Événements Identité numérique Innovation Réalité virtuelle

La mort de SL Enterprise: une question de prédation ou de téléportation ?

23 avril 2013

Vous vous souvenez de Second Life ??? Cette plate-forme qui a connu un succès mondial en 2006-2007 au point où son concepteur, Philip Rosedale est devenu une vedette instantanée du mouvement Web 2.0 encore naissant. Des articles et reportages dans la presse trad. mais aussi  des billets de blogues, des podcasts et des analyses dithyrambiques de la presse spécialisée et consécration suprême, une apparition à TED en 2008.

Tous les spécialistes supputaient le modèle de Linden Labs, de la nouvelle réalité virtuelle et de son économie déclinée en Linden Dollars. Je me souviens d’un débat  à webcom-Montréal en 2007 entre Michelle Blanc et Fred Cavazza sur le sujet. Et puis, un peu plus d’un an plus tard. la plate-forme 3D sombrait dans l’oubli et l’indifférence générale.

Longtemps, j’ai soutenu dans mes conférences que l’avenir résidait ailleurs pour SL. Dans les entreprises et leurs besoins en formation et réunions à distance, venant ainsi solutionner les vieux problèmes de la téléprésence, non résolus par le eLearning et la visio-conférence.

second life business

Et comme s’ils m’avaient écouté (faut bien rêver) Rosedale et compagnie ont effectué la reconversion en 2008, aidés en cela par un investissement massif d’IBM avec au mois l’achat de 50 îles dédiées, bien entendu à la formation et aux réunions virtuelles. (ci-dessous)

IBMSL

Mais la sauce a tourné au vinaigre en 2010 avec le congédiement de son CEO Mark Kingdon et un changement de cap imposé par le fondateur, si l’on en croit le reportage de Maria Korolov dans le magazine spécialisé Hypergrid Business :

“As Philip (Rosedale) has mentioned, Linden Lab has discontinued the Second Life Enterprise development program,” Adam Nelson, Linden Lab’s Executive Director of Monetization, told Hypergrid Business. “We will continue to honor our beta customer commitments and contracts, but will not be accepting new customers for the beta product. Second Life remains a valuable tool for enterprise use, and by focusing our development on the Main Grid, we will improve the experience for all users, including enterprises.”

 As part of Linden Lab’s new focus on basics, the company has discontinued its Second Life Enterprise platform. “We are working to focus on core user experience that affects all users,” returning CEO Philip Rosedale told an in-world meeting July 30 that aired on Treet TV. “We are stopping work on things that don’t have immediate high impact on all users.”

When it comes to businesses using Second Life, they can still do work on the platform — as long as do it on the main Second Life grid, he said.

“We’re not going to do additional work on deploying Second Life behind fire wall,” he said. “We’re going to make it work better for business users using it to do work on the main grid.”

Philip Rosedale et son avatar

Décision incongrue et d’une certaine façon motivée par des considérations «puristes» des adeptes des mondes virtuels. En effet, Rosedale et plusieurs de ses comparses n’auraient pas aimé le fait que des entreprises, comme IBM et d’autres, exigent que SL soit déployée en versions clientes en-dedans du «firewall». Donc, ce qui devait arriver arriva :

«The problems with Second Life Enterprise started (…) when IBM walked away from the project and launched its own, competing, OpenSim-based Virtual Collaboration for Lotus SametimeThe move to drop Second Life Enterprise parallels a recent decision to discontinue the educator-friendly Teen Grid.

“The trend is emerging: Second Life for residential use, OpenSim for academic or corporate use,” said commentator Gwyneth Llewelyn in a blog post.

“We already knew that Linden Lab is turning back to where their core business always was: the residential market,” she said. “It shouldn’t come as a huge surprise that they would not only close down their enterprise division, but also drop all products related to business.”

