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Jakob Nielsen

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Entreprise 2.0: les employés poussent à l’adoption, les Ti ont les deux pieds sur le frein…

22 août 2009

C’est rare que je fasse cela. En fait c’est plus que rare… Ce n’est jamais arrivé que je reprenne mot pour mot un billet paru ailleurs. Mais vous allez voir qu’il va bien servir mon propos. Car nous allons encore traiter d’entreprise 2.0. Donc, au lieu de mettre un lien sur le billet paru dans la version française de ReadWriteWeb, intitulé « Pour Google l’école mène à l’entreprise 2.0 », je le reproduis ci-dessous:


« Aux États-Unis, et pro­ba­ble­ment ailleurs dans un second temps, Google a offert gra­tui­te­ment sa suite Google Apps aux écoles, aux lycées et aux uni­ver­si­tés. La cam­pagne ‘Going Google’ insiste par­ti­cu­liè­re­ment sur l’adoption par le monde étudiant des appli­ca­tions Google. Quelle est donc la stra­té­gie de Google ?

Même si la cam­pagne de Google a pour prin­ci­pal but de conver­tir des entre­prises à l’utilisation des ver­sions pro­fes­sio­nelles des Google Apps, les offrir au monde étudiant relève d’une stra­té­gie par­ti­cu­liè­re­ment intel­li­gente : habituez-les dès le plus jeune âge.

De l’école pri­maire au lycée, Google est omni­pré­sent dans l’espoir que les enfants et les ado­les­cents, une fois habi­tués à tra­vailler avec les Google Apps, en feront usage lors de leur arri­vée dans le monde de l’entreprise.

De la mater­nelle au doctorat

La plu­part des évolu­tions faites sur les Google Apps cette année étaient des­ti­nées au mar­ché de l’entreprise. Quand les Google Apps ont été com­mer­cia­li­sées, les plans de Google à ce sujet étaient clairs.

Mais depuis que la cam­pagne ‘Going Google’ est appa­rue, cer­tains de ses com­po­sants comme le compte Twitter GoogleAtWork et le blog Google Entreprise, n’ont jamais cessé de par­ler de la ver­sion ‘Education’ de la suite Google.

Presque chaque semaine, Google annonce qu’une nou­velle uni­ver­sité a adopté les Google Apps, la semaine der­nière, c’était au tour de l’université de Notre Dame, mais Google ne s’arrête pas aux uni­ver­sité, les écoles pri­maires ne sont pas en reste.

Les jeunes tra­vailleurs sont le moteur de l’entreprise 2.0

Dans un rap­port sur l’entreprise 2.000 publié début août, Jakob Nielsen, l’un des grands gou­rous de l’ergonomie et des usages en entre­prise, sou­ligne l’importance qu’ont les jeunes géné­ra­tions dans l’évolution des usages de la tech­no­lo­gie au sein des entre­prises, dans l’adoption de nou­veaux outils et de nou­velles pra­tiques liées aux tech­no­lo­gies pour faire des affaire et gérer le quo­ti­dien des entre­prise. Il sou­ligne égale­ment que les pra­tiques pro­fes­sion­nelles de ces jeunes géné­ra­tions, en terme de tech­no­lo­gies, sont avant tout déri­vées de pra­tiques adop­tées ailleurs.

Microsoft, pour suivre, devra non seule­ment offrir gra­tui­te­ment ses pro­duits, mais égale­ment mettre à dis­po­si­tion des ver­sions en ligne per­for­mantes. Gageons que nous assis­te­rons à cela sous peu.

