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Le Web 2.0 sauvera-t-il le monde ???

25 septembre 2008

Des gourous ou grands spécialistes tels que Tim O’Reilly, Dion Hinchcliffe et Jeremiah Owyang aimeraient bien qu’il en soit ainsi et profitent de toutes les tribunes qui leur sont offertes pour «prêcher» la bonne parole. O’Reilly, en particulier… Il est en quelque sorte le «Dieu-le-Père» du Web 2.0 et surfe actuellement sur la vague qu’il a lui-même aidé à créer. Il organise entre autres, plusieurs conférences Web 2.0 (Web 2.0 Summit, Web 2.0 Expo International (San Francisco, New York, Berlin, Tokyo). Je l’ai vu en avril dernier à SF faire sa séance de motivation 2.0 devant plus de 2 000 personnes. J’en avais parlé ICI.

O’Reilly en a remis une couche épaisse à New York, il y a quelques jours, reliant l’avenir de la planète et des entreprises (Économie, énergie, environnement) au Web 2.0. Pour cela, voyez par vous-mêmes sa présentation de plus de 80 «slides» reproduite ci-dessous.

 

De son côté, Hinchcliffe et compagnie, multiplient les séminaires, les conférences et billets sur leurs blogues se référant à de multiples études et affirment que la vague de fond 2.0 est là non seulement pour rester mais qu’elle constitue pour les entreprises la voie de salut dans une économie en plein désarroi, une bouée de sauvetage lancée à la mer. En effet, Hinchcliffe et Forrester parlent d’un marché de 4,3 milliards $ sur cinq ans aux USA.

Chiffre qui peut paraitre énorme mais qui est «du p’tit change» quand on regarde ce qui se passe actuellement sur les marchés financiers. Juste au cours des dernières semaines, les banques centrales ont injecté des centaines de milliards pour soutenir les marchés !

Alors, le Web 2.0 sauvera-t-il le monde ??? J’en doute… Comme je doute de son effet à court terme sur l’ensemble des entreprises… Bien que plus d’un milliard de personnes sur la planète utilisent maintenant l’Internet et qu’il y ait à ce jour 133 millions de blogues, reste encore 5 milliards d’individus pour qui, l’Internet vient loin dans leurs priorités de vie. Et même dans le milliard branché, plus des trois quarts utilisent le Web à des fins 1.0, soit pour rechercher de l’information. Et quand vient le temps de parler de réseaux sociaux et de leur influence sur les individus et les entreprises, c’est 60% des individus qui ne savent pas de quoi il est question. Club social, oui mais Facebook, Beebo, MySpace ? Pas entendu parler… Les résultats de cette étude, publiés par Synovate montrent à quel point le décalage est grand… Je dis souvent que l’entreprise est le reflet de la société alors…

Pessimiste ? Peut-être mais il faut au moins s’attendre à ce que l’Entreprise 2.0 prenne plus de temps que prévu avant de devenir une réalité. Et pourtant, tous ceux qui oeuvrent à l’intégration du Web 2.0 et à la transformation des entreprises afin que ces dernières soient mieux adaptées à un milieu de travail en complet changement savent que c’est inéluctable et il y a, je l’accorde plusieurs études de cas et réussites déjà documentées dont plusieurs qui feront l’objet de conférences au prochain webcom-Montéal. Sauf que le changement sera plus lent que prévu et ce, même si les entreprises vont perdre jusqu’à 60% de leur force de travail d’ici 2015. Et même là, je vous invite à lire certains ouvrages récemment parus comme celui de Ken Dychtwald, intitulé «Workforce Crisis: How to Beat the Coming Shortage of Skills And Talent» et qui parle au chapitre 4 de la fin des retraites…

Car oui, les générations Y et NetGen vont révolutionner l’entreprise et risquent d’avoir sur la société, un impact aussi puissant que celui de leur aînés les Baby Boomers. Les Digital Natives de Marc Prensky, qui sera d’ailleurs conférencier lors du prochain Webcom en novembre, sont depuis des années, le sujet de toute l’attention des spécialistes, conférenciers (dont moi) et même fournisseurs de solutions 2.0 pour les entreprises, à preuve le dernier livre blanc de la société BlueKiwi.

Leur impact sur l’entreprise, selon plusieurs, se fait déjà sentir mais… Car il y a un mais… Mais avec comme frein, le retour sur le marché du travail des retraités qui ont entre 50 et 70 ans. Je parle de frein et non de blocage. Le passage à l’entreprise horizontale, collaborative, ludique et innovante se fera quand même. Mais n’oublions pas que le 4/5 de l’humanité est encore technologiquement illettré ou presque et toujours formatté par une sturcture de pouvoir hiérarchique, que les retraités qui reviennent dans les entreprises sont ceux qui ont perpétué cette hiérarchie sociale et organisationnelle ainsi que la rétention de l’information comme outil de pouvoir personnel.

