La vie a de ces coincidences… Je travaillais à la documentation de mon prochain billet qui, vous allez le constater, porte sur la vie et la mort des médias sociaux. Cette idée m’est venue après le passage d’Adèle McAlear dans mon cours à l’UdM où elle est venue parler de mort numérique. De ce que nous et les entreprises devrions faire en cas de décès. Nos sites continuent ou sont déconnectés et qu’en est-il de leurs contenus ? Qui s’occupera de quoi ?
L’entreprise perd la mémoire… Le remède: les carnets de vie ?
15 mars 2013NDRL: Toujours en vue de la publication prochaine de mon nouveau livre sur la mémoire d’entreprise™ , je fusionne et actualise ci-dessous deux billets commis il y a quelques années déjà et qui sont référencés ci-dessous dans les billets relatifs. Mais vous verrez, le tout est criant d’actualité et annonce de grands bouleversements dans notre façon de consommer le Web, aussi bien dans notre vie de tous les jours que dans notre travail en entreprise.
En conclusion de mon dernier billet, j’ai mis la table pour traiter des LifeLogs, de conservation de cette mémoire, donc comment bien documenter les savoirs corporatifs. C’est bien beau de parler aux hauts dirigeants de leur devoir de mémoire, de leur responsabilité de legs corporatif mais pour ce faire, il faut une stratégie.
J’ai déjà documenté, l’an dernier, les prétentions de Phil Libin et d’Evernote de vouloir créer avec leur plate-forme, une vraie mémoire numérique. Dans l’entrevue qu’il m’avait accordée, il avait avoué qu’un de ses buts était la création de mémoires. Individuelles et collectives. Il a toujours dit qu’Evernote avait été créé pour suppléer à sa mémoire défaillante.
Nous en sommes à la fin de l’année 2011. C’est le temps des bilans un peu partout, à la télé, dans les journaux et aussi sur les médias sociaux dont les blogues. Je n’y couperai pas… Je termine donc l’année et le cycle de la conférence LeWeb11 avec ce billet,. Et quoi de mieux pour terminer que de faire un bilan tout en coups de coeur ; faut être positif dans la vie quoi !
Et comme pour l’an dernier, Le premier va aux organisateurs Loïc et Géraldine LeMeur pour avoir réussi presque l’impossible. En effet, sauf pour la chute de neige qui nous avait empoisonné l’existence la première journée (ci-dessous), il était difficile de faire mieux que l’édition de 2010.
Photo par Diane Bourque
Mais ils ont réussi leur pari et je retiens deux grandes améliorations. La première c’est la retransmission. Loïc a mis les grands moyens dans la rediffusion en direct de l’ensemble des conférences donc trois chaînes UStream et tous les vidéos enregistrés et rendus disponibles sur la chaîne YouTube et ce, en plus d’un studio pour les entrevues (ci-dessous). Et ce, sans oublier ni la radio ni le Web avec 80 blogueurs et podcasteurs accrédités.
La seconde grande amélioration, et ce n’est pas peu dire, c’est la programmation. L’an dernier, LeWeb durait deux jours et se bornait aux keynotes dans le pavillon Haussmann, la compétition des startups dans la pavillon Eiffel et des ateliers si bien cachés que je n’avais pas trouvé. Cette année, LeWeb a duré trois jours, les ateliers aussi et plus visibles mais surtout, je me dois de noter l’arrivée de la piste Social Enterprise au pavillon Eiffel le troisième jour et l’inclusion sur la scène principale d’au moins un keynote de cette mouvance soit l’ami Jeremiah Owyang et aussi le panel où a encore brillé JP Rangaswami.
Mais c’est plus que cette nouvelle piste d’une demi-journée qui a fait mon bonheur. En fait c’est la qualité globale de presque tous les conférenciers. En fait et comme c’était ma sixième conférence LeWeb consécutive. Je peux donc affirmer mon ancienneté,(Voir mon T-Shirt de 2006 ci-dessous):
Photo par Caroline Bindner
mais aussi être en mesure d’affirmer que cette édition a été la meilleure en termes de contenus, de jus de cerveau, comme j’ai déjà écrit. Certains français pourront toujours râler sur le prix, sur l’anglais, sur la bouffe, (qui était aussi bonne que l’an dernier) mais en fait seul le Wifi aura eu des hauts et des bas mais avec plus de 3 000 personnes sur place utilisant ordinateur, tablettes et téléphones intelligents, comment peut-il en être autrement ?
