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Six tendances TI qui vont bousculer les entreprises en 2013 (Dernière partie)

29 décembre 2012

Je continue l’analyse des six grandes tendances Ti ou NTIC qui devraient bousculer les entreprises au cours de le prochaine année. Au cours des deux derniers jours nous avons passé en revue les trois premières, vraiment orientées Ti. Les trois dernières sont plus orientées vers le volet organisationnel du travail avec de nouveaux outils technologiques, certes, mais orientés vers les communications et la performance organisationnelle.

Pour une bonne compréhension, les extraits traduits de RWW sont en caractères gras et les miens en caractères normaux.

4. Les technologies sociales mènent la collaboration d’entreprise

Dans le «front office», l’utilisation par les employés des réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter, pousse les entreprises à construire leurs propres réseaux sociaux d’entreprises pour donner aux travailleurs des zones sécurisées de collaboration et de partage des données. En 2013, IDC prévoit ces réseaux iront au-delà de la phase pilote et passeront dans les usages communs.

Gartner voit une tendance similaire avec des app stores d’entreprise pour smartphones et tablettes. Face à des vendeurs qui vont vouloir limiter l’offre d’applications à des produits spécifiques, les entreprises devront fournir des magasins d’applications  privés pour leurs employés d’ici 2014. Ceci permettra d’éviter les processus de paiement et des conditions de licence qui provenant de l »offre des magasins des vendeurs de solutions.

adidas
Le réseau socioprofessionnel interne/page personnelle chez Adidas.

Le premier paragraphe ne vient que confirmer la grande tendance que l’on observe, surtout aux USA et en Europe, une des preuves étant la capture d’écran ci-haut qui met en lumière l’excellent travail effectué chez Adidas où on a réussi à fondre le réseau socioprofessionnel interne à l’intranet en utilisant la personnalisation et fournissant ainsi à chaque employé son propre environnement de communication, de collaboration et de travail.

Rares sont les entreprises ou organisations ici au Québec qui se sont risquées à en créer à l’interne. La tendance devrait cependant s’inverser en 2013 puisque le Québec a historiquement un retard de 12 à 18 mois dans l’adoption des nouvelles technologies. En particulier pour les réseaux socioprofessionnels ou RSE qui sont vus par les patrons ou gestionnaires comme des Facebook internes où les employés vont aller perdre du temps de travail. Je nomme cela le syndrome Facebook.

Le RSI (retour sur investissement) et surtout les avantages concurrentiels des RSE restent à être démontrés même si cela crève les yeux avec les exemples USAiens ou encore Français. De plus, il faut éviter à tout prix de parler de social à l’interne. C’est encore une particularité du Québec et c’est pour cette raison que je parle toujours de réseaux socioprofessionnels ou encore d’environnements collaboratifs ou d’intranets de nouvelle génération. Aux USA, on ne se gène même pas pour utiliser le terme Social Business en remplacement d’Enterprise 2.0, de parler de Social Softwares, de Social intranets, etc.

Bref, attendez-vous à ce que les technologies sociales, dont les RSE mais aussi les wikis, les blogues, les agoras d’idées, les So-Lo-Mo et autres fassent mieux qu’en 2012. Et en cela, elles seront aidées par les appareils mobiles. Et qui dit mobilité dit applications.

Pour ce qui est du second paragraphe de RWW sur Gartner et les magasins d’applications, ils sont encore une fois pile sur une tendance lourde. En effet, comme il est écrit, les vendeurs arrivent déjà avec leurs offres de magasins. J’ai déjà commis  quelques billets sur le sujet dont celui-ci. Les entreprises ont donc tout avantage à créer leurs propres magasins et ainsi faire travailler les employés en Ti car pour l’avenir réside dans le développement d’applications légères pour les besoins des employés en interne et pour les appareils mobiles qui auront d’ici 2015, un taux de pénétration et d’utilisation en entreprise d’au-delà de 80%.

appstores
Le magasin mis sur pied par le gouvernement des USA

5. Windows 8 ne suscite pas l’engouement espéré

Sur le bureau (desktop), Microsoft ne devrait pas gagner de grosses parts de marché en entreprise avec Windows 8, du moins pas en 2013 . Ainsi, Gartner, prédit que 90% des sociétés va sauter le déploiement à grande échelle de la dernière version du système d’exploitation du moins jusqu’en 2015. La plupart des entreprises et leurs fournisseurs de gestion des PC ne sont pas prêts à faire face à la nouvelle interface tactile que Microsoft a ajouté à son produit phare. En conséquence, les entreprises devront attendre que le support pour le nouvel OS se généralise sur le marché des technologies d’affaires.

