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Yammer fait «peau neuve» : va-t-il se trouver une niche ou être absorbé par les plus gros ?

20 novembre 2011

Cela faisait un bon bout de temps que je n’avais pas visité ma plate-forme Yammer. Pour ceux et celles qui ne le savent pas, Yammer est au départ une plate-forme de micro-blogging pour les entreprises, une sorte de Twitter interne. Il aura fallu que j’invite Maria Ogneva, la directrice de communauté chez Yammer, à venir faire une conférence à webcom-Montréal pour m’apercevoir que le bébé a grandi et s’est métamorphosé en un produit aux multiples fonctionnalités et attraits. En fait, Yammer vient de faire «peau neuve» et est devenu une suite 2.0 ou «social software» au même titre que SocialText, qui a évolué à partir d’une plate-forme de wiki ou encore BlueKiwi, qui a grandi à partir de son réseau social et bien sûr la star du moment: Jive.

Bref, Yammer est dorénavant un joueur à prendre au sérieux dans le marché des suites logicielles 2.0 ou si vous préférez de nouvelle génération. C’est d’ailleurs ce que me disait Maria lors de son passage à webcom. Et pour ajouter à son propos, elle m’a aiguillé sur les dernières nouveautés de leur bébé. Des nouveautés qui incluent fes fonctions telles que le «ticker» (voir la capture ci-dessous):

ticker

Mais aussi le partage de fichiers de tous les types:

yammer2

Ou encore le travail à plusieurs et en temps réel sur un même document:

yammer1

Mais j’ai vraiment ouvert grand les yeux devant ce que Dion Hinchcliffe nomme le magasin d’applications corporatif. Dans la colonne de navigation à gauche on retrouve les fonctionnalités de base. Dans la rubrique Apps, trois fonctions nous sont offertes soit  Files, Pages, Invite. Bref rien de bien «applicatif» mais quand même deux des trois fonctionnalités dont je viens de parler. Mais si vous cliquez sur «More» eh bien là… C’est là que j’ai eu ma surprise !

Une foule d’autre fonctionnalités allant du sondage, aux questions en passant par les organigrammes et j’en passe,,, Mais attendez… Le plus grande surprise est venue du tout dernier item au menu soit le Apps Directory. Voyez par vous-mêmes:

montageapps

Yammer propose une intégration à toutes les plates-formes mobiles et des plug-ins pour tous grands systèmes intégrateurs corporatifs tels que SharePoint, Salesforce, Google etc. Et même ce que l’on nomme les «third party apps». Bref, j’ai aimé ce que j’ai vu mais me pose toujours la même question quand je vois ces produits. Vont-ils se trouver une niche ou être absorbés par les plus gros, par les Microsoft, IBM, Salesforce, OpenText de ce monde ?

Parlant d’IBM, Yammer n’offre pas de plug-in pour tous les clients de Big Blue. En fait IBM préfère proposer une intégration de ses propres solutions: Notes, SameTime, Quickr, Connections, ThinkPlace, WebSphere et même un Smart Market et cela au sacro-saint nom du «seamless integration» ou intégration homogène. Le point de vue se défend mais les détracteurs des «usines à gaz» vous diront que c’est trop gros, trop cher et surtout propriétaire. Mais que peut-on faire contre une entreprise qui veut rationaliser son parc logiciel et son architecture technologique ?

googleapps

Je sais, je sais… Passer à Google Enterprise, développer un magasin d’application et entreposer le tout dans le «Cloud» 😉 D’ailleurs je vous invite à lire ce billet que j’ai commis sur le sujet en juillet dernier mais aussi le billet commis par Cédric Deniaud sur un des blogues de l’ami Fred Cavazza et qui parle de la nouvelle offre de Google aux entreprises. C’est en effet intéressant de constater que la compagnie de Mountain View offre maintenant Google Apps en combinaison avec Google+. Voir ici cette offre.

Entreprise 2.0 Mémoire d'entreprise wikis

Entreprise 2.0: Google serait-il un SharePoint «killer»?