Pour être membre de l’organisation de webcom-Montréal, je sais tout ce qu’implique la tenue d’un tel événement. Cette année, Loïc a atteint un sommet qu’il sera difficile de reproduire. L’endroit est à sa limite. Difficile de recevoir plus de personnes. Faudra donc penser, soit à limiter le nombre de personnes admises ou alors à songer à déménager. Mais où à Paris ? À part le Palais des Congrès de la Porte Maillot, existe-t-il à Paris un endroit qui puisse recevoir ce type d’événement avec les infrastructures que cela comporte ? Et encore… Le Palais des Congrès ne ferait pas l’affaire. Alors où ? Ou encore faire plus petit mais en faire plusieurs, genre LeWeb Paris, LeWeb Londres, LeWeb Montréal, etc ?
Sur la photo on reconnait, outre Loïc, Michelle Blanc, Valeria Landivar et à l’arrière avec sa caméra, Christian Aubry.
Lors de notre rencontre pré-LeWeb (ci-dessus), Loïc m’a fait part de ses préoccupations et confirmé qu’il avait été approché par les autorités anglaises qui aimeraient bien l’attirer à Londres l’an prochain dans le cadre de la tenue des Jeux Olympiques. De là aussi l’invitation venue directement de l’Élysée pour ls soirée des conférenceirs… Bon ensuite!
Le second va à Cedric Giorgi et Michelle Chmielewski, les grand architectes de la piste Social Enterprise mais surtout à celui qui aura été son plus grand animateur soit Ramon de Leon, ci-devant propriétaire de six pizzerias à Chicago. Un phénomène en soi et ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme: #RamonWOW. Je n’écris que ces quelques lignes car ce serait un outrage d’essayer de vous rendre par écrit sa performance. Vaut beaucoup mieux que vous l’écoutiez vous-mêmes. Savourez chacune des 15 minutes et 48 secondes que dure sa prestation. Un phénomène 2.0 je vous le dis !
Le troisième va encore cette année à la Torontoise que j’avais ratée l’an dernier mais que j’ai rencontrée cette année, soit Ariel Garten, la CEO d‘Interaxon, une compagnie qui se spécialise dans le Thought Controlled Computing. Vous dire combien j’apprécie cette dame, son sens de la mise en scène et de la promotion d’un domaine somme toutes assez ésotérique qu’est le »Thought Controlled Computing».
Elle a encore fait un tabac, cette fois en faisant la démonstration des possibilités de cette nouvelle branche de l’informatique avec des cobayes. L’an dernier, elle avait fait une petite démo avec elle-même. Cette fois-ci, elle a choisi le magicien Marco Tempest et… Géraldine LeMeur. Encore une fois, une brillante démonstration.
Ariel Garten à LeWeb11 (photos par Caroline Bindner)
Dans le montage photo ci-dessus, vous constaterez qu’Ariel et moi sommes en grande conversation. Il y a une raison à cela. C’est qu’elle sera à Montréal le 15 mai prochain dans le cadre de la Boule de cristal. Ne manquez surtout pas cette occasion de voir ce que le futur nous réserve ! En passant, saviez-vous que sa compagnie a été présente à Vancouver pour les Olympiques et que plus de 17 000 personnes ont contribué mentalement à l’illumination des chutes du Niagara, du parlement de l’Ontario et de la Tour du CN. Non plus, qu’une des applications du TCC est la détection des crises d’épilepsie et ce, en collaboration avec l’hôpital Western de Toronto.
Le quatrième va à l’entrevue de Loïc avec Eric Schmidt, l’ex grand boss de Google, venu à Paris, entre autres pour inaugurer le nouveau siège social de Google en plein centre de Paris mais aussi pour LeWeb et «by the way» rencontrer Nicolas Sarkozy à l’Élysée. Tout le monde s’attendait à ce que Google, par la voix d’Éric Schmidt, annonce quelque chose de gros à LeWeb. Pour cela, bien des gens auront été déçus, en particulier pour la première partie qui a porté sur une démo du nouveau Galaxy de Samsung avec Ice Cream Sadnwich. Rien de nouveau car l’annonce a déjà été faite sur le Web il y a plusieurs semaines. C’est plutôt dans la seconde partie, en entrevue avec Loïc et en réponse aux questions de la salle que c’est devenu captivant.
