Je repique et modifie le titre trouvé sur le site d’Arctus, société française à l’origine de ce que l’on nomme les «Observatoires»… Il y a celui en titre bien entendu mais aussi celui sur l’intranet et la stratégie numérique. À chaque année je participe à leur diffusion ici au Québec et fais un bilan des résultats de chacun d’eux. D’ailleurs, vous retrouverez au bas de ce billet des liens sur les bilans des dernières années.
Cette année, j’ai été assez «lent sur la gachette» dans le cas de l’Observatoire de l’intranet qui a été présenté à Montréal en mai dans le cadre de la conférence webcom-Montréal. J’ai eu d’autres chats à fouetter mais ça c’est une autre histoire. Je profite donc du lancement de l’étude 2012 sur les DRH pour en faire la promotion ici:
Cliquez sur le lien ci-dessus pour avoir accès au questionnaire en ligne. Les entreprises participantes se verront remettre une copie personnalisée de l’étude et surtout, les résultats demeureront confidentiels.
L’Observatoire de l’intranet et la stratégie numérique 2012
Mais j’en profite également pour y aller de mon analyse tardive en deux billets, des résultats de l’Observatoire de l’intranet 2012 en faisant le lien et certaines comparaisons avec celui de 2011.Et quoi de mieux que de commencer par les grandes tendances… Voyez donc le tableau reproduit ci-dessous :
On remarque que quatre des cinq grandes tendances sont identiques : collaboration, réseau socio-professionnel (ou RSE pour les cousins) la mobilité et la gouvernance. Tendances lourdes qui sont apparues dans le radar de l’Observatoire en 2010. En effet, je n’ai pas mis les cinq grandes tendances 2010 mais les quatre mêmes nommées ci-dessus s’y retrouvent.
La progression des outils de collaboration
Ce qui distingue 2010 de 2012, c’est la progression… En 2011, on constatait l’installation de la collaboration dans les intranets d’entreprise. Cette année, ce n’est plus le principe mais les outils qui font une percée ! Je vous propose donc une série de quatre tableaux sur les outils de collaboration et leur adoption par secteurs d’activité et par effectifs.
Nous disions donc que les outils collaboratifs sont en progression. Oui, mais encore là, le tout se fait lentenant. Ainsi dans le tableau ci-dessous on voit bien que l’appropriation des outils se fait ponctuellement et dans certains secteurs, pas tous. On est encore loin d’une pratique largement étendue. Ce qui est aussi intéressant de noter dans ce graphique c’est que les réfractaires sont en régression. Bref, ce graphique montre bien combien cela correspond à l’échelle des technographies sociales avec à un bout du spectre à droite les «early adopters» et à l’autre bout les «laggers». (Mon billet l’an dernier sur le même sujet)
Le tableau suivant est aussi très évocateur car il souligne quels outils ont le plus progressé entre 2011 et 2012. À ma grande surprise, je constate que la conférence en ligne (webconférence) a la plus forte progression. Parle-t-on ici de l’utilisation de Skype par les entreprises et organisations ? Si oui, parle-t-on d’un effort concerté ou d’une appropriation par la base ? J’ai bien cherché dans les données de l’Observatoire 2012 mais sans trouver de réponse è ces deux questions. Tout au plus note-t-on que c’est dans le secteur industriel qu’on note la plus forte poussée de cet outil de communication synchrone (59%).
Et puisque je viens de traiter du secteur industriel pour la conférence en ligne, je me permet de faire le lien avec les deux tableaux suivants qui sont dédiés à l’adoption des outils par secteur et par effectifs. Par secteur vous voyez les conclusions de l’étude. Deux choses me frappent : d’une part, c’est le secteur des services où on retrouve les pourcentages les plus élevés des deux extrêmes soit les early adopters (12%) et les laggers (8%) et qu’on retrouve aucun représentant de l’administration publique parmi les leaders de l’adoption. Ce dernier point vous surprend ? Pas moi…
Les ministères et organismes gouvernementaux sont par habitude et par nature, plus conservateurs dans leur approche des nouvelles technologies mais si on y regarde à deux fois on constate que ce sont eux qui ont le plus fort pourcentage d’utilisation ponctuelle. On met un orteil à l’eau, on la retire. On met ensuite la main à l’eau puis on la retire. On n’est pas prêt à plonger…
Et finalement (ci-dessous) ce tableau sur l’adoption par effectifs. Attention, comme vous êtes en mesure de le constater, on parle ici d’effectifs en termes de nombre d’employés par entreprise. Notez également que ce tableau amalgame de multiples outils, pas seulement collaboratifs. En fait c’est presque le portrait des outils d’un intranet. Ce que je trouve intéressant dans ce tableau c’est le degré d’appropriation des blogues et des wikis. Comme dans plusieurs autres tableaux, il est intéressant de noter que l’adoption de ces deux outils collaboratifs se fait plus facilement aux deux extrêmes du spectre soit dans les TPE ou très petites entreprises (100 employés et moins) et dans les TGE ou très grandes entreprises (10 000 employés et plus).