Doit-on se surprendre de cette affirmation ? Bien sûr que non… Ce n’est pas en 2013 ni en 2014 que les entreprises et les organisations et/ou ministères se décideront de passer à la «grande opération». Déjà, des rumeurs courent au gouvernement du Québec selon quoi le grand passage à Windows 7 serait mis sur la glace. On parle bien de 7 et non de 8.

Dans un vieil article de mars 2012, Denis Lessard de LaPresse écrivait : «Actuellement, les ministères et les réseaux utilisent le logiciel Windows XP. Pour changer le parc informatique, d’importantes sommes sont en jeu. Les coûts s’élèvent à près de 2 000$ par poste de travail, et on en compte plus de 600 000 dans l’ensemble de l’administration publique québécoise – un pactole de 1,128 milliard$, selon un document obtenu par La Presse. Le matériel représente 10% de l’opération et la licence, 19%, mais la «migration», soit le soutien et la formation, totalise 71% de la facture.»

Et il en est ainsi pour 80 à 90% des entreprise nord-américaines. Moins en Europe où les entreprises ont toujours eu une certaine méfiance envers les Microsoft, Google et IBM de ce monde et ont plus fait confiance aux solutions à code source libre. Même l’armée française s’y est mise, c »est pour vous dire…

EVOL

Chiffres tirés de l’Observatoire de l’intranet, édition 2010

Là où la partie sera plus serrée, c’est le renouvellement des vieux intranets du début des années 2000, qui représentent 88% du parc des entreprises et des organisations, dont 23% datant d’avant 2000. Et quand on affirme que 80% des grands intranets nord-américains ont SharePoint comme assise technologique alors que la plupart des autres sont simplement des pages Html… Là se jouera en 2013 la grande compétition entre Microsoft, IBM, Jive, SalesForce, Oracle et les autres, dont le logiciel libre.

Pour en revenir à Windows 8, comme je le disais hier en apéritif pour le présent billet, c’est un secret de Polichinelle que oui, Windows 8 n’atteindra pas les attentes et que beaucoup d’entreprises se tournent actuellement vers d’autres solutions bureautiques en SaaS telles que la suite Google ou encore Zoho.

6. La ludification l’emporte

Enfin, les techniques utilisées pour créer une «addiction» aux des jeux en ligne vont être adoptées pour accroître la productivité des travailleurs. Mesure de la performance, des commentaires et des incitations seront utilisées pour mobiliser les employés et lier plus étroitement leurs actions aux résultats opérationnels, selon Gartner. Le marché mondial des technologies et des services de gamification passera de 242 millions de dollars cette année à 2,8 milliards de dollars en 2016. En trois ans, 40% du Top 1 000 des entreprises mondiales utilisent des techniques de jeu, un processus appelé gamification, pour améliorer les performances et l’efficacité de leurs opérations commerciales.

cityone

Et qui est à l’avant-scène de ce marché en pleine croissance ? IBM. (Voir ci-haut) Et c’est une de ses évangélistes du Social Business, Sandy Carter qui vient de publier Get Bold, qui la première a prédit l’an dernier à LeWeb que la prochaine grande tendance en «Social Business» serait la ludification. Dans cette vidéo elle dit clairement que «the name of the game is gamification». En effet, elle était invitée à participer à un panel sur l’entreprise sociale, panel animé par l’ami Richard Collin. Et justement en réponse à une question de Richard qui lui demandait quelle serait «the next Big Thing» en entreprise, elle n’a pas hésité à répondre la «gamification». comme vous pourrez l’entendre è 15m21s de la vidéo du panel à LeWeb11:

SandyYT

Imaginez… Les entreprises en sont toujours à se demander ce que sont les médias et réseaux sociaux et voilà que la VP en charge de la stratégie «social business» d’IBM, le navire amiral de l’entreprise sociale (on ne dit plus entreprise 2.0) avec Salesforce, vient dire qu’en plus des blogues, wikis, réseaux socio-professionnels, idéagoras, mashups et magasins d’applications en interne, on devra compter avec ce nouveau phénomène issu tout droit de plates-formes telles que FourSquare

En fait, c’est quoi au juste la «gamification». En plus de ce qu’en dit Wikipedia, le mot le dit un peu car il y a «game» dedans soit le jeu. C’est d’utiliser le jeu pour toucher nos désirs et besoins, soit en tant que consommateurs, soit en tant qu’employés et faire en sorte que nous ayions une expérience plus engageante, plus complète et satisfaisante avec un produit, une application ou un service. Et c’est relié directement à l’arrivée de la génération Y sur le marché du travail.

gamegraph

Comme vous le voyez sur ce tableau, on utilise classements, défis, biens virtuels, niveaux, points et même badges.

