Entreprise 2.0 Gestion des organisations

Pour en finir en 2014 avec l’entreprise 2.0 !

5 mars 2014

Je ne pensais pas revenir en 2014 sur la définition de ce qu’est l’entreprise 2.0. D’une part parce que nous pensions avoir bien défini la bête fin 2007 mais aussi parce que le concept a évolué. On ne parle plus d’entreprise 2.0 en 2014. Certains la qualifient maintenant d’entreprise sociale (dont IBM), d’autres comme moi, d’entreprise collaborative et innovante (voir mon billet d’hier). Mais bon, le livre blanc d’une quinzaine de pages publié conjointement par w.illi.am/ et les Éditions Infopresse mérite que je fasse cette mise au point.

D’une part, voici leur définition que l’on retrouve à la page 5 de leur document: «L’entreprise 2.0 telle que qualifiée par la firme spécialisée w.illi.am/ est une expression désignant la nécessité de collaboration au sein de l’entreprise qui l’oblige aujourd’hui à revoir entièrement ses structures de fonctionnement par le Web 2.0». Définition vague, facile et qui tourne les coins ronds, surtout que le reste du livre s’attache plus à la eTransformation en fonction de l’externe plutôt que de l’interne… En fait foi leur graphique, page 8, représentant leur vision d’un écosystème numérique d’entreprise.

ecosystem

D’autre part, je vous propose le débat d’alors (décembre 2007)  à Paris entre Xavier Aucompte et Bertrand Duperrin sur le concept d’Entreprise 2.0 et de ce qu’on en dirait dans quelques années dans Wikipédia. Voici ce qu’ils en disaient respectivement.

Tout d’abord Xavier :

«Je vous propose de ne pas faire des propositions de définition longues ce qui ne vous empêche pas d’argumenter beaucoup à côté. Pour lancer le sujet, je vous propose :

Entreprise 2.0 : Regroupement humain à but lucratif lié par la confiance avec l’objectif de produire industriellement des produits de qualité mais aussi de proposer toujours plus de nouveaux produits et services nouveaux. L’organisation de cette entreprise est identique à l’entreprise 1.0 avec seulement l’intégration des métiers liées à l’utilisation des nouvelles technologies. Les modes de fonctionnement sont par principe collaboratifs, participatifs et transparents. Le parcours professionnel et la réussite d’un salarié dans cette structure sont en relation avec son investissement et sa capacité à créer de la plus value même si celle-ci n’est pas directement liée à son emploi. Les outils du Web 2.0 sont utilisés comme les blogues, les réseaux sociaux, la télé d’entreprise, les environnements virtuels, … mais l’entreprise 2.0 n’existe pas par la simple utilisation de ces outils. L’entreprise 2.0, c’est un chef d’entreprise qui dit à ses salariés : « L’entreprise, c’est vous! »

Et ce qu’a rétorqué Bertrand sur son blogue :

«Ce qu’on en dira dans quelques années.

Entreprise 2.0 : Concept qui a connu son heure de gloire vers 2006/2007 et qui concernait l’adoption des outils du Web 2.0 en entreprise. Il permit le rassemblement sous une même bannière d’individus intéressés par le management, la sociologie des organisations, intranet, la collaboration, la participation, le knowledge management […] qui au lieu de travailler chacun dans leur spécialité ont pu développer des synergies et unir leurs réflexions dans une seule et même direction.

Ce «buzzword» eut l’intérêt, également, de faire comprendre aux entreprises que “quelque chose se passait” et accéléra leur sensibilisation à de nouveaux enjeux. De manière concrète il trouva son application en entreprise lorsque ces dernières, dépassant ce “stand alone concept” surent l’intégrer dans leur quotidien et créer des synergies entre ces nouvelles approches et ses éléments structurants, appelés un temps l’entreprise 1.0.»

Cette conversation par blogues interposés faisait suite aux nombreuses tentatives de définir cette nouvelle réalité d’alors… Déjà, Fred Cavazza avait tenté d’en faire une synthèse ICI et sur ce fameux graphique où il intégrait certaines de mes notions:

Entreprise 2.0

Chez nos voisins du Sud, j’ajoute celle développée pour la conférence Enterprise 2.0 de Boston en avril 2007. En passant, cette conférence, la plus courue de la fin des années 2000, n’existe plus. Cliquez sur le lien et vous verrez. Mais alors leur définition était :

«Enterprise 2.0 is the term for the technologies and business practices that liberate the workforce from the constraints of legacy communication and productivity tools like email. It provides business managers with access to the right information at the right time through a web of inter-connected applications, services and devices. Enterprise 2.0 makes accessible the collective intelligence of many, translating to a huge competitive advantage in the form of increased innovation, productivity and agility».

