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Avis aux CIO: cessez d’obséder sécurité…

4 mars 2014

Et rêvez plutôt collaboration et innovation ouverte ! Vous arrive-t-il de rêver à un monde idéal où votre entreprise et ceux et celles qui la dirigent seraient ouverts au changement et à l’innovation et mettraient tout en oeuvre pour dynamiser LA structure organisationnelle pour stimuler sa compétitivité et sa croissance ? Moi oui et comme dans tout bon rêve, s’amalgament une foule d’idées et de sujets épars pour en faire un tout cohérent.

En fait trois idées se superposent dans mon rêve: l’innovation, la gouvernance et la sécurité. Ce sont des sujets très sensibles dans les entreprises québécoises  mais je ne crois pas que ce soit un phénomène unique et domestique. On en parle à mots couverts entre professionnels des communications ou des ressources humaines responsables de la gestion et du développement des intranets ainsi que des responsables du développement organisationnel.

La sécurité

Quel est ce tabou dont on n’ose  parler sur la place publique? Eh bien, je vous le donne en mille. C’est l’incompétence de plusieurs personnes qui travaillent dans les départements de Ti, l’obsession pour la sécurité de leurs gestionnaires jusqu’au plus haut de l’échelle (lire CIO) et l’immobilisme général qu’ils imposent à l’entreprise.

C’est loin dans nos souvenirs mais tellement proche de l’actualité en 2014 que je ne pouvais pas passer à côté de cet exemple: lors du OpenWorldConference 2009 d’Oracle qui a eu lieu à San Francisco, Ann Livermore VP chez HP avait été très claire:  70% des budgets Ti vont aux opérations et à la maintenance des systèmes et seulement 30% à l’innovation. Ce qui a fait dire à certains participants que le chiffre de 30% était encore trop optimiste…

Et Livermore a poursuivi en mentionnant que le crédo de HP dans les prochaines années serait la MODERNISATION. Un peu comme nos gouvernements avec les infrastructures… On modernise mais on ne se risque pas à changer le modèle de développement. Donc les Ti consolident leurs acquis. Pas par le Web mais bien par la rénovation de ce qui existe déjà… La modernisation des applications et des infrastructures tout en offrant un petit bonbon, soit les services de virtualisation et d’infonuagique. Mais faut comprendre que HP vise à séduire les Ti traditionnels, le gros du marché en entreprise et ainsi leur faire cracher bien des $$$ toujours en jouant sur la corde de la sécurité.

En fait, le plus parlant est ce tableau tiré d’une récente édition d’InformationWeek, une hebdo destiné aux gens de l’informatique. Les préoccupations ne peuvent être plus claires. La sécurité passe en premier (35%) alors que la collaboration est presqu’en dernier avec un maigre 5%… Les trois sujets qui suivent la sécurité ont trait à la virtualisation, l’infonuagique et la modernisation des infrastructures. De 2009 à 2013, rien n’a changé…

priorités

Les responsables intranet savent bien que leurs stratégies de croissance passent par les usages et outils de collaboration et d’innovation, pour la plupart issus du Web 2.0 mais les Ti ne veulent rien entendre surtout quand il est question d’intégrer un outil tel qu’un blogue WordPress dans leur sacro-sainte architecture technologique. Encore moins un réseau social en code source ouvert, Ô sacrilège… Certains disent qu’ils ne sont pas «prêts» à intégrer le Web 2.0 dans une informatique tournée vers les processus d’affaires, les CRM, BPM, CMS. LMS et autres «M» 1.0 de ce monde….

«Security still remains the biggest threat to any size business adopting social collaboration. But what’s weird is that just 17% of companies say they have fully integrated social collaboration into their business, even though three-quarters have a dedicated social media team. Clearly, there is a lack of understanding on both the employee and employer side of how to handle our impulses—and our fears—to use social media as a tool to make working easier» a écrit Denis Duvauchelle dans un article dans ReadWriteWeb. Incompréhension des enjeux de la part des dirigeants, dont les CIO, mais aussi compréhensible car l’équipe médias sociaux est habituellement tournée vers l’externe.

J’écrivais en août 2009 (ce n’est pas d’hier) : «Nos entreprises se débattent encore avec leurs intranets 1.0 et quand elles veulent les faire évoluer, se butent souvent à la résistance des départements TI qui, au lieu de générer l’innovation, comme ce fut jadis le cas, la freinent furieusement afin de conserver leurs prérogatives et leurs architectures si familières, si rassurantes mais pas si sécuritaires…».

C’est bien cela le principal problème des entreprises québécoises, présentement loin en retard sur celles des USA ou d’Europe. C’est que leur informatique ne suit pas, résiste, freine le changement. Les employés de ces départements sont mal formés ou pas du tout aux technologies du Web et surtout du Web 2.0. Et surtout leurs dirigeants sont de la vieille école et c’est dommage car les Ti, auparavant, généraient le changement. C’était il y a bien des années…

Et le changement vient de la base…

Comme je le dis souvent en conférence et sur ce blogue, les employés poussent pour l’adoption en interne de leurs usages externes du Web en tant que consommateurs. Les Ti eux, ont les deux pieds sur le frein. C’est tellement typique d’une entreprise 1.0 où les technologies et les usages sont dictés par les Ti alors que dans l’entreprise 2.0 ce sont les usagers qui les dictent.

Regardez d’ailleurs ce dernier tableau publié récemment sur le blogue de la conférence Enterprise 2.0et qui porte sur les leaders de l’intégration des outils du 2.0 dans l’entreprise. Clairement et majoritairement c’est maintenant du bottom-up: les employés imposent les usages. Ce sont eux qui génèrent maintenant l’innovation.

