Je suis à la recherche depuis quelques semaines d’exemples de RSI des réseaux et médias sociaux. C’est toujours la même chose lorsqu’on parle de l’introduction de nouvelles technologies au sein d’une entreprise. Il faut obligatoirement passer par le Retour Sur Investissement ou ROI (chez nos Voisins du Sud) pour convaincre les patrons de délier les cordons de la bourse.
Dans le cas de l’entreprise sociale (ou Web 2.0) comme dans le cas de l’entreprise intranet dans les années 90, c’est très difficile d’aligner les chiffres quand les stratégies totalement nouvelles avec des outils technologiques tout aussi nouveaux sont introduits et génèrent en plus des changements organisationnels majeurs. Il faut du temps avant de pouvoir compter sur des études de cas sérieuses et bien documentées.
À ce titre, je publie cette capture d’écran tirée de la présentation de Richard Binhammer, Directeur, Social Media & Community Team, chez Dell, faite à la conférence LeWeb11 à Paris en décembre dernier et que vous pouvez écouter ICI. Cinq ans avant de parler de l’aboutissement de leur stratégie Web sociale.
Donc pas facile de trouver une étude de cas aboutie… La plupart des spécialistes doivent donc se reposer sur une foule d’initiatives et projets-pilotes qui ne fournissaient, jusqu’ici, qu’une image partielle et sans vrais bénéfices tangibles. En communication comme dans le Web, c’est connu, il y a bien des bénéfices intangibles… Ce qui me fait publier sur ce sujet un petit extrait du livre blanc sur le ROI de l’entreprise 2.0, publiée l’an dernier par Voirin Consultants et Conseils ATELYA:
«Le passage d’une entreprise au modèle 2.0 ouvre la voie à différentes opportunités : innovation, croissance, transformation, réduction de coût, etc. Ces changements peuvent se traduire sous la forme de bénéfices pour l’entreprise.
Si dans le calcul d’un ROI classique, on cherche surtout à faire émerger des bénéfices tangibles et mesurables de façon monétaire, il n’en va pas de même dans l’Entreprise 2.0. En effet, les bénéfices de l’Entreprise 2.0 ne se limitent pas à quelque chose qui peut s’exprimer en un gain monétaire ; nombre d’entre eux sont intangibles.»
Fig. 2 : Tableau des bénéfices tangibles et intangibles de l’Entreprise 2.0
Bénéfices tangibles | Bénéfices intangibles |
Réduction de nombre d’emails | Meilleure gestion des connaissances |
Réduction des coûts de voyage | Satisfaction des employés |
Réduction des coûts téléphoniques | Meilleure capacité d’innovation |
Réduction des budgets TI | Compétitivité renforcée |
Stratégies de marketing plus efficace | Relation client améliorée |
Développement de produits plus rapide | Veille économique |
Fidélisation de clients | Meilleure intégration et communication |
Meilleure performance individuelle | Renforcement de marque |
Développement professionnel des individus | Meilleure rétention des collaborateurs |
Une façon élégante de se sortir de l’impasse de l’inexistence de chiffres que de parler des bénéfices intangibles et de citer l’exemple de Wachovia qui s’est justement moquée du RSI dans sa stratégie «sociale».
Va pour cet exemple mais reste deux points importants: un, la grille des bénéfices tangibles n’offre aucun chiffre donc, demeure théorique. Deux: les chiffres existent, surtout aux USA et surtout dans le cas des idéagoras ou si vous préférez, agoras d’idées, ces plates-formes de «crowdsourcing» qui servent de moteurs 2.0 à l’innovation.
Du RSI bien tangible…
Dans son livre Wikinomics, Don Tapscott en parle abondamment , entre autres, du cas de la minière canadienne GoldCorp qui, au bord de la faillite à la fin des années 90, a donné 10 millions $ à ses géologues afin qu’ils trouvent de nouveaux gisements. Selon les données secrètes de la compagnie il y en avait de 30 fois supérieurs mais où ? Devant la lenteur de ces derniers à trouver et dans un geste désespéré, le nouveau patron Rob McEwen, qui avait été inspiré au MIT par une conférence où l’expérience de Linus Torvalds dans la création de Linux avait été citée en exemple, a décidé de publier sur le site Web de l’entreprise toutes les données accumulées depuis 1948. Et surtout de lancer le «Goldcorp Challenge» avec comme prix aux participants pas moins de 575 000$ !!!
Le défi a été relevé par 1 200 participants de 50 pays. Pas moins de 110 cibles ont ainsi été identifiées dont 50% non identifiées par les géologues. Pas moins de 80% des cibles ont produit des quantités appréciables d’or (8 million d’onces). On a ainsi coupé de trois ans le temps d’exploration et surtout transformé la valeur de l’entreprise la faisant passer de 100 millions$ à 9 milliards$. Vous dire que les actionnaires étaient contents est un euphémisme car 100$ investis en 1993 en valaient 3 000$ en 2005.
