Suivant la conférence de Fortrester, les organisateurs avaient choisi de présenter un panel intitulé «How is Social Local Mobile changing enterprise?» modéré par Paul Papadimitriou, VP et analyste, pour Constellation Research avec comme panélistes, Nigel Beck, Vice-Président, Business Development et M&A Social Software, chez IBM Corporation, Auren Hoffman, CEO, Rapleaf et surtout JP Rangaswami, Chief Scientist chez Salesforce.com. Une chance qu’il y avait JP sur ce panel pour rehausser le niveau parce que les autres… Imaginez, le modérateur, comme vous le verrez dans la vidéo ci-dessous, commence par demander si le fait d’être en entreprise fait de nous et de notre travail quelque chose d’ennuyeux, de platte (boring).
JP Rangaswami a déjà été conférencier à LeWeb comme à la conférence Enterprise 2.0 à Boston. Il a déjà été CEO de l’année en 2003 et un des premiers à intégrer des fermes de wikis en milieu bancaire en 2006 si ma mémoire est bonne. Il a ensuite travaillé chez British Télécom avant de rejoindre Salesforce. Il connait bien l’entreprise et ses défis 2.0 et sur ce panel, il vole littéralement la vedette d’une part au VP d’IBM qui se prend pour un autre (la grosse tête) et le CEO qui est d’une insignifiance… Bref regardez par vous-mêmes et faites-moi vos commentaires, si je suis dans le champ.
Au cours du dernier week-end, j’ai relu les deux derniers ouvrages de Don Tapscott, soit «Grown up Digtal» et Wikinomics, question de me remettre dans le bain en prévision du lancement cet automne de son prochain livre intitulé: «Macrowikinomics: Rebooting Business and the World» et d’une surprise que vous devinez peut-être…
Et c’est là que l’idée m’est venue …ou plutôt une série de questions… Pourquoi ne parle-t-on actuellement que des réseaux et médias sociaux, que des blogues, de Twitter, Facebook, FourSquare, etc ? Pourquoi les wikis sont-ils presque tombés dans l’oubli ? Pourquoi seulement la conversation et pourquoi pas la collaboration ? Le Web 2.0 ne serait-il qu’un phénomène d’exposition de soi et à la limite, de participation ?
Ce qui expliquerait que bien peu d’initiatives wikis atteignent un large public, à l’exception de Wikipedia. En effet, on a vu quel effet d’attraction populaire et médiatique a pu avoir cette plate-forme collaborative et surtout son fondateur Jimmy Wales lors du dernier webcom-Montréal. En passant, je vous présente deux conférences du fondateur de ce dernier et séparées par cinq ans. Cinq ans dans le Web c’est une éternité. Les modes 2.0 passent et pourtant les wikis demeurent… Parce qu’au fond, ils se basent sur un principe qui n’est pas nouveau: la collaboration.
Le premier a été enregistré à la conférence TED en 2005.
Le second l’a été au dernier webcom-Montréal en mai 2010.
Plus populaires…
Et pourtant, les wikis sont et de loin plus populaires que les blogues et les réseaux sociaux en entreprise. Ironique tout de même… Habituellement, les entreprises sont à la remorque de la société et du Web pour ce qui est de l’adoption des technologies du Web 2.0. Et pourtant, dans ce cas, c’est le contraire.
Que ce soit en Amérique du Nord ou en Europe, ce sont, en fait, les wikis et les fils RSS qui sont les principales technologies du Web 2.0 utilisées par les entreprises, comme le font foi ces deux graphiques, l’un de Forrester et l’autre publié par Jane McConell.
Ces derniers datent de 2007-2008 mais un sondage fait par Toby Ward, l’an dernier, sur intranetblog.com donne une idée tout aussi cohérente de l’avance qu’ont les wikis sur les autres technologies en termes d’adoption par les entreprises.
L’étude de Ward indique aussi une autre réalité d’entreprise. Même si elles intègrent les wikis et les fils RSS, ces dernières en sont encore à l’ère des intranets 1.0, de la messagerie instantanée et des forums de discussion et si elles envisagent de passer à l’entreprise 2.0 en intégrant ses outils, 48 % d’entre elles le feront avec SharePoint !
