Comme promis, voici le troisième et dernier billet sur l’Observatoire de l’intranet et de la stratégie numérique 2013. Dans les deux premiers, je me suis attaché à analyser les résultats 2013. Dans ce dernier volet, je veux toucher plus particulièrement à l’évolution, aux éléments de synthèse, revenir un peu sur les grandes tendances, autrement dit faire une conclusion à haut vol et surprenamment tenter de faire correspondre avec la même étude, il y a dix ans, soit en 2003. Faut dire que les questions évaluées alors ne sont plus les mêmes.
7- L’évolution
Ainsi, en 2003 on ne se posait pas la question sur le nombre de refontes, donc sur l’évolution de l’intranet au sein même de l’organisation. le graphique ci-dessous montre que l’évolution est lente et que seul un petit pourcentage travaille à ce que je nomme de l’amélioration continue. Ils étaient 19% en 2012 et sont 20% en 20123. C’est le principe de Pareto : 80/20… Ainsi dans le 80 % restant, rien n’a bougé et ce qui est pire c’est que le nombre d’intranets n’ayant subi aucune refonte reste stable à 26% !!! Il y a matière à réflexion ici. Peut-on parler de stagnation ?
Dans les faits, cela correspond presque en tous points aux chiffres de 2010 mais alors quantifiés autrement. Voici ci-dessous, un tableau fort révélateur. La question était à quand remonte votre dernière refonte ? On est à 88% contre 12%. Et regardez surtout à la queue de peloton… 26% des intranets sans refonte en 2013 et 23% des intranets dont la dernière refonte remonte à plus de dix ans. Au secours !!!
Vais-je finir par trouver du positif sur l’évolution ds intranets d’entreprise ? Ce qui semble se dessiner et on l’a vu avec les RSE dans le billet précédent c’est que l’évolution est encore l’affaire d’une minorité. Appelez-les comme vous voulez, «Early Adopters», champîons, etc. Reste que c’est encore le bon vieux 20 versus 80. L’Observatoire a un bel as dans sa manche quand vient le temps de parler et d’observer la maturation des pratiques intranet. Les responsables de l’étude ont en effet, mis en place une grille des socio-types d’entreprises et/ou organisations. Au fil des ans ils ont dégagé neuf profils, qu’ils offrent de façon personnalisée à chaque répondant à l’étude. Et ces profils se déploient sur deux axes, soit la gouvernance et les fonctionnalités.
De ces neuf catégories, trois regroupent la majorité des entreprises et sont donc la colonne vertébrale de la grille. Je les ai donc entourés en rouge. Il s’agit des conservateurs (auxquels on peut aussi jumeler les consciencieux) les bâtisseurs (jumelage possible avec en mouvement) et en haut les champions (on peut les jumeler avec les avant-gardistes). Mais restons-en aux trois de base. On serait donc portés à croire que la base conservatrice correspond aux entreprises qui n’ont fait aucune refonte de leur intranet et ce, depuis presque dix ans, que la majorité se retrouve au milieu en train de de dépêtrer avec les méandres du Web 2.0 en entreprise et qu’une fois de plus, une infime minorité d’environ 6%, soit les champions et les avant-gardistes, ont vraiment procédé à de constantes évolutions pour en arriver à l’entreprise sociale.
Est-ce la bonne conclusion ? Voyons donc comment ont évolué les socio-types depuis leur introduction il y a trois ans.
Je vous le concède, le graphique est un peu petit. Ce qu’il faut en tirer c’est qu’en 2011, les conservateurs étaient 37,5%, les bâtisseurs 30,3% et les champions, un bien maigre 0,3%. En 2012, les conservateurs ont chuté à 27,3%, les bâtisseurs augmenté à 44% et les champions passés à 3,2%. Ce qui est saisissant c’est de voir 2013. On