Émergenceweb

MAJ 1 et 2 : Arrêtez de parler de digitalisation ! Ça me donne des boutons…

Vu et lu récemment sur le site de l’Observatoire des réseaux sociaux d’entreprise, où siège sur le CA le pote Vincent Berthelot, un billet sur la «digitalisation» de l’entreprise selon Orange… Pas capable… Le mot digitalisation me donne des boutons, me fait dresser le poil sur les bras… Une entreprise ne devient pas digitale à moins d’être anglophone. Elle devient numérique, sociale, collaborative mais SVP, pas digitale et encore moins 2.0 ! Une autre mise au point: nos cousins de l’Hexagone aiment bien traduire de l’anglais «Enterprise Social Network». Autrement écrit, réseau social d’entreprise ou RSE.

La digitalisation de l’entreprise selon Orange

En fait c’est la grande mode outre-atlantique. Même un autre copain Frédéric Charles se laisse emporter et ce, dans un billet publié dans ZDNet France à la suite de la conférence Enterprise 2.0 Summit à Paris en début d’année :

«Cette semaine, a eu lieu à Paris dans les locaux de l’ESCP, l’Entreprise 2.0 Summit, la conférence de travail annuelle sur le travail collaboratif et les réseaux sociaux d’entreprise. Beaucoup d’experts et de matière grise échangée, pour faire le point sur l’avancement de la construction de l’Entreprise 2.0. Une entreprise 2.0, suivie par GreenSI car elle concerne la DSI tant elle va impacter les évolutions de l’ERP qui en supporte les processus et des solutions collaboratives qui se généralisent. Ces dernières années, de nombreux succès ont su faire passer les réseaux sociaux d’entreprise (RSE) d’une simple phase de pilotes, à une phase utilisation plus large et une présence dans 27% des intranets selon l’étude de l’Observatoire de l’intranet.

Mais force est de constater, que les domaines de prédilection des RSE sont généralement des domaines limités (même si parfois transverses), et qu’on est loin d’une généralisation du RSE comme outil de travail ou d’une adoption massive des salariés. Même parmi mes « early adopters » (dès 2009) comme Pernod-Ricard, Alcatel ou Lyonnaise des Eaux».

En fait, Frédéric n’en a que pour les RSE dans son texte alors que son titre est: «Entreprise 2.0: faiblesse passagère ou fin du modèle?». L’entreprise qui veut se eTransformer, comme le dirait Michel Germain, ne devrait se fier actuellement que sur des réseaux sociaux ?

Encore là, le terme m’horripile… Comment convaincre un dirigeant d’entreprise qu’une réelle transformation numérique s’impose quand on tente de la convaincre que cela passe par un réseau social ? Tout de suite, ce dernier se cabre en vous sert l’argument massue: «Jamais Facebook dans mon entreprise!» Et il a raison. Remarquez que c’est peut-être culturel, nord-américain mais ici, jamais un dirigeant n’acceptera que ses employés perdent leur temps à faire du «social». De là aussi la confusion aux USA avec le terme «Social Business» véhiculé entre autres par IBM. Donc, j’aime mieux parler et écrire au sujet des réseaux socio-professionnels en entreprise. Pour faire image, un réseau à la LinkedIn. Alors là déjà, c’est mieux, nos dirigeants se détendent dans leurs fauteuils capitonnés.

Peut-on s’entendre sur la eTransformation de l’entreprise ? Une transformation vers une entreprise moins hiérarchique et plus collaborative et qui utilise pour ce faire de nouveaux types d’outils et d’usages ? Dans son texte, Frédéric parle de fin de modèle et il a raison en ce qui a trait à ce que l’on a identifié comme étant l’Entreprise 2.0 et ses RSE. Il est plus que temps de mettre de côté la «digitalisation 2.0» et passer aux vraies affaires: horizontaliser la hiérarchie et les processus à l’aide de la collaboration et créer comme l’a conçu Jon Husband une «Wirerachy».

Mais attention, «eTrensformer» prend du temps, des efforts et des ressources financières. Et surtout une vision claire. En ce sens, il faut prendre note de la décision que viennent de prendre les dirigeants de Zappos. La décision de se saborder en tant que hiérarchie et de mettre en place une «Holacracy». Cette entreprise a toujours été parmi les «innovateurs», bien avant les «Early Adopters». Faudra suivre attentivement cette expérience, décrite ainsi :

«The system, known as Holacracy, removes all job titles and managers in a corporate structure, leaving nearly every employee on equal footing. According to Quartz, Zappos is going all-in on the system and will create approximately 400 « circles » made up of a group of employees that will be tasked with projects. The group must work together — sans hierarchy — to do their jobs».

Ce concept, je le connais fort bien mais il est applicable surtout à la NetGen, aux jeunes nés avec les jeux vidéos car dans bien de ces jeux, c’est cette structure d’autorité et de pouvoir qui est garante de succès.

Bon, pour boucler la boucle, revenons-en à la fameuse digitalisation, selon Orange. Retournons à la vision de Bruno Mettling – DGA & DRH du Groupe Orange dans la vidéo publiée au début de ce billet. Il n’a pas tort quand il parle d’un tout qui n’est pas que RSE. Il a aussi raison quand il parle que l’adoption doit se faire graduellement sans perdre en route ceux que l’on nomme les «Laggards», de là, l’importance de la sensibilisation et de la formation, donc de la gestion du changement. Il parle aussi de la convergence de l’humain et de l’outil technologique, ce qui est aussi vrai car les deux s’inter-stimulent comme le démontre le graphique ci-dessous.

Mais ce qu’il oublie, en tant que dirigeant, c’est de se soumettre lui aussi au changement, pas dans les usages de la technologie mais dans sa façon de concevoir sa gestion quotidienne dans la partie de l’entreprise dont il responsable et redevable.

Au début, j’ai écrit qu’il fallait être anglophone pour parler «digitalisation». Eh bien, il y a l’ami Sameer Patel que vient de le faire dans le cadre d’un keynote qu’il a donné à une conférence récente aux USA. Voici le lien : http://www.pretzellogic.org/2014/03/16/digitizing-vs-digitally-transforming-cebit14/

MAJ 1

Quand je vous dis que je n’en peux plus !!!

MAJ 2

Le dernier billet de l’ami Bertrand Duperrin :

La  Digital Workplace : une réalité, un scorecard et des challenges… (Quatre mots anglais dans ce titre)