According to Meadhbh Hamrick, a Linden staffer who wrote much of theVirtual World Region Agent Protocol, VWRAP, designed to help different virtual worlds relate to one another — and who was laid off earlier this year — Linden Lab is not sufficiently focused on business.»

Une question de prédation ou de téléportation ?

Mais pourquoi IBM est-il allé se mettre le nez et les doigts dans la sauce 3D et la réalité virtuelle ? Est-ce un cas de prédation de l’innovation comme l’a démontré Charles Nouyrït pour illustrer un problème qui pollue le milieu des start-ups en France ? Possible mais lisez bien ce qu’écrit encore Maria Korolov en entrevue avec Peter Finn  d’IBM :

«When Linden Lab first created Second Life Enterprise it was composed of 16 regions that lived behind the firewall at IBM, IBM senior architect Peter Finn told Hypergrid Business — and IBM employees could teleport from their private world to the Second Life main grid and back.

“IBMers could take our avatars and inventory with us,” he said. “The solution was very successful and extremely popular for IBM employees. We could meet in public and when we were required to share private information we would simply teleport behind the firewall. If we purchased assets in world we could deploy them behind the firewall. This is how we envisioned the metaverse would evolve as corporations, government and educational institutions came on board.”

Teleportation back and forth was also possible to OpenSim worlds because of OGP — Open Grid Protocol — which later became VWRAP.

“We believed the successful evolution of Second Life and its survival was dependent on allowing people to traverse seamlessly from public Second Life to private Second Life to public Opensim to private Opensim,” he said. “A single seamless experience that did not require multiple avatars, inventories and logins.

In fact, the ability to take your Second Life avatar and teleport to your private grid with your inventory was the single most common request IBM had from its customers, Finn said.

However, Linden Lab cut off teleportation between the main grid and IBM’s private grid, and teleports between the main grid and the private grid were never even an option for other corporate customers.

“IBM was the only company ever allowed to connect to Second Life this way and when SLE was released as a standalone ‘walled garden,’ support for the prototype environment IBM was using was removed,” Finn said. Linden Lab also shut down work on the OpenSim interoperability efforts».

Qui a raison et qui a tort ? Rosedale a coupé les ponts pour des raisons idéologiques alors que Finn et certains autres plaidaient pour des considérations économiques. Bref, Second Life Enterprise n’est plus et les entreprises et les institutions scolaires qui veulent intégrer de nouveaux modes de formation passeront par OpenSimulator, une plate-forme qui comme le dit son nom, est en open source…

Vous pourriez également aimer

4 Commentaires

  • Répondre Fred Cavazza 24 avril 2013 - 0 h 50 min

    Les grands esprits se rencontrent, car j’ai justement publié un article sur le renouveau de Linden Lab le mois dernier :

    http://www.marketingvirtuel.fr/2013/02/15/linden-lab-se-reinvente-et-profite-du-succes-de-minecraft/

    /Fred

    • Répondre Claude Malaison 18 mai 2013 - 19 h 06 min

      Eh oui, que veux-tu, les «vieux» ont une perspective différente sur ce genre de sujet 😉

  • Répondre Romain 14 mai 2013 - 1 h 01 min

    Quand on publie un article en français on prend le temps de traduire un minimum les propos des interessés dans la langue de l’article.
    Autrement on le publie dans la langue de la source ou alors on ne publie tout simplement rien.

    • Répondre Claude Malaison 14 mai 2013 - 6 h 59 min

      Et si j’avais simplement mis un lien sur l’article en anglais, ce qui est pratique courante l’auriez-vous lu ? Mais tout le sens du billet aurait été altéré. De toute façon le fait d’intégrer des paragraphes anglais est aussi pratique courante chez les blogueurs québécois et français surtout question de ne pas altérer le sens avec une traduction qui peut être aléatoire. On se fie alors au fait que nos lecteurs sont capables de lire en anglais. Si ce n’est pas le cas, dites-le d’emblée. D’ici là, je continue et je signe.

    Laissez un commentaire