Et ce n’est pas tout… Le passage à l’entreprise 2.0 sera aussi ralenti par un autre facteur : La capacité financière des entreprises d’implanter les technologies du Web 2.0, de modifier les structures de pouvoir et de gérer les changements ainsi provoqués. Avec une économie et des marchés 1.0 comment pourrait-il en être autrement. Faudra-t-il attendre la «singularité» dont se gargarisent Tim O’Reilly, Peter Thiel et Ray Kurzweil, phénomène qui, selon O’Reilly est plus près de nous avec l’effondrement annoncé du système économique mondial, de la crise énergétique et du réchauffement climatique ?

Je disais l’an dernier, à qui voulait l’entendre, que le créneau de l’Entreprise 2.0, assurerait de l’emploi aux spécialistes du domaine pour au moins dix ans. Je rectifie aujourd’hui : pour au moins 20 ans !!!

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8 Commentaires

  • Répondre Jacques Warren 25 septembre 2008 - 10 h 52 min

    Je crois qu’il ne faut pas oublier l’efficaciét avec laquelle les Américains exploitent la business des « buzzwords » (conférences, livres, etc.). C’est un marché très important pour les petites entreprises qui l’exploitent.

    Je dirais que nous réalisons aujourd’hui les promesses du Web 1.0 que nous faisions il y a 10 ans.

    Ce que claironnent les gourous et ce qui finit par se passer vraiment ne coïncident pas toujours, du moins dans le temps.

  • Répondre Patricia 25 septembre 2008 - 11 h 14 min

    Claude, très intéressant ton billet. Ma réaction primaire est de te répondre qu’il n’y a que les Hommes qui peuvent sauver le monde ou le mener à sa perte.

    Est-ce que le web 2.0 peut aider les Hommes de « bonne volonté » à faire une différence? Est-ce que le web 2.0 peut aider à organiser les efforts des groupes et des citoyens qui veulent contrer les grands pouvoirs (financiers, gouvernementaux, etc.)? La réponse est clairement oui puisque ce sont des outils qui démocratisent l’accès au pouvoir. Mais est-ce que l’Homme est un Homme 2.0 (collaboratif, participatif, etc.)? Je n’ose pas me prononcer!

    Est-ce que l’avenir de la planète est relié à l’entreprise 2.0 et au web 2.0? Pas du tout! Je suis d’accord avec toi que les entreprises suivent la direction des citoyens. Est-ce que nos grandes entreprises ont imposées une vision verte de façon proactive? Elles commencent à peine à se sentir obligée de suivre le mouvement…

    Par contre, je suis aussi d’avis qu’il y a un changement au niveau des comportements facilité par le web 2.0. Comme je le disais dans mon billet d’aujourd’hui les outils web 2.0 sont à la fois le reflet mais aussi le moteur de changements importants de comportements sociaux. Est-ce le début d’une évolution? Espérons-le!

    En attendant et de façon très capitaliste je suis d’opinion que le web 2.0 doit quand même être embrassé par les entreprises car pour le meilleur ou pour le pire… c’est de cette façon qu’il pourront de plus en plus facilement rejoindre leur clients Boomers, X ou Y!

  • Répondre Pascal Veilleux 25 septembre 2008 - 11 h 35 min

    Très bon billet Claude.

    20 ans… cool ! Alors je dédie ma vie à l’entreprise 2.0 ! 😉

  • Répondre Bertrand Duperrin 25 septembre 2008 - 16 h 27 min

    @Jacques : le web réalise les promesses faites il y 10 ans. Appliqué au monde de l’entreprise on peut même remonter jusqu’aux prévisions et promesses de Drucker qui nous ramènent à des époques encore plus reculées.
    Mieux vaut tard que jamais.

    @Patricia : seuls les hommes se sauveront. Par contre à une époque où la recherche de liant et de confiance semble redevenir une (saine) tendance à la mode il peut peut être les aider à se retrouver.

    @Claude : ton billet m’ennuie beaucoup. Je partage l’opinion de Patricia sur la responsabilité des hommes dans leur destin et leur avenir. Je me dis que le web 2.0 a le mérite d’être là, d’être bien réel, et que quelque chose qui peut à la fois être un moteur économique, rassembler les individus et j’en passe aura certainement son rôle à jouer. Au même titre que d’autres tendances comme le « green business ». Ce ne sont que des gouttes d’eau dans un océan…mais sans gouttes il n’y aurait pas d’océan. Je disais donc que ton billet m’ennuyait, de manière purement égoiste. M’attendant à ce que quelqu’un nous fasse le coup du « web qui sauve l’humanité » sans aucune vision ni recul, uniquement par fanatisme ou manque de recul, j’avais préparé une blague un peu grinçante à sortir à l’occasion. Mais vu que c’est toi et que c’est bien réflechi je suis obligé de ranger ma blague jusqu’au web 3.0 et au prochain crack boursier 😉
    Blague à part je suis bien sur d’accord pour reconnaitre que nous sommes dans un monde d’opportunités comme nous n’en rencontrerons peut être pas avant longtemps. Jeune diplomé j’ai connu la crise de 2001 et l’enfer sur le marché du travail, l’impression qu’on était dans le trou pour longtemps. Là il y a tellement de nouvelles voies à explorer dans un contexte ou beaucoup de choses sont à reconstruire que je suis convaincu qu’on est pas à la fin de quelque chose mais au début de quelque chose d’autre. L’avenir nous dira…

    @Pascal : ouf…ça veut dire qu’on aura quand même le temps de faire un brin d’entreprise 3.0 avant la retraite alors ?

