Juste un court billet en cette fin de la semaine pour vous relater birèvement mes rencontres d’hier. Tout d’abord Serge Ravet, vice-président à l’ EFQUEL et CEO à l’EIFE. Je rencontrais Serge à la suite de conversations que nous avions eues sur le Web, surtout à la suite de son passage à la Boule de cristal du CRIM. Serge est un fervent «évangélisateur» du ePortfolio.
Pas seulement dans le domaine académique et du eLearning mais en général, ce qui le rapproche de mes réflexions sur les LifeLogs mais aussi sur l’identité numérique et la portabilité des données. Justement, Serge organise, comme moi, de nombreuses conférences internationales sur le ePortfolio et sur l’identité numérique, la plus récente s’étant tenue cette semaine à Montréal.
Cette conférence s’est tenue à l’université Concordia et comme pour l’ACFAS, a regroupé de nombreux universitaires préoccupés par les applications académiques des Lifelogs ou ePortfolios. Tout ce qui concerne les dossiers académiques, la reconnaissance des acquis et la documentation nécessaire à l’emploi (CV etc.). Mais selon Serge, reste de vieux démons à exorciser… Ceux de la peur de la protection des données personnelles. Une peur cultivée par les TI traditionnelles qui érigent une forteresse autour des données et qui encouragent une mentalité d’assiégés.
Bref, Serge sera avec nous à Montréal le 12 novembre lors de la prochaine édition de webcom-Montréal, qui justement consacrera une piste à l’identité numérique, ses avantages et ses dangers… Participera également à cette conférence, un autre spécialiste français des données, nul autre que Daniel Kaplan de la Fondation Internet Nouvelle Génération.
Daniel Kaplan, le deuxième du côté droit de la table de la Yulbouffe
Ce dernier a pris part en début de semaine au congrès annuel de l’ACFAS noù il est intervenu sur «L’EntreNet, ou l’Internet relationnel». À ce sujet, qui d’autre que la copine Isabelle Lopez pour résumer son intervention :
- La clé de la dynamique du web 2.0, c’est la relation. C’est un outillage de démarche volontariste.
- La masse participative semble basculer blogs vers les réseaux sociaux… Peut à peu, on cesse un partage basé sur l’écrit vers un partage multiforme structurant les relations.
- Le partage sur Internet devient un univers de pratiques individuelles. L’exposition personnelle n’est pas privée; c’est public, certes, mais sans trop y penser.
- L’internaute a le sentiment et l’autorisation de devenir auteur de sa propre vie et d’avoir prise sur des choses plusgrandes que lui, sur des systèmes.
- Son exposition personnelle se passe devant un public dont il choisit la taille [et les caractéristiques, puisqu’il choisit aussi le lieu (interprétation libre)].
- Cela entraîne une importance du public et de la relation que j’entretiens avec lui. On revendique ses traces.
Bref, je suis mes relations avec les autres.
Isabelle en remet un peu plus loin avec la référence au fait que le Web 2.0 peut mener à une hyper normalisation, une hyperévaluation :
Dans sa présentation, Daniel Kaplan a terminé sa conférence en partageant trois problèmes qui pourraient potentiellement être engendrés par l’émergence du Web participatif.
- Normativité participative : l’obligation de s’impliquer.
- Oubli des spécialistes :
- Manque de dispositifs de création :
La foi dans le Web 2.0 entraîne une augmentation fulgurante de dispositifs, d’évaluation, d’échange, de partage… On assiste donc à un déplacement de la perception de la valeur. Il y a le risque qu’ensuite il y ait un manque dans l’offre de dispositifs pour créer tous ces éléments qu’on échange avec les autres.
La possibilité de pouvoir prendre sa place facilement pourrait entraîner une obligation de participer. Mais ce n’est pas tout le monde qui souhaite prendre part dans les conversations ou de remettre en question les leaders d’opinion. Ceux qui ne le font pas vivront une nouvelle forme d’exclusion.
À force de donner la parole aux masses, on risque de ne s’appuyer que sur l’intelligence des foules. Danger : oublier les spécialistes, qui eux aussi ont des éléments à apporter, et cela parce que «ce que disent les foules est nécessairement vrai».
Daniel étais donc de passage le lendemain de sa prestation à Québec, invité par l’ami Martin Lessard. Nous en avons profité pour le recevoir dans la cadre d’une Yulbouffe informelle. J’ai promis à Serge et Daniel de les revoir à Paris lors de mon prochain séjour.
1 commentaire
Woah! Deux billets entiers repris par Claude! 🙂