Cette histoire à succès a inspiré plusieurs grandes compagnies de ce monde et généré des sites de ce genre, les plus en croissance parmi les outils issus du Web 2.0 ces dernières années. Proctor & Gamble, Starbuck’s, Dell, SalesForce et surtout IBM ont créé leur propres plates-formes. Et comme chez IBM on ne fait rien à moitié, on a chiffré. Donc là aussi des chiffres :
Et ce qui fait la particularité de cette agora c’est qu’elle est essentiellement INTERNE, donc réservée à l’innovation mais par les employés et non pas par des sources externes. Donc du RSI bien concret aussi bien à l’interne qu’à l’externe.
Toujours dans le livre blanc publié par Voirin Consultants, je suis aussi tombé sur un tableau de la firme USAienne McKinsey. Je suis donc allé fouiller dans leurs rapports sur leur site. Ils ont publié plusieurs études très documentées sur l’Entreprise 2.0 et son adoption par les grandes entreprises dans le monde. L’une d’elles est justement intitulée : «The rise of the networked enterprise: Web 2.0 finds its payday».
Payday ? Voulant dire RSI ??? Eh bien oui… Finalement, une étude sérieuse « The present survey, our fourth, garnered responses from 3,249 executives across a range of regions, industries, and functional areas» et une foule de tableaux avec des chiffres et des mesures pour chacun des outils du Web social ou encore pour chaque utilisation que les entreprises en font.
Comme je parle souvent d’innovation, de savoir et d’expertise dans mes conférences et sur ce blogue, la tableau ci-dessous m’a beaucoup parlé car il confirme qu’une stratégie d’entreprise sociale en interne en particulier mais aussi avec les clients et les fournisseurs peut donner accès au savoir à l’expertise et à l’innovation et être payante !
Et comme pour mettre la cerise sur le sundae, je suis tombé dans mes recherches sur le blogue de Peter Kim, dédié à ses réflexions sur l’entreprise sociale. Surtout sur son billet où il détaille 101 exemples de «Social Business ROI». N’en mettez plus, la cour en pleine…
4 Commentaires
Hello Claude,
Tu mets le doigt sur un sujet qui m’est cher et tu le sais bien 🙂
Les bénéfices intangibles sont évidents, on sait leur importance…mais ça ne me va qu’à moitié. On sent bien qu’on peut faire beaucoup mieux mais qu’on ose pas.
Une des raisons qu’on me souffle souvent. Le « E20 gang » n’a souvent pas une culture de chiffre et de processus (je suis d’ailleurs très content de revoir l’ami Sameer Patel à webcom ce printemps car LUI en a une et il ose parler de ces choses là…avec lui je me sens moins seul).
L’entreprise a deux besoins essentiels : travailler mieux et apprendre mieux. On a tout mis sur la dimension ‘apprendre’ car c’est soft, c’est « over the the flow », ça repose sur le volontariat etc.
Travailler et exécuter mieux par le biais de plus de décentralisation, d’autonomie, d’agilité c’est aussi possible et l’outillage 2.0 peut grandement faciliter les choses. A condition qu’on revisite process, workflows, prise de décision etc… Et là ça n’est plus la même chanson. Tabou. Tout le monde en parle mais peu le font. Semco, Morning Star, Groupe Hervé… et ensuite ? D’ailleurs dans ces entreprises on ne parle pas outil mais organisation du travail. Je ne sais même pas s’ils ont des outils 2.0…en tout cas c’est secondaire.
Ton exemple de l’innovation est intéressant car à la croisée des chemins entre les deux.
Bref, je ne pense pas qu’on ira encore très loin tant qu’on aura pas un impact sur l’exécution (quantité et qualité), sur l’outcome final de l’activité de production.
Les choses peuvent changer. Des outils comme Tibbr, le nouveau Connections d’IBM en ramenant l’activité métier dans le stream peuvent faire bouger le centre de gravité du poste de travail et ramener l’exécution dans un environnement social. Encore faudra-t-il ensuite faire évoluer les usagess mais au moins l’individu sera dans l’environnement qui permettra ce glissement.
On en reparle avec plaisir (au fait si tu sais pas quel sujet me donner pour mai 🙂 )
Ah…un dernier détail qui me chagrine…
Dans beaucoup d’études, comme celle de McKinsey que tu mentionnes, on dit « business say », « executives say… ». Moi je préfererais qu’ils mesurent. Là on a l’impression d’un « on sent que mais on sait pas prouver ». Les indicateurs existent, qu’on les utilise !
[…] le retour sur investissement ou ROI pour convaincre les patrons de délier les cordons de la bourse.Via emergenceweb.com Partager/Marquer Publié dans Non […]
Bonjour,
Merci pour ce tour d’horizon résumant des initiatives très intéressantes – je découvre aussi de nouvelles ressources sur un sujet qui m’intéresse également.
Voici en complément un petit résumé que j’ai effectué voilà quelques mois sur les types d’indicateurs du ROI des réseaux sociaux d’entreprise. http://awe.sm/5eb8v