Dans mon premier billet sur la conférence Enterprise 2.0, j’écrivais ces lignes : «Intéressant aussi le fait qu’il mentionne que le marché de l’Entreprise 2.0 est estimé à 4,3 milliards de $ d’ici cinq ans, soit 2013. Pas pour rien que tous les grandes firmes se convertissent aux vertus du 2.0, de Microsoft à IBM en passant par SAP, Oracle, Alcatel-Lucent, Novell, OpenText, Vignette, etc. s’y mettent…» Je parlais alors de Dion Hinchcliffe et son atelier.
Je notais donc la présence en force, à la conférence, de tous les dignes compagnies représentantes de Web 1.0, reconverties aux bienfaits du Web 2.0. Et j’oubliais alors Sun et EMC2 … En fait, la partie «Expo» de la conférence, où elles étaient toutes présentes avec leurs gros kiosques, m’a fait penser à ces conférences où je me rendais fin des années 90 et début 2000, des conférences sur le KM et les intranets où l’on pouvait assister à un spectacle bien particulier avant que n’éclate la bulle techno.
Les gros d’un côté, les petits de l’autre…
Un spectacle où ces grosses boîtes Ti côtoient une foule de petites solutions essayant de se frayer une rentabilité Des dizaines de petites «startup» dans leurs petits kiosques 10X10 et qui tentent d’intéresser des clients corporatifs à leur brillante idée de solution alors que les gros navires comme IBM et Microsoft, pavoisent dans des espaces cinq fois plus vastes, avec démos live et cadeaux à la clé ! Toutes ces petites entreprises sont disparues avec l’éclatement de la bulle ou ont été rachetées par les gros. Demandez aux gens de RedDot, qui justement étaient à Boston mais plus sous leur bannière originale. Achetés tout d’abord par Hummingbird, ils sont ensuite passés avec leur acheteur sous la férule d’Open Text et c’est leurs couleurs qu’ils arboraient au salon d’exposition.
Ce qui me fait penser que bien des petites compagnies, présentes à Boston, risquent de subir le même sort. À Boston, j’en ai dénombré 41 avec des noms aussi évocateurs que Mzinga, Jive, Acquia, Igloo, nGenera, WorkLight, Box, Awareness, expresso, Mindjet, GROUPSwim, openwater, Tomoye, etc. Du lot, trois se démarquent par leur notoriété déjà acquise et la portée de leur solutions. Il s’agit de AmazonWebServices, la division «Cloud Computing» du géant de Web 2.0, de Zoho, une entreprise californienne plus spécialisée dans le CRM et la gestion de projet et que le copain Pascal Veilleux décrit comme un mini-Google en termes de services Web et aussi vétéran du Web 1.0 ainsi que SocialText, le leader mondial du wiki d’entreprise mais qui se définit maintenant comme un «Business Social Software».
Le fondateur et CEO de l’entreprise, Ross Mayfield, était sur place tout au long de l’événement. Il a donné une conférence où il en a profité pour lancer un nouveau produit appelé SocialCalc. Il s’agit en fait d’un Excel/wiki, chaque cellule pouvant être explosée et pouvant ainsi devenir source de multiples informations connexes ou supplémentaires sur le donnée et celui qui l’a créée. Flyé mais utile… Bref , Ross a été présent tout du long, animant une journée «barcamp» gratuite, et donnant volontiers des informations sur ses produits au kiosque. Un gars vraiment sympathique, accessible, intéressant, facile d’approche. Très différent de bien des stars du Web 2.0 qui auraient des leçons d’humilité à prendre de lui (et je ne nomme personne).
Pour en revenir aux petites entreprises qui à mon avis, risquent de faire une percée, je retiens trois noms : ThoughtFarmer, GoLightly et BlueKiwi. Les trois vont probablement se compétitionner car leurs solutions se ressemblent en cela qu’elles tentent d’offrir aux entreprises une suite complète d’outils collaboratifs : Blogues, wikis, calendriers, annuaires, fils RSS, intégration du courriel et de la messagerie instantanée, SSO, engin de recherche et tagging, forums, multilingue, outils de statistiques, vidéos, etc.
