Je continue l’analyse des six grandes tendances Ti ou NTIC qui devraient bousculer les entreprises au cours de le prochaine année. Au cours des deux derniers jours nous avons passé en revue les trois premières, vraiment orientées Ti. Les trois dernières sont plus orientées vers le volet organisationnel du travail avec de nouveaux outils technologiques, certes, mais orientés vers les communications et la performance organisationnelle.
De Paris Internet à Bordeaux «digital». Comme fin et début d’année il y a pire…
8 octobre 2012Après avoir blogué en direct le prochain LeWeb à Paris en décembre, qui a comme thème l’Internet des choses, je risque de me retrouver fin mars à Bordeaux afin de participer à la troisième édition de la Semaine Digitale, un événement en forte croissance et qui touche toutes les facettes du numérique (économie, santé, éducation, gouvernance, arts, culture, technologie, etc.). Comme fin d’année 2012 et début d’année 2013, il y a pire…
Le Web en 2010: le vertige des listes et trois tendances lourdes!
30 décembre 2009Je dois vous avouer que j’ai régulièrement le vertige, surtout en hauteur mais aussi à l’approche du Nouvel An… En cette période de l’année, je ressens un sentiment bizarre qui a été identifié hier par l’amie Suzanne Lortie. Elle en a même fait le sujet de son dernier billet sur son blogue: Le vertige des listes…
Un vertige face à un véritable fléau qui afflige régulièrement les médias aussi bien traditionnels que Web mais aussi les blogues, les statuts Facebook et Twitter, surtout en cette période de fin d’année où les bilans sont chose courante. D’ici au début de 2010, on ne verra que ça : top ten IPO candidates for 2010 chez TechCrunch, 10 ways social media will change 2009 ou encore Top 10 YouTube Videos of All Time chez ReadWriteWeb et ainsi de suite.
Je dois avouer qu’il serait aisé de tomber dans cette facilité et de faire mon propre décompte de mes dix meilleurs billets de 2009 ou encore de faire mon appréciation des dix moments marquants du Web 2.0 en 2009 ou encore mieux faire de la prospective et de parler des 10 technologies qui marqueront la prochaine décennie!
Facile et payant. En effet, ces classements, listes et décomptes vous valent habituellement une excellente couverture sur Twitter comme le démontrent les 2 626 tweets faits à date sur ces prédictions de RWW. Et que dire du trafic encore plus important généré sur l’article certes, mais aussi sur l’ensemble du blogue par le biais des liens fournis sur les articles similaires.
Bref, vous le comprendrez, je n’aime pas cette sensation de vertige des listes, de catégorisation, de tout vouloir mettre dans des cases, même si les listes peuvent parfois être utiles comme elles l’ont été au tout début de leur apparition sur Twitter.
Tendances 2010
Mais j’aime bien, à chaque fin d’année, faire un tour de tous les blogues que je suis régulièrement (eh oui, «listés» dans mon Netvibes) question de faire un peu de veille sur ce que seront les grands courants ou tendances lourdes qui vont influencer le Web au cours de la prochaine année mais aussi au cours des suivantes car les grands courants de fond sont souvent mouvants, changent de forme ou de direction.
Ainsi, plusieurs blogues maintiennent que 2010 sera l’année des gestionnaires de communauté. Certes, plus il y aura de communautés 2.0 sur le Web mais aussi dans l’entreprise, plus il y aura besoin de personnes pour les gérer et les animer. Donc, oui, on en verra de plus en plus, regroupés dans des listes ou communautés comme celle de Luc Legay.
1) L’Internet des données
Mais ce ne sera pas le grand courant de fond. Pour le trouver, il ne faut pas aller très loin. J’en parle régulièrement sur ce blogue : Les données. Et en cela, ReadWriteWeb confirme dans son analyse de la première de cinq grandes tendances pour 2010.
ReadWriteWeb’s Top 5 Web Trends of 2009:
1. Structured Data
2. The Real-Time Web
3. Personalization
4. Mobile Web & Augmented Reality
5. Internet of Things
Eh oui, encore une liste… Les «Structured data» ou encore «linked data», le crédo de Tim Berners-Lee, seront à l’avant-scène tout comme le Web Squared ou Web². En effet, avant de parler de Web 3.0, de Web sémantique ou de Web 3D, certains dont Tim O’Reilly, ont vu 2010 et les prochaines années comme des années de transition et ont théorisé sur cette dernière. Pour en savoir plus, je vous reporte à CE BILLET que j’ai commis plus tôt cette année.
Mais il est tout aussi important pour l’évolution du Web d’être capables de mettre en place une infrastructure matérielle et logicielle robuste et sécuritaire. Où iront toutes les données que nous générons, individus comme entreprises? Ces données gérées et entreposées sont-elles sûres, protégées ? Le Cloud Computing est-il à l’abri des «hackers»? Qu’arrriverait-il aux données en cas de sinistre, de faillite ou de vente de l’hébergeur? Le «nuage» sera-t-il à l’origine d’une cyber-guerre?