Va donc pour la progression dans l’implantation des outils de collaboration mais qu’en est-il des usages ? Aucune donnée n’est disponible à ce sujet. À mon avis, il est encore trop tôt pour les mesurer et même s’entendre sur ces derniers pour pouvoir poser les bonnes questions mais cela devra faire partie des prochaines moutures de l’Observatoire car c’est bien beau parler d’adoption mais pour en faire quoi ? Collaborer bien sûr mais comment ? À quelle fréquence ? Par qui ? Bref, bien des questions encore…
Valse hésitation sur les réseaux socio-professionnels
Quant au réseaux socio-professionnels, ils sont de plus en plus présents mais on sent bien qu’il y a une lenteur évidente dans l’adoption. De tous les concepts de l’entreprise sociale, c’est le syndrome Facebook qui fait le plus hésiter aussi bien les gestionnaires des Communications (Dircom) que ceux des Ti. (Quoi ? un Facebook dans l’entreprise ? Les employés vont perdre leur temps et vont publier n’importe quoi, n’importe comment, ils vont révéler des informations confidentielles et blablabla…)
La démystification n’est pas encore faite : Tant qu’on parlera d’installer à l’interne des médias sociaux ou des réseaux sociaux d’entreprise, il y aura de fortes réticences. Une résistance à la «socialisation» de l’entreprise ou tout simplement au mot social. Surtout ici au Québec… On aurait pu croire qu’aux USA ça aurait été pareil mais non. Le concept ds Social Business fait son chemin chez nos voisins du Sud, comme le démontre ce livre blanc publié par IBM qui, fait à noter se présente comme une Social Business :
us__en_us__socialbusiness__epw14008usen (pdf)
Il fait son chemin aussi en Europe et surtout en France comme le démontrent les deux tableaux ci-dessous en termes de progression des réseaux socio-professionnels (vous remarquerez que je n’utilise pas le terme réseau social). En passant, pour l’Observatoire de 2012, seulement 17 entreprises et sociétés québécoises ont participé soit un maigre 4% contre 88% pour la France (Je reviendrai sur ce sujet). Donc, les tableaux de l’étude représentent une réalité plus européenne et surtout française.
On voit la lente progression de ces réseaux dans les entreprises. En fait comme on peut le constater dans le tableau suivant, cette valse hésitation serait plus le fait des dirigeants que des employés. Encore une fois ici on remarque l’effet d’adoption de la base vers le haut et non l’inverse. Regardez le tableau ci-dessous issu d’une étude de la firme McKinsey:
Je le dis souvent en conférence : les habitudes de consommation des outils du Web 2.0 dans la société ont un impact direct sur la demande de ces outils dans les entreprises, organisations ou ministères. Les consommateurs sont aussi des EMPLOYÉS ! Et le rythme d’adoption est du simple au double. Nettement, les entreprises traînent derrière… Et ensuite elles viennent se plaindre qu’elles ont de la difficulté à retenir leurs nouveaux employés…
Donc, si on regarde les chiffres ci-dessous, il ressort clairement qu’il y a 52% des entreprises répondantes qui n’ont pas de réseau socio-professionnel complet ou même partiel. Pourtant 38% de la population de ces entreprises sont ouverts à l’utilisation !
Quatre jalons essentiels
Implanter c’est une chose mais comme je le mentionnais pour les outils collaboratifs, il faut aussi faire un choix éclairé sur les outils disponibles et ensuite maîtriser les usages. Dans le cas des réseaux socio-professionnels, cela veut dire, entre autres, établir une gouvernance, mettre en place des règles d’utilisation, créer de nouveaux types d’emploi pour gérer ces réseaux, soit ceux que l’on nomme dans l’Observatoire les Community Managers, gestionnaires de communautés en français…Quatre jalons essentiels donc, quatre tableaux pour évaluer la progression. Tout d’abord le choix des outils. Et qui sera surpris des résultats du sondage à ce titre ?
