J’ai envie d’en finir avec un sujet qui revient constamment dans l’actualité, surtout quand se tient une conférence sur les NTIC (nouvelles technologies de l’information et des communications). De quoi je veux traiter ici ? De machisme et de discrimination dans le choix des conférencier(ère)s lors des grandes conférences sur les nouvelles technologies. Le premier à avoir traité de ce sujet et à avoir fait son mea culpa est Geoff Livingston, qui organise une conférence sur les blogues à Washington. Il avait titré sur son propre blogue :«Women Snubbed in Top Ten Speakers List, Industry in General»
#LeWeb13: qui a dit que la conférence était macho ?
11 décembre 2013Pas moi mais un site Français appelé «Le petit Web» en prenant à témoin la programmation de la première journée. Donc est apparue sur Twitter cette affirmation avec l’article de ce site et lien. LeWeb macho ? En effet, on note l’absence totale de conférencières en première journée. Mais pas pour le reste de la conférence. Et bon… C’est un reproche qui n’est pas unique à LeWeb. Plusieurs conférences internationales ont déjà fait leur Mea Culpa à ce sujet dont moi, du temps de webcom-Montréal
L’univers des conférences techno, style Web 2.0, est-il la dernière frontière de la discrimination envers les femmes et un des derniers refuges du machisme? C’est cette question, pour le moins étonnante à première vue, qui a fait l’objet d’un billet de Geoff Livingston, il y a quelques jours. Geoff est bien placé pour parler puisqu’il organise à Washington une conférence sur les blogues et le «Social Media Marketing», intitulée BlogPotomac.
L’univers des conférences est-elle la dernière frontière?
Dans son billet, Geoff note les propos tenus dans le blogue de niche The Speakers Group (TSG) :
« In a “blog post” listing the top ten social media speakers, The Speakers Group (TSG) listed voices for “your consideration.” Not one of the speakers was a woman, highlighting a much larger social media services industry problem where women are often overlooked for top speaking gigs, and don’t rank as well as men».
Et vlan! Dans les dents de bien des organisateurs de conférences, que ce soit Tim O’Reilly, Loic LeMeur, Infopresse ou même nous à webcom… Vraiment?
C’est la question que je me suis posée en lisant les propos de Geoff. Sommes-nous aussi du lot et faisons-nous inconsciemment de la discrimination en boudant les femmes conférencières à webcom? J’avais donc promis à Geoff de faire un examen de conscience et de publier un billet sur le sujet. Alors le voici…
Debbie Weil lors de son passage à Montréal en 2007
J’organise des conférences depuis 1999 mais pour les besoins de ce billet, je vais me limiter à rensencer les conférences webcom-Montréal que j’ai organisées depuis 2006 avec le producteur Michel Chioini et Claude Thibault, le Grand Manitou des commandites. Donc, depuis novembre 2006, nous avons organisé six conférences et je dois l’avouer, le ratio hommes/femmes avantage de loin les hommes. En novembre 2006, sur 15 conférencier(ère)s, deux femmes seulement soit Marie-Chantale Turgeon et Martine Gingras. En mai 2007, trois sur 11, soit Élisabeth Lane-Lawley, Michelle Blanc et Kate Trgovac et en novembre de la même année, quatre sur 22, soit Debbie Weil, Theresa Valdez-Klein, Robyn Tippins et Sophie Beauchemin. Environ 20% de moyenne. C’est bien peu…
L’écart s’est encore creusé en mai 2008 avec seulement quatres femmes sur 35, soit Katheryn Everest, Sophie Beauchemin, Pascale Guay et Marie-Hélène Lagacé. Toutefois, à l’automne, ce fut nettement mieux avec sept sur 26, soit Laura Fitton, Isabelle Juppé, Nathalie Pilon, Michelle Blanc, Wanda Yu, Joelle Stemp et Isabelle Lopez. Et 2009? En mai dernier nous avons invité six conférencières sur un total de 36, soit Jessica Lipnack, Clara Shih, Patricia Tessier, Caroline Allard, Anastasia Simitsis et Martine Lafleur. Bref, avec 17% de moyenne pour les trois plus récentes, nous n’avons pas de quoi pavoiser non plus.
Nettement mieux pour les «keynotes»
Là où webcom fait un peu mieux, c’est quand vient le temps d’analyser la présence des conférencières dans le cercle sélect des «keynotes» ou conférencier(ère)s vedettes. Depuis 2006, webcom en a accueilli 21 et de ce nombre, le tiers sont des femmes, soit Isabelle Juppé, Debbie Weil, Laura Fitton, Jessica Lipnack, Kathryn Everest, Elisabeth-Lane Lawley et Robyn Tippins. Aucune québécoise pourtant… Chez les hommes des noms comme Loic LeMeur, Andrew McAfee, Bryan Eisenberg, Marc Canter, Marc Prensky, Pierre-Karl Péladeau, Hervé Fischer et plusiers autres…
Mais est-ce possible de penser à une représentation plus égale? Les femmes sont-elles aussi présentes dans le Web 2.0, dans le marketing 2.0, dans l’entreprise 2.0 ou dans les produits et solutions 2.0? Bonne question… Leur faible représentativité comme conférencières est-elle corollaire à leur relative absence de ce milieu pourtant en croissance effervescente? Poser la question, est-ce y répondre? Pas certain…
Bref, pour ma part, je m’engage à faire des pieds et des mains pour hausser leur nombre lors des futurs webcom-Montréal, dont le prochain aura lieu le 22 octobre et pour ce faire, je vous invite à me suggérer les noms de celles que vous aimeriez voir et surtout entendre.