Bon… C’est parti pour une autre campagne électorale. Que vous le vouliez ou non, c’est le grand exercice démocratique que bien des peuples nous envient. On parle de style et de couleur à la télé. On parle d’image des chefs, de slogans, d’attitudes. Les Québécois interviewés à la télé parlent de gestion: de gestion de la santé, de l’éducation, de l’économie, des infrastructures, etc. Mais qui parle de vision, d’un coté comme de l’autre ?
Allons-nous avoir droit à une autre campagne où les partis politiques vont se présenter en bons gestionnaires, propres et responsables alors que la Commission Charbonneau cesse de façon impromptue ses activités ? Probablement… Mais posez-vous la question: qu’est-ce qui a fait avancer le Québec depuis la sortie de la Grande Noirceur du Duplessisme au début des années 60 ?
Un parti mais surtout des idées et une grande vision : Maîtres chez nous ! Ce qui impliquait non pas seulement l’économie mais tous les secteurs de la société: la révolution tranquille. Un grand chantier collectif dans toutes les sphères de la société, de l’éducation à la santé en passant par l’électricité et surtout l’afranchissement de la religion et du Clergé omnipuissant et omniprésent, jusque dans la chambre à coucher.
Le second grand courant qui a unifié une grande partie de la nation a été l’élection du Parti Québécois en 1976. Pour une seconde fois, tous les espoirs étaient permis. Comme pour les USA en 2008 : Yes we can ! Nous étions en mesure de façonner notre destin collectif par nous-mêmes et pour nous-mêmes… Un second temps de grandes réformes… Tout le contraire des partis qui ont suivi et qui se sont corrompus en contournant l’idée de la loi sur le financement des partis politiques votée sous René Lévesque et aussi très loin du discours d’un Philippe Couillard qui nous rabaisse à une nation qui réagirait toujours en colonisés. En fait, c’est ce qu’il souhaite et c’est pour cette raison qu’il hait viscéralement le gouvernement en place.
Mais pour en revenir à une VISION de notre société et de notre peuple, tous partis confondus, cela présuppose une appréhension plus large de la société québécoise. Pas une vision de la gestion quotidienne des affaires en santé et en éducation, ni même de l’identité. Mais de trouver les grands défis de société qui nous font grandir comme peuple. Or, à l’orée de cette campagne, où sont ces grands défis ? Quel parti peut se targuer d’en porter ne serait-ce qu’un seul ?
Nous sommes dans l’ère des gestionnaires politiques. Les gouvernements ne sont plus élus pour faire évoluer la société qu’ils représentent mais pour gérer le quotidien plus souvent qu’autrement, au profit des plus nantis, tels des PDG des grandes sociétés… Un exemple: aux USA, la moitié des élus au Congrès sont millionnaires…
Ne serait-ce que pour réveiller nos futurs élus à la politique et à l’économie internationale, je tiens à revenir sur notre manifeste des 13 Étonnés sur l’avènement d’une nouvelle société basée sur le numérique dans tous les pans de celle-ci (économique, sociale, culturelle, politique, démographique, etc.). J’ai beaucoup écrit sur le sujet au cours des dernières années mais ce grand défi de société, qui a attiré de nombreux acteurs tels que Michel Cartier ou Claude Béland et dernièrement Maka Kotto avec sa Stratégie numérique culturelle, passe sous le radar des autres décideurs, presque tous partis confondus. Faut rendre à César ce qui lui appartient. Henri-François Gautrin (Gouverner ensemble), Sylvain Simard et Mario Asselin ont travaillé à débloquer l’impasse mais pas assez faut croire car les enjeux de cette campagne naissante sont loin d’un grand défi collectif du style Baie James numérique.
Gérer nos bobos de santé et infrastructures routières telles que le Pont Champlain ou l’échangeur Turcot sera toujours un enjeu électoral comme du temps de Duplessis où un bout de route pavé vous assurait d’un siège à l’Assemblée dite nationale. Mais qui sera le garant de notre avenir collectif en tant que nation, qu’elle soit fédérale ou indépendante ? Qui fournira l’étincelle d’une nouvelle révolution grouillante, démocratique et numérique ?
Comme diraient nos cousins français, pour le moment, on est mal barrés…
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