Il y a quelques jours, le HuffingtonPost Québec, avec lequel je collabore à l’occasion, m’a demandé d’écrire sur les perspectives technologiques d’ici 2025, une série imaginée pour souligner le 10e anniversaire du HP. Je l’ai fait en deux billets. Le premier sur mon sujet préféré, soit les entreprises et le second dans une perspective plus large, mettant en cause nous tous comme individus et surtout notre rapport avec les technologies émergentes. Comme je n’aime pas les prédictions et les listes, j’ai donc écrit un genre de texte d’anticipation.
Où en serons-nous alors en 2025, en tant qu’individus, que société? Certains individus (les Early Adopters) évoluent plus vite que les autres face au changement, le reste de la société et ses institutions s’ajustent. Une minorité résiste bec et ongles. Rien de nouveau sous le soleil jusque là, Alvin Toffler en avait traité, début des années 70 dans son bouquin Le Choc du futur... Justement, laissez-moi le citer dans un passage révélateur:
«Au cours des décennies à venir, les progrès exploseront de tous les côtés comme une série de fusées qui nous arracheront au passé pour nous plonger au coeur d’une nouvelle société. Celle-ci n’aura pas pour premier souci de s’installer dans un état de stabilité parfaite. Elle aussi tremblera, elle craquera et elle grondera sous les décharges successives d’une énergie novatrice à haute tension. À l’individu qui désire vivre dans son temps et être citoyen du futur, la révolution super-industrielle(technologique) n’offre aucun sursis face au changement. Elle ne permet aucun retour à un passé familier. Tout ce qu’elle a à proposer, c’est le mélange explosif de l’éphémère et de l’inconnu.» – Le Choc du futur, p. 213
Le monde de l’éphémère et de l’inconnu
Alors qu’en 2015, nous sortons à peine du champ de roses du Web social et collaboratif qui a fait de nous des acteurs au lieu de spectateurs de l’Ère de l’Information, nous entrons dans celui de ronces du «Far Web» et dans le nuage opaque de l’infobèse Big Data. Ronces et visibilité réduite qui forcent individus, entreprises et gouvernements à naviguer l’Internet à l’aveugle tout en tentant de ne pas faire naufrage. Pour ce faire, nous utilisons les nouveaux radars que sont l’analytique du Big Data mais aussi d’autres moyens moins louables alors que les «grands» du Web et du renseignement «scrapent» nos données comme le font les grands chalutiers pour le fond des mers et ce, pour plaire à leurs bailleurs de fonds publicitaires mais aussi pour soi-disant renfoncer notre sécurité collective, portant ainsi atteinte à notre droit à la vie privée et l’intégrité de nos données personnelles.
Ça, c’est le futur proche, celui qui nous force à repousser les frontières du réel, nous pousse à orienter notre sortie de crise technologique vers l’augmentation de nos capacités physiques et intellectuelles pour pouvoir faire face aux petits Big Brothers de la vie quotidienne dans une société hyper-technologique et éphémère.
C’est aussi de nous tourner vers de nouveaux «navigateurs de l’inconnu» et applications rebelles afin de créer de nouveaux chemins Web. Autrement dit, d’autres Internets. On a fait grand état du Deep Web qui existe depuis des lunes, mais on ne parle pas encore d’Internet 2, d’Internet 3, 4, 5, et ainsi de suite. Des Internets commerciaux, spécialisés et privés, disponibles avec forfait mensuel, des Internets militaires, scientifiques, des Internet.org comme pour Facebook et des méga-intranets à la chinoise.
On ne parle pas encore de l’arrivée des Internets comme services publics en remplacement du câble et fusionnant avec leurs fournisseurs d’énergie. Et que dire alors sur la réalité augmentée qu’offriront les applications disponibles sur ces Nets? Et pas juste augmentée: elle sera ensuite virtuelle avec les Oculus Rift ou Hololens. Beta contre VHS? L’auteur Daniel Suarez en parle abondamment dans son bouquin Freedom.
Nous sommes dans un futur pas très lointain où l’humanité peut accéder grâce à des lunettes de réalité augmentée ressemblant beaucoup à Google Glass (même si elles n’existaient pas lors de l’écriture du livre en 2010) et qui donnent accès à un monde parallèle, le «Darknet», créé par un milliardaire des jeux vidéos avant sa mort. Un monde où tous sont interconnectés, votent sur les statuts des autres, où les meilleurs se retrouvent affichés en une dans vos lunettes avec le nombre de votes reçus, et où chaque individu a un statut social particulier qui flotte au-dessus de sa tête et qu’il peut voir augmenté par les autres, selon la qualité de ses interactions avec la communauté. Fiction cette capture d’écran ci-dessus?
Et là, je ne vous parle même pas des interactions humains-machines, ou machine à machine qui suintent de chaque page de son roman d’anticipation mais c’est un autre pas qui se franchit présentement. Un pas de plus vers l’intelligence artificielle. La robotique, comme nous l’appelons, a ses trois lois définies par le physicien Isaac Asimov. Elles seront bientôt appliquées quand se produira la singularité technologique. Ray Kurweil la prédit pour 2025. Tiens… Dans 10 ans. Quand l’homme, déjà un peu cyborg avec de plus en plus d’implants technologiques en remplacement de ses organes physiques défaillants, avec sa possibilité de se connecter et de faire voler des drones à sa place, quand nous cyborgs rencontreront la mécanique «positronisée» et douée de circuits neuronaux semblables à ceux des humains. Eh oui! Le «Data» de Star Trek…
Les scénarios inverses et catastrophe ne manquent pas, qu’on pense seulement à Terminator avec le Skynet ou La Matrice. Trop loin tout ça ? Pas tant que ça… N’oublions pas qu’il y a 10 ans, Facebook était encore un bébé et l’iPhone encore dans la tête de son créateur. Ont-ils changé notre vie pour le pire ou pour le meilleur?
Votre fils ou fille qui vient de naître aura 10 ans en 2025. Dans quel monde vivra-t-il(elle)? J’aime bien y répondre en présentant cette vidéo, A Day Made of Glass, la première d’une série de deux produites par la compagnie Corning Ware. Vous savez, la compagnie qui fait ces plats qui vont au four…
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