Je reprends le billet que j’ai commis en cette fin de mois de septembre et qui porte sur les pseudo spécialistes des «médias sociaux». Vendredi midi, sur Facebook est apparue cette image qui m’a fait péter une coche!
J’en ai marre des marchands de tapis de prétentions et d’illusions !
23 octobre 2010Hier sur Facebook j’ai fait une ¨mimi-montée de lait¨, en affirmant que je n’en pouvais plus de voir et d’entendre tous ces épais qui se prétendent 2.0 et qui font tout à l’envers. Et dire que des entreprises vont planifier leurs stratégies sur leurs inepties… J’ai bien aimé le commentaire de l’ami Jean-François Poulin qui en a remis et précisé :
– Il y a ceux qui prétendent faire du web depuis 15 ans.
– Il y a les consultants qui n’ont jamais fait de sites ni en agence ni en tant que producteur…
– Il y a les nombreuses compagnie incapable de terminer leur boulot comme il faut…
Tu en veux d’autres?
Il y a beaucoup de prétention dans notre métier, ajoute Jean-Françcois.
Oui, en effet, beaucoup de prétendus spécialistes du Web qui sont apparus dans le décor d’on ne sait où en 2009-2010 et qui se bombardent spécialistes des médias sociaux, du marketing Web, des blogues ou de Twitter et osent proposer des conseils ou formations aux entreprises par le biais d’associations, organismes ou entreprises privées qui n’en connaissent pas plus long mais qui pensent venir en aide à leurs membres ou communautés mais surtout profiter de la manne, du pactole…
C’est drôle et ce ne l’est pas mais quand on regarde comme il faut les contenus et l’expérience offerts car on en revient à bien des prétentions. Le terme Web 2.0 est devenu à la mode en 2004 après un Foocamp de Tim O’Reilly mais ses bases sont bien plus profondes. Elles originent des essais collaboratifs, de knowledge management, de eLearning et de eCommerce des années 90 et qui n’a pas connu ne peut pas comprendre la toile de fond…. Presque 15 ans de développements qui ont mené à une éclosion d’outils Web beaucoup plus faciles à maitriser et utiliser par monsieur tout le monde: le user generated content. Mais il ne faut pas oublier que la publication décentralisée a fait ses premières armes avec les outils de gestion de contenus au début des années 2000, soit en même temps que les wikis et les blogues, qui eux aussi ont permis aux individus de s’exprimer plus librement dès la fin des années 90.
Spécialiste du Web? Comme le dit encore Jean-François, qui peut prétendre avoir mis les mains sous le capot et codé un site en HTML, DHTML (pour dynamic hyper text markup language) XML, PhP et j’en passe… Qui sait ce que veut simplement dire <em>Tu en veux d’autres?</em> ou encore <br></br> , qui s’est dépatouillé dans les méandres d’une architecture de l’information, qui a travaillé à peaufiner les critères de performance d’un engin de recherche, mis en place un thésaurus ou réfléchi à une folksonomie? Qui s’est penché sur la mise en place d’une stratégie qui intègre les trois formes de Net (intra-extra-inter) pour en faire un tout cohérent et surtout performant? Qui peut se targuer d’avoir travaillé sur un CRM pour être capable d’y ajouter la lettre S ? Qui peut en toute honnêteté affirmer qu’il maîtrise toutes les facettes du Web et est en mesure d’élaborer une stratégie pour son client qui intègre non seulement des outils mais aussi les usages, qui prévoit la transformation des processus, des hiérarchies, qui prend en compte la formation et la gestion du changement nécessaires ? Qui sait que le 2.0 mettra du temps à pénétrer la fibre entreprise, qu’il faudra trouver de nouveaux talents pour gérer les communautés 2.0 créées, qu’il faudra créer une structure minimale de gouvernance au sein de l’entreprise ?