Mais aussi celle d’Andrew McAfee, ce dernier tentant de raffiner sa première définition et que Fred avait retenue :

«Enterprise 2.0 is the use of emergent social software platforms within companies, or between companies and their partners or customers. Social software enables people to rendezvous, connect or collaborate through computer-mediated communication and to form online communities. (Wikipedia’s definition). Platforms are digital environments in which contributions and interactions are globally visible and persistent over time.Emergent means that the software is freeform, and that it contains mechanisms to let the patterns and structure inherent in people’s interactions become visible over time».

Vous pouvez retrouver cette définition et bien des précisions de la part du «père» de l’entreprise 2.0 dans son livre publié en 2009 et disponible ICI et surtout dans le chapitre intitulé :«Web 2.0 and the Emergence of Emergence». J’adore ce titre…

Je rajoute ce que disait JP Rangaswani, à la conférence LeWeb3 en décembre 2007 ! Ce dernier affirmait qu’elle n’existe pas mais que sa eTransformation comme l’appelle Michel Germain dans son bouquin daté de 2006, est basée sur quatre «T» : Team, Trust, Time et Technology.

JPleweb3

Et au final, ma pierre que j’ajoutais aussi en 2007  à la définition de l’entreprise nouvelle, 2.0 ou pas :

L’Entreprise 2.0 est un concept abstrait et oui, un peu un «buzzword» qui tente de cerner une nouvelle réalité sociale et économique. L’entreprise nord-américaine, européenne, asiatique, australienne, africaine ou sud-américaine vivra d’ici 5, 10, 15 ou 20 ans, une profonde transformation basée sur l’arrivée en leur sein de nouvelles générations d’employés. Les très médiatisés Y mais aussi les «NetGen», tous «natifs du numérique» . Ces derniers réinventent actuellement les outils de communication, de collaboration, de mise en relation, de formation. Des outils qui forment actuellement le Web 2.0 mais qui laisseront rapidement la place à ceux d’un nouvel Internet/intranet toujours en temps réel, mobile et hyper-connecté amenant des concepts tels que : BYOD ou COPE, Lifelogs, réalité augmentée, univers virtuels, gamification (ludification), objets connectés, intelligence artificielle, etc et ces outils et leurs usages feront partie de leur quotidien au travail en entreprise.

L’entreprise 2.0 ou 3.0 ne sera pas que ces outils et ces outils ne la définiront pas. Ce sont les personnes, leur leadership, leurs interactions sociales, leur propension à la collaboration plutôt qu’au travail vertical et hiérarchique, leurs usages d’une technologie plus près des sens que de l’intellect qui permettront pour la première fois depuis le début de l’ère industrielle de créer une entreprise qui se souvient, qui a une mémoire vivante et dynamique.

Ce qui la définira, également, c’est l’éclatement de la hiérarchie traditionnelle, Jon Husband parle depuis des années de «Wirerarchy». Xavier avait conclu: «L’entreprise 2.0, c’est un chef d’entreprise qui dit à ses salariés : L’entreprise, c’est vous! ».  J’avais alors reformulé et je le soutiens toujours : L’entreprise 2.0 c’est une direction collégiale qui s’entend avec l’ensemble de son personnel pour dire : «L’entreprise c’est nous ! »

 

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3 Commentaires

  • Répondre Fred Cavazza 5 mars 2014 - 12 h 55 min

    Merci Caude pur la citation, mais là tu as vraiment ressorti un TRÈS vieil article. Je recommande la lecture de celui-ci où je propose une nouvelle cartographie :

    http://www.entreprise20.fr/2012/03/13/lentreprise-2-0-cinq-ans-apres/

    /Fred

  • Répondre Claude Malaison 5 mars 2014 - 14 h 21 min

    Justement Fred, c’était l’idée de faire un peu la génèse du concept. Merci pour le nouveau lien et ce que j’en retiens et qui est fort à propos, c’est:
    «l’Entreprise 2.0 n’est pas un outil, ni une doctrine, c’est une philosophie. Il appartient à chaque organisation de l’adapter à ses contraintes et à chaque collaborateur de l’interpréter en fonction de ses besoins».
    Claude

  • Répondre Virginie Beulay 13 mars 2014 - 21 h 14 min

    Un billet très inspirant et qui remet les idées en place en ce qui me concerne.

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