Pour ma part, il m’a accroché et sauvé ma journée quand il s’est mis à expliquer la nouvelle stratégie de Google qui vise à abandonner une panoplie de produits jugés non-générateurs de croissance. En fait, Google va se concentrer sur des «Products Areas» stratégiques et en croissance comme entre autres le Web comme une utilité publique avec des services intégrés à consommer. De là, l’abandon de certains produits non-intégrés à l’offre de Google.
Un Google car robotisé
Celle-ci ira de la recherche en passant par les réseaux sociaux à la Google.TV et peut-être, qui sait au Google-Car et c’est là à mon avis la grande annonce qui est presque passée inaperçue, car Schmidt a parlé de ces voitures qui n’auront plus besoin de conducteurs. Déjà, avec Maps et Earth, elles peuvent s’orienter elles-mêmes. En fait j’ai aussi noté que Schmidt a réutilisé le concept développé par Nick Carr dans son livre «Rewiring the World, from Edison to Google», concept qui veut que les prochaines utilités publiques soient les grands de la technologie comme Google, et justement Schmidt a parlé du «Web as a service», cela on connait mais aussi «as an utility»!
Cette grand recentrage de la firme de Mountain View ne se fera pas au détriment ce l’innovation, cela il l’a clairement affirmé. En terminant, je dois avouer que je me mords les lèvres de ne pas avoir posé une question qui allait de soi avec ce grand recentrage :«M. Schmidt, que ferez-vous de Google Enterprise, de l’intégration du App Store offert actuellement et de son intégration avec l’offre de d’infonuagique (Cloud Computing) actuelle?».
Pour le cinquième et dernier, c’est plus difficile de faire un choix mais je dois avouer un faible pour la glamour de Karl Lagerfeld. J’avais certains doutes quant à la pertinence de la présence de Karl Lagerfeld en présentation d’ouverture à la conférence LeWeb à Paris. Que vient faire un dinosaure de la mode dans une conférence où on traite de SoLoMo (Social, Local, Mobile) ? Comme bien des septiques, j’ai été confondu…
Laregfeld en compagnie de Loïc et Manuel Diaz
D’ailleurs voici mon seul Tweet fait à son sujet. Le reste du temps, j’ai été comme plusieurs, fasciné, captivé, étonné mais aussi amusé.
«Karl Lagerfeld has an iPad 4 iPhones and many iPods for the music of the moment. All in a Chanel box ! #LeWeb11 But the guy is paper freak!»
Et l’icône de la mode s’est ensuite amusée a démontrer l’utilité de chaque appareil même si ce dernier, comme je le mentionne avoir préférer le papier et surtout les livres. 500 000 dans sa bibliothèque !!! Qu’a-t-il sur son iPad?. Eh bien monsieur fait des dessins, des sketches… Il a en a montré plusieurs dont un très réussi sur Steve Jobs. Loïc, en entrevue lui a un peu forcé la main pour qu’il en fasse un live (voir photo ci-jointe). Pas très réussi mais boon, il l’a immédiatement détruit comme il en détruit des tonnes comme il l’avoue lui-même.
Sur scène avec les deux compères, il y avait le copain Manuel Diaz pour prendre les questions en provenance du Web et aussi Natalie Massenet, la créatrice de Net-à-Porter, compagnie rachetée récemment par Richemont. Cette dernière est venue annoncer que le site présentera en grande première mondiale, le 25 janvier 2012, une nouvelle collection appelée: Karl Collection, et décrite comme ayant un style “rock” et “street”. Cette collection de 100 pièces comprend des “jeans argentés”, des robes de cocktail noir, des mitaines, et des cols détachables. Karl sera présentée en exclusivité sur Net-a-Porter avec des prix allant de 60 à 300 Euros.
En passant l’entrevue avec Lagerfeld a été pour Loïc une des plus déconcertantes. Il a souvent été pris par surprise par les propos du Grand Designer. Jugez-en par vous-mêmes.