Et qui sait encore que cette gouvernance est essentielle à l’acceptation des outils Web 2.0 par les départements Ti traditionnels et que ces derniers tiennent mordicus à leur architecture technologique et leurs legacy systems et que par-dessus tout, ils carburent à la sécurité? Bref, j’en ai un peu beaucoup marre comme plusieurs autres qui l’avouent en privé. Marre que des entreprises bien intentionnées se fassent arnaquer par des charlatans qui n’ont à leur crédit que leur profil Facebook et LinkedIn ainsi qu’une centaine de Tweets et de followers…
Le marché du marketing Web est présentement une véritable jungle et s’y aventurer pour une entreprise est justement cela: une aventure. Quant à l’entreprise 2.0, le marché est encore relativement vierge mais je les vois venir de loin tous ces marchands de tapis de prétentions et bien des fois d’illusions.
Observatoire de l’intranet 2010: les tendances se confirment… (1)
21 août 2010Dans cette série de billets un peu plus longs qu’à l’habitude, je tiens à vous présenter les résultats de l’Observatoire 2010 de l’intranet. Il s’agit du fruit du travail de Michel Germain, d’Isabelle Reyre et de Marc Lippa. Michel est professeur au CELSA mais aussi l’auteur du livre intitulé «Management des nouvelles technologies et e-Transformation» et a été longtemps président de ClubNet en France, une association qui regroupe les professionnels de la pratique intranet dans les entreprises. Ainsi, depuis 1999, l’Observatoire analyse chaque année la progression de l’intranet dans différents environnements professionnels (entreprises privées et publiques, collectivités locales, administrations, institutions et ministères).
Sa reconduction annuelle dégage les principales tendances et relève des évolutions significatives. Ces résultats consolident les réponses de près de 300 organisations et entreprises dont 90% en France, le reste au Canada, en Belgique et en Suisse dans le cadre de partenariats associatifs. Il s’agit de la seule enquête francophone qui tente de dresser un portrait clair de l’évolution des nouvelles technologies au sein des entreprises dont certaines du Québec.
L’Observatoire 2010 nous offre cinq grandes tendances en matière d’intranet dans les entreprises et grandes organisations. Des cinq, deux ne sont pas vraiment nouvelles dans le décor intranet. En effet, la gouvernance et la lutte à l’infobésité font partie des préoccupations des responsables intranet depuis au moins une décennie. Par contre, les trois autres, soit la collaboration, les réseaux sociaux et la mobilité sont des préoccupations ou des tendances assez nouvelles et qui réflètent les usages Web actuels des employés en dehors du lieu de travail.
1 -Mise en place confirmée de l’intranet mobile
- L’accès distant se généralise et concernera 71% des entreprises dans un an.
- La mise à disposition d’outils (processus génériques, applications métier, décisionnel) est croissante.
- L’adaptation de l’intranet à la consultation sur terminal léger se développe (PDA, portable).
En effet, si on consulte les graphiques ci-haut, on peut constater que les entreprises, même en retard sur le marché de la consommation Web, vont lentement mais sûrement prendre le virage de la mobilité, leur proportion passant de 7 à 20%. On constate également que l’accès distant et dans bien des cas de la maison, augmente encore et se généralise, touchant l’an prochain 70% des entreprises.
Comme je l’ai fait remarquer plus tôt, ces chiffres illustrent une réalité plus Européenne, 90% des entreprises répondantes étant françaises. Les prochains constats et statistiques le prouvent encore et encore… Comme ci-dessous dans la répartition des technologies utilisées par les entreprises en matière d’intranet. Remarquez la forte proportion de logiciel libre, 32% !!!
2 -Progression de la collaboration numérique
- Présence d’espaces collaboratifs dans la moitié des intranets.
- Espaces équipés d’outils d’interaction (Alertes, listes d’action,…) .
- Extension au-delà de la logique projet (espaces communautaires) .
- Émergence de pratiques collaboratives étendues dans les grandes entreprises en provenance du Web 2.0 (blogs, wiki, forum, FAQ sont tous en très forte progression).
Note: Une fois de plus, ce sondage vient confirmer les résultats des autres études sur les outils du Web 2.0 et leur niveau d’adoption par les entreprises. Ici, on remarque la prédominance des wikis. En passant, ces derniers sont des espaces de travail collaboratifs…
3 -Émergence du réseau social
- La mise en place de fiches personnelles enrichies est l’un des premiers projets d’évolution des intranets.
- Déploiement des outils de mise en relation.
- Démarrage des présentiels et de la communication temps réel (chat, webconference).
- Reconnaissance des community managers.