Tous trois sont compatibles, entre autres, avec SharePoint mais j’aime bien les récents développements chez BlueKiwi, présentés à Boston par son PDG, Carlos Diaz. Ainsi, BK offre une toute nouvelle approche pour identifier les communautés à mettre en oeuvre. Il permet aux employés de s’inscrire et au départ de signifier leurs intérêts. Comme il se crée ainsi un genre de nuage de «tags» d’intérêts, l’administrateur de communautés (un nouveau rôle en émergence dans les entreprises) peut ainsi diriger son attention vers la création de communautés déjà identifiées comme viables par ces «tags». Très original et efficace !
Mais la plate-forme française n’offre pas encore tous les outils collaboratifs. On a bien rajouté les «Ateliers», espaces wikis collaboratifs, une recherche améliorée et des outils pour l’administration et l’analyse, ce qui a été bien suffisant pour intéresser Alcatel-Lucent. En effet, cette entreprise a annoncé à Boston, qu’elle allait intégrer BK dans sa solution «OmniTouch My Instant Communicator». Mais il n’en demeure pas moins que ses deux compétiteurs l’un américain et l’autre canadien offrent encore plus d’outils et en fin de compte la possibilité de devenir un intranet 2.0 complet. En témoigne ainsi ces deux schémas qui se ressemblent :
Le modèle BlueKiwi
Le modèle GoLightly
La plate-forme GoLightly est plus complète en termes d’outils, intégrant blogues, forums, vidéos et en termes de connectivité avec les systèmes d’entreprise tels que CRM, CMS et services Web. De plus, elle offre aussi une couche suppémentaire. En fait les deux plates-formes offrent les couches de connexion, de collaboration, de socialisation et d’administration. La plate-forme créée par Sarah Golightly (non, non, ce n’est pas une blague) offre en plus la couche de transaction.
Et ce que j’aime des deux plates-formes et que certains gros fournisseurs n’offrent pas nécessairement, c’est la couche d’administration avec des outils intégrés d’analyse et de «reporting». C’est habituellement le point faible des solutions Web 2.0 : l’impossibilité de bien gérer la croissance et le développement, l’absence d’outils de travail pour les futurs administrateurs de communautés.
Pour ce qui est de ThoughtFarmer, qui vient de lancer sa version française et qui vise, entre autres le marché québécois, elle est la seule à se présenter comme étant un véritable intranet 2.0. Cette plate-forme est un produit de la compagnie «vancouveroise» Openroad Communications et une co-création de Chris McGrath et Darren Gibbons. Je vous en reparle dans un autre billet.
Je voulais aussi écrire quelques lignes sur un autre méchant gros fournisseur qui a eu le dos large durant toute la conférence et dont les représentants ont eu à faire face aux railleries et aux quolibets des participants. Vous vous doutez de qui ? Microsoft, bien entendu. Juste quelques mots pour vous souligner qu’ils ont aussi profité de la conférence à Boston pour lancer leur nouveau service appelé «Podcatsing Kit for SharePoint». Les mauvaises langues ont tout de suite insinué que c’était pour stimuler les ventes de Zune…
Je termine cette série de billets sur LA conférence mondiale sur l’Entreprise 2.0, qui aura lieu l’an prochain au même endroit soit au Westin du Boston Waterfront et ce, du 22 au 25 juin 2009. Et un gros merci à son directeur-général Steve Wylie pour son travail d’organisation et surtout pour sa programmation. Merci également aux amis Pascal Veilleux et Isabelle Lopez, compagnons de voyage, de networking et de discussions passionnantes.
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[…] en matière de réseaux socio-professionnels pour utilisation interne. Je suis parti d’un billet que j’avais écrit en juin dernier à la fin de la conférence Enterprise 2.0 à Boston. En marge de cette conférence, il y avait ce […]