Conclusion
J’aurais pu en nommer d’autres comme la présentation en keynote de George Colony, Chairman et CEO chez Forrester Research, de B. Bonin Bough, de Pepsi.Co, de la présentation de Richard Binhammer, Directeur, «Social Media & Community Team», de l’intervention de Sandy Carter, Vice-Présidente, «Social Business Sales and Evangelism» chez IBM sur le panel de l’ami Richard Collin et aussi et surtout ma rencontre avec Phil Libin, le CEO d’Evernote. Je dois aussi parler de l’omniprésence de Radian6. Faut dire que ça aide d’être maintenant sous le parapluie de Salesforce… Mais ils étaient présents avec un kiosque, avec leur analyse du trafic médias sociaux de la conférence. Ci-dessous je reproduis celui où on fait le bilan de la conférence et classe les conférenciers par popularité. Différent de mes coups de coeur… (Cliquez sur l’image pour avoir l’original)
Aussi et surtout dans les études de cas de Dell avec son Social Media Listening Command Center et Pepsi.Co avec son Gatorade Mission Control. En effet, les centres de veille médias sociaux de ces deux entreprises sont équipés des outils de veille de Radian6 dont l’ex-président est un Canadien, Marcel LeBrun.
Et je tiens finalement à remercier tous ceux et celles qui m’ont facilité la tâche et rendue la vie un peu plus belle lors de ce séjour. À ce titre, je me dois de nommer d’une part Stéphanie Booth, (Faut revenir à la formule de la péniche en bord de Seine pour la rencontre des blogueurs) ainsi que mes compagnons et compagnes de séjour, entre autres Michelle Blanc, Philippe Martin, Valeria Landivar et mes complices tout au long des trois jours soit Benoit Descary et Caroline Bindner. Finalement une pensée toute spéciale à l’ami Michel Germain!
#LeWeb11: L’entreprise sociale passe-t-elle par le Pepsi et la pizza ?
21 décembre 2011Dans un de mes derniers billets sur la conférence LeWeb11 à Paris, j’ai mentionné que ma journée du vendredi avait été dédiée au «réseautage», ce qui a donné, entre autres, mon entrevue avec Phil Libin, le CEO d’Evernote. Mais j’avais pris une note… Celle de retourner devant mon écran pour regarder ce qui s’est passé dans la piste Social Enterprise animée par Cédric Giorgi et Michelle Chmielewski. J’ai su par le fameux réseautage que la conférence la plus retweetée et la plus appréciée a été celle d’un certain Ramon de Leon, propriétaire de six pizzerias Domino’s à Chicago. Bon on verra plus loin. Pour les lignes suivantes je tiens à souligner qu’à part #RamonWOW, j’ai eu quelques belles surprises en provenance de la programmation de cette piste.
Des surprises en provenance de grandes compagnies telles que Dell, Pepsi Co. et IBM. Pour Dell, ce qui m’a le plus frappé de la présentation de Richard Binhammer, Directeur, «Social Media & Community Team», c’est une de ses slides où il montre l’évolution de la stratégie sociale de Dell et que je reproduis ci-dessous:
Sans le mentionner lui-même, Binhammer indique avec ce graphique qu’il faut que les entreprises qui se donnent une stratégie Web 2.0 ou «sociale» soient patientes et ne pensent pas avoir tout cuit dans le bac la première année. Une bonne stratégie se construit avec du temps, des expériences, des erreurs, des itérations et une évolution constante en fonction de besoins des clients ou des employés. Et ce qui m’a beaucoup plu dans cette ligne de temps qui remonte à 2006, c’est que la stratégie de Dell s’est articulée au début comme maintenant autour des blogues. Dell a aussi été une des premières entreprises à utiliser les «idéagoras» et aussi une des rares entreprises à avoir mis sur pied un «Social Media Listening Command Center».
Ce que ça bouffe en hiver ? Comme vous le voyez, c’est un endroit fermé et vitré ou des employés font de la veille sur les médias sociaux avec une batterie de portables et écrans géants branchés en temps réel sur Facebook, Twitter, YouTube, LinkedIn, Google+, etc. Et finalement j’ai aussi retenu de sa présentation qu’il aura été le seul à aborder l’épineux problème de la gouvernance d’une stratégie médias sociaux d’entreprise.
Chez Dell des responsables de chaque département se rencontrent une fois par semaine pour adresser les problèmes tels que la rationalisation de leurs quelque 200 pages Facebook, pas toutes en vie et pas toutes aux bons gabarits corporatifs. Écrire ces lignes me fait penser aux problèmes similaires en gouvernance de l’intranet. Parlant de Facebook, il en a été question ad nauseam dans cette piste avec un panel, une conférence et une étide de cas, celle de Ferrero Rocher mais bon, quand on domine le «social» avec 850 millions de membres, faut bien faire parler un peu de soi. En passant, Facebook était aussi présent dans la grande salle en keynote et aussi en ateliers.
