Dans mon dernier billet, j’ai commencé à écrire mes constats sur la conférence Enterprise 2.0, qui a eu lieu la semaine dernière à Boston. Un de ces constats est que nos voisins du Sud sont beaucoup plus avancés dans l’intégration des technologies du Web 2.0 en entreprise. Des études de cas, il y en a maintenant des dizaines : Bank of America, Boston College, Dreadner/Kleinwort/Wasserstein, IBM, Northwestern Mutual, Motorola, US Hospital, Volvo, Well Fargo et plusieurs autres dont plusieurs cas vedettes de la dernière conférence.
Car le sujet de ce billet est bien un de ces cas-vedettes qui a fait les délices des participants. Il porte sur la plus improbable des institutions américaines : la CIA… En fait, les deux présentateurs de l’étude de cas, soit Don Burke et Sean Dennehy ont été présentés ensuite et tout au long des quatre jours comme les «rock stars» de la conférence et ont atteint une cote de satisfaction de 91%, ce qui n’est pas rien pour des conférenciers en présentation devant tous les participants.
Sean Dennehy en présentation
Ces derniers sont venus présenter un projet qui prend ses assises en 2005 dans un document de réflexion publié à la CIA et intitulé : «The Wiki and the Blog: Toward a Complex Adaptive Intelligence Community». Le projet se nomme Intellipedia, bien sûr pour Intelligence et Wikipedia mais il ne s’agit pas d’une encyclopédie des agents secrets… Loin de là ! En fait Intellipedia est un ensemble d’initiatives 2.0, soutenues par nul autre que Google dont voici les composantes :
- Intellipedia or aggregation
- Intelink blogs for communication
- Tag|Connect (similar to the Internet’s del.icio.us) for organization
- Inteldocs (a document management system for file sharing community-wide)
- Gallery (similar to the Internet’s flickr)
- iVideo (similar to YouTube)
- Intelink Instant Messaging (IIM)
- Really Simple Syndication (RSS)
Huit composantes… Pas très loin des dix que j’identifie comme étant requises à la création d’une mémoire d’entreprise.
Ce que je retiens également de leur présentation, c’est que d’une part, la CIA n’a pas de problèmes générationnels avec ses jeunes employés de la génération Y puisque ces derniers sont jumelés, dès leur arrivée, avec des «mentors» qui leur expliquent non seulement leur travail mais aussi les «us et coutumes» de la boîte. Et Burke d’affirmer :«They need to fit in». D’autre part que l’environnement collaboratif mis en place n’est pas le vaste agora communautaire que l’on imagine mais plusieurs environnements avec des niveaux de sécurité adaptés :
- TOP SECRET (JWICS)
- SECRET (SIPRNet)
- Sensitive But Unclassified (SBU) (Intelink-U)
Et que finalement, en arriver à implanter cet environnement horizontal dans une structure si hiérarchique et secrète relève du tour de force. Burke et Dennehy l’avouent : Le projet en est encore à la phase initiale des «early adopters» qui ne sont pas tous des jeunes à preuve le plus actif a la soixantaine avancée. En fait, Intellipedia comprendrait, dans sa partie Wiki, quelque 35 000 articles (200 000 pages) … Finalement, ce genre de projet nécessite une gestion importante du changement :«We still call collaborators spies !» a conclu Dennehy.