  • Répondre claudemalaison 25 septembre 2008 - 19 h 36 min

    @Bertrand
    Désolé que mon billet puisse t’ennuyer. Ne t’ai-je pas assez provoqué sur ce point à ce que tu t’endormes à sa lecture ? Je ne remet pas en question le bien-fondé ou la raison d’être du Web 2.0, loin de là. Il est là, comme tu dis et bien réel, soit. Mais la goutte dans l’océan fait face à la fonte des glaciers et à l’augmentation du niveau des océans. Donc, notre goutte Entreprise 2.0 aura moins d’influence que prévu, ce qui fait «capoter» des gens comme O’Reilly.
    Ces derniers voient l’économie s’effondrer et en même temps, leurs rêves de changement de la société et des entreprises. De là, sa conférence à NY. Mais ne désespérons pas, ce qui était l’essence de mon propos.
    La crise financière passée, qui sait ce que l’avenir 2.0 nous réserve pour 20 ans… Et SVP, ne parle pas de retraite 🙂

  • Répondre Bertrand Duperrin 26 septembre 2008 - 2 h 13 min

    @Claude : je disais qu’il m’ennuyait uniquement parce qu’il m’empêche de faire la blague que j’avais longuement prévu sur le sujet 😉 .Tu sais ce que c’est de couper l’herbe sous le pied d’un comique qui s’ignore.

  • Répondre Carlos Diaz 27 septembre 2008 - 10 h 21 min

    L’homme est-il 2.0 ? Biensûr ! Le 2.0 repose sur la participation et la collaboration, toutes nos civilisations se sont construites sur ce principe. Pour les plus anciennes cette collaboration a été imposée militairement (Antiquité) ou religieusement (Moyen-Age), pour les plus récentes c’est politiquement que cette collaboration s’est réalisée. Ce qui est nouveau avec le 2.0 c’est justement que pour la première fois, la collaboration est spontanée loin de toute pensée structurée. Je crois que c’est là que repose la principale nouveauté.

    Pour ce qui est de l’entreprise, une collaboration spontanée et centrée sur les individus peut effrayer. En effet, tout ce qui remet en cause la structure est suspect. Nous avons compris cela chez bK assez rapidement. Je me rappelle du jour où je parlais avec un manager de participation libre de tous les collaborateurs, ce dernier est devenu blanc et à refermé son cahier… Il avait mis 25 ans à gravir la vertigineuse pyramide et je lui démontrais qu’avec une approche 2.0 les talents ne mettraient pas plus d’un an à ce rendre visibles… Ce qui constituait un fabuleux ascenceur social devenait pour lui une véritable descente aux enfers…

    Pour faire passer l’entreprise au 2.0, il n’existe en fait qu’un seul moyen. Le gain économique. La situation actuelle désastreuse des entreprises est d’ailleurs à ce titre une formidable occasion pour le faire. Si vous êtes à même de démontrer que mettre en place un outil comme bK peut vous faire gagner de nlles parts de marché ou diminuer vos coûts alors vous aurez l’écoute attentive de toute l’entreprise. C’est ce qu nous nous attachons de faire et ce que nous avons déjà prouvé chez certains de nos clients. Nous ne développons pas une solution pour changer l’entreprise mais une Business Application qui se met au service de projets concrets et économiques.

  • Répondre Fabrice Poiraud-Lambert 1 octobre 2008 - 3 h 52 min

    Claude écrit : « Et quand vient le temps de parler de réseaux sociaux et de leur influence sur les individus et les entreprises, c’est 60% des individus qui ne savent pas de quoi il est question ». Je me demande si 60% n’est pas un peu sur-estimé ;-)) Je dirais 95% en fait. Je discutais justement hier avec des Managers en charge du SI ou de l’intranet de leur organisation, qui n’ont aucune idée de ce que l’Entreprise 2.0 peut bien être, et de ses apports. Résultat, la prochaine refonte de leur intranet sera digne des années 90. Cela a un petit coté déprimant… et l’on se demande alors comment faire passer cette information, révolutionnaire, sans passer par un fou furieux idéaliste et fanatique (ça c’est pour Bertrand ;-)).
    Peut-être effectivement qu’il va nous falloir quelques dizaines d’années pour mettre en oeuvre l’Entreprise 2.0. Personnellement, je fais le pari que l’Entreprise 3.0 pourrait bien s’implémenter plus rapidement, mais il faudra que je vous rédige un billet un peu plus détaillé sur le sujet, afin de définir ma vision de cette E3.0.

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