Cela fait au moins un an que je tente de faire venir les gens de Google à Montréal afin qu’ils puissent venir parler à la conférence webcom-Montréal. Parler d’entrepôts de données, certes, mais aussi parler de SaaS (software as a service) et surtout de «Cloud Computing». J’étais loin de m’attendre à ce qu’ils soient à Boston, justement pour cette même raison…
En fait, les gens de Google sont débarqués en force à la conférence Entreprise 2.0 avec comme but inavoué mais certain de convaincre les entreprises que leur salut réside maintenant dans l’externalisation de leurs données ET applications vers le «nuage Internet». Je savais que la stratégie de Google visait nos données mais j’étais loin de me douter qu’ils entraient de plein pied dans la compétition sur l’externalisation des centres de traitement informatiques, même s’ils s’en défendent bien… Ils ne visent donc plus que les données individuelles mais se positionnent aussi stratégiquement sur les données et applications d’entreprise d’où leur présence à cette conférence Entreprise 2.0.
Rishi Chandra en conférence…
En fait, pour eux, Web 2.0, Enterprise 2.0 KM 2.0 et autres 2.0 de ce monde sont tous englobés et font partie intégrante du «nuage». Comme l’a mentionné Rishi Chandra, de Google ce matin, la question n’est plus de savoir s’il y aura une profonde mutation de l’informatique vers le Web mais quand et surtout à quelle vitesse… Et ces derniers de revenir sur un thème qui m’est cher : L’innovation ne vient plus de l’entreprise elle-même mais de l’externe et surtout de particuliers comme vous et moi qui créons applications et contenus sur le Web mais aussi qui travaillons avec des outils plus performants que ceux utilisés en entreprise. Donc, l’informatique traditionnelle est dépassée et ne génère plus que 20 % d’innovation contre 80 % de statu quo, ce qui était l’inverse avant : Et ce sont les vieux qui contrôlent les services Ti et ces «vieux» emploient 80% de leur budget pour le maintien des infrastructures traditionnelles et leur sécurisation.
Ce qui nous amène sur le terrain générationnel… Les nouvelles générations travaillent hors de l’entreprise avec des outils beaucoup plus performants et créent des contenus régulièrement. Que se passe-t-il quand ils arrivent en entreprise, où ils trouvent des outils désuets, une sécurité hyper-lourde et surtout une impossibilité de créer du contenu ou une limitation à cette possibilité ?
Et Chandra d’en remettre une couche en expliquant que les générations dites «Y et NetGen» sont en fait la «Cloud Generation» car tout ce qu’ils créent actuellement sur le Web se retrouve sur des sites qui utilisent les services Web et d’entreposage de Google ou d’Amazon. N’en jetez plus, la cour est pleine…
Le panel de «Evening in the Cloud»
Pas encore faut croire car hier, en fin de journée, Google, Amazon et Salesforce.com commanditaient l’événement «An evening in the Cloud», petite soirée où les trois entreprises participaient à un panel inusité. Voici les règles du jeu : Les trois représentants de ces entreprises, soit Jeff Keltner pour Google, Adam Selipsky pour Amazon et Ross Piper pour Salesforce ont à convaincre quatre CIO que leurs données et applications ont avantage à résider dans un nuage plutôt que dans un centre de traitement sécurisé avec une distribution client-serveur. Le tout modéré par David Berlind d’InformationWeek.
Débat intéressant où les quatre CIO ont déballé devant une salle comble ou presque, les peurs traditionnelles des gens de Ti devant tout ce qui est Internet 2.0 et plus… Tout y est passé, portabilité des données, propriété des données, confidentialité et surtout SÉCURITÉ. À ce titre, Richard Mickool, CTO de l’université Northeastern, a sorti l’artillerie lourde en posant une question fort pertinente sur la dépendance des entreprises face à leurs «fournisseurs» dans l’éventualité de la délocalisation de son infrastructure informatique. Le fait d’être pris avec un seul fournisseur. Qu’arriverait-il si ce dernier disparaissait ou était vendu ? «I don’t want to be locked in» a-t-il lancé comme un cri du coeur.
À cette inquiétude, les trois compères ont opposé le fait que tous trois tenaient à ce que les entreprises demeurent en contrôle de leurs données et applications et qu’elle puissent avoir le choix de les retirer quand bon leur semble. Le principe de la portabilité, quoi. Les mêmes préoccupations que pour les individus avec leurs données sur le Web social…
Ensuite ce fut le tour de Mary Sobiechowski de poser une autre question que j’attendais depuis le début. Les entreprises pourront-elles compter sur une bande passante suffisante pour leurs besoins croissants, surtout en matière de multimédia ? Je m’attendais à une réponse rapide de Google mais cette dernière n’est jamais venue. En faut, j’ai dû aller poser la question par la suite à Keltner. Ce dernier a confirmé que Google était bien un client d’Internet2 et du PC1 Cable System , qui offre actuellement une possibilité de transit de 240 gigabits/seconde (Gbps) en plus d’avoir été conçu pour atteindre UN Tétrabit/seconde !!! (Tbps). Pas besoin de dire que les entreprises ont là, largement de quoi se rassasier et ce pour bien des années quand on sait que la plupart d’entre elles utilisent rarement plus que 100 mégabits/seconde.
Autre question que j’attendais et qui est finalement venue en fin de débat et de la part d’un participant dans la salle : Les coûts ! Un avantage net pour Google et compagnie. En fait c’est Amazon qui a répondu de la même façon qu’à la conférence Web 2.0 Expo à San Francisco : Un accès à un serveur d’applications pour aussi peu que 10 cents de l’heure. Besoin d’espace de stockage pour vos données (textes, photos, vidéos, etc.) ? Amazon vous offre le principe du «all you can eat» pour 15 cents du Gigabit par mois !
Pour plus de détails, la vidéo de cette soirée devrait bientôt être disponible sur le site de la conférence à cette adresse. Maintenant, je peux vous parler de la CIA. Mais cela devra attendre le prochain billet….
5 Commentaires
« Que se passe-t-il quand ils arrivent en entreprise, où ils trouvent des outils désuets, une sécurité hyper-lourde et surtout une impossibilité de créer du contenu ou une limitation à cette possibilité ? »
> Une chute vertigineuse de la passion pour son métier, en tout cas dans le cadre de l’entreprise. C’est un risque. Qui donne aussi envie de se lancer. Et si finalement ce frein professionnel incitait à l’initiative individuelle ?
[…] aussi assisté et blogué sur un panel sur le «Cloud Computing» en juin dernier à la conférence Enterprise 2.0 […]
[…] Mais pour avoir assisté au panel sur le sujet à Boston en mai dernier, intitulé «An Evening in the Cloud» et à l’entrevue à LeWeb08 à Paris la semaine dernière avec le Dr Werner Vogels, VP et […]
[…] C’est donc l’utilisation en réseau ultra-rapide du potentiel des ordinateurs de la planète, ce que l’on nomme le «Grid Computing» mais ces «grilles« sont déjà remplacées par un nuage… Le «Cloud Computing», soit la possibilité de transférer dans le nuage Internet, l’ensemble des données et applications de la planète, le sujet de l’heure et dont j’ai traité en détails ICI. […]
[…] la conférence Enterprise 2.0 en 2008 à Boston, lors d’une soirée intitulée «An evening in the Cloud», cette préoccupation infonuagique a été constante chez les responsables Ti et n’a fait que […]