Les entreprises sociales et le ROI
Pour en revenir à nos moutons sociaux, j’ai aussi apprécié la «performance» de Sandy Carter, Vice-Présidente, «Social Business Sales and Evangelism» chez IBM. Elle est intervenue dans le panel intitulé «Social organizations is a paradigm shift» et animé par l’ami Richard Collin. De loin la plus pertinente des trois panélistes, Sandy a apporté des chiffres intéressants, en particulier sur le RSI (retour sur investissement ou ROI) des idéagoras. Elle a cité des chiffres de McKinsey selon lesquels le «crowdsourcing» raccourcit de 20% le temps d’introduction d’un produit sur le marché (Time-to-Market) et augmente de 20% ses possibilités de succès commercial !
On savait déjà que les idéagoras sont parmi les plates-formes les plus intéressantes en termes de RSI pur et dur pour les entreprises et ces chiffres le confirment. Mais aussi intéressant comme RSI: si une entreprise introduit une stratégie et des outils sociaux, elle réduit de 15% ses coûts de gestion et de rétention du personnel. Pourquoi ? Je le dis souvent en conférence et plusieurs conférenciers de cette piste en ont aussi parlé dont celui de Dell. Nous avons atteint un point dans le temps où les consommateurs qui sont aussi des empoyés ont dépassé leur entreprise en termes d’adoption des nouvelles technologies (Voir graphique ci-dessous). Donc, une entreprise qui fait figure de leader dans l’introduction de ces dernières a plus de chances de voir son personnel rester et même elle risque d’attirer des candidats plus que les autres.
Et finalement Mme Carter a parlé un peu des prochaines années en mentionnant que le futur des entreprises réside dans l’intégration au plus vite d’une stratégie sociale mais surtout et aussi mobile car (encore un chiffre) 68% des consommateurs utilisent dorénavant réseaux et médias sociaux par des plates-formes mobiles. Elle n’en reste pas là et va ensuite affirmer qu’une des tendances-clés pour les prochaines années en entreprise sera ce que les USAiens appellent la «gamification» et l’utilisation des jeux sérieux ou «Serious Games», surtout en formation mais aussi en expérience-client.
Finalement je retiens aussi la performance électrisante de B. Bonin Bough, «Global Head of Digital» chez PepsiCo. Ce dernier est passé par une longue démonstration du retard que prennent les entreprises sur la société qui sera bientôt 100% numérique (le plan numérique, ça vous dit quelque chose?) pour dire que ces dernières doivent en bonne forme numérique «Digital Fitness» et que c’est le cas dans son entreprise, ce qui est vrai.
Le retard que prennent les entreprises sur une société 100% numérique
Il donne l’exemple de leur Command Center comme chez Dell sauf que c’est pour la marque Gatorade mais surtout il a parlé de Pepsico10, une initiative tout-â-fait innovante. Il s’agit d’une plate-forme de crowdsourcing où Pepsi invite des startups à soumettre leur candidature dans quatre catégories: mobile, social media, place based, gaming & videos (Très SO-Lo-Mo comme concept et bien dans le thème à LeWeb). D’un choix de 20 on passe ensuite aux dix finalistes qui ont ensuite le droit de développer leur produit en partenariat avec Pepsi. Pour sa part, Pepsi s’assure de l’usage de ces nouvelles technologies innovantes des startups pour accroître ses marges bénéficiaires ou ses parts de marché.
En terminant cette odyssée «Social Enterprise» à LeWeb11, comment ne pas écrire quelques lignes sur LA star de cette piste, en l’occurence Ramon de Leon, ci-devant propriétaire de pizzerias à Chicago ? Un phénomène en soi et ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme: #RamonWOW. Je n’écris que ces quelques lignes car ce serait un outrage d’essayer de vous rendre par écrit sa performance. Vaut beaucoup mieux que vous l’écoutiez vous-mêmes. Savourez chacune des 15 minutes et 48 secondes que dure sa prestation. Un phénomène 2.0 je vous le dis !
#LeWeb11: Entrevue avec Phil Libin d’Evernote. Des carnets de vie personnels mais aussi pour les entreprises.