Comme pour les portails intranets, Microsoft domine largement le marché avec la suite collaborative intégrée à SharePoint (tout dépendant de la version). La surprise étant qu’en Europe, IBM ne vient pas en deuxième mais seulement en sixième en termes de part de marché avec un maigre 6%, tout juste devant le principal joueur français, soit Blue Kiwi. Faut tout de même constater qu’IBM vient en tête chez les TGE alors que Microsoft n’a pas la cote d’amour dans l’administration publique (différent d’ici au Québec). L’autre grand fournisseur USAien de solutions sociales, soit Jive est loin derrière comme Google Enterprise.
Un choix éclairé entre toutes ces solutions nécessite un accord non pas uniquement sur des impératifs technologiques mais aussi sur des objectifs stratégiques. C’est donc là que fait son entrée la gouvernance. Qui devra faire les choix et selon quels objectifs mais aussi comment gérer les communautés et les interactions sur le réseau ? À ce titre, doit-on se fier sur la structure existante ou pas en matière d’intranet ? Ce n’est pas tout, comme le démontre le prochain tableau:
Chartes, règles et profils restent à définir. Et oui, selon moi, cette tâche devrait revenir à la structure de gouvernance de l’intranet (si elle existe) une structure qui fait la place notamment aux (DirCom, Ti(DSI), RH(DRH)) les trois principales entités directement impliquées dans le déploiement des réseaux socio-professionnels. C’est à un comité de coordination, chapeauté par la haute direction de l’entreprise que revient aussi la tâche de définir le rôle de ceux et celles qui auront à gérer le réseau et surtout à animer les diverses communautés qui y trouveront des niches. Je fais allusion, bien entendu, aux gestionnaires de communautés. Qu’en est-il de ces derniers dans les entreprises sondées ?
Reste que 63% des entreprises sondées n’ont pas de gestionnaires, ce qui correspond au nombre d’entreprises qui n’ont pas encore de RSE, soit la large majorité. Qu’il y en ait 37% même, me surprend… Tout dépend de ce que l’on définit comme étant un réseau socio-professionnel. Si je me fie aux données de l’Observatoire, leur conception est très large et inclue plusieurs fonctionnalités typiquement intranet. Si l’on définit le RSE comme un LinkedIn interne alors là, je crois que le pourcentage pourrait chuter de façon spectaculaire…
La mobilité: loin de la coupe aux lèvres
Pour en revenir aux grandes tendances, on note aussi que la mobilité n’a guère progressé puisque les tendances 2011 et 2012 sont identiques.: la mobilité se confirme. Bon, mais encore… Trois «slides» seulement sur cet aspect important qui n’a pas été assez décortiqué par l’équipe de l’Observatoire. C’est dire que tendance n’a pas encore une grande prise sur la réalité des entreprises, même en 2012… N’empêche, l’étude note certains faits intéressants: d’une part, une majorité toujours croissante d’intranets sont accessibles à distance : 67% des entreprises contre 65% en 2011. Mais doit-on parler de mobilité dans ce cas ? Dans beaucoup de ces cas, ce sont des intranets accessibles de la maison par réseaux privés virtuels ou VPN.
Deuxièmement, l’adaptation de l’ergonomie pour consultation sur téléphones intelligents est proposée dans 28% des cas, contre 17% en 2011, ce qui fait que 29% des intranets sont accessibles via un téléphone intelligent ou un assistant numérique personnel (PDA) contre 17% l’an dernier et 7% en 2010. D’autre part, on nous affirme que la tactilité est prise en compte dans 27% des intranets et pourtant plus loin on note que 28% des intranets sont accessibles via une tablette tactile. L’intranet peur être accessible sur tablette sans prise en compte préalable du moins dans 1% des cas ?
Ce qui est plus intéressant c’est le graphique des usages de l’intranet mobile disponible sur tablette numérique:
Des usages très diversifiés et qui réflètent bien toutes les facettes de l’intranet comme outil de travail. Ce graphique est un de ceux qui parle le plus car il nous donne un coup d’oeil sur l’avenir. L’avenir des intranets mais l’aussi l’avenir de la consommation des contenus de ces derniers par le biais d’applications rendues disponibles dans un magasin qui sera bientôt offert sur ces tablettes. Pensez au App Store… Ou au Apps.gov du gouvernement des USA.
Finalement, les transactions distantes s’étendent de la lecture vers l’écriture (40%) – y compris dans des applicatifs métiers. La route est donc très longue avant de rattraper ce qui se fait aux USA notamment, Ainsi Gartner avançait récemment qu’elle progressera de façon fulgurante en 2013-14 aux USA (voir capture ci-dessous).
Dans mon prochain billet, je m’attarderai sur les deux dernières tendances mais aussi sur les intranets et leur progression vers l’intégration.
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