3 avril 2010

Vous vous souvenez que dans plusieurs de mes billets antérieurs, j’ai abondamment traité de la monoculture propriétaire nord-américaine en matière informatique, qui alourdit et quelquefois immobilise les entreprises. Encore ces dernières semaines lors de conférences que j’ai données à Québec et Montréal, la question est revenue de la part de l’auditoire: «Que fait-on de l’Open source et surtout vers qui nous tourner???»

Bien sûr pour les PME et les petits organismes à but non-lucratifs, une myriade de petites solutions légères et agiles existent, que ce soit pour les blogues, les wikis, le micro-blogging et même les suites bureautiques. Mais pour les grandes entreprises et organismes publics et para-publics la partie et les enjeux sont différents…

Ce n’est un secret pour personne: Microsoft domine ce segment de marché avec 80% des entreprises dotées du portail SharePoint, Le 20% restant allant à IBM, SAP et autres. Mais à mon avis, le principal concurrent de Microsoft, le prochain «SharePoint killer», n’est pas la suite IBM mais bien l’univers Google. La firme de Mountain View a lancé il y a presqu’un an Wave en Open Source aux individus, comme aux entreprises afin de simplifier les processus de communication et de collaboration.

Puis, quelques mois plus tard, Google Buzz, venait fusionner messagerie traditionnelle et messagerie instantanée-agrégatrice de flux. Une entrée remarquée,  par des voies détournées, pour conquérir le marché de la communication et de la collaboration, marché largement associé à l’Entreprise 2.0 mais pas par l’autoroute… Plutôt un chemin en pente raide afin de faire subtilement entrer l’Open Source dans les grandes entreprises nord-américaines mais aussi ailleurs dans le monde.

Et pour ce faire, Vic Gundotra et les frères Lars et Yens Rasmussen ont demandé à la communauté des développeurs de les aider à terminer le produit qui a toujours une forme assez rudimentaire. Bel exemple de «crowdsourcing», en cohérence avec la philosophie Linux. Mais déjà, des voix se font entendre, entre autres sur Twitter, pour dire que le produit parce qu’il est Open Source, sera bien pour les individus mais pas pour les entreprises. Le débat est lancé…

Mais ce qu’il ne faut surtout pas oublier c’est que Google offrait DÉJÀ aux entreprises des solutions en logiciel libre aux entreprises. La preuve ? Tapez Google enterprise dans le moteur de recherche. J’ai pris l’exemple du gouvernement, constatez par vous-mêmes:

Mini-suite et Rock Stars

Mini-suite «Office», engin de recherche, partage de vidéos, gabarits de sites Web et wikis, bref un bon début et surtout à un prix défiant toute compétition. Bien avant l’arrivée d’Obama, une certaine agence fédérale avait compris… C’était il y a presque deux ans, à l’occasion de la conférence Enterprise 2.0 de Boston, j’avais commis un billet sur les «rock stars» de la conférence, en l’occurence Don Burke et Sean Dennehy de la CIA.

Ces derniers étaient venus présenter un projet qui a pris ses assises en 2005 dans un document de réflexion publié à la CIA et intitulé : «The Wiki and the Blog: Toward a Complex Adaptive Intelligence Community». Le projet se nomme Intellipedia, bien sûr pour Intelligence et Wikipedia mais il ne s’agit pas d’une encyclopédie des agents secrets… Loin de là ! En fait Intellipedia est un ensemble d’initiatives 2.0, soutenues par nul autre que Google dont voici les composantes :

  • Intellipedia or aggregation
  • Intelink blogs for communication
  • Tag|Connect (similar to the Internet’s del.icio.us) for organization
  • Inteldocs (a document management system for file sharing community-wide)
  • Gallery (similar to the Internet’s flickr)
  • iVideo (similar to YouTube)
  • Intelink Instant Messaging (IIM)
  • Really Simple Syndication (RSS)

Huit composantes… Pas très loin des dix que j’identifie comme étant requises à la création d’une mémoire d’entreprise™

Ce que je retiens également de leur présentation, c’est que d’une part, la CIA n’a pas de problèmes générationnels avec ses jeunes employés de la génération Y puisque ces derniers sont jumelés, dès leur arrivée, avec des «mentors» qui leur expliquent non seulement leur travail mais aussi les «us et coutumes» de la boîte. Et Burke d’affirmer :«They need to fit in». D’autre part que l’environnement collaboratif mis en place n’est pas le vaste agora communautaire que l’on imagine mais plusieurs environnements avec des niveaux de sécurité adaptés :