12 décembre 2011La journée de jeudi à la conférence LeWeb11 s’est terminée sur les chapeaux de roues alors que vendredi, j’ai pris du recul et n’ai pas publié de billets du tout comme vous avez ou le constater. Pour cela, il y a plusieurs raisons. De un, pour aller voir ailleurs et aussi pour faire du «réseautage». Ce qui fait que j’ai accumulé une montagne d’infos qui vont me permettre de vous écrire une série de billets dont un bilan global mais je veux débuter presque par la fin.
Vendredi, j’ai requis une entrevue avec Phil Libin, CEO d’Evernote. Pourquoi ? Parce que j’ai écrit mercredi que Facebook en était arrivé avec l’aide de Microsoft à créer une «timeline», le première vraie initiative de LifeLog. Je m’excuse ci-devant car j’avais complètement oublié le travail acharné des gens d’Evernote et en particulier de Phil Libin. Le rendez-vous a été conclu en dernière minute mais l’effort valait cent fois les efforts déployés pour le rencontrer.
Photo par Caroline Bindner
Le CEO d’Evernote est venu à LeWeb cette année, en partie pour annoncer un partenariat stratégique avec Orange pour pénétrer le marché Européen. Orange qui se positionne de plus dans le marché des contenus pour appareils mobiles tels que la musique et la vidéo avec d’autres partenariats avec Deezer et DailyMotion. Mais je crois qu’Evernote vient donner à tous les utilisateurs d’Orange la possibilité de conserver, classifier toutes leurs interactions au fil des jours et des ans. Vous me voyez venir non ? Paul-François Fournier, VPE chez Orange, venu faire l’annonce, a parlé d’Evernote comme étant un produit addictif et multi-plateforme. Mais c’est surtout un produit de mémoire…
Comme le dit lui même Libin, Evernote a été créé «pour moi. J’ai de la difficulté à me souvenir des gens que je rencontre. Nous avons donc créé Evernote pour que trois choses se marient lors d’une première rencontre: la physionomie, l’endroit et le contexte». Lors de sa présentation, le jeudi matin, j’étais assis avec Benoit Descary, un utilisateur du produit depuis le tout début et c’est lui qui m’a fait prendre conscience de l’importance d’Evernote. J’ai été en ligne pour m’abonner pour m’apercevoir que je l’étais déjà !!!
Je suis un de ceux qui ne sont pas revenus après leur première visite mais là je comprends mieux où les gens d’Evernote veulent aller et Libin l’a clairement dit aussi bien sur scène que lors de notre rencontre privée :« Ce que nous voulons faire avec Evernote c’est le «next productivity software», Vous savez, la dernière évolution date d’il y a 30 ans et s’appelle Office et depuis ce temps, la suite n’a guère évolué pour prendre en compte es nouveaux usages du Web» Et vlan!
Après les questions de base pour mieux nous connaître, je lui ai demandé de un pourquoi le produit avait une si forte «addictivité» au Japon avec sept millions d’usagers dont beaucoup de très actifs. Et Libin de rétorquer:« Vous savez, c’est je crois une question de culture… Au Japon, les gens se préoccupent de la mémoire; de la mémoire des ancêtres, la mémoire collective, la mémoire des rites et même des objets. J’ai même vu quelque’un collectionner des emballages de papier».
Des carnets de vie pour les entreprises ?
Mais ce n’est pas au Japon qu’Evernote a le plus d’usagers. C’est plutôt aux USA, patrie de Libin (qui vit actuellement en Californie) qu’il y en a le plus soit neuf millions. Parlant de ces derniers, j’ai demandé à Libin de préciser sur la stratégie de croissance, sachant que la vision était de devenir la suite Office des années futures, en lui parlant entre autres du travail fait par Gordon Bell de Microsoft avec son projet MyLifeBits. Libin, bien sûr, connaît… «Vous savez, je suis un grand admirateur de Gordon et de ses travaux. Nous nous sommes déjà rencontrés et avons discuté longuement sur la capture des connaissances mais aussi des expériences de vie. C’est ce qui a été à la base de notre travail de développement».Donc, Bell a inspiré le travail des gens chez Evernote car les deux visent le même but. Créer les fameux LifeLogs.
Théoriquement c’est quoi un LifeLog ? «C’est de capturer, stocker et rendre accessible tout le bagage et l’expérience de vie d’une personne ainsi que ses interactions avec le monde afin de nourrir des agents intelligents et autres potentialités d’un système global d’agrégation de données». Pour compiler les immenses bases de données nécessaires et ainsi créer un «Carnet de vie», le système suit systématiquement toutes les activités électroniques de l’individu, des transactions par carte de crédit aux courriels en passant les appels cellulaires, le sites Web visités, les déplacements enregistrés par sondes GPS, les dossiers médicaux, les données biométriques, etc.
