J’étais à Paris la semaine dernière. Un saut de puce de quelques jours, essentiellement pour accompagner la délégation du Québec qui se rendait au premier GouvCamp français. La motivation ? Comme je l’ai écrit dans un billet précédent, c’était de bien préparer le prochain Gouv 2.0 à Montréal dans le cadre de webcom-Montréal. Bien préparer mais aussi me mettre dans le bain du thème de la démocratie ouverte.
Nous avions organisé le OpenGouv en novembre dernier, ce qui m’avait ouvert les horizons sur ce mouvement qui a pris forme avec la Open Government Iniative du président OBama et qui carbure sur les trois même pivots qui sont mis de l’avant dans le rapport Gautrin soit la transparence, la participation et la collaboration. Je travaille avec certains organismes publics et ministères dans des dossiers intranet qui impliquent le passage au 2.0. Donc, j’étais au fait de la situation en interne mais ne m’étais pas impliqué outre mesure «à l’externe». C’est la consultation initiée par le député Henri-François Gautrin, démarche qui a culminé au OpenGouv de novembre dernier à Montréal et qui accouchera sous peu d’un rapport intitulé «Gouverner autrement. Comment le Web 2.0 améliore-t-il les services aux citoyens» qui m’a sonné les cloches.
Bien beau faire des billets sur le Québec numérique et réclamer une vraie politique québécoise en ce domaine mais il vient un temps où comme citoyen, il faut faire plus: s’impliquer… Bref, le hasard a voulu qu’au OpenGouv, j’invite sur un des panels un certain Jean-François Gauthier, un Saguenéen comme moi… Je ne l’avais pas revu depuis novembre quand il y a un mois environ, nous avons décidé chacun de notre côté de communiquer ensemble. Moi pour l’inviter à venir parler au prochain Gouv 2.0 et lui pour me parler du GouvCamp à Paris et des avancées du mouvement DémocratieOuverte.org. Et bing ! Le déclic s’est fait. Pourquoi ne pas faire à Gouv 2.0 une suite aux discussions de Paris et pourquoi nos élus ne viendraient-ils pas eux aussi faire le même suivi à Montréal ?
Bref, je me suis retrouvé par un mardi matin 10 avril, pluvieux, froid et humide dans la rue à l’arrière de l’Assemblée Nationale de France à charcher l’entrée pour la salle Lamartine. À l’intérieur, la même sécurité qu’à l’OACI où nous organisons webcom. Même genre d’ambiance feutrée, même genre de salle (voir la photo ci-dessous que j’ai prise le matin et qui a fait son chemin sur plusieurs blogues et autres médias).
Premier GouvCamp dans l’Hexagone qui a mis en scène un drôle d’aéropage. Trois élus dont deux du Québec (Sylvain Simard et Henri-François Gautrin) et un de Tunisie (juste sous le grand écran) mais bien peu d’élus de France. Faut comprendre, nous sommes en plaine campagne électorale. Et qui dit campagne, dit mise sur pause de tout l’appareil gouvernemental et disparition des élus dans leurs fiefs respectifs. Sur la centaine de personnes, il y avait quelques fonctionnaires, un journaliste et le reste… Des citoyens représentatifs non pas de la «citoyennetitude» ordinaire mais bien de tous les groupes intéressés et au fait du mouvement OUVERT ! Ce qui est bien en soi. En matinée les débats seront nombreux mais semble-t-il un peu trop consensuels au goût de certains. J’ai noté la même réflexion que Mario Asselin : « La polyphonie de points de vue doit présider bien davantage que la recherche du consensus à tout prix »…
Les interventions les plus percutantes sont venues d’où je ne m’y attendais pas. D’une part de deux universitaires-blogueuses et gestionnaires de communauté de Tunisie, les deux INES comme elles furent surnommées soit Ines Chouk et Ines Abid Hammami et aussi des témoignages poignants de deux représentants de l’opposition syrienne dont les noms m’échappent. Cyril ???
