Il y a un peu plus d’un an, j’ai écrit un billet sur le phénomène des hybrides. C’est quoi un hybride me demandez-vous en choeur? Simplement une personne qui de par sa formation ou son expérience de travail, peut cumuler aussi bien les expertises et les usages de la communication et de l’informatique. Cela vaut aussi bien pour les RH et les Ti ou encore toute autre combinaison.
Depuis ce premier billet, j’estime toujours que les entreprises et les universités doivent à tout prix s’entendre pour former ces hybrides, ce qui n’est pas le cas actuellement. Aujourd’hui, on forme toujours les jeunes comme les moins jeunes à des disciplines uniques, qui n’intègrent pas l’utilisation des nouvelles technologies dans leur travail de tous les jours et pourtant, le Web est maintenant un incontournable.
Les diplômés qui sortent de nos institutions de «haut savoir» sont encore, dans bien des cas, très peu en mesure d’assumer la direction d’une stratégie Web d’entreprise (entreprise 2.0). Pour cela, il faut comprendre les grands enjeux certes, mais aussi les technologies qui aideront à les réaliser. Les entreprises perdent actuellement temps et argent à reformer professionnellement leurs diplômés récemment engagés. L’équation est simple: perte de productivité + perte d’argent = perte de compétitivité.
C’est pour cela que je me suis investi dans l’organisation de conférences professionnelles, tout d’abord Intracom puis webcom-Montréal mais aussi dans la formation professionnelle à l’Université de Montréal afin de réaliser un vieux rêve que je partageais avec Jean Lanoix : créer une université d’hybrides ou à tout le moins, des programmes d’hybridation dans nos universités… Mon cours a évolué depuis ses débuts. J’avais tout d’abord repris le traditionnel « Pratiques de la communication interne ».
Pas surprenant, les étudiants s’y inscrivaient avec en pensant retrouver un cours traditionnel avec les grandes théories sur la communication et les vieilles pratiques. Je devais les déprogrammer et dans bien des cas, les plus réfractaires aux nouvelles idées et pratiques étaient les jeunes de la génération Y.
Mais le cours a pris cette année une appellation beaucoup plus appropriée soit : Communication interactive en entreprise et j’ai bien hâte de voir à la prochaine session, quelles seront les attentes. Ce cours est un premier pas, timide je l’avoue mais avec des collègues comme Serge Leclerc et Guy L’Italien et mon directeur de programme Patrice Leroux qui eux aussi s’y mettent, nous devrions être en mesure d’améliorer un tant soit peu et bien humblement, les usages de la communication en entreprise.
Mais avant que le rêve ne se réalise vraiment, il faudra attendre l’arrivée de la «NetGen» à l’université et ensuite dans les entreprises car ce sont eux les vrais hybrides naturels, ceux et celles qui trouveront tout naturel de se faire parler de stratégie de création et d’animation de communautés, de groupes collaboratifs en wikis et de communication corporative par les blogues et la WebTV.
Nouveau paradigme
Ce qui m’amène à bifurquer du sujet et de traiter de ma propre éducation. J’aurais pu disserter sur ma formation universitaire ou mon expérience professionnelle en communication interne et en technologie, ce qui a fait de moi un de ces hybrides, des conférences de 2005, les premières à parler de Web 2.0 et qui ont mené à ma spécialisation, mon créneau professionnel en Entreprise 2.0 mais je voudrais plutôt insister sur une autre formation/éducation. Celle de mon fils.
C’est lui qui m’a formé aux univers virtuels et aux jeux vidéos. Le «Serious gaming» c’est aussi son influence. C’est après l’avoir regardé collaborer sur WoW que j’ai fait le lien avec les difficultés des jeunes de la «NetGen» avec le système scolaire traditionnel et que j’ai ensuite pris contact avec Marc Prensky, le père des Digital Natives et grand apôtre du DGBL (Digital Game Based Learning) à l’école.
Nous assistons actuellement et devant nos yeux à l’émergence (j’aime ce mot) d’un nouveau paradigme: pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la transmission du savoir s’inverse. Ce sont maintenant les jeunes qui apprennent aux plus vieux. Vous demeurez sceptiques ? Alors, je vous montre le début d’un article paru dans l’ancienne version de Le Devoir.com (ci-haut mais non-disponible gratuitement sur internet…dommage).
Ce qui ne veut pas dire que nous les vieux profs n’avons plus notre place, loin de là. Même les fameux Y ne sont pas des hybrides. Donc, avant que les trois générations qui travaillent actuellement en entreprise (Y, X, et BB) ne disparaissent dans les brumes de l’Histoire, il y a encore beaucoup de travail en formation universitaire mais aussi en formation en entreprise!
Mais il y a aussi tout un travail à faire dans les écoles primaires, secondaires et au Cégep avec les profs. Il faut leur enseigner à enseigner différemment et à utiliser les usages du Web 2.0 et surtout 3D. Actuellement ces derniers sont dépassés par leurs propres élèves dans bien des domaines. Normal qu’ils se sentent démotivés et aussi normal qu’ils démotivent leurs élèves, surtout les garçons, moins portés sur l’apprentissage linéaire et individuel mais beaucoup plus sur les apprentissages de groupe avec rétribution quasi immédiate.
Mais cela c’est une autre histoire… Le serious gaming et le DGBL à l’école, ce n’est pour demain. Les jeunes n’ont pas encore un ordinateur portable et un téléphone intelligent et on ne leur montre pas encore assez à bloguer leurs travaux ou encore à gérer leur identité numérique, alors…