Très intéressant… Et très nord-américain comme attitude. La majorité des entreprises ici, comme chez nos voisins du Sud, ont largement intégré les technologies du Web 1.0, technologies dites «propriétaires», dominées par les grands fournisseurs de produits «licenciés» que sont Microsoft, IBM, SAP et autres. Donc, avec de larges et coûteux investissements, pas question de laisser tomber ces dernières pour des solutions en code source ouvert ou l’intégration de logiciels libres… Mais ça, c’est un autre débat…
Les wikis, c’est du concret…
Pour en revenir aux wikis, leur utilisation en entreprise donne des résultats à la fois spectaculaires et très probants. Dans Wikinomics, Tapscott parle de l’expérience de l’institution bancaire Dreadner Kleinwort Wasserstein, qui a introduit plusieurs pilotes de wikis en 2006. Après 6 mois le trafic dépassait celui de l’intranet. De plus, les usagers ont coupé de 75 % leur usage du courriel et l’entreprise a coupé de moitié le temps passé en réunions… À l’origine de ce projet, JP Rangaswani, CEO de l’année en 2003 et que j’ai rencontré en 2007 à la conférence LeWeb à Paris où il était un des rares conférenciers à parler du Web 2.0 en entreprise. J’avais donc publié ce billet. Je l’ai rencontré de nouveau à Boston en juin dernier où il était conférencier à Enterprise 2.0 et j’ai publié cet autre billet. En passant, nous devrions confirmer bientôt sa venue à webcom-Montréal.
Tout aussi efficace comme expérience mais bien plus spectaculaire, c’est ce qu’a fait la CIA avec son projet Intellipedia, mené de main de maître par Don Burke et Sean Dennehy et leur partenaire commercial, nul autre que Google…
Voici ce que j’en disais à la suite d’une présentation faite en juin 2008 à la conférence Enterprise 2.0 à Boston. Efficace et spectaculaire… Deux mots qu’on n’associe guère aux wikis et pourtant… Ces derniers sont aussi à la base du succès de SocialText, le principal fournisseur de wikis pour les entreprises, hors du giron des grands fournisseurs, avec la française XWiki. Le slogan de SocialText est porté fièrement par son fondateur, Ross Mayfiled : «Do it the Wiki Way», alors que celui de XWiki est «Mieux travailler ensemble», rien de moins…
Ci-haut, un montage que j’ai fait avec Ross, son T-Shirt «Wiki Way» et leur ancienne page d’accueil, qui montre bien l’aspect pratique de l’utilisation des wikis par les entreprises. La nouvelle page d’accueil de leur site «parle» moins…
Un wiki comme CMS ?
J’aime aussi beaucoup le travail que fait ici au Québec, l’ami Marc Laporte dans le domaine du wiki libre. Marc est une figure internationale dans le domaine et comme pour XWiki en Europe, offre une alternative bon marché pour les PME et organismes et associations qui n’ont pas de grosses architectures technologiques traditionnelles à protéger. Marc travaille dans le cadre du projet TikiWiki, projet qui est présenté ainsi :
«TikiWiki CMS/Groupware, is a powerful, multilingual wiki-based Content Management System (CMS). Tiki can be used to create a wide range of web applications, sites, portals, intranets and extranets…»
Le REPEX est une association québécoise que utilise TikiWiki comme CMS générateur de son site Web et d’espaces collaboratifs wikis pour les membres. En effet, un wiki est au départ un système de gestion de contenus qui peut être très «basique» comme dans le cas de PBWorks ou plus évolué comme XWiki ou SocialText mais ils ont tous en commun le fait que les niveaux de «workflow» et d’autorisations sont réduits à leur plus simple expression.
Pourquoi le wiki est-il moins glamour que le blogue ou le réseau social ? Peut-être parce qu’il fait un travail de terrain efficace. Celui de regrouper des équipes de travail, de générer des historiques de projet et de les archiver, qu’il permet de travailler sur un seul document au lieu de se perdre en versions, de réduire ainsi le nombre de courriels et comme pour TikiWiki ou XWiki, de remplacer les vieux et lourds CMS… Bref, des résultats concrets et quantifiables en termes de ROI.
