Je sais, je sais… Maintenant, mieux vaut dire entreprise sociale. C’est plus vague mais ça a le mérite de mieux résister au temps. De mieux se transposer dans l’espace et le temps. Justement, l’entreprise de demain sera-t-elle sociale ? Drôle de question direz-vous car dans les conférences et chez les spécialistes, on n’écrit et ne parle que de ça. Mais tout n’est pas si simple car au Québec.
L’entreprise a eu et a encore de la difficulté à devenir 2.0, à même envisager d’intégrer un RSE. En fait, les exemples québécois peuvent se compter sur les doigts de mes deux mains. Et dire qu’il fut un temps où le Québec exerçait un certain leadership, du moins francophone, en matière d’intranets. Les belles années de l’API et d’Intracom… Et pourtant, de l’autre côté de la frontière, on ne se pose même pas cette question. Nos voisins du Sud ont continué à évoluer et à exercer un leadership qui a transformé leurs intranets en des outils de d’innovation et de changement organisationnel, ce que l’ami Michel Germain a appelé la eTransformation (j’y reviendrai plus loin).
Les grandes firmes USAiennes de vigie en matière de Social Business et de technologies, les Gartner, Forrester, Dachis Group ou Altimeter Group, pour ne nommer que celles-ci, ne parlent que d’entreprises qui sont en train de se métamorphoser pour devenir sociales, bien entendu mais aussi interactives, collaboratives, mobiles, analytiques ou encore prêtes à recevoir l’infonuagique, la ludification, la formation et les rencontres virtuelles. Aux USA mais aussi en Europe, les entreprises sont en train de devenir un amalgame de toutes ces réalités et que sais-je encore ?
Un des associés du groupe Altimeter, Jeremiah Owyang s’est récemment dissocié de ses anciens partenaires, dont Charlene Li, pour justement exploiter un de ces autres filons à son compte. Celui de l’économie de la collaboration ou Sharing Economy. Un thème qui a d’ailleurs été à l’honneur lors de la conférence LeWeb à Londres l’été dernier. Puisqu’on parle économie, cela ne touche pas uniquement que les Digital Hippies réunis dans le désert pour le Burning Man. Si Jeremiah s’y consacre à temps plein maintenant, c’est que cela touchera ou touche déjà les entreprises «mainstream».
Le fameux Hype Cycle de Gartner mais spécifique au «social». Notez, tout en haut de la courbe de ce qu’il nomment «Peak of Inflated Expectations», on retrouve la ludification et tout en bas, dans le «Trough of Delusionment» la réalité virtuelle. Et quelque part, si vous allez sur mon billet d’hier, vous trouverez l’autre Hype Cycle sur les technologies émergentes et en haut de la courbe, vous trouverez également le Big Data. (Voir deux paragraphes plus bas)
La vénérable institution qu’est Gartner (plus portée à parler aux CIO), ne fait pas que décrire les tendances. Elle se positionne avec ce qu’elle nomme «The Nexus of Forces». Elle identifie quatre forces qui vont, selon elle, profondément marquer les entreprises au cours des prochaines année. Chris Howard les décrit une par une dans une vidéo disponible ici, mais si vous n’avez pas la patience, il s’agit de: 1- Le social 2- Le mobile 3- Le cloud ou infonuagique et 4- l’information.
Comme l’écrit Peter Sondergaard, directeur de recherche chez Gartner, «Social is the most accessible of the four Nexus forces. Most people are familiar with consumer social media services, such as Facebook and Twitter. The popularity and widespread adoption of social drives the need for the other three Nexus forces and feeds them with content and context». Il y va ensuite d’une solide mise en garde aux entreprises :«Either business gets social or it gets left behind». Pas le choix…
Big data, big people et mémoire d’entreprise
Je passe rapidement le mobile et l’infonuagique dont j’ai abondamment traité sur ce blogue et dont vous retrouverez les billets regroupés ICI. Je passe à la quatrième et dernière force selon Gartner soit l’information. Ils entendent par là le Big Data : «The first half of the Information Age was about building infrastructure and making processes more efficient. The second half will be about creating value from the information those processes produce. Most organizations struggle in defining, understanding and extracting value from content and social analytics. CIOs must acquire new skills to meet these new challenges». Toutes les entreprises ou presque souffrent d’infobésité. C’était le cas en 2003 et le problème est devenu de plus en plus criant dix ans plus tard avec la montagne d’information produite par l’ensemble des employés grâce aux nouveaux outils de publication de contenus mis à leur disposition.
Gérer, forer, trouver, analyser sont des actions essentielles au sein de l’entreprise afin d’adresser le «Big Data Problem»… Et un nouveau rôle en entreprise en émerge. En fait plusieurs dont les Data Analysts et les Data Scientists mais aussi des spécialistes RH en analyse des savoirs par exemple. Aussi des gestionnaires de communautés (Community Managers) mais surtout des gestionnaires ou dépositaires des savoirs corporatifs, ce que j’ai identifié comme étant la mémoire d’entreprise™. Et là on touche une autre facette de l’immense puzzle identifiée par l’ami Bertrand Duperrin dans son récent billet : «… Parce qu’une grande part de ces données est justement générée par des individus et d’une certaine manière le big data permet la réconciliation de leurs savoirs, sentiments, actions et résultats et permet d’avoir ainsi une meilleure connaissance et compréhension de la personne, moins parcellaire et, surtout, fondée sur des faits, des données et pas de vagues intuitions ou sentiments. D’une certaine manière le Big Data c’est un peu du Big People, en quantité comme en qualité».
