Depuis le lancement la semaine dernière de Google+, le réseau social tant attendu, la majorité des commentaires et billets publiés sur ce sujet ont tendance à mettre en opposition ce petit dernier des réseaux sociaux et LE réseau social par excellence soit Facebook, comme le démontre les deux commentaires ci-dessous, capturés dans le « stream » de Google+.
À droite, l’ami Loïc LeMeur écrit: « On Google+ you can get all your data back, pics, etc. It’s data liberation in the settings. That is a huge win over Facebook. Game is on ». À gauche, je n’ai pas à expliquer… Un autre commentaire que j’ai retenu est une phrase d’un billet publié chez Voirin Consultants et qui va ainsi : « … il vient combler le besoin de partager des informations, tout en assurant un certain niveau de confidentialité, et d’interagir avec les individus de son choix. ». En effet, Google+ agit à ces deux niveaux : confidentialité et portabilité des données personnelles, redonnant ainsi la liberté et le contrôle à l’utilisateur.
Un besoin inavoué: intégrer…
C’est bien mais à mon avis, ce n’est pas là encore le point fondamental de l’existence et probablement du succès d’un « autre » réseau social. Car qui a besoin d’un autre réseau social quand Facebook domine la planète sociale avec plus de 700 millions de membres et quand un réseau comme LinkedIn, domine aussi la planète professionnelle avec 100 millions de membres ? Devant pareils chiffres, on serait tous portés à répondre : personne… Mais il faudra y regarder à deux fois.
En effet, Google+ vient, à mon avis, combler un besoin que nous avons tous., un besoin jusque là inavoué : intégrer… Nous avons, pour plusieurs, un blogue sur WordPress, un compte Twitter, un profil Facebook, un compte LinkedIn, un autre chez Flickr, chez YouTube ou DailyMotion, un autre à FourSquare et un autre comme agrégateur chez Netvibes. Et je ne parle même pas de Quora, de Paper.li, etc… Et tous ces sites se présentent avec des designs et des gabarits de navigation différents.
À chaque fois que je fais la liste de tous les sites ou réseaux auxquels je souscris, je ressens comme un malaise… En plus de retenir mots de passe et expériences-utilisateur différents, est-ce que je me disperse ou comme le prétendent certains, je ne fais qu’additionner des pierres à l’édifice de mon identité numérique ? Comment gérer justement par la suite cette identité multiple et éclatée, dispersée aux confins de l‘infonuagique ?
Ne vaut-il pas mieux concentrer, intégrer ? Certains le pensent alors que du côté des grands joueurs sur le Web, que ce soit Google, Microsoft, Facebook et autres, ce n’est qu’une grande course au contrôle des données des utilisateurs, la Data War, mais aussi de la planète Internet, ce que Tim O’Reilly nomme « The Internet Operating System« . Je crois que les deux tendances vont se rejoindre sous peu et en ce sens, je rejoins les propos tenus par Joshua Michéle Ross sur son blogue où il mentionne que cette intégration a pour but commercial de dominer le système d’opération Internet ou IOS en chinois. Voici comment il présente son sujet:
« The great game on the Internet is to own as many of the disparate pieces that make up The Internet Operating System. The pieces of this puzzle are many (and well covered in Tim O’Reilly’s post on the same which can be found here):
- Identity (Think Facebook)
- Search (think Google or Bing)
- Photos (think Flickr, Photobucket, Picasa)
- Music (think Apple, Amazon)
- Software (Think Google Docs, Salesforce etc.)
- Storage and computation (Think Amazon, VMware, Rackspace)
- Location (Think Foursquare, Facebook)
- Video (Think YouTube, Netflix)
- Content Management (think WordPress, Tumblr, Blogger)
- Telepresence (Think Skype, Cisco or AT&T)
- Etc.