“Alors que les gens adoptent les média sociaux dans leur vie pri­vée, ils s’attendent à uti­li­ser des outils simi­laires dans leur entre­prise. C’est par­ti­cu­liè­re­ment vrai pour les plus jeunes qui uti­lisent ces outils dans leur vie quotidienne

La stra­té­gie de Google, qui consiste à faire adop­ter ses appli­ca­tions durant les études des tra­vailleurs de demain, se révèle dès lors par­ti­cu­liè­re­ment intel­li­gente et redoutable. »

Un bon billet de Fabrice Epelboin, qui met en lumière ce que je dis dans mes conférences depuis 2006: pas seulement les jeunes mais TOUS les employé(e)s (ou collaborateurs pour les français) sont aussi des consommateurs dans leur vie hors entreprise et leurs habitudes de consommation du Web, en particulier leurs usages des blogues, micro-blogues, wikis et médias sociaux vont se répercuter inévitablement dans l’entreprise.

Si cette dernière n’est pas prête, ne fait rien, elle risque une saignée de personnel qui elle se traduit en des saignées dans la performance et la rentabilité. Ce qui est le plus drôle ou surprenant c’est que la phrase de Nielsen, citée ci-haut, je ne l’utilise pas seulement en conférence depuis 2006 mais aussi avec tous nos clients.

SharePoint en perte de vitesse ?

D’ailleurs, la sortie de Jakob sur l’entreprise 2.0 a généré, il y a quelques jours, ce billet de l’amie Michelle Blanc et mes commentaires. Ce que je dis souvent aussi dans mon blogue quand je parle de Google c’est qu’on sous-estime la compagnie de Mountain View quand il est question de savoir qui va dominer le marché de l’entreprise, qu’elle soit 2.0, 3.0 ou autre 0. Historiquement, IBM et Microsoft sont les deux grand opposants. Microsoft avec SharePoint, qu’on l’aime ou non, s’est accaparée avec les années de près de 80% de marché des intranets en entreprise. IBM avec WebSphere et les autres petites compagnies de portails ou « d’intranet-in-a-box », se partagent le reste.

Mais SharePoint s’essouffle, les critiques sont de plus en plus acerbes surtout quand vient le temps de parler de ses potentialités collaboratives. SharePoint FUT un bon portail 1.0… À Boston, en juin dernier, Il était clair qu’IBM avait le haut du pavé. Ce n’est pas pour rien… Big Blue s’est positionnée depuis 2006 comme LA compagnie entreprise 2.0 et en prêchant par l’exemple comme l’indique le tableau suivant tiré de chiffres fournis par IBM-France en juin dernier.

Mieux, IBM tente de se faire reconnaître comme le navire-amiral du changement collaboratif et le champion de l’innovation. Poussés dans leurs derniers retranchements les représentants de Microsoft tentent de regagner le terrain perdu avec la prochaine version de SharePoint. Dans leur suite à Boston, ils ont d’ailleurs donné cette entrevue à l’ami Oliver Marks.  Bref, SharePoint2010 saura-t-il freiner la poussée d’IBM mais surtout mettre en échec celui dont je n’ai pas encore parlé.

Quand je vous dis que la stratégie est discrète… Je parle bien sûr de Google et de sa stratégie aussi bien scolaire, relatée ci-haut mais de sa stratégie globale Entreprise 2.0 qui a aussi comme autre arme Google Wave en « Open Source »! Du logiciel libre en entreprise ? Jamais en Amérique du Nord ! C’est ce tous nous serions portés à dire en réaction à ce que va faire Google mais, comme je l’ai déjà écrit dans cet autre billet, la forteresse logiciel propriétaire est en train de se fissurer…

En juin, à Boston, Lockheed Martin et Booz Allen Hamilton ont expliqué que leur suite de « business networking », construites au départ par-dessus SharePoint sont passées au logiciel libre en cours d’année. Et rajoutez que Google a travaillé activement avec la CIA pour mettre en place la suite Intellipedia, là aussi du libre…. Cette tendance, pour une fois, est née en Europe en réaction à la domination de Microsoft, IBM, Oracle, Sun et autres. Mais elle gagne les rivages de l’Oncle Sam. Et le Québec dans tout cela ? Vous me voyez venir… Notre retard général se confirme une fois de plus.