Voici comment commence le livre blanc publié par Bunchball et disponible sur son site, une des entreprises qui se spécialise dans la conception de ces jeux pour entreprises et qui travaille entre autres avec Salesforce et IBM:

«How Businesses can use Gamification to Engage & Motivate Gen Y Employees and, in the Process, Benefit Everyone.

The emergence of Generation Y, people born from the early eighties to mid-nineties, as a demographic force is driving dramatic change in education, technology, media, and most critically, at work. Gen Y makes up 25% of the workforce today, and their numbers are growing rapidly.

These new entrants into the workforce expect even more from their work experience than their Gen X and Baby Boomer counterparts, making it imperative that businesses understand the unique characteristics of this group, and how to best engage and motivate them.

In this white paper we’ll discuss the most salient characteristics of Gen Y for managers to be aware of, in particular their affinity for games and social media. We will also show how that knowledge can be used to design systems and processes that not only engage and motivate Gen Y, but also better engage all employees.»

Gestion du changement, engagement total, motivation, reconnaissance, statut social et professionnel sont les mots-clés de cette nouvelle tendance qui s’alourdira au fil des prochains mois. Je vous invite à prendre quelques minutes pour visionner la vidéo ci-dessous. Elle explique clairement ce qu’est la gamification et ses avantages pour les entreprises:

totalengagement

Et où mènera cette nouvelle tendance ? À mon avis, à l’introduction graduelle en entreprise du «Serious Gaming» et du «Digital Game Based Learning» dans les institutions d’enseignement et dans les centres de formation comme c’est déjà le cas pour plusieurs forces armées dont celles des USA, de France et du Canada. Et vous savez peut-être si vous êtes gamer ou gameuse, que des jeux en ligne commeWorld of Warcraft (WoW) sont en train de former une toute nouvelle classe de travailleurs et de gestionnaires.

WoW-coll

Car ce jeu en ligne propose de faire des quêtes et pour les réaliser, les joueurs doivent se regrouper en guildes avec des membres qui possèdent des expertises différentes. Le leader, souvent un niveau 85 ne gardera par son autorité et son leadership tout au long de la quête. Au contraire, les membres vont se passer le leadership en fonction de l’expertise requise à tel moment pour réaliser une des étapes.

Dans le milieu du travail, on appelle ça des équipes de projet multidisciplinaires qui travaillent en collaboration ouverte…

En terminant, je vous laisse avec deux fleurs faites à l’ami Bertrand Duperrin. La première à propos se son récent billet sur la ludification et qui s’intitule : «La gamification ne crée pas de l’engagement mais de l’addiction» deux concepts que je viens de traiter.

7. The Employee as a Service

Ensuite sur son  tout récent billet qui vient jeter un pavé dans la mare des grandes tendances et en rajouter une. Remarquez, je ne suis pas certain que ce sera pour 2013 mais l’idée m’a séduit immédiatement tout en me repoussant : The Employee As a Service, concept développé par Michael Morisy et Michael Ryan d’IBM (encore…) et que Bertrand reprend de belle façon dans son billet intitulé : «Le futur de l’entreprise: une histoire de service(s)».

Et voici un extrait qui plante bien le concept :

«Parce que vos salariés sont des services. À partir du moment où l’on acte le fait que le mode de production séquencé et linéaire n’est plus efficace aujourd’hui et qu’il faut, au contraire, des processus intelligents et reconfigurables, que le “case management” et le “adhoc” sont déjà la norme (une norme non reconnue pas l’entreprise mais une norme de fait), la préoccupation de l’entreprise change. Elle devient de mobiliser les bonnes compétences et les bonnes informations au bon endroit et au bon moment pour prendre une décision, trouver une solution à un problème. Dans cette logique, d’un point de vue RH, le collaborateur n’est plus seulement déterminé par sa fonction et sa mission mais par quelque chose de beaucoup plus large : son background général (expériences passés, compétences autres que celles de son poste, connaissance d’un domaine donné etc…). De ressources spécialisée (qui a dit enfermée ?), il devient un potentiel de résolution de problèmes mobilisable en fonction des besoins.»

Je tique sur les derniers mots… Comme si l’humain n’était qu’une ressource comme une autre dans l’écosystème de l’entreprise: potentiel mobilisable… Ça me fait penser è mon coup de gueule sur le capital humain.

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