Une partie de mes craintes s’est matérialisée à la conférence Enterprise 2.0, qui a eu lieu à Boston la semaine dernière. La crainte que la conférence soit dominée et d’une certaine façon prise en otage par les commanditaires, vendeurs de solutions 2.0. Déjà au programme, on pouvait noter leur omniprésence et leur nombre croissant à l’exposition mais aussi et surtout dans les conférences spéciales keynotes sur les panels et autres conférences et même dans les événements de réseautage de fin de journée. Pour faire ses frais et faire un profit, une conférence du genre, qui accueille 1 500 participants, doit-elle «vendre son âme» à ses commanditaires et laisser ces derniers faire des «pitches de vente« impunément?
JP Rangaswami
Cette question a fait l’objet de nombreuses conversations parmi les participants et certains conférenciers. Ainsi, au cocktail du mardi, je me suis retrouvé à la même table que le conférencier-vedette JP Rangaswami, que j’avais rencontré une première fois lors de sa conférence à LeWeb3 à Paris en 2007. JP était catégorique dans ses propos. il n’en revenait pas de s’être retrouvé sur scène avant deux «sponsors« venus vendre leur salade 2.0, soit Cisco et SAP. Selon lui, les commanditaires ont leur place dans une conférence mais dans une piste ou une salle particulière et identifiée comme telle. Je suis entièrement d’accord avec lui, comme plusieurs participants d’ailleurs car la question est revenue en fin de conférence le jeudi lors du traditionnel post-mortem en compagnie des organisateurs dont Steve Wylie.
Voici d’ailleurs deux tweets de Luis Suarez, pourtant d’IBM et ensuite deux autres référant à des billets-bilan sur le conférence où Alistair Croll et Jacob Morgan parlent du même problème:
RT @elsua: #e2conf Less panels and more individual tracks of folks next year, please? Panels = vendor pitches from customers Agree again12:12 PM Jun 17thvia TweetDeck
Agree with @elsua: #e2conf Too much vendor focus, vs. people side; more on practitioners’ focus, successes, challenges, case studies12:09 PM Jun 17thvia TweetDeck
Mis à part cette situation, la conférence a tout de même été l’occasion pour moi de faire de belles découvertes et d’apprécier les prestations de plusieurs conférenciers et conférencières. En tout premier lieu celle de JP Rangaswami. ce dernier parle souvent des «millenials» dans ses conférences et de leur impact sur l’entreprise, un peu comme je le fais dans les miennes. Sans surprise mais à mon amusement, il a remarqué leur absence dans l’assistance. Il a demandé que ceux qui étaient présents lèvent la main dans la grande salle, une seule main s’est levée…
Et c’est à cette occasion que j’ai réalisé qu’à la conférence Enterprise 2.0, les participants sont tous des générations subséquentes, soit des générations X et Baby Boomers. Et beaucoup de Papys et mamys 2.0, comme le démontre cette photo prise à la suite d’un panel sur le micro-blogging ainsi que mon tweet:
Earlier this morning JG Rangaswami was surprised to see no Milleniels at #e2conf. In Twitter panel average age must be 40 over #e2conf-512:40 PM Jun 15thvia TweetDeck
Normal dans un sens car les jeunes en entreprise ne sont pas encore en position de donner des conférences et/ou n’ont pas besoin de se faire former sur les outils et les usages du Web 2.0… La conférence est donc un lieu de rencontre pour les professionnels bien établis dans leur entreprises respectives et pour les spécialistes et consultants du domaine. De rencontre mais aussi et surtout d’échange de bonnes pratiques et c’est là que j’ai trouvé mes pépites d’or, mes belles découvertes et coups de coeur…
Le premier a été introduit par R. Lemuel Lasher [ Presentation], président, Global Business Solutions Group (GBS) et Chief Innovation Officer, chez CSC. en présentation spéciale (keynote) ce dernier est venu présenter la stratégie d’adoption 2.0 chez cette entreprise multinationale et là, Ô surprise, il a annoncé sur scène que la responsable de la mise en oeuvre de cette stratégie, Claire Flanagan, était d’office promue à titre de directrice:
Cette promotion spectaculaire m’a confirmé dans mon intention d’assister à la conférence de Claire plus tard dans la journée et intitulée «Enterprise 2.0. It’s No Field of Dreams». Je vous publie quelques-unes de mes notes de la conférence sur Twitter et vous offre aussi la présentation disponible dans SlideShare.
