La semaine dernière, presque sous le radar, le Cefrio publiait un document majeur pour les entreprises québécoises. On a dévoilé un portrait des usages et meilleures pratiques intranet au Québec, un portrait qui combine les résultats d’une enquête menée auprès de 1 000 entreprises québécoises de plus de 20 employés et 10 études de cas réalisées auprès d’organisations issues de différents secteurs, dont un de mes clients. C’est ainsi que je suis retrouvé mêlé aux travaux sur le sujet.
Je ne pensais pas revenir en 2014 sur la définition de ce qu’est l’entreprise 2.0. D’une part parce que nous pensions avoir bien défini la bête fin 2007 mais aussi parce que le concept a évolué. On ne parle plus d’entreprise 2.0 en 2014. Certains la qualifient maintenant d’entreprise sociale (dont IBM), d’autres comme moi, d’entreprise collaborative et innovante (voir mon billet d’hier). Mais bon, le livre blanc d’une quinzaine de pages publié conjointement par w.illi.am/ et les Éditions Infopresse mérite que je fasse cette mise au point.
Intranet vs RSE: confusion des genres et/ou implantation prudente ?
26 septembre 2013Dans plusieurs billets, recensés à la fin de celui-ci, je me suis déjà élevé contre l’amalgame que font de plus en plus d’analystes, de spécialistes, de vendeurs de solutions et d’entreprises entre les fameux RSE (réseaux sociaux d’entreprise) et l’intranet su sein d’une entreprise. À les écouter, les intranets seraient de vieilles choses un peu dépassées, issues des technologies du 1.0 et surtout mises à la disposition des départements de communication, seulement pour plus et mieux communiquer et plus vite. Ces «vieilles choses» seraient bonnes pour la poubelle de l’histoire faisant ainsi place aux RSE et autres solutions et plates-formes dites sociales. Je crois qu’une grosse mise en perspective s’impose.
Observatoire de l’intranet 2010: les intranets deviennent des écosystèmes et sont l’objet de toutes les convoitises…
24 août 2010Dans ce second billet, je termine la présentation des résultats de l’Observatoire 2010 de l’intranet. Il s’agit du fruit du travail de Michel Germain, d’Isabelle Reyre et de Marc Lippa. Michel est professeur au CELSA mais aussi l’auteur du livre intitulé «Management des nouvelles technologies et e-Transformation» et a été longtemps président de ClubNet en France, une association qui regroupe les professionnels de la pratique intranet dans les entreprises. Ainsi, depuis 1999, l’Observatoire analyse chaque année la progression de l’intranet dans différents environnements professionnels (entreprises privées et publiques, collectivités locales, administrations, institutions et ministères).
Dans le précédent, j’ai rendu compte des cinq grandes tendances dégagées des résultats de 2010 et terminé en traitant de la maladie du frein qui grippe bien des entreprises dans leurs stratégies Web et en particulier intranet. J’en avais déjà traité dans ce récent billet sur le gouvernance et pointé les représentants Ti traditionnels. Mais il n’y a pas que l’informatique qui peut poser problème. .. En conclusion des tendance de l’observatoire, les auteurs de l’étude identifient les facteurs de succès de l’intranet mais aussi les principaux freins et comme vous pouvez le constater, il y en a autant dans les deux colonnes.
Soyons donc positifs et regardons les facteurs de succès. Je souscris entièrement à tous les facteurs mais remarquez que trois des principaux touchent encore une fois la gouvernance et qu’un autre est PRIMORDIAL. Il s’agit de la conduite du changement, ce qui implique, entre autres, une bonne communication autour des projets mais aussi l’implication de ceux que j’appelle affectueusement les «porteurs de ballon», soit la Haute Direction, le trinôme DIRCOM-DSI-DRH ainsi que les gestionnaires de communautés et leurs super-utilisateurs.
Un intranet d’entreprise n’est pas qu’un simple projet qui a un début et une fin mais plutôt la concrétisation d’ un travail en continu, toujours en évolution, ce qui implique des changements constants, des ajouts, des retraits, des réorientations en fonction des besoins des utilisateurs ou des objectifs stratégiques de l’entreprise. L’intranet doit avoir son plan de développement sur trois ans mais annuellement révisé et aussi harmonisé à ceux du reste de la stratégie Web globale de l’entreprise soit l’Internet et l’extranet.
En ce sens, je souscris également avec le tableau ci-dessus publié dans la section Prospective de l’étude et qui présente l’évolution des intranets en deux grandes étapes, des «fondations» aux «finitions», soit une sérieuse mise à jour du célèbre graphique de Gartner qui, en 1999, présentait cette évolution en quatre étapes avec en finalité, la convergence des trois «Nets», sujet d’un de mes ouvrages collectifs précédents.
