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Communication interactive Entreprise 2.0 wikis

Pourquoi les wikis sont-ils presque tombés dans l’oubli ?

10 août 2010

Au cours du dernier week-end, j’ai relu les deux derniers ouvrages de Don Tapscott, soit «Grown up Digtal» et Wikinomics, question de me remettre dans le bain en prévision du lancement cet automne de son prochain livre intitulé: «Macrowikinomics: Rebooting Business and the World» et d’une surprise que vous devinez peut-être…

Et c’est là que l’idée m’est venue …ou plutôt une série de questions… Pourquoi ne parle-t-on actuellement que des réseaux et médias sociaux, que des blogues, de Twitter, Facebook, FourSquare, etc ? Pourquoi les wikis sont-ils presque tombés dans l’oubli ? Pourquoi seulement la conversation et pourquoi pas la collaboration ? Le Web 2.0 ne serait-il qu’un phénomène d’exposition de soi et à la limite, de participation ?

Ce qui expliquerait que bien peu d’initiatives wikis atteignent un large public, à l’exception de Wikipedia. En effet, on a vu quel effet d’attraction populaire et médiatique a pu avoir cette plate-forme collaborative et surtout son fondateur Jimmy Wales lors du dernier webcom-Montréal. En passant, je vous présente deux conférences du fondateur de ce dernier et séparées par cinq ans. Cinq ans dans le Web c’est une éternité. Les modes 2.0 passent et pourtant les wikis demeurent… Parce qu’au fond, ils se basent sur un principe qui n’est pas nouveau: la collaboration.

Le premier a été enregistré à la conférence TED en 2005.

Le second l’a été au dernier webcom-Montréal en mai 2010.

Plus populaires…

Et pourtant, les wikis sont et de loin plus populaires que les blogues et les réseaux sociaux en entreprise. Ironique tout de même… Habituellement, les entreprises sont à la remorque de la société et du Web pour ce qui est de l’adoption des technologies du Web 2.0. Et pourtant, dans ce cas, c’est le contraire.

Que ce soit en Amérique du Nord ou en Europe, ce sont, en fait, les wikis et les fils RSS qui sont les principales technologies du Web 2.0 utilisées par les entreprises, comme le font foi ces deux graphiques, l’un de Forrester et l’autre publié par Jane McConell.

Ces derniers datent de 2007-2008 mais un sondage fait par Toby Ward, l’an dernier, sur intranetblog.com donne une idée tout aussi cohérente de l’avance qu’ont les wikis sur les autres technologies en termes d’adoption par les entreprises.

L’étude de Ward indique aussi une autre réalité d’entreprise. Même si elles intègrent les wikis et les fils RSS, ces dernières en sont encore à l’ère des intranets 1.0, de la messagerie instantanée et des forums de discussion et si elles envisagent de passer à l’entreprise 2.0 en intégrant ses outils, 48 % d’entre elles le feront avec SharePoint !

Très intéressant… Et très nord-américain comme attitude. La majorité des entreprises ici, comme chez nos voisins du Sud, ont largement intégré les technologies du Web 1.0, technologies dites «propriétaires», dominées par les grands fournisseurs de produits «licenciés» que sont Microsoft, IBM, SAP et autres. Donc, avec de larges et coûteux investissements, pas question de laisser tomber ces dernières pour des solutions en code source ouvert ou l’intégration de logiciels libres… Mais ça, c’est un autre débat…

Les wikis, c’est du concret…

Pour en revenir aux wikis, leur utilisation en entreprise donne des résultats à la fois spectaculaires et très probants. Dans Wikinomics, Tapscott parle de l’expérience de l’institution bancaire Dreadner Kleinwort Wasserstein, qui a introduit plusieurs pilotes de wikis en 2006. Après 6 mois le trafic dépassait celui de l’intranet. De plus, les usagers ont coupé de 75 % leur usage du courriel et l’entreprise a coupé de moitié le temps passé en réunions… À l’origine de ce projet, JP Rangaswani, CEO de l’année en 2003 et que j’ai rencontré en 2007 à la conférence LeWeb à Paris où il était un des rares conférenciers à parler du Web 2.0 en entreprise. J’avais donc publié ce billet. Je l’ai rencontré de nouveau à Boston en juin dernier où il était conférencier à Enterprise 2.0 et j’ai publié cet autre billet. En passant, nous devrions confirmer bientôt sa venue à webcom-Montréal.

Tout aussi efficace comme expérience mais bien plus spectaculaire, c’est ce qu’a fait la CIA avec son projet Intellipedia, mené de main de maître par Don Burke et Sean Dennehy et leur partenaire commercial, nul autre que Google…

Voici ce que j’en disais à la suite d’une présentation faite en juin 2008 à la conférence Enterprise 2.0 à Boston. Efficace et spectaculaire… Deux mots qu’on n’associe guère aux wikis et pourtant… Ces derniers sont aussi à la base du succès de SocialText, le principal fournisseur de wikis pour les entreprises, hors du giron des grands fournisseurs, avec la française XWiki.  Le slogan  de SocialText est porté fièrement par son fondateur, Ross Mayfiled : «Do it the Wiki Way», alors que celui de XWiki est «Mieux travailler ensemble», rien de moins…

Ci-haut, un montage que j’ai fait avec Ross, son T-Shirt «Wiki Way» et leur ancienne page d’accueil, qui montre bien l’aspect pratique de l’utilisation des wikis par les entreprises. La nouvelle page d’accueil de leur site «parle» moins…

Un wiki comme CMS ?

J’aime aussi beaucoup le travail que fait ici au Québec, l’ami Marc Laporte dans le domaine du wiki libre. Marc est une figure internationale dans le domaine et comme pour XWiki en Europe, offre une alternative bon marché pour les PME et organismes et associations qui n’ont pas de grosses architectures technologiques traditionnelles à protéger. Marc travaille dans le cadre du projet TikiWiki, projet qui est présenté ainsi :

«TikiWiki CMS/Groupware, is a powerful, multilingual wiki-based Content Management System (CMS). Tiki can be used to create a wide range of web applications, sites, portals, intranets and extranets…»

Le REPEX est une association québécoise que utilise TikiWiki comme CMS générateur de son site Web et d’espaces collaboratifs wikis pour les membres. En effet, un wiki est au départ un système de gestion de contenus qui peut être très «basique» comme  dans le cas de PBWorks ou plus évolué comme XWiki ou SocialText mais ils ont tous en commun le fait que les niveaux de «workflow» et d’autorisations sont réduits à leur plus simple expression.

Pourquoi le wiki est-il moins glamour que le blogue ou le réseau social ? Peut-être parce qu’il fait un travail de terrain efficace. Celui de regrouper des équipes de travail, de générer des historiques de projet et de les archiver, qu’il permet de travailler sur un seul document au lieu de se perdre en versions, de réduire ainsi le nombre de courriels et comme pour TikiWiki ou XWiki, de remplacer les vieux et lourds CMS… Bref, des résultats concrets et quantifiables en termes de ROI.