Sur le blogue B-R-Ent, a lieu présentement une conversation intéressante mettant en scène deux de ses plus prolifiques rédacteurs, soir Vincent Berthelot et Xavier Aucompte. Vincent demande à Xavier plus de chiffres pour appuyer ses propos sur la prétendue avance du Québec sur la France dans le Web 2.0. Faut dire que Xavier est ici à Montréal depuis un peu plus de deux semaines afin de planifier son installation permanente. Xavier ne pourra pas les lui fournir, pour la bonne raison qu’il n’y en a pas…
Je maintiens ma réserve initiale… Le Québec n’est pas en avance sur la France. On utilise plus Facebook à l’exemple de l’APP (voir ci-dessous) mais moins MySpace ou Ziki… En France, il y a Viadeo et les USA ont LinkedIn. Le Québec a quoi ??? La France a Netvibes et les USA It’sMyNews, le Québec a quoi ??? La France a DailyMotion et les USA YouTube, le Québec a quoi ? TonTuyau ??? Et ainsi de suite…
Xavier parle de l’ami Philippe Martin qui travaille à intégrer des blogues en éducation. L’ami Mario Asselin fait de même. Je suis certain qu’en cherchant un peu, on peut trouver des initiatives semblables en France. En France, dans le Vercors, il y a à tous les ans, la conférence d’Autrans. Rien de semblable ici au Québec. À Montréal, à la fin 2006, nous avons rassemblé de peine et de misère, une soixantaine de personnes pour parler de Web 2.0 alors qu’en France la conférence LeWeb3 accueillait plus de 1 000 personnes !
À notre dernière édition de webcom-Montréal, en novembre, nous avons accueilli 250 participants. Un mois plus tard à Paris, nous étions 2 000 à LeWeb3. Toujours en décembre dernier, a eu lieu la première conférence française sur l’Entreprise 2.0. Les américains ont la leur à Boston depuis l’an dernier. Le Québec organisera une piste Entreprise 2.0 au sein de la conférence webcom au printemps. Trois études de cas seront présentées à cette conférence. Toutes trois européennes, dont deux françaises. En avance au Québec ???
Le Québec n’a pas d’études de cas d’entreprises 2.0. Pourtant la France en a : Dassault, Renault, la RATP, l’Oréal, etc. Pas convaincus ? Lisez ce qu’en dit Michel Germain, professeur au CELSA et directeur associé d’Arctus : . Ici au Québec, il faudra attendre 2009 pour pouvoir présenter un cas solide. L’intégration de wikis ne fait que commencer. Les premiers ont été expérimentés en 2006 !!! Les premiers sites sont apparus en 2008 grâce à des pionniers comme Sébastien Paquet ou Marc Laporte. En voici un exemple :
Cet exemple n’est pas un cas d’intégration en entreprise. En 2007, Loto-Québec a tenté l’expérience mais a dû arrêter, faute de budget et de volonté manégériale. En 2008, la SAQ se lance dans l’aventure mais les résultats ne seront probants qu’en 2009 et porteront sur des wikis générés par Microsoft… Ce qui m’amène à un autre point de divergence avec Xavier.
La présentation sur le logiciel libre à la télé, à laquelle il réfère, s’est faite à un canal de télé communautaire et pas à une grande chaîne, ce qui est révélateur : En Amérique du Nord, la culture technologique dans les grandes entreprises est PROPRIÉTAIRE. Ce qui domine le marché, c’est IBM et Microsoft ainsi que BEA et SAP. Ces grandes sociétés offrent depuis peu des solutions 2.0 mais toujours propriétaires, à base de licences d’utiilisation. Où sont les BlueKiwi ou Headshift ici au Québec ? Le LL c’est pour la PME/PMI, pour les associations et encore !!! Les ordres professionnels au Québec utilisent des logiciels propriétaires et des CMS 1.0 du style SiteCore !!!
Dans sa réflexion, Xavier cite son premier mardi à Montréal. Nous avons tous deux assisté à un événement regroupant des professionnels des relations publiques. Il l’avoue lui-même. Il a vu le fossé immense qui sépare les «initiés du Web 2.0» tels que Mitch Joel et l’industrie elle-même, alors représentée par Mylène Forget. Les RP au Québec ne sont pas 2.0 ni même 1.5. Même chose en marketing et en communications. Les grandes entreprises ont toujours des sites Internet et intranet 1.0, conçus à la fin des années 90 ou au début 2000. Des sites où toute conversation, tout dialogue entreprise vs employés est absente et au mieux présente mais strictement contrôlée.
Autre point de divergence avec Xavier. Le seul domaine où le Québec est peut-être en avance, c’est dans le domaine des moteurs de recherche avec NStein, Delphes, Coveo et Nomino et la recherche en langage naturel…
Bref, je persiste et signe : Le Québec accuse un retard dans le Web 2.0 et surtout dans l’entreprise 2.0. Le retard sera comblé sans doute mais la route est longue et semée d’imprévus tels que l’actuel ralentissement économique. S’il se poursuit, les entreprises vont-elles investir massivement dans les nouvelles technologies 2.0 ? Elles étaient encore frileuses récemment, ce qu’avait noté le copain Pascal Veilleux.