Pour en savoir un peu plus sur les conditions de succès de l’intégration des stratégies et outils collaboratifs dans l’entreprise et aussi pourquoi certains se plantent royalement, je vous suggère de lire attentivement le billet publié par Dion Hinchcliffe, intitulé: « 14 Reasons Why Enterprise 2.0 Projects Fail ». Comme par hasard, il y traite entre autres de « bottom-up » et de gouvernance…

La bonne gouvernance 

Dans ce billet publié, je le rappelle, en 2009,  je ne me suis pas éternisé sur le sujet de la gouvernance mais c’est là une des clés qui puisse permettre aux forces progressistes en entreprise de déverrouiller le cadenas installé par les Ti sur les stratégies d’innovation. La gouvernance implique un partage équitable des pouvoirs de décision et d’action en ce qui a trait à la mise en oeuvre d’une stratégie Web d’entreprise et ce, entre plusieurs acteurs importants, habituellement, les Communications, les Ressources humaines, les Ti,  une ou plusieurs unités d’affaires en tant que clients stratégiques (Qui sont en demande et ont les budgets) réunis pour la prise de décision dans un comité directeur (VPs et CIO) et pour le prise d’actions dans un comité de coordination.

Autrefois maîtres incontestés des stratégies et des outils, les Ti doivent comprendre qu’ils doivent partager leur pouvoir et leurs budgets, qu’ils doivent être au service de l’entreprise et de ses employés et non l’inverse. En ce sens, la création de comités de coordination internes sont une absolue nécessité et quoiqu’en disent certains. Et il n’est pas essentiel que tout ce beau monde soit rompu aux subtilités du Web 2.0.

Peuvent se joindre à ces derniers des comités aviseurs techniques et d’utilisateurs. Très important que les utilisateurs soient impliqués dans la gouvernance, d’où le rôle primordial joué par le/ou les gestionnaires de communautés, impliqués dans la structure de coordination d’entreprise mais aussi au niveau local. Il y a aussi les «super-utilisateurs» et les «curateurs», soit des employés qui dans leurs habitudes de consommation personnelle, utilisent régulièrement les nouveaux outils de communication, de partage et de collaboration.

RHarpe

Dans ce tweet, Rachel Harpe, co-fondatrice du Community Roundtable fait état de résultats préliminaires d’une étude auprès des membres de cette communauté de communautés. Si on calcule bien, 27% des employés (créateurs et contributeurs) sont des utilisateurs actifs et impliqués, ce qui rejoint l’échelle des technographies sociales ci-dessous.

ÉchelleTS

On dit souvent que le gestionnaire de communauté aura fait «une bonne job» s’il mobilise le 20% du haut de l’échelle des technographies sociales la première année d’implantation d’une structure ou stratégie de collaboration sociale. Les super-utilisateurs jouent ici un rôle-clé en tant qu’early adopters et créateurs de contenus, identifiés par les gestionnaires de communautés, les premiers spécialistes de la collaboration dans l’entreprise..

Et dans une démarche de bonne gouvernance et d’innovation à l’interne les entreprises peuvent aussi avoir recours à des firmes de consultation. Mais attention aux chants des sirènes… Ne s’improvise pas spécialiste de l’Entreprise 2.0 qui veut, terme maintenant dépassé et utilisé par beaucoup d’agences pour des fins toutes autres. On parle beaucoup de Social Business aux USA et en France maintenant mais je préfère revenir au terme entreprise collaborative et innovante…

L’innovation ouverte

injectez

Je vous ai souvent parlé de leur potentiel innovant, beaucoup relié à la R&D des entreprises mais elles ont aussi leur utilité dans un processus de création de communautés dans les entreprises, dans la génération d’idées nouvelles pour le développement de l’intranet mais aussi dans la reconnaissance auprès des employés faisant preuve de créativité et d’initiative.

Donc, quand vous pensez gouvernance pensez que ce concept peut très bien se marier avec celui d’innovation. Bizarre car le premier fait appel à une certaine forme de contrôle alors que le second est présentement associé à la liberté créatrice, au CGU.

L’an dernier, à Bordeaux, j’ai été appelé à intervenir, dans la cadre de la Semaine Digitale, auprès de tous les CIO des grandes villes et collectivités locales de France ( voir ma présentation ICI). Comme écrit ci-haut, ce sont eux (et elles) qui historiquement bloquent l’innovation au nom de la sécurité. Nous étions à Bordeaux, donc en France. Loin d’être rébarbatifs ou prétentieux et imbus de leurs certitudes, plusieurs des CIO présents me sont revenus au petit déjeûner avec une foule de questions non pas sur le pourquoi mais bien sur le comment. Car la communauté Si de l’Hexagone est beaucoup plus ouverte qu’on ne le croit. Ouverte à l’Open… De là, l’importance de sensibiliser nos propres CIO à ce fait et surtout de tenter de les convaincre de s’orienter vers le logiciel libre, l’open source et l’innovation ouverte comme vecteurs de compétitivité et de croissance.

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2 Commentaires

  • Répondre B2B Web communities: where does your business stand? Part 2 - Exo B2B 16 août 2016 - 8 h 30 min

    […] a far cry from the “standard” figures with regards to communities. When I was running ÉmergenceWeb, I had published this chart which I still use in my interactive communication courses at […]

  • Répondre Communautés sur le Web en B2B: où en est votre entreprise (suite et fin) - Exo B2B 16 août 2016 - 8 h 31 min

    […] sommes loin des chiffres «normatifs» en ce qui a trait aux communautés. Ainsi, du temps d’ÉmergenceWeb, j’avais publié ce tableau dont je me sers toujours dans mes cours en communication […]

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