Dix forces sociologiques et technologiques
On retrouve le même principe de forces déterminantes sur un horizon de sept ans dans un article publié dans l’hebdo techno InformationWeek et qui a pour titre : « Picturing Your Social Business In 2020». Pour ma part, cela m’amuse beaucoup. Pourquoi ?
Parce qu’il y a plusieurs années, j’ai commis une présentation dont j’utilise encore certains éléments. Cette dernière s’intitulait : «Les dix forces». Comme vous êtes en mesure de le constater ci-dessous, il s’agit plus de grands courants sociologiques et même si cela remonte à plus de cinq ans, presque dix en fait, ils sont encore très actuels…
Une de mes planches, celle de l’entrée en matière sur les dix forces…
Donc comme le souligne cette capture d’écran, dix forces sociologiques et technologiques qui doivent être prises en compte dans la façon dont s’orientera l’innovation et le développement de votre stratégie Web, qu’elle soit interne ou externe. Ce sont ces forces qui «eTransformeront» votre entreprise d’ici sept ans. Et ces paradigmes d’innovation et de transformation sont déjà au travail… Comme je l’ai écrit plus tôt, j’ai emprunté le terme de la eTransformation à mon ami Michel Germain qui lui, en a fait un livre très pertinent d’ailleurs et un des socles de l’étude annuelle qu’il a créée fin des années 90 et qui s’est un jour appelée l’Observatoire de l’intranet et de la eTransformation. Ce terme est disparu et maintenant on la connaît sous le vocable l’Observatoire de l’intranet et de la stratégie numérique.
Je vous donne un petit aperçu de ce que je mentionne dans une de mes présentations sur ces forces. Je m’en tiendrai aux deux premières. Si vous voulez en savoir plus, il faudra m’inviter…
Donc au sujet du déclic générationnel : Les entreprises comme la société ne sont plus des blocs homogènes. Avec la retraite des BB, les entreprises se tournent vers la relève et cette dernière est «native du numérique». Cette nouvelle génération est basée sur la diversité, ce qui englobe la race, l’âge, la culture, la langue et s’étend même aux rythmes d’apprentissage, traits de personnalité, styles de communication et environnements de travail. Les équipes virtuelles de travail vont comprendre des employés de diverses unités, réparties autour du monde, avec une culture, un mode de vie, un langage et une manière de penser différents.
Au sujet des valeurs de consommation : L’accomplissement personnel, la flexibilité, la rapidité et la liberté de choix sont toutes des valeurs du 21e siècle. Tous les travailleurs sont aussi des consommateurs et leurs valeurs affectent non seulement le marché mais aussi l‘organisation elle-même. Plus le marché leur offre une sophistication en termes de technologies et de choix, plus ils vont s’attendre au même traitement au sein de l’organisation. Il en est ainsi des services offerts sur intranet. Accessibilité, rapidité, disponibilité des services et personnalisation feront partie de ces attentes. L’entreprise doit donc s’adapter à son environnement.
Je lisais justement hier un texte sur l’innovation en entreprise paru dans Les Echos.fr et qui va dans le même sens. Voici un passage de l’écrit d’Olivier Soula : «Il est de bon ton de désigner certaines entreprises par l’appellation « innovantes ». Mais qu’ont-elles de plus que les autres ? À partir d’une comparaison entre le monde du vivant et le monde des entreprises, nous pouvons comprendre que l’innovation est d’abord une capacité d’adaptation. L’entreprise a beaucoup à apprendre du monde du vivant. Comme elle, les êtres vivants sont confrontés à un environnement changeant qui propose, pour eux, des conditions d’existence dans lesquelles ils doivent s’inscrire pour survivre. La survie pour les êtres vivants, comme pour une entreprise, consiste alors à s’adapter à un environnement».
Ce point est C-A-P-I-T-A-L. C’est ce qui motive la majorité des stratégies de refonte d’intranets et la mise en place d’une stratégie basée sur la eTransformation ou si vous préférez sur la sTransformation ou transformation sociale. Et que ce soit clair. Il y a deux sens à la transformation sociale des entreprises, à leur adaptation à un nouvel environnement interne et externe. Celui qui origine du concept d’économie sociale mise de l’avant par le Prix Nobel de la Paix, Muhammad Yunus et plus clairement défini dans ses livres dont : Creating a world without poverty—Social Business and the future of capitalism and Building Social Business. Et l’autre qui nous concerne plus ici et qui est apparue à la conférence Enterprise 2.0 , qui se réfère aussi à un nouveau positionnement d’IBM et qui a fait et fait encore les beaux jours des firmes de consultants comme Altimeter Group. Cette dernière met bien en évidence sur son site une étude intitulée: «The Evolution of Social Business». Pour avoir accès à la présentation PowerPoint, cliquez ICI.
En guise de conclusion, je vous laisse avec une capture d’écran du compte Twitter de Vala Afshar. Je l’ai découvert à l’occasion d’un tweet qu’il a publié durant la conférence Interop à New York. Le monsieur est pour le moins actif sur son compte mais aussi avec des participations à InformationWeek (c’est lui qui a écrit l’article mentionné plus haut), au Huffington Post en plus de son boulot régulier et du livre intitulé «The Pursuit of Social Business Excellence» qu’il a publié récemment et que je vais me faire un plaisir de lire dans les prochaines semaines.
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