Dans un récent billet concernant les réseaux sociaux, j’écrivais qu’il existe un fossé entre ce que les employés font avec ces réseaux en-dehors de leur lieu de travail et ce que les entreprises leur permettent de faire. La réalité c’est que les employés utilisent les réseaux sociaux dans leur vie de tous les jours. Leurs entreprises ne leur offrent pas les mêmes possibilités.Donc, les employés devancent leurs entreprises et créent des groupes d’entreprise sur Facebook, Ning ou MySpace. Devant pareille utilisation non-contrôlée, les entreprises non-préparées, ne savent pas trop comment réagir. Le graphique ci-dessous parle de lui-même:
Ainsi, plus de 50 % sont toujours sans politique, 42,5 % bloquent tout simplement l’accès et seulement 7 % acceptent le fait et tentent d’en tirer meilleur parti. Ces chiffres viennent d’une étude faite par Nemertes Research. Ce que les employés font sur ces réseaux ? Eh bien une autre firme de recherche (Gartner) est allée poser la question à 2 000 utilisateurs de Facebook, Beebo et autres sites «sociaux». Rien de surprenant, 80% d’entre eux ont répondu qu’il y allaient «for entertainment, and were not using the technology for business-related discussions». Le club social…
Alors, la réaction normale de tout bon gestionnaire est de dire non à ce genre d’utilisation «Pourquoi j’autoriserais mes employés à se tirer des moutons ou à essayer de trouver qui est le plus hot ?» . Ce que Gartner et les autres firmes de vigie essaient de dire aux entrprises avec tous ces chiffres, c’est qu’il faut voir au-delà des vampires et moutons de Facebook, qu’il y a là une socialisation en ligne qui tend à se généraliser et que les entreprises peuvent en tirer avantage. Comment ? En utilisant ces types de réseaux à l’interne afin de rapprocher les employés et de les «connecter» entre eux et cela va au-delà de l’utilisation «club social», même si cette dernière est aussi importante.
J’explique souvent que dans une entreprise, l’utilisation la plus simple et la plus efficace des réseaux sociaux est de créer un «Qui fait quoi professionnel et personnel». Habituellement, il faut à un employé une bonne vingtaine d’années d’ancienneté avant d’avoir une bonne idée de qui fait quopi au sein de son entreprise, surtout si celle-ci est dans la catégorie des 5 000 employés et plus… Cet employé devient alors une ressource intéressante pour ses plus jeunes confrères qui dans un projet, ont besoin de trouver une ressource particulière. Et oubliez le bottin téléphonique intranet. Ses renseignements sont habituellement limités et sans possibilité de connaître le profil professionnel.
Alors, imaginez maintenant une entreprise qui offre une application ou le bottin et l’organigramme traditionnels sont couplés à une application de mise en réseau professionnel à la LinkedIn . C’est dire un an accès instantané à tous les profils et parcours professionnels des employés inscrits au bottin, habituellement la grande majorité. Résultat : Rapidité et efficacité des rapports professionnels internes, expertise requise facilement accessible, performance d’entreprise améliorée. C’est ce que font d’ailleurs des précurseurs comme IBM qui, dans son intranet W3 a une plate-forme de réseautage social et professionnel appelé BluePages. Cette plate-forme liste 475 000 profils d’employés et enregistre plus de six millions de recherches/jour et a généré, à date, plus de 700 communautés d’intérêt !
En effet, les communautés qui se créent sont une autre plus-value pour l’entreprise. Ces communautés professionnelles ou sociales sont générées par leurs utilisateurs et aident au renforcement du sentiment d’appartenance à l’entreprise et au développement de l’innovation. Dans la cas d’IBM, cela coule de source car l’entreprise se doit de montrer l’exemple puisqu’elle fournit à ses clients des solutions de ce type, comme Lotus Connections.
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Alors, c’est avec étonnement que j’ai pris connaissance du compte-rendu d’un panel, tenu vendredi dernier à la conférence «Social Networking Conference», conférence qui s’est tenue au Mission Bay Conference Center de l’université de Californie (UCSF) à San Francisco. Sur le panel, Antony Brydon ancien CEO et fondateur de Visible Path, Jim Fowler, CEO de Jigsaw et Clara Shih, «Product manager» chez Salesforce.com et surtout créatrice de Faceforce, la première application d’affaires créée sur la plate-forme Facebook et qui était de la conférence Enterprise 2.0 à Boston en juin dernier.
Bref, un compte-rendu étonnant fait par Paul Krill de la revue InfoWorld, où il cite Brydon disant que chez IBM, les employés utiliseraient plus LinkedIn que le module Connections ! Permettez-moi d’en douter mais je crois que le point de Brydon ne portait pas sur l’utilisation mais plutôt sur le gué-guerre qui est en train de faire rage au sein des fournisseurs de solutions. Je m’explique : Selon une autre firme de recherche, soit Forrester, l’Entreprise 2.0 et ses nouvelles technologies distinctives constitue un marché de 4,3 milliards de $$ d’ici 2013, soit 5 ans seulement !
Pas pour rien que la compagnie de Brydon ait été rachetée plus tôt cette année par Hoovers, une compagnie qui était très visible dans le marché 1.0 avec son outil de portail d’information, et que tous les joueurs du 1.0 salivent et entrent à pieds joints dans l’opportunité commerciale qui s’offre à eux. Ce qui a donc fait que Krill a titré son article : «Enterprises become the battleground for social networking : Who will dominate social networking : Major software vendors or sites like Facebook?». Le point soulevé par Brydon serait que les Facebook et LinkedIn auront le dessus en offrant des solutions aux entreprises qui sont déjà connues et utilisées ailleurs par leurs employés.
Là, je ne suis pas en désaccord mais… Si on regarde bien la marché qui se dessine, tous les gros fournisseurs, que ce soit IBM, Microsoft, Open Text, SAP, Oracle/BEA y vont pour une suite de produits et non pour un seul, ce qui met à mal l’argument de Brydon. N’empêche qu’Oracle/BEA fait actuellement de la pub sur son site corporatif pour son nouveau produit de «social computing» appelé AquaLogic Interaction 6.5 !
4 Commentaires
Les réseaux sociaux en entreprise : Un potentiel inexploité qui fait saliver…
Concrètement, qu’est-ce qui peut selon vous motiver une entreprise à accorder des moyens aux réseaux sociaux au delà d’aider « au renforcement du sentiment d’appartenance à l’entreprise et au développement de l’innovation »?
Vous ne parlez pas du potentiel des blogs d’entreprise en terme d’image et de leur capacité à créer une communauté active.
Et Twitter? (ah, mais l’article date un peu)
Merci pour cet article qui éclaire bien le « grand écart numérique » qui s’annonce pour certaines entreprises. Car rattraper le retard technique n’est qu’une question de décision et d’investissement. Par contre il n’en est pas de même en ce concerne le temps de découverte puis d’apprentissage de la place de la nouvelle valeur de la relation inter professionnelles. Passer d’une organisation cloisonnée verticale ou la détention de l’information donne le pouvoir en une organisation décloisonnée horizontale ou c’est la circulation de l’information qui lui donne de la valeur partageable, demande du temps. Alors il est temps. Le monde change.
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