  • TOP SECRET (JWICS)
  • SECRET (SIPRNet)
  • Sensitive But Unclassified (SBU) (Intelink-U)

Et que finalement, en arriver à implanter cet environnement horizontal dans une structure si hiérarchique et secrète relève du tour de force. Et j’ai lu récemment que le projet risquait de disparaitre… Mais bref, le pîed est solidement inséré dans la poste gouvernementale et aussi dans celle des entreprises. Ne manque plus à Google qu’un portail personnalisé pour regrouper tous ces outils et fonctionnalités. Prendra-t-on iGoogle comme point de départ?

Je tiens aussi à vous souligner le billet publié par Dion Hinchcliffe. Dans ce billet écrit pour le compte de ZDNet, Hinchclife y va d’une très sérieuse analyse du potentiel de Wave en entreprise et publie, entre autres, cet intéressant diagramme :

Et il termine son analyse avec le paragraphe suivant :

«Google has launched many communication services since its inception including Gmail, Gtalk, Blogger to name just three, yet none of these have had such obvious business utility or attempted to reinvent the collaborative process from the ground-up. While it’s always possible that Google Wave will never broadly take off (see Mary Jo Foley’s analysis of Wave here), I’m betting that it’s likely to be one of the most interesting offerings to businesses that the company has created yet. With the open positioning, early outreach to the world, and the clarity of purpose and design, Google Wave has a good shot at helping take Enterprise 2.0 to the next level in many organizations.»

Et les gadgets sociaux ?

Donc, résumons-nous: une suite bureautique, une suite applicative, un moteur de recherche, une suite collaborative et comme le mentionne Hinchcliffe, la possibilité d’avoir aussi un portail personnalisé ainsi que celle d’y intégrer des réseaux sociaux-professionnels. C’est là qu’entrent en scène les gadgets sociaux…

Ce phénomène est rien de moins que l’apparition de  mini-plates-formes «sociales» en logiciel libre en provenance de nos Voisins du Sud. C’est en écoutant une conférence de Patrick Chanezon de Google, où il expliquait à propos de l’Open Social Initiative comment entreprises et institutions pouvaient tirer profit de l’adoption des réseaux sociaux ailleurs que sur l’Internet public, que j’ai accroché sur cette «diapo» :

Patrick venait ainsi de me faire connaitre le travail effectué par la compagnie Sun, sous forme de logiciel libre, pour favoriser de façon efficace l’intégration de réseaux socio-professionnels à un intranet ou portail d’entreprise avec Socialsite. Depuis ce temps, d’autres compagnies suivent le mouvement, dont Google avec Wave et iGoogle (voir image ci-dessous).

Propriétaire VS libre

D’un coté les fournisseurs traditionnels qui proposent des produits licenciés et de l’autre, les adeptes du logiciel libre de droits. Dans le cas de Socialsite comme pour Google, on propose aux entreprises l’intégration sans peine de «gadgets sociaux» à l’intérieur d’une interface Web, que ce soit un portail intranet, un wiki ou un blogue.

Les gadgets sociaux «libres» offerts par iGoogle (cliquez sur l’image)

J’explique rapidement. De nombreux outils de portail, comme SharePoint de Microsoft ou Enteprise Portal de SAP, offrent la possibilité d’insérer dans la page d’accueil ou ailleurs des boîtes de contenus que l’on nomme «portlets». Dans un blogue ou un wiki, on insère régulièrement des composants graphiques ou «widgets».

Un exemple de portlets sous licence IBM

La dernière mode, c’est d’insérer les caractéristiques des réseaux sociaux (liste d’amis, profil, statut personnel, etc.) dans les wikis, agrégateurs à la iGoogle ou Netvibes ou portails traditionnels et de les appeler «gadgets» au lieu de «portlets» ou «widgets».

Une mode qui pose cependant une question importante : que feront maintenant les fournisseurs de produits licenciés de réseaux socio-professionnels face à menace  des gadgets libres? Et cette suite d’applications Google viendra-t-elle à bout de Share Point dans les entreprises ? Qu’en pensez-vous ?