Dans chacune de ces catégories, Google est présent même si Ross ne les nomme pas (j’ai surligné en gras ceux qu’il a nommés) et on pourrait en mentionner d’autres : iGoogle, Google Maps, Google Cloud, Google Chrome, Google Hangouts, Google Buzz, Google Docs, Google etc. etc…
Mais nulle part ailleurs, cette intégration n’est aussi visible que dans Google+. Ce qui m’a fait réaliser à quel point le niveau d’intégration des produits est poussé, c’est quand j’ai aussi changé de navigateur pour Chrome et ensuite lancé une recherche dans Google Search… Non seulement les interfaces sont-elles semblables mais la navigation est la même (barre noire ci-dessus) et cette navigation offre TOUS les services. Comme je l’ai mentionné plus haut, pas seulement ceux identifiés par Ross mais une foule d’autres qui font de l’offre de Google, celle qui est la plus variée, complète et intégrée. (ci-dessous, no 1)
Ce qui permet aussi d’intégrer un service mal-aimé à ses débuts mais qui risque d’avoir une seconde vie. Sinon, il mourra au moins d’une belle mort. Je partle évidemment de Google Buzz (ci-dessus, no 2). L’intégration se poursuit mais à un autre niveau. Le mobile. Évidemment, Google+ est disponible en version mobile pour tous les téléphones intelligents Android et en particulier pour les Nexus (capture 3 ci-dessus). Le mien provenant directement de chez Google, vous imaginez… Ça va jusqu’au point où quand je prends une photo avec mon Nexus One, elle sont automatiquement et directement téléversées dans mes albums dans Google+ et prêtes à être traitées dans Picasa (voir capture 3 ci-dessous). Ce qui a fait dire à Euan Semple:
Et pour en finir avec l’intégration, je ne voudrais pas passer sous silence le fait que dans mes résultats de recherche, qu’est-ce qui arrive en premier ? J’ai fait un petit test avec mon nom et comme on le voit ci-dessous, c’est mon profil dans Google+ avant même mon blogue…
Jusqu’ici, j’ai surtout traité d’intégration de tous les produits Google. Avant de terminer ce billet j’aimerais aussi souligner deux autres fonctionnalités importantes de Google+. Deux fonctionnalités qui risquent d’assurer son succès.
Des cercles et des lieux de prédilection
Je ne dis pas qu’elles vont tuer la compétition avec Facebook et les autres réseaux sociaux mais au moins, elles montrent à quel point, Google+ est à prendre au sérieux. D’une part une fonctionnalité qui rappelle à certains le défunt FriendFeed, soit les « Circles ». En fait, il y a longtemps que la filière Google est associée à FriendFeed et l’inverse et le rachat par Facebook ne voulait-il simplement signifier la volonté du tuer le produit?
Possible mais il renait un peu de ses cendres dans Google+ et pas susprenant, plusieurs anciens employés de Friendfeed se retrouvent sur le projet Google+. Donc Circles:
J’aime cette façon de créer et de gérer ses relations et ses réseaux et surtout de pouvoir sectionner le « stream » général et de pouvoir afficher le seul stream d’un cercle de relations éliminant ainsi beaucoup de bruit du flux général. Dans le montage ci-haut, j’ai isolé un cercle nommé Entreprise 2.0. du reste. En passant le curseur sur le cercle bleu, apparaissent les membres et les infos sur le cercle. En cliquant sur le cercle, j’obtiens une fenêtre où je peux demander à recevoir uniquement le flux des membres du cercle ( en haut à gauche).
Cette gestion serrée des flux et des relations permet de corriger un problème de Facebook. Combien d’amis voyez-vouz régulièrement dans votre flux Facebook? Pas beaucoup en fait. Il y a des amis que je n’ai pas vus depuis un an au moins… Ici, c’est différent…
Et je tenais à terminer ce billet en vous parlant des « Hangouts » ou lieux de prédilection selon mon traducteur virtuel. Certains diront qu’ils ressemblent à des forums ou des chats vidéo. Moi je les vois plus comme des canaux de vidéoconférence ou encore comme des cabines téléphonique Web… C’est un peu comme Skype!!! Bref, je veux discuter régulièrement avec des membres de mon cercle Entreprise 2.0? Pas de problèmes… Je vais dans le hangout que j’ai aménagé à cette fin… (ci-dessous)
En conclusion, présentement c’est la folie autour de Google+ avec des invitations qui se vendent sur eBay, etc. Buzz de la nouveauté ? Certes… Comme je l’ai mentionné dans le flux la première journée, je me sens un peu comme avec Twitter en 2007 quand nous n’étions que 200 000 environ à partager cette nouveauté et à en tester les limites et surtout capables de profiter d’une certaine tranquilité, sans spam, sans annonces publicitaires, sans sollicitation de compagnies ou d’agences de toutes sortes comme Coca-Cola, sans « Fan Pages » de Bono ou de Fabienne Larouche. Un peu comme une forêt encore vierge… Mais pour combien de temps encore ?