Et je ne vous parle pas des débats qui ont ponctué le temps consacré au repas du midi mais il semble que tous et chacun ait manqué de carburant pour attaquer les thèmes prévus en après-midi. En fait, c’est ce qui ma le plus turlupiné dans ce GouvCamp. Ce qui a été annoncé comme un camp n’en a pas été un… Beaucoup trop formel et organisé (nous sommes en France quand même en en plus à l’AN). J’étais un des rares en jeans et T-Shirt. Bref, il reste du chemin à faire avant d’en arriver à un mouvement réellement éclaté, ouvert, informel, démocratique et participatif et en plus étant capable de concilier les intérêts divergents de toutes les couches de la société, individus, entreprises et gouvernements…
C’est un de mes amis parisien qui me disait le lendemain du GouvCamp, lors de la réception à la Délégation du Québec que le collectif DémocratieOuverte est peut-être parti dans le mauvais sens en voulant aider les élus à s’ouvrir aux citoyens. Faudrait peut-être retourner la table et aider les citoyens à changer les élus, que les changements démocratiques si nécessaires soient le fait non pas des élus en consultation avec leur commettants mais plutôt amenés par ces derniers et soutenus par les élus. Bref, un autre beau débat non-consensuel en vue. Je sais que Mario a posé d’autres questions sur son blogue. Donc le débat est bien engagé; le bébé se présente bien.
La suite donc à webcom mais entre-temps, il y a beaucoup de travail à abattre pour les membres du collectif, dont Jean-François et son alter-ego en France soit Cyril Lage. Entre autres, ils ont à travailler sur un projet de résolution sur le gouvernement ouvert en collaboration avec l’OIF. Ce n’est pas rien… Car ce projet mène tout droit à la table de discussion des Chefs d’État qui se réuniront en octobre à Kinshasa pour le 14e Sommet de la Francophonie. Et le collectif doit aussi accoucher de ses propres statuts et mettre en ligne sa plate-forme consultative 2.0.
En note de bas de page à ce billet: une mention spéciale pour M. Gautrin qui a pris le peine de faire le marguillier et passer le chapeau pour recueillir les fonds nécessaires au paiement d’une partie des frais inhérents au GouvCamp (voir photo ci-dessous).
Et aussi des liens sur divers billets écrits sur le sujet:
Sur le blogue de Mario Asselin
Sur le blogue de Morgane Bravo
4 Commentaires
Et si, plutôt que de choisir une stratégie, on mettait en place les deux simultanément :
– Proposer des dispositifs permettant aux citoyens de toucher le politique (et de changer ses pratiques, vers plus de transparence, de participation, de coopération).
– Proposer des dispositifs aux élus pour les aider à changer leur rapport aux citoyens, permettre plus d’ouverture et essaimer une culture de la participation et de la transparence dans les pratiques institutionnelles.
Bref, en effet, le débat est ouvert …et de nombreux projets sont dans les cartons du collectif Démocratie Ouverte (et qui outilleront autant les gouvernants que les citoyens).
Si le fond et la forme de l’évènement ont bien correspondu à nos attentes, en effet, peut-être que le nom « GouvCamp » ne collait pas parfaitement.
L’idée était de se placer entre les conférences classiques (auxquelles les élus ont l’habitude d’assister) et les barcamps (avec très peu d’organisation préalable) en proposant un format hybride : des présentations de projets, des ateliers ouverts, des débats avec tous les invités, des outils participatifs (vote coloré, fiches idées…) et un peu de numérique (mur twitter).
Le prochain GouvCamp aura peut-être un format encore plus ouvert…
[…] À Paris pour la démocratie et à Montréal pour l’idéal? […]
Bonjour,
Depuis ce gouvCamp, OpenGov University à commencé son BarCamp tour à travers les universités tunisiennes. Nous avons entamé le travail avec une de nos écoles d’ingénieurs INSAT Tunis. En première séance nous avons reçu Richard Stallman pour parler des logiciels libres et de la phylosophie de l’Open et puis l’après midi a été consacrée au Barcamp avec plus de 100 personnes sur 8 ateliers. Des étudiants, des universitaires, le monde de la société civile. Des projets sont nés et sont en cours d’exécution. Notamment sur la transparence des universités. Pour avoir une idée sur la journée visitez ma page http://ineshammami.fr/?page_id=140 La deuxième étape est prévue dans le sud Tunisien. Une remarque néanmoins nous étions tous en Jeans et Tee-shirt. Ambiance bonne enfant.