bon, quand on domine le «social» avec 850 millions de membres, faut bien faire parler un peu de soi. En passant, Facebook était aussi présent dans la grande salle en keynote et aussi en ateliers.
Les entreprises sociales et le ROI
Pour en revenir à nos moutons sociaux, j’ai aussi apprécié la «performance» de Sandy Carter, Vice-Présidente, «Social Business Sales and Evangelism» chez IBM. Elle est intervenue dans le panel intitulé «Social organizations is a paradigm shift» et animé par l’ami Richard Collin. De loin la plus pertinente des trois panélistes, Sandy a apporté des chiffres intéressants, en particulier sur le RSI (retour sur investissement ou ROI) des idéagoras. Elle a cité des chiffres de McKinsey selon lesquels le «crowdsourcing» raccourcit de 20% le temps d’introduction d’un produit sur le marché (Time-to-Market) et augmente de 20% ses possibilités de succès commercial !
On savait déjà que les idéagoras sont parmi les plates-formes les plus intéressantes en termes de RSI pur et dur pour les entreprises et ces chiffres le confirment. Mais aussi intéressant comme RSI: si une entreprise introduit une stratégie et des outils sociaux, elle réduit de 15% ses coûts de gestion et de rétention du personnel. Pourquoi ? Je le dis souvent en conférence et plusieurs conférenciers de cette piste en ont aussi parlé dont celui de Dell. Nous avons atteint un point dans le temps où les consommateurs qui sont aussi des empoyés ont dépassé leur entreprise en termes d’adoption des nouvelles technologies (Voir graphique ci-dessous). Donc, une entreprise qui fait figure de leader dans l’introduction de ces dernières a plus de chances de voir son personnel rester et même elle risque d’attirer des candidats plus que les autres.
Et finalement Mme Carter a parlé un peu des prochaines années en mentionnant que le futur des entreprises réside dans l’intégration au plus vite d’une stratégie sociale mais surtout et aussi mobile car (encore un chiffre) 68% des consommateurs utilisent dorénavant réseaux et médias sociaux par des plates-formes mobiles. Elle n’en reste pas là et va ensuite affirmer qu’une des tendances-clés pour les prochaines années en entreprise sera ce que les USAiens appellent la «gamification» et l’utilisation des jeux sérieux ou «Serious Games», surtout en formation mais aussi en expérience-client.
Finalement je retiens aussi la performance électrisante de B. Bonin Bough, «Global Head of Digital» chez PepsiCo. Ce dernier est passé par une longue démonstration du retard que prennent les entreprises sur la société qui sera bientôt 100% numérique (le plan numérique, ça vous dit quelque chose?) pour dire que ces dernières doivent en bonne forme numérique «Digital Fitness» et que c’est le cas dans son entreprise, ce qui est vrai.
Le retard que prennent les entreprises sur une société 100% numérique
Il donne l’exemple de leur Command Center comme chez Dell sauf que c’est pour la marque Gatorade mais surtout il a parlé de Pepsico10, une initiative tout-â-fait innovante. Il s’agit d’une plate-forme de crowdsourcing où Pepsi invite des startups à soumettre leur candidature dans quatre catégories: mobile, social media, place based, gaming & videos (Très SO-Lo-Mo comme concept et bien dans le thème à LeWeb). D’un choix de 20 on passe ensuite aux dix finalistes qui ont ensuite le droit de développer leur produit en partenariat avec Pepsi. Pour sa part, Pepsi s’assure de l’usage de ces nouvelles technologies innovantes des startups pour accroître ses marges bénéficiaires ou ses parts de marché.
En terminant cette odyssée «Social Enterprise» à LeWeb11, comment ne pas écrire quelques lignes sur LA star de cette piste, en l’occurence Ramon de Leon, ci-devant propriétaire de pizzerias à Chicago ? Un phénomène en soi et ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme: #RamonWOW. Je n’écris que ces quelques lignes car ce serait un outrage d’essayer de vous rendre par écrit sa performance. Vaut beaucoup mieux que vous l’écoutiez vous-mêmes. Savourez chacune des 15 minutes et 48 secondes que dure sa prestation. Un phénomène 2.0 je vous le dis !