Décidément, les fondateurs de Twitter ne font rien à moitié ces temps-ci, question d’attirer les feux de la rampe. La semaine dernière, Evan Williams et Biz Stone recevaient le président russe Dimitri Medvedev à leurs quartiers généraux de San Francisco et le faisaient en grande pompe dans la cafétéria. Medvedev a profité de cette visite dans Silicon Valley pour créer son compte et publier son premier Tweet :
Hello everyone! I’m on Twitter, and this is my first tweet. 1:25 PM Jun 23rd via web
Comme on est à même de le constater en visionnant cet événement «historique», son premier message était plus consistant que ce qui apparait en anglais sur le compte…
President Medvedev Visits the Twitter Office from TwitterHQ on Vimeo.
De la bonne pub pour Twitter mais aussi pour le président qui a aussi visité, entre autres, Apple. Parlant de publicité, juste avant, Stone et Williams ont eu à défendre devant la communauté des développeurs les récents changements survenus depuis avril sur la plate-forme californienne de micro-blogging. Des changements beaucoup orientés annonceurs.
Vous avec entendu parler de Twitter Places, Promoted Tweets et Twitter Annotations ? Twitter Places c’est la première incursion de Twitter dans le monde de la géolocalisation. Donc, en conjonction avec Google Maps, de permettre de situer l’origine du tweet .
La fonctionnalité a été mise en service, en douce le 14 juin dernier. Dans un billet sur le blogue de la compagnie, le responsable de ce département chez Twitter, Othman Laraki annonce aussi que ce travail s’est fait en collaboration avec FourSquare et Gowalla, ce qui veut dire une intégration des check-ins dans Places mais aussi la possibilité d’intégrer l’API dans d’autres applications. Comment faire pour avoir accès à ce nouveau service ? Facile, il suffit d’aller dans «Settings» et de cocher la case TweetLocation pour l’activer ou encore de suivre les instructions.
Virage publicitaire et capitaliste ?
Mais ce sont les deux autres qui suscitent plus la controverse chez les développeurs et sonnent l’arrivée en force de la publicité sur Twitter. Les Annotations permet aux développeurs (et à Twitter bien sûr) d’ajouter des informations supplémentaires à un tweet – comme une chaine de texte, une URL, un tag d’emplacement ou des bits de données – sans affecter le compte de caractères (140). Autrement dit, de telles informations constituent les métadonnées du tweet ou de l’utilisateur qui l’a posté et suivent le contenu original dans son voyage à travers la Twittosphère.
Les applications et services peuvent alors prendre ces informations, les filtrer et leur donner une signification. Dans un certain sens, Annotations ressemble au protocole «Open Graph» de Facebook, qui ajoute aussi des métadonnées au comportement des utilisateurs sur certains sites quand ils sont connectés. De même qu’ils le sont avec Facebook, les annonceurs sont intéressés par la capacité de Twitter à les aider à cibler des utilisateurs basés sur leurs intérêts.
Et une fois ce ciblage fait, les entreprises partenaires pourront dans une première phase, se prévaloir de la possibilité d’acheter des mots-clés comme pour Google Adwords et afficher leur tweets promotionnels (Promoted Tweets) dans les résultats de l’engin de recherche de la plate-forme de micro-blogging.
Il s’agit bien là d’une première phase et les autorités de Twitter y vont du bout des pieds avec cette nouvelle initiative car ils savent bien qu’ils marchent sur des oeufs car la publicité sur Twitter n’a jamais été populaire, aussi bien auprès des utilisateurs que des fondateurs eux-mêmes, à preuve ces remarques de Biz Stone sur le blogue de Twitter:
«Over the years, we’ve resisted introducing a traditional Web advertising model because we wanted to optimize for value before profit. The open exchange of information creates opportunities for individuals, organizations, and businesses alike. We recognized value in this exchange and planned to amplify it in a meaningful and relevant manner.
Stubborn insistence on a slow and thoughtful approach to monetization—one which puts users first, amplifies existing value, and generates profit has frustrated some Twitter watchers. Believe me, when your name is Biz and you’re a co-founder of Twitter, it also means putting yourself at the mercy of folks like Stephen Colbert who hit home runs with lines like, « So, I assume that ‘Biz’ in ‘Biz Stone’ does not stand for ‘Business Model’. »»
Et comme le rajoute le COO Dick Costolo, Twitter expérimentera cette formule avec quelques partenaires dont Best Buy, Bravo, Red Bull, Sony Pictures, Starbucks, and Virgin America afin d’évaluer la «résonance» de ces tweets promotionnels. S’ils résonnent bien, on pourra passer à la phase suivante soit leur apparition dans les flux personnels.
Remarquez que Twitter, avec ses 75 millions de membres, n’a pas tellement le choix de prendre ce virage stratégique et embrasser cette nouvelle orientation «business». Il y a un certain Mark Zuckerberg qui les pousse à le faire. D’une part avec le Open Graph et sa politique ouvertement orientée marché. D’ailleurs, le patron de Facebook ne s’en est pas caché la semaine dernière au festival Cannes Lions International Advertising. Deux de ses objectifs sont d‘atteindre un milliard de membres et un milliard de $. Un autre est possiblement d’être bientôt coté en bourse. Plus capitaliste que ça…
Mais tout n’est pas perdu pour les idéalistes… Déjà, certains, comme Joshua Shinavier, voient poindre à l’horizon l’opportunité pour Twitter et Facebook de fournir la matière première du futur Web sémantique… en temps réel !
Mais dans cette histoire qui profite à qui ?