Voilà une foule de questions qui seront à l’avant-scène et je vous conseille de lire l’excellente analyse faite par la MIT Technology Review et intitulée «Security in the Ether». Vous y trouverez plusieurs réponses. C’est et de loin, le meilleur article sur le sujet depuis des lunes…
2) Real-Time Web et Web mobile
Et je souscris à l’analyse faite par RWW sur le Real-Time Web et le Web mobile et ce n’est pas pour rien que nous étions plus de 2 300 réunis à LeWeb09 en décembre pour entendre les ténors du Web, dont Evan Williams, nous parler de Skype, Twitter ou UStream mais aussi de Square, de géolocalisation et de la popularité croissante de Foursquare ou Gowalla. Ce qui devrait logiquement déboucher sur l’Internet of Things mais la réalité augmentée elle, devra attendre, n’en déplaise à certain(e)s…
3) L’expertise des retraités
Et n’en déplaise à d’autres, 2010 sera aussi l’année où l’on verra coexister en entreprise quatre générations différentes d’employés et en 2015 l’arrivée d’une cinquième et cela est aussi une tendance lourde… Eh oui, fallait bien que je traite aussi de l’entreprise 2.0. Donc, finie l’utopie de la retraite à 55 ans! Fini aussi l’illusion que les générations Y et NetGen allaient balayer les BabyBoomers et leurs prédécesseurs.
Le Harvard Business Review a ainsi relevé les cinq générations qui devraient se côtoyer dans les entreprises:
- Traditionalistes, nés avant 1946
- Baby Boomers, nés entre 1946 et 1964
- Gen X, nés entre 1965 et 1976
- Millennials (Gen Y), nés entre 1977 et 1997
- Gen 2020 (Gen C ou encore NetGen), nés après 1997
Un peu tiré par les cheveux pour la première et la dernière, vous dites? Regardez bien ce diagramme publié avec le HBR:
Les projections ici voient une décroissance constante des BabyBoomers. Rien de moins certain. Beaucoup d’entre eux reviennent au travail, leur revenu de retraite se révélant insuffisant alors que dans bien d’autres cas, c’est la caisse de retraite de l’entreprise qui est épuisée ou réutilisée à d’autres fins.
Bien des gouvernements sont en train de revoir leur politique de gestion des fonds publics de retraite et songent à mettre en place, comme en France, des incitatifs pour les entreprises à récupérer les savoirs de leurs retraités, comme je mentionnais dans ce billet.
D’ailleurs, le HBR note:
«In 1986, when the youngest Baby Boomers entered the workforce, the percentage of knowledge necessary to retain in your mind to perform well on the job was about 75 percent (according to research by Robert Kelley). For the other 25 percent, you accessed documentation, usually by looking something up in a manual. In 2009, only about 10 percent of knowledge necessary to perform well on the job is retained — meaning a myriad of other sources must be relied upon.»
Pour 90% des savoirs et des expertises nécessaires pour bien accomplir son travail, il faut avoir recours à d’autre chose que sa propre mémoire. De là l’importance de créer la mémoire d’entreprise™ et les retraités ont un rôle important à jouer dans cette construction.
Plusieurs entreprises comme IBM (ci-dessus) et sites publics comme YourEncore proposent déjà aux retraités de troquer leurs expertise contre des $$$ sonnants et trébuchants et favorisent aussi le transfert d’expertise entre les jeunes travailleurs et leurs aînés à la retraite. Ce phénomène de création de communautés «idéagoriennes», soyez-en certains, va s’accélérer à partir de 2010!
Quand Twitter fait la révolution ! #iranelection
21 juin 2009Voici le premier d’une série de billets sur la saga Twitter en relation avec les évènements qui se sont déroulés et se déroulent toujours en Iran. Pourquoi parler d’un tel sujet dans ce blogue de niche techno ? Simplement que je vais y analyser encore le phénomène qu’est Twitter et de son influence grandissante dans le monde et en particulier de celui des mass médias, mais aussi vous parler de ses dérives…
Après les 54 heures de couverture « live » des attentats terroristes à Mumbai en novembre dernier, je ne m’attendais pas à être aspiré aussi rapidement dans la couverture micro-journalistique d’une autre crise internationale. Le semaine dernière, donc, comme bien des gens, j’ai reçu les résultats du vote iranien à la présidence avec étonnement. Les sondages laissaient entrevoir la victoire des modérés au premier sinon au second tour… Et voilà que les radicaux et leur homme de paille Ahmadinejad l’emportent avec presque 70% des voix d’une participation record de plus de 80% des votants!