CSC Initiative : 1.5 community manager, 12 super users, more than 100 advocates. They were all involved from the beginning #e2conf15 juin 2010 13:27:53via TweetDeck
At CSC conference on their C3 initiative: Connect, Communicate, Collaborate. A network with more than 45 000 users impressive #e2conf15 juin 2010 13:17:00via TweetDeck
Pas besoin de vous l’écrire en long et en large… J’ai adoré cette étude de cas , leur C3 Initiative, les trois C pour Connect, Communicate et Collaborate. Je n’ai pas hésité une minute à la fin de cette dernière pour aller rencontrer Claire et Simon Scullion, son complice de présentation. Ils étaient accompagnés à Boston par leur architecte en utilisabilité, Gary Lungarini. Oui, oui, vous avez bien lu, ils ont des «Usability Architects» chez CSC…
Dans l’ordre: Gary Lungarini, Claire Flanagan et Simon Scullion
Donc, j’ai eu une longue discussion avec eux sur un de mes tweets concernant la «cohabitation pacifique» entre SharePoint, WebSphere, Confluence et C3 qui utilise Jive. Les participants au prochain webcom-Montréal le 17 novembre prochain seront en mesure de poser eux-mêmes cette même question car cette étude ce cas est confirmée et ce n’est pas la seule… Pour les autres, consultez mon prochain billet…
Ce matin, va débuter, à Boston, la «gande messe» annuelle de l’entreprise 2.0. Arrivé hier, j’ai déjà pu assister au traditionnel «Evening in the Cloud», avec comme participants David Berlind, Yuvinder Kochar, Bill McNee et Sean Poul mais l’intérêt n’était pas dans la salle mais dans les corridors…
Première et fugitive impression que la conférence Enterprise 2 sera différente de celles des deux dernières années. Premièrement les salles ne sont pas les mêmes et plus petites au Boston Westin Waterfront ce qui me laisse l’impression qu’il y aura moins de monde mais bon… Attendons pour voir. Hier tout de même, dans les fameux couloirs, j’ai rencontré de nombreuses figures connues telles que Sameer Patel, Oliver Marks, Chris McGrath, Georges Dearing, Vassil Mladjov, Bertrand Duperrin et Richard Collin.
«Gourous» de l’Entreprise 2.0, Sameer et Georges sont venus confirmer un peu mon impression. Même si Sameer s’est beaucoup investi dans cette conférence, je senti un peu de lassitude envers le sujet, comme chez Georges qui a avoué être ici juste pour rencontrer les «vieux amis» mais aussi chez l’ami Bertrand Duperrin qui y ajoute une petite touche de cynisme. Il y a aussi Richard Collin qui a partagé cette impression en parlant d’un programme taillé sur mesure pour les «sponsors» Mais bon, ce ne sont toujours que des impressuions et puisque tous les grands prêtres y sont alors ce devrait être de bons offices…
Voici d’ailleurs le menu de cette première journée, du moins celles où j’ai l’intention de toucher le bénitier à la porte:
Can Enterprise 2.0 Crack Through the KM Culture Barrier #e2conf-9 avec comme conférencier Carl Frappaolo et ensuite les keynotes:
Keynote – The Human Network @ Work #e2conf – Jim Grubb, Murali Sitaram
Keynote – Enterprise 2.0 – Are CIOs Ready to Bite? #e2conf – JP Rangaswami, Ted Schadler, Murali Sitaram, Alex Wolfe
Keynote – The C-Level Perspective: Social Collaboration Fueling Innovation, Business Results and Competitive Advantage #e2conf – :R. Lemuel Lasher
Keynote – Collaboration Within Context #e2conf – Franz Aman
Keynote – The State of Enterprise 2.0 #e2conf- Andrew McAfee
Keynote – Innovation Through Enterprise 2.0 #e2conf – Andrew McAfee, Gentry Underwood
Gros programme pour un avant-midi avec au moins deux grosses pointures soit JP Rangaswami et Andrew McAfee. Tous les habitués attendent son «State of the Enterprise 2.0» qui doit préfigurer le lancement de son nouveau livre sur le sujet.
En début PM, une étude de cas qui risque d’être fort intéressante soit:
Enterprise 2.0: It’s No Field of Dreams – A CSC Case Study #e2conf-13 avec Claire Flanagan et Simon Scullion. Pour la suite, je vous reviens avec un prochain billet.