Dans le graphique de Gartner, j’avais tenté de situer le point de passage vers l’intranet 2.0, entre les phases 2 et 3. Le nouveau tableau de l’Observatoire est beaucoup plus précis et on voit clairement la distinction fonctionnelle entre un intranet 1.0 et son successeur 2.0. Finalement, et toujours en prospective, l’Observatoire tente de définir l’intranet en tant que système d’entreprise. Je parlerais plus d’écosystème et d’entreprise 2.0. Je vous présente aussi deux autres graphiques. Celui de Fred Cavazza sur l’entreprise 2.0 auquel j’avais participé:
Et celui de l’Observatoire:
Le premier est plus technique mais essayez sérieusement de prétendre qu’il ne s’agit pas là d’écosystèmes. Et surtout j’ai encadré la portion de l’écosystème qui me semble actuellement le plus porteur. Déjà, dans le billet précédent j’avais souligné l’importance de la personnalisation et des contenus profilés en prévision de la future gestion et récupération des données dans un environnement virtualisé dans le nuage du Cloud computing. Remarquez que la mobilité fait partie cet environnement.
Vous avez aussi remarqué la bulle au centre ? On a écrit évaluation… Bien des gens ont tendance à oublier que dans toute stratégie Web qui se respecte et dans tout écosystème intranet viable, il faut compter avec une phase incontournable soit celle de l’évaluation des actions, implémentations, objectifs ou outils. À ce titre, les résultats de l’Observatoire sont parlants:
Les auteurs notent, et cela saute aux yeux, que les entreprises privilégient encore les analyses quantitatives plutôt que qualitatives. Faut dire que l’analyse de logs ou de données de sondage est moins coûteuse que des groupes témoins avec les publics-cibles.
En terminant, je ne peux m’empêcher d’analyser le graphique dévolu à l’antériorité du premier intranet dans les entreprises. Comme vous le verrez ci-dessous, les chiffres sont très révélateurs.
Ainsi, ce graphique démontre que la grande vague d’adoption des intranets par les entreprises a eu lieu entre 2000 et 2007 et ce, pour 65% des entreprises ou organisations. Si on rajoute les «early adopters» dont les intranets sont antérieurs à l’année 2000, le pourcentage passe à 88%. Le Web 2.0 est un phénomène nouveau dans les entreprises. Les early adopters comme Dreadner Kleinwort Wasserstein, ont commencé à intégrer les wikis en 2006 mais le phénomène a vraiment commencé à prendre racine qu’en 2008.
Ainsi seulement 12% des entreprises ont eu la possibilité d’intégrer directement le 2.0 dans leur nouvel intranet. Ce qui signifie que presque 90% d’entre elles ont mis en place un intranet 1.0 avec des outils de portail comme SharePoint (voir dans le billet précédent), des CMS de première génération et des engins de recherche et d’analyse lourds et peu performants. 32% ont intégré du logiciel libre en cours de route mais cette proportion se retrouve en grande partie en Europe et non en Amérique du Nord où 80% des entreprises qui ont un outil de portail avouent avoir choisi SharePoint.
Autre donnée intéressante: 65% des intranets, soit tous ceux conçus entre 2000 et 2007 en sont potentiellement à la phase 1 ou 2 du graphique de Gartner ou à la phase 1 du tableau de l’Observatoire car ni «early adopter» ou «late adopter». Tous ces intranets, qu’ils soient uniques ou en réseau et fédérés par un portail, sont présentement la cible de toutes les convoitises de la part des IBM et Microsoft de ce monde mais aussi par le nombre croissant de consultants et pseudo spécialistes du Web 2.0. Eu pour cause…On a évalué le marché nord-américain de l’entreprise 2.0 à 4,3 milliards $ d’ici trois ans…
Google Wave: un écosystème qui risque de faire des ravages…
17 octobre 2009Sur mon profil Facebook j’ai inscrit samedi matin : Vient de s’administrer la piqûre Google Wave 😉 Et je dois avouer qu’il s’agit d’une piqûre sérieuse car on devient rapidement accro au nouvel environnement collaboratif conçu à Mountain View. Ce dernier est en phase beta mais déjà, il offre des possibilités immenses pour quelqu’un comme moi qui a presque tous les services Web de Google dans mon compte.