Le lendemain du vote, commence sur Twitter et autres médias sociaux, ce qui va devenir un raz-de-marée bien différent. Tout doucement, on commence à vois apparaître sur Twitter, dans les sujets les plus « trendys », celui de #iranelection. Il montera ainsi pour occuper la première place pendant une semaine, n’étant déclassé qu’en ce dimanche par celui de la fête des pères ou #Happy Fathers Day. Au début, il n’y a sur ce sujet que les Iraniens eux-mêmes et les réguliers sur Twitter, ceux que l’on appelle les « power twitters ». Ceux qui se retrouvent parmi les deux millions d’utilisateurs réguliers sur les 30 millions d’usagers.
J’entre donc dans le flux, un peu de la même manière que Mumbai, soit en tentant d’identifier les sources crédibles. Encore une fois, les médias traditionnels ne sont pas au rendez-vous en ce début de crise qui va prendre une ampleur internationale. Mais déjà les13 juin, un billet de ReadWriteWeb souligne cette absence avec un titre qui va encore ajouter à la popularité montante de la plateforme co-fondée par Biz Stone: « Dear CNN, Please Check Twitter for News Abour Iran ». CNN, qui a révolutionné les médias avec sa couverture de la guerre du Golfe, dans les années 90, en prendra plus que pour son grade en ces premiers jours. Son absence de réaction et de couverture avant l’arrivée en scène de la célèbre Christiane Amanpour sera sanctionné par un assassin #CNNFAIL.
Le billet de RWW sera le plus retwitté des premiers jours et son impact va être profond sur le cours des évènements car on parlera ensuite de «Révolution Twitter». Avec, entre autres, des citations de ce genre :
vetivergirl: The Revolution may not be Televised, But it sure as hell will be TWITTERIZED. #IranElection #Iran9
Donc, je cherche mes sources en ces premiers jours et en trouve légion en Iran même car dans les premiers jours, aucun problème à obtenir les coordonnées des principales sources d’information crédibles car elles sont là, retwittées. Mais contrairement à Mumbai, je ne me laisse pas entrainer dans la couverture en direct mais essaie plutôt de me faire un vrai portrait de la réalité. Qui a raison et qui a tort ? Les résultats des élections sont-ils légitimes ou non ? Quels sont les vrais chiffres, les vrais enjeux et surtout, je tiens à trouver une confirmation visuelle de ce qui se passe. Dans les premiers jours, il y aura peu de visuel, surtout sur YouTube qui éprouve des difficultés à retransmettre. On parlera même de censure… Mais finalement, des visuels commenceront à filtrer comme cette photo que j’ai intitulée
« The face of repression »
Et cette vidéo de la manifestation monstre du 15 juin, où plus d’un million de personnes se sont retrouvées dans la rue à Téhéran, tournée par un amateur et que j’ai intitulée:
« The Sound Of Freedom: Staggering footage, without commentary. What commentary do you need? »
À en croire plusieurs sources « internes », les iraniens ont la certitude qu’on leur a volé l’élection, que les résultats ont été truqués d’avance, etc. Bien des sources officielles en dehors d’Iran commencent aussi à penser la même chose mais certains soutiennent toujours le «Et si les résultats étaient bons?» …
L’entrée en scène des médias
Et c’est là que les médias font leur entrée… Tout d’abord les non traditionnels tels que le Huffington Post et The Atlantic avec Andrew Sullivan et son Daily Dish. Les deux vont être les premiers à changer leur couleur de base et adopter le vert en signe de solidarité avec les opposants au régime en Iran. Ce vert va être d’ailleurs être aussi adopté par bon nombre d’usagers de Twitter :
Donc, les deux vont lancer la couverture en « live-blogging » mais ne seront pas les seuls. Il va aussi y avoir du côté francophone Mémoire Vive.TV de l’amie Natacha Quester-Séméon.
Au cours de ces premiers jours, la BBC sera une seules des chaînes traditionnelles à être présente, surtout avec sa chaîne en Persan mais aussi et curieusement par la présence sur place et sur Twitter d’un correspondant d’ABC, Jim Sciutto.
C’est ce petit groupe qui va donner le ton aux autres. Dans les heures et jours qui vont suivre, vont se multiplier les blogues en direct tels que celui du Monde.fr, de Libération.fr, du New York Times, du Guardian et le très «twitté» Boston Globe Big Picture.
La couverture dès les premiers jours de Huffington Post et le la BBC, captée sur Livestation
Toutes les sources d’information vont s’entendre sur un point: ce qui a débuté comme une simple contestation des résultats d’une élection est en train de se transformer en véritable révolution et en cela, Internet et surtout Twitter et Facebook auront joué et jouent toujours un rôle déterminant. Et quand le pouvoir tente de museler la liberté d’expression, il tente d’abord de museler les médias traditionnels et oublie pour un certain temps les médias sociaux. Ils ont aussi oublié que l’Iran était une nation de blogueurs:
IRAN: A Nation Of Bloggers from ayrakus on Vimeo.
Mais comme vous le lirez dans le billet suivant, LE pouvoir apprend vite…