À qui appartient l’intranet: la gouvernance

Nos entreprises se débattent encore avec leurs intranets 1.0 et quand elles veulent les faire évoluer, se butent souvent à la résistance des départements TI qui, au lieu de générer l’innovation, comme ce fut jadis le cas, la freinent furieusement afin de conserver leurs prérogatives et leurs architectures si familières, si rassurantes mais pas si sécuritaires… Elles se butent entre autres au problème de la gouvernance Web.

Dans le temps du 1.0 la bataille faisait rage à l’interne entre les départements de communication et ceux de Ti. À qui appartient l’intranet a longtemps été au centre des débats. Généralement et cela partout en Amérique comme en Europe, la proportion s’était stabilisée à 70/30 en faveur des communications. Mais j’ai toujours soutenu que la solution d’une bonne gouvernance réside plutôt dans un partenariat et que l’intranet n’appartient pas plus aux Communications qu’aux Ti. L’intranet appartient à ses utilisateurs ! Certains ont compris d’autres pas. Gartner continuerait à dire que la gouvernance globale du Web n’est pas nécessaire, que plusieurs gouvernances en silo sont possibles. Je m’excuse mais cela c’est du 1.0.

Des gouvernances en silo empêchent l’intégration des trois « Nets », intranet-Internet-extranet ou encote les BtoE, BtoB et BtoC. Elles empêchent également toute horizontalisation de l’entreprise, toute stratégie intégrée, toute possibilité de prendre vraiment en compte les usagers. Elle ne fait que solidifier le pouvoir des Ti. Une entreprise peut avoir plusieurs portails internes et externes mais leur gouvernance globale, celle qu’on nomme Web, doit regrouper tous les acteurs et prendre en compte le propriétaire-utilisateur. Les portails ont des responsables mais l’entreprise elle a UNE stratégie. Les communautés ont aussi des responsables mais l’entreprise elle est LEUR finalité. L’intranet 2.0 a des responsables mais l’entreprise, elle EST ses employés.

Regardez d’ailleurs ce dernier tableau publié récemment sur le blogue de la conférence Enterprise 2.0 et qui porte sur les leaders de l’intégration des outils du 2.0 dans l’entreprise. Clairement et majoritairement c’est du bottom-up: les usagers imposent les usages. On en revient aux propos du début. Les usagers poussent pour l’adoption de leurs usages externes et donc favorisent l’innovation. Les Ti eux, ont les deux pieds sur le frein.

Bref, il y a encore loin de la coupe aux lèvres ici au Québec. Et le libre dans tout cela, vous me direz ? Demandez à Cyrille Béraud qui se bat encore en cour avec le gouvernement du Québec en soutenant que ce dernier favorise Microsoft dans ses appels d’offres. Là aussi on est loin de la coupe aux lèvres…

Donc, en 2010, il faudra surveiller attentivement les gestes stratégiques posés par Google. Et oui, Google à l’école, c’est génial !

Mise à jour

Pour en savoir un peu plus sur les conditions de succès de l’intégration des stratégies et outils du Web 2.0 dans l’entreprise et aussi pourquoi certains se plantent royalement, je vous suggère de lire attentivement le billet publié par Dion Hinchcliffe, intitulé: « 14 Reasons Why Enterprise 2.0 Projects Fail ». Comme par hasard, il y traite entre autres de « bottom-up » et de gouvernance… Dion est l’un des grands spécialistes de l’entreprise 2.0 et devrait d’ailleurs être à Montréal en mai prochain avec son University 2.0, dans le cadre de webcom-Montréal. En passant, c’est un pré-scoop !

Et parlant de scoop, ceux qui sont allés sur le site de webcom-Montréal auront certainement remarqué que Walton Smith, de Booz Allen Hamilton, dont j’ai parlé plus haut, sera de la partie et viendra parler du projet de communauté interne baptisé « Hello ». BAH ce n’est pas rien aux USA, c’est un des principaux fournisseurs du gouvernement américain avec 22 000 employés.