Note: Le graphique montre clairement que les outils de mise en relation ou de réseautage professionnel viennent en premier lieu régler un vieux problème soit celui du répertoire téléphonique ou bottin qui trop souvent ne contient que des informations de base ne permettant que de localiser une personne par son poste téléphonique ou sa place fans la ligne hiérarchique et non par son expertise, ses compétences, les projets sur lesquels il travaille ou encore sa localisation géographique.
Premier usage, donc, bonifier les informations de l’annuaire d’entreprise. On voit que suivront les fonctionnalités de mise en relation, forcément… Car plus on en sait dans une fiche annuaire enrichie, plus les possibilités de rejoindre cette personne augmentent. Du premier contact entre deux personnes nait souvent la mise en relation, qu’elle soit occasionnelle ou permanente.
LE GESTIONNAIRE-TYPE DE COMMUNAUTÉ
Je suis aussi en accord avec l’émergence (j’aime ce mot) de la communication en temps réel et surtout de la reconnaissance croissante du rôle des gestionnaires de communautés. Ces derniers sont, à mon avis, les successeurs des coordonnateurs ou webmestres intranet 1.0. Ils et elles ont donc un rôle primordial à jouer dans l’orchestration des réseaux professionnels internes mais aussi des efforts de communication et de collaboration ainsi que dans la dynamique de gouvernance de l’intranet. Justement:
4 -La gouvernance se structure pour se mettre au diapason d’un intranet étendu
- Déploiement de la connaissance et de l’interaction avec les clients finaux (extranet alimenté par l’intranet).
- Prise en compte de l’utilisateur de manière systématique.
- Développement de la copropriété de l’intranet.
- Décentralisation de la production de contenu et de la mise en ligne s’intensifie.
- Progrès constants années après années dans la formalisation des compétences et dans la mise en place des procédures.
Note: Comme on est à même de le constater dans les deux derniers graphiques, le gouvernance se raffine, surtout dans les grandes entreprises. La propriété de l’intranet reste majoritairement entre le mains des départements de communication mais comme le démontent les colonnes vertes, la co-propriété se développe et met en scène aussi bien des binômes, des trinômes aussi bien que des multinômes qui tous confondus, comptent maintenant pour 25% des structures de gouvernance.
Et ces structures internes ne chôment pas car en plus de piloter la gestion quotidienne et les refontes, elle met en place de plus en plus d’outils de bonne gouvernance comme les chartes graphiques et éditoriales ainsi que les divers processus dont ceux de publication et d’indexation. ce qui amène la cinquième et dernière tendance:
5 -Autonomisation des utilisateurs dans la lutte contre l’infobésité
- Le profilage confirmé dans près de 66% des cas indique une vraie centralisation de la gestion des droits, une organisation qui préfigure une facilité d’accès au Cloud computing.
- Forte progression de la syndication de contenus (RSS) en bonne place des projets des entreprises
- Développement des systèmes d’alertes mail.
- Des moteurs de recherches de plus en plus puissants.
Note: J’ai choisi d’illustrer cette tendance par ces deux graphiques volontairement. Certes, les alertes courriel et les fils RSS sont importants à ce chapitre mais la personnalisation, le présentation et le catégorisation de l’information ainsi que l’augmentation de la performance ces outils de recherche sont et demeurent le nerf de la guerre. Dans les prochaines années, la quantité d’information et de données générées par les entreprises et leurs employés va croître de façon exponentielle. Cette croissance va forcer bien des entreprises à utiliser le nuage ou Cloud computing pour stocker et gérer cette montages de données. Mais il faudra toujours trouver ou retrouver…
Présentement, beaucoup d’entreprises souffrent d’infobésité car elle n’ont pas pris les mesures nécessaires pour gérer leurs données issues des intranets. On gère beaucoup par applications et en silos. Les moteurs de recherche intranet, comme le démontrent les chiffres ci-dessus, sont encore dans leur développement le plus simple et le moins efficace et souvent, les données produites n’ont aucune indexation, aucune taxonomie ou folksonomie.
Pourquoi ces ratées ? Parce que les entreprises et les responsables intranet ont à composer avec la politique du frein. De cela je traiterai dans le prochain billet mais aussi de prospective, le dernier et fort intéressant chapitre de l’Observatoire de l’intranet 2010.