Vous connaissez le principe du «Network Centric Warfare» ? Ou encore «Battlefield Internet» ? À ceux qui auront répondu des jeux vidéo, je dirai : Vous brûlez mais ce n’est pas tout-à-fait cela… C’est en fait l’application des jeux vidéo, des intranets, de l’Internet, de la connectivité à extrême haute vitesse, du «Grid Computing» et du Cloud Computing au service de la stratégie militaire américaine. «Battlefield Internet», c’est la puissance d’un intranet global (armée, marine et aviation + services spéciaux) mis au service d’un nouveau concept de guerre chirurgicale et hautement technologique, soit le «Network Centric Warfare».
Mais c’est bien plus que cela… Le magazine Wired a déjà consacré unlong et percutant reportage sur les ratées de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan ainsi qu’aux ratées de Tsahal au Liban et intitulé : «How Technology Almost Lost the War : In Iraq, the Critical Networks are Social». Selon l’auteur Noah Shachtman, ces ratées sont le fait et l’oeuvre du concept de NCW, concept créé au début des années 1990 par Arthur Cebrowski et John Garstka, tous deux alors capitaines, un dans la marine et l’autre dans l’aviation.
Tous deux maniaques de nouvelles technologies, ils ont élaboré ce tout nouveau concept de guerre technologique avec soldats quasi-virtuels reliés par intranet à leur poste de commandement, lui-même relié à un centre des opérations. De même pour les véhicules, les tanks et ainsi de suite… Le concept a fait ses premières preuves lors de la guerre du Golfe. Vous vous souvenez de la foudroyante avancée dans le désert, les pertes énormes chez les Irakiens, les frappes chirurgicales ? Tout cela, c’est le résultat de leur théorie de guerre en réseau.
L’armée du futur apprend les leçons du passé
Le concept, on l’a vu avait du bon … Ils en concluaient que moins de soldats étaient nécessaires pour faire de plus vastes dommages à une armée ennemie et infliger moins de pertes chez les civils. En fait, ils parlaient d’une avancée historique dans le concept de la guerre. On aurait rien vu de tel depuis Napoléon !!! Rien de moins… Forts des résultats obtenus dans le désert du Koweït, les américains et surtout Georges Bush et Donald Rumsfeld en tête, ont décidé d’y mettre le paquet et de créer l’armée du futur. Investissement prévu : 230 milliards de dollars !!!
On a complètement revu les télécommunications, les serveurs et le stockage de données, fusionné les intranets inter-armes, branché les véhicules et les soldats. Mais ce n’est pas tout, on a amélioré les technologies de ciblage et de tir, les armes elles-mêmes, etc… Et finalement, par-dessus le tout, on a formé officiers et soldats à cette nouvelle réalité. Et c’est bien de parler de nouvelle réalité car toute la formation a été remaniée pour être donnée sous forme virtuelle, soit en simulation, soit en gaming ! Avec une population dont l’âge varie entre 18 et 25 ans, quoi d’autre ???
Bienvenue donc dans l’armée du futur. Une armée technologique, rapide, puissante, mobile mais pas nécessairement énorme en termes de nombre. De quoi se croire tout-puissants et ainsi jouer aux gendarmes du monde… Piège dans lequel sont tombés Bush et Rumsfeld. Et c’est reparti : Tout d’abord l’Afghanistan, ensuite l’Irak et retour en Afghanistan sous Obama. Les choses ont été relativement bien dans la première phase de ces deux guerres. En fait tant que la guerre a été traditionnelle. Une guerre de mouvement où on cherche à détruire les forces de l’ennemi.
Mais là où cela ne va plus, c’est dans une guerre de résistance et de terrorisme alors qu’il faut occuper un large territoire avec peu de troupes. Dans pareil cas, rien ne faut une bonne vielle bombe artisanale ou un kamikaze, concepts historiques… Et comme plusieurs fois dans l’histoire, les USA ont eu tendance à se protéger comme dans le Far-West où les soldats pas assez nombreux restaient dans leurs forts et faisaient des sorties punitives. Même chose d’ailleurs au Vietnam. Même chose en Irak et en Afghanistan. Quoi faire alors pour ne pas répéter l’histoire ?
Les généraux USAiens ont tout d’abord créé les HTT 2.0, pour Human Terrain Teams et ces derniers ont même été équipés de blogues !!! Et ils ont aussi engagé 150 «Social Scientists» qui ont été «embeddés» dans 26 unités et qui ont travaillé sur les «Six Degrees of Separation». Ces derniers travaillent sur les contacts humains, certes, mais avaient aussi à leur disposition des serveurs et logiciels sociaux. On a humanisé les soldats, on leur a ordonné de parler aux autochtones, de pactiser avec les chefs tribaux… En socialisant avec la population locale, en entrant en contact sur des bases culturelles et sociales, la stratégie a payé et le nombre de morts et blessés en Irak a été en forte baisse.
L’armée du futur apprend les leçons de Hollywood!
Mais dommage pour les cœurs sensibles… Le 2.0, c’est du passé, du déjà vu voyons ! Regardez plutôt ce qui se passe à Hollywood. Non, non je ne vous parle pas de Terminator ou de la Matrice. Je vous parle de GI Joe et de Iron Man. Des super héros qui ne meurent pas et qui écrasent les vilains ennemis des USA et de sa démocratie. Ce qui est bon pour les stars du cinéma est bon pour l’armée, les Marines ou Seal Team 6 non ?
Retour en arrière. Les soldats se re-déshumanisent… On veut tuer le plus de monde possible mais sans perdre un seul «asset» comme ils disent…Les USA se fient donc de plus en plus sur la robotisation et leurs réseaux de communication ultra sophistiqués. Sur les drones, pour frapper les Talibans et les membres d’Ai Qaeda alors que leurs pilotes sont bien assis dans leurs bureaux dans une quelconque base aérienne aux USA, sur des bombes intelligentes à uranium appauvri et bientôt sur un soldat quasi-robot, un peu le croisement entre Robocop et Iron Man. Vous ne croyez pas ? Regardez cette vidéo où on présente TALOS, nom de code pour Tactical Assault Light Operator Suit.
C’est un peu comme une nouvelle peau mais blindée. Une exoskin comme l’explique le Lt Col Karl Borjes, un «science adviser» pour le US Army’s research, development and engineering command. « The requirement is a comprehensive family of systems in a combat armour suit where we bring together an exoskeleton with innovative armour, displays for power monitoring, health monitoring, and integrating a weapon into that. It’s advanced armour. It’s communications, antennas. It’s cognitive performance. It’s sensors, miniature-type circuits. That’s all going to fit in here, too,» L’Internet des objets mène à tout, particulièrement à cela…
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