p.s. Je veux une fonctionnalité comme NetworkedBlogs pour automatiquement publier mes billets de mon blogue sur Google+. Pour cela, vous me direz, j’aurais dû choisir Blogger comme plate-forme de publication…
9 Commentaires
Merci pour ce billet très intéressant et très riche. Un dossier à suivre de près.
Celui qui réussira à tout intégrer et en restant « top-notch » sur la qualité de chaque produit aura certainement un edge. Quoi que de prime-abord, c’est les users qui font la popularité d’un produit, et sur ce plan, ça va prendre du temps avant de tuer facebook. Ils ont un très bon branding, tout le monde avec un ordinateur et l’internet connait « facebook » ou presque. On pourrait dire de même pour Google (pour le search).
Sur Facebook, je l’utilise pour les gens que je connais en vrai (règle personnelle, pas obligé de l’utiliser comme cela).
Twitter, que je commence à utiliser plus (même si j’avais un compte il y a très longtemps), je l’utilise comme un global chat intemporelle (voir pas besoin d’être là constamment, un peu comme un forum). Et il y a le user-base qui est très fort (amis, leaders de secteur, vedettes, etc.) C’est très ouvert (à moins de protéger son compte, mais cela n’est pas la norme).
Facebook n’est pas loin de Twitter, mais il y a la séparation globale vs. personnel que je vois. Devoir faire une fanpage ou un group pour mes « fans » (disons que 1 million de personne s’intéresse à ce que je dis), c’est pas aussi bien intégré…
Mais il faut trouver une façon simple que tout le monde peut comprendre aussi. Là ça remonte le défi! 😉
[…] – Rationalisation, gestion des profils et identité numérique chez Damien Guinet et Claude Malaison […]
Salut Claude,
Intéressant ton billet,
À mon avis, il manque une couche aux cercles. Même si tu as un cercle Web2.0, les membres de ce cercle parlent peut-être uniquement de la pluie et du beau temps.
Lorsque Google offrira la possibilité de faire une recherche par mots clés et hashtags à l’intérieur des cercles, nous aurons vraiment un outil qui permettra de faire un filtrage du contenu en fonction des thématiques abordées par les membres de notre communauté.
Autre chose, ton profil Google s’affiche comme le premier résultat uniquement parce que tu as une session ouverte sur Google. Teste-le sur un autre navigateur et le résultat sera complètement différent. Lorsque je te recherche sur Google, ton profil n’est même pas sur la première page.
[…] Google+ could find a home in the workplace Quelle place pour les annonceurs dans Google+ Premières impressions: Google+ vient combler un besoin inavoué ! Rédigé par Benoit. Suivez les commentaires avec le flux RSS. Vous pouvez publier […]
Bonjour,
Votre article est intéressant. Juste pour vous signaler que les images devraient être en plus grande définition car quand on clique dessus cela ne grossit pas du tout. Ce qui fait qu’elle sont totalement illisible à la taille actuelle…
Ce sont des captures d’écran… Désolé 🙁
[…] plutôt d’une circulation verticale des utilisateurs vers leurs cercles. Un article du blog Emergenceweb.com cite Loïc le Meur, l’un des bloggeurs Tech les plus reconnus et influent, via une capture […]
[…] de Vincent Wong sur SlideShare qui résume aussi les propos tenus ci-haut mais aussi ceux de mon récent billet sur mes premières impressions de Google+ What G+ really about (pst!!! it’s not social) View […]