À part les spécialistes, peu de gens dans les entreprises sont encore familiers avec le principe de l’Entreprise 2. Il est plus pertinent de parler à ce stade-ci, d’intranet 2.0. Mais encore là, qui sait vraiment ce qu’est un intranet 2.0 ? Dessine-moi un intranet 2.0 a caricaturé l’ami Éric Blot lors d’une récente conférence sur les communications internes pour bien illustrer que comme pour le Petit Prince et son mouton inconnu, bien peu d’entreprises sont encore familières, seulement avec le principe 2.0, qu’il soit intranet ou entreprise…
Difficile donc d’en arriver à convaincre les entreprises québécoises du potentiel des nouvelles technologies de publication, de collaboration, de formation, de networking professionnel, etc. Ces dernières sont terriblement frileuses quand il est question de changer leurs bonnes vieilles technologies IBM, Microsoft, SAP et intranets informatifs 1.0. Raison pour laquelle, hier à 22h00, à la télé de Radio-Canada, j’ai entendu un reportage parler du recul compétitif des entreprises canadiennes par rapport aux américaines (13% de moins d’heures travaillées), recul dû au fait que les entreprises canadiennes innovent moins et investissent moins dans les nouvelles technologies. Des affirmations corroborées par Infrastructure Canada, qui se base sur le rapport sur la compétitivité mondiale 2006-2007, publié par le Forum économique mondial :
«Pour ce qui est du sous-indice des facteurs d’innovation et de technicité, le Canada se classe aussi au 16e rang (voir le tableau 2) et aussi derrière certains de ses principaux partenaires commerciaux du G8 (É.-U., 4; Japon, 1; Allemagne, 3; R.-U., 10; France, 13). Même s’il devance d’autres économies importantes (Australie, 24; Inde, 26; Chine, 57; Mexique, 52; Russie, 71; Brésil, 38), le Canada est devancé par des partenaires plus petits, mais apparemment plus concurrentiels (Suisse, 2; Suède, 5; Finlande, 6; Danemark, 7; Israël, 8; Taïwan, 9; Pays-Bas, 11; Belgique, 14; Singapour, 15). »
Le Canada au 16e rang mondial en matière de technologies et d’innovation, derrière les USA et la France, ce que je m’évertue à écrire en particulier dans un nouveau collectif d’auteurs intitulé «Entreprise 2.0, Réflexions autour d’une nouvelle Odyssée». Et savez-vous où se situait le Canada en 2002 ? Au troisième rang. C’est dire tout le recul pris en six ans !!!
Et je l’ai aussi écrit : Après l’éclatement de la bulle technologique, le Canada et le Québec en particuliers ont été lents, très lents à réinvestir dans les nouvelles tehnologies, en particulier en entreprise et encore plus dans leurs intranets. C’est Dion Hinchcliffe qui disait à Boston en juin que les départements TI dans les entreprises sont maintenant génératrices de 80% de statu quo et seulement 20% d’innovation…
Et c’est encore lui qui citait le firme Forrester selon laquelle, le marché américain pour l’Entreprise 2.0 peut générer des investissements de 4,3 milliards dans les cinq prochaines années. Combien au Canada et au Québec, surtout quand on sait que nous avons un retard historique de 18 mois sur les USA et que les statistiques du FEM viennent enfoncer le clou ? Le Québec et ses entreprises sera-t-il distinct une fois de plus du Canada en investissant massivement dans les technologies, génératrices d’innovation ?
Ces technologies sont celles du Web 2.0 qui font passer les intranets d’entreprise 1.0, centrés sur l’accès à l’information et aux applications avec ou sans outil de portail et de gestion et de publication de contenus Web à des intranets 2.0 centrés sur la collaboration entre ses utilisateurs, la participation de ces derniers à la construction de ses contenus, un portail donnant un accès personnalisé et ergonomique et surtout un accès unique et décentralisé. Décentralisé ?
Un accès de partout en fait. Du bureau, sur la route, à la maison, avec le Wifi, les «laptpos» et les téléphones de plus en plus Internet et surtout avec une sécurité et une capacité d’entreposage de données démultipliées par le «Cloud Computing». Compétitivité et innovation passent par ce dernier postulat.
Cela ne sert à rien d’investir massivement dans les transports en commun afin d’encourager les banlieusards à abandonner leurs autos. Le coût de l’énergie fera tout de même augmenter le coût de ces mêmes transports en commun, à moins qu’ils ne soient électriques. Mais quelqu’un a-t-il déjà pensé à favoriser les horaires flexibles et surtout le télé-travail ? Dangereux pour les gestionnaires qui ainsi ne peuvent plus exercer leur pouvoir traditionnel, un pouvoir de proximité et de contrôle.
Le principe de hierarchy vs wirearchy
Plusieurs de ces gestionnaires ont bien compris le pouvoir du Web 2.0 et du télé-travail. : Un contre-pouvoir capable de laminer la hiérarchie verticale traditionnelle (la Wirearchy de l’ami Jon Husband). Résistance aux créneaux ! L’entreprise château-fort est assiégée et n’est plus en sécurité (informatique). Résistance farouche de la vieille garde mais qui finira bien par retraiter ou partir à la retraite et remplacée par les nouvelles générations (X, Y, Z et autres à venir ) plus ouvertes, plus libres.
Ce sont donc les entreprises qui auront compris ces nouveaux paradigmes et divers enjeux comme la mobilité, la flexibilité du travail, la conciliation travail-famille, la qualité de vie et les environnements de travail plus «verts», l’adaptation aux usages technologiques de leurs nouveaux ou futurs employés, qui seront à même de stimuler collaboration, créativité et innovation tout en faisant appel à la mémoire et ainsi générer la compétitivité nécessaire pour faire face aux économies émergentes (j’aime ce mot) dont la Chine.
En passant, les chinois, comme les autres peuples de l’Asie ont une culture de la mémoire et du travail collaboratif, forcé ou non. Vous avez lu «L’empire immobile», «Quand la Chine s’éveillera» et «La Chine s’est éveillée» d’Alain Peyrefitte ? Non ? Vous devriez pour les vacances…