Sauf pour ce blogue qui est généré par WordPress… Je ne peux donc pas publier de billets à partir de Wave et l’inverse comme c’est le cas pour ceux conçus avec Blogger (voir dans la démo ci-dessous).
Wave est un environnement assez austère au premier abord et pas facile à comprendre pour le commun des mortels. La série de petits vidéos tutoriels qui nous accueillent dans l’interface est donc essentielle pour tout débutant. Mais une fois qu’on a compris le principe de la vague, le plaisir commence.
Le plaisir de partager fichiers, images, conversations, cartes interactives, sondages en temps réel, wikis, blogues. micro-blogues, etc. Comme je l’ai déjà écrit, les possibilités sont immenses et là, je pense entreprise. En fait, Wave est un écosystème Web et ça, c’est de bien mauvaises nouvelles pour Microsoft car Wave risque de faire des ravages dans les rangs SharePointistes…
Regardez bien la capture d’écran suivante:
Chaque wave ou vague (colonne de droite) est une conversation, ou un projet wiki que vous initiez ou auquel vous participez. Toutes ces conversations/projets se retrouvent dans la colonne du centre alors que tous vos contacts et votre navigation se retrouve à gauche. En haut, dans les petites cases bleues, se retrouvent toutes les fenêtres et vagues ouvertes et actives.
Travailler dans les vagues
Ce qu’il faut comprendre pour bien travailler dans une vague, c’est qu’il faut réduire toutes les autres cases et n’avoir à l’écran que la vague sur laquelle on veut travailler. Alors, quand vous voulez ajouter votre contribution apparait alors cette interface d’édition tout-à-fait géniale quoique pas encore complète à mon avis:
En haut se retrouvent tous les participants au projet/conversation et j’expliquerai plus loin la présence des têtes non-identifiées. J’ai encerclé en rouge les fonctions d’insertion d’hyperlien, d’ajout de fichiers ( Word, Excel, PowerPoint, photos, vidéos, etc), recherche Google bien entendu, d’ajout de gadgets ou robots, d’insertion de sondages et de cartes interactives (Google Maps bien sûr…).
De toutes ces fonctions, la plus intéressante est l’ajout de gadgets/robots(petite pièce de puzzle verte). C’est l’équivalent des applications iPhone ou Facebook. La porte est ainsi grande ouverte à la multiplication de ces derniers. Présentement, ils se déclinent ainsi:
- Robots
- Chatbots
- Conversion
- Games
- Groups
- Integration
- Language
- Polling
- Search / Aggregation
- Utilities
- Wave Management
- Gadgets
- Utilities
- Games
- Hooks
Cette liste est tirée d’un des sites dédiés à ces nouvelles applications:
Il y a aussi http://withwaves.com/ et je parie que le nombre de ces sites va augmenter rapidement au cours des prochains mois. Donc, des gadgets et robots qu’on amène dans notre vague comme on invite nos amis. Ce sont les têtes anonymes dont je parlais tout à l’heure.
Ils servent à intégrer dans la vague une recherche automatique quand vous posez une question incluant les mots what, when, where, who ou encore à insérer automatiquement des cartes géographique mais aussi pour traduire en temps réel les conversations, comme démontré dans la vidéo-démo.
Ou encore, comme le mentionne l’ami Éric Baillargeon dans une de nos conversations en wave de samedi matin :«La plus belle appli, malheureusement US only for the moment est twiliobot qui permet de convertir un numéro de tél. en appel IP comme 418………… et qu’ensuite la conversation entre les 2 utilisateurs de la Wave puisse accéder au fichier sonore de la conversation téléphonique en plus d’avoir la transcription texte de cette même conversation ajoutée à la Wave si désiré». À quand l’intégration de Skype?
Finalement, je me suis défoncé de plaisir avec l’intégration dans une vague de mon fil Twitter avec TwitterGadget comme le démontre la capture suivante:
Reste à voir ce que Wave pourra offrir en termes de Mémoire d’entreprise™. Je pense ici à l’archivage des vagues et des documents qu’elles contiendront mais aussi la recherche de toutes ces données accumulées. Je vous reviendrai avec une autre analyse au cours de la prochaine semaine mais ce qui me frappe tout à coup c’est que dans mon billet précédent, je parlais de l’avenir des agrégateurs Web. Je crois qu’avec Wave, je viens finalement de trouver mon agrégateur de prédilection.
Mais Wave est plus qu’un agrégateur. Il se veut être un véritable écosystème d’entreprise, un univers de collaboration et de conversation et il n’est qu’à ses premiers pas. Imaginez seulement ce qu’il peut devenir dans un an ou deux…