Que se passe-t-il avec la gestion des connaissances, plus communément appelée KM ? Je ne sais pas si je suis le seul à sentir que cette branche de la gestion, si populaire au tournant du siècle ici au Québec comme ailleurs dans le monde, a soudainement perdu de son lustre, de sa pertinence même. Du moins ici et possiblement en Europe. Il ne se publie presque plus de bouquins sur le sujet, pas de conférences non plus. Dans les entreprises, on ne dit mot. Les gens des ressources humaines, habituellement très intéressés par le sujet, semblent pour l’instant plus préoccupés par la gestion de la décroissance… En fait, il faut aller aux USA pour retrouver un certain engouement pour la chose.
En effet, c’est ce qui s’est produit au début du mois de novembre quand je suis allé à KMWorld 2011 pour y faire une conférence sur la mémoire d’entreprise™. Vous savez que je traite régulièrement de ce sujet dans ce blogue et en conférence mais aussi avec mes clients. Cette mémoire c’est un exercice stratégique pour une entreprise mais c’est avant tout un acte de gestion du savoir, de la connaissance et de l’expertise. C’est donc un acte KM. Donc, je pensais bien recevoir un accueil favorable à mes propos à Washington. En fait l’accueil a été PLUS que favorable. (Ma présentation sur SlideShare)
En effet, les quelque 1 000 praticiens et théoriciens réunis à cette occasion en sont justement à un tournant ces années-ci et se posent une grande question philosophico-pratique soit comment ramener la gestion des connaissances au centre des préoccupations des entreprises ou organisations alors ces dernières se tournent plutôt vers des stratégies de communication s’appuyant sur les nouveaux outils technologiques du Web, qu’on dit 2.0 et de la mobilité ? Cette préoccupation de trouver un moyen de revenir au centre ou plutôt de redevenir une préoccupation stratégique pour les décideurs était présente, partout à la conférence de Washington et pas seulement dans les interventions des conférenciers(ère)s. Et là j’arrive, plutôt inconnu du «milieu» avec une présentation qui propose une stratégie basée sur l’Entreprise 2.0 et ses nouveaux outils pour combattre ce que j’appelle la nouvelle maladie des entreprises: l’Alzheimer organisationnel ou perte de mémoire corporative donc, ramener justement au centre des préoccupations des entreprises la création ou la récupération mais aussi la gestion des savoirs collectifs, qu’ils soient tacites ou implicites.
Vous dire que la réception a été plus que bonne est un euphémisme. Je présentais conjointement avec Darcy Lemons, gestionnaire de projet sénior à l‘APQC (American Productivity & Quality Center). Le soir précédent, nous avons fait un «dry run» ou répétition de nos conférences et tout de suite elle m’a demandé si je serais intéressé à la refaire à leur propre conférence en avril 2012 à Houston… Le lendemain, lors de la conférence elle-même, il y avait foule dans notre salle et si je me fie au fait que personne n’est sorti et que j’ai eu droit à une foule de questions et de demandes d’information après, je crois que le sujet a effectivement touché une corde sensible, surtout chez les praticiens comme Jeff Hester, un des pionniers du KM chez Fluor.
Ces derniers ont été échaudés, entre autres par la première vague technologique où les vendeurs de solutions Web 1.0 leur ont promis mer et monde en leur proposant des outils lourds, complexes, pas testés par les utilisateurs, chers et surtout des solutions dites «propriétaires». Beaucoup d’entre eux se sont donc tournés vers des solutions simples et traditionnelles comme le mentorat. Donc quand on vient leur dire qu’on peut faire mieux et moins cher avec des solutions qui peuvent être même «ouvertes», ils comprennent qu’enfin ils peuvent faire le pont avec cette bête encore bien étrange qu’est le Web dit social et que les communautés socio-professionnelles, les idéagoras d’innovation, les blogues et les wikis ouverts et libres ne sont que l’aboutissement des communautés de pratique, jadis un peu trop strictes, stucturées et restrictives.
C’est d’ailleurs sur cette base que je vais structurer ma prochaine présentation. Voilà c’est le lien, finalement ;-). En effet, je profite de mon passage à Paris dans le cadre de la conférence LeWeb, que je vais bloguer en direct pour une sixième année consécutive, pour faire moi-même une apparition publique à l’invitation de Frédéric Créplet de chez Voirin Consultants. Ce dernier navigue dans les mêmes eaux que moi depuis des années. Les atomes sont donc crochus. Il me propose d’intervenir sur les ROI (return on investment) des réseaux sociaux d’entreprise le 6 décembre prochain. Justement… Je parlerai de $$$ mais aussi du fameux capital savoir qui est une autre forme de RSI (retour sur investissement). Je vous réserve un billet sur le sujet en décembre.
Oh, en passant, profitez-en ! C’est un de mes rares billets sans photos ou captures d’écran !
3 Commentaires
Salut Claude,
De mon côté, j’ai aussi tenté (à Webcom) d’établir une différence entre la veille, le KM et la curation web (l’enjeu du ROI est une autre variable… de même que la mémoire d’entreprise).
Grosso modo, je crois que les curateurs web peuvent (en théorie) agir plus rapidement que les veilleurs ou les KMers. Ils n’ont pas vraiment le choix puisque leur rôle est de trouver, de trier, de commenter et de partager une grande quantité d’informations en quasi temps-réel. La veille et le KM se sont historiquement concentrés davantage sur des signaux forts (publications scientifiques et spécialisés). Romain Goday (DarwinEco) a publié un billet intéressant sur la question des « patterns » issus de signaux plus faibles (influencé sans doute par une entrevue de Scobble donnée à Rheingold).
Voici le billet en question:
http://www.darwineco.com/blog/bid/71356/Content-Curation-Why-Detecting-Emerging-Patterns-Is-Crucial
Merci
Patrice Leroux
Salut Claude,
De mon côté, j’ai aussi tenté (à Webcom) d’établir une différence entre la veille, le KM et la curation web (l’enjeu du ROI est une autre variable… de même que la mémoire d’entreprise).
Grosso modo, je crois que les curateurs web peuvent (en théorie) agir plus rapidement que les veilleurs ou les KMers. Ils n’ont pas vraiment le choix puisque leur rôle est de trouver, de trier, de commenter et de partager une grande quantité d’informations en quasi temps-réel. La veille et le KM se sont historiquement concentrés davantage sur des signaux forts (publications scientifiques et spécialisées). Romain Goday (DarwinEco) a publié un billet intéressant sur la question des « patterns » issus de signaux plus faibles (influencé sans doute par une entrevue de Scobble donnée à Rheingold).
Voici le billet en question:
http://www.darwineco.com/blog/bid/71356/Content-Curation-Why-Detecting-Emerging-Patterns-Is-Crucial
Merci
Patrice Leroux
[…] interne posent la question de la valeur tangible et intangible qu’ils dégagent (ou non). Un séminaire animé par l’ami (et grand orateur) C. Malaison est organisé à Paris le 6 décembre. Pour en savoir […]