Plusieurs parlent de Big Brother mais Libin préfère voir le côté positif de la chose, surtout pour les entreprises. «Imaginez être capable de capturer les savoirs tacites et explicites d’un employé tout au long de son passage en entreprise. Ça devient un outil extraordinaire de productivité. Nous à Evernote, on veut se situer dans ce créneau de productivité. Aider les gens et les entreprises au lieu de simplement offrir un autre outil de divertissement». En effet, imaginez Evernote en entreprise, capturant toutes les interactions professionnelles: rien ne se perd quand il quitte après cinq ou dix ans car maintenant prendre sa retraite après 25-30 ans de service est devenu une rareté… Donc, lentement mais surement les entreprises sont en train de perdre leur mémoire collective dont dépend leur survie et surtout leur croissance car il n’y a pas que l’innovation qui prime.
La question suivante allait donc de soi. Et l’entreprise alors, visez-vous le marché lucratif des millions d’entreprises en train de devenir Alzheimer ? La réponse a été positive «Oui, nous allons bientôt structurer notre offre pour les entreprises. C’est un peu ce que j’ai dit plus tôt ce matin quand je parlais de redéfinir les outils pour les travailleurs du savoir modernes». Evernote a l’ambition de non seulement capturer nos fils de vie professionnelle et de les rendre facilement accessibles sur plates-formes fixes ou mobiles mais de faire le lien entre les outils de travail quotidien et l’immatérialité de l’entreposage de toutes nos interactions avec ces produits dans le nuage (Cloud computing).
J’ai conclu notre rencontre en demandant au CEO d’Evernote s’il serait intéressé à être un des conférenciers invités dans le cadre des prochains webcom-Montréal et Boule de cristal au mois de mai 2012, surtout que Gordon Bell y a aussi été invité. La réponse a été très positive et reste à être formellement confirmée mais vous vous imaginez, avoir sur la même scène le mentor et l’élève ? Un des premiers à avoir pensé le principe des LifeLogs et celui qui l’a fait atterrir dans la réalité ? Comme disent nos Voisins du Sud, «AWESOME!».
En terminant, quelques notes sur Evernote justement. Evernote c’est actuellement 20 millions d’utilisateurs dont 750 000 payants et qui paient 5$ par mois ou 45$ par année ce qui n’est pas cher payé à mon avis. C’est aussi six applications mobiles dont deux lancées à LeWeb11. Les applications ne sont pas seulement développées pour iPhone mais pour toutes les plates-formes, dont Android et Windows Phone 7. Et il y en a une qui s’en vient, développée au départ sur Android qui risque de faire un malheur dans le monde de la collaboration. Nom de l’application «Skitch». Les plus grandes inventions ou idées d’entreprises ou de projets sont souvent écrites à plusieurs sur un napperon de restaurant. Skitch c’est un peu ça mais avec une tablette électronique.
En passant je trouve singulière la stratégie de Libin au sujet des applications mobiles. Il explique qu’il préfère des applications qui vivent par elles-mêmes sur Internet et qui soient simples à utiliser en mobile mais qui peuvent être agrégées sur la plate-forme Web disponible sur nos ordinateurs portables ou fixes, ce qu’il qualifie de «unified experience». Autre note importante: Evernote a été nommée l’entreprise de l’année 2011 par la revue américaine Inc. Magazine. (Cliquez sur l’image du magazine ci-dessous pour lire l’article)
En terminant, je voulais vous laisser sur ces paroles que Phil a dites en entrevue aussi bien avec Loïc qu’avec moi : «Nous demandons à nos usagers comme aux entreprises de nous confier l’agrégation leurs vies entières afin qu’ils soient en mesure de mieux les gérer donc si nous à Evernote voulons être leur mémoire de vie, nous avons besoin de leur confiance donc nous nous devons d’être transparents et rendre la pareille avec nos utilisateurs». Et dans son entrevue avec Loïc, il a aussi dit à propos de son partenariat avec Orange qu’il voulait être the «100 years company». J’espère que l’entreprise vivra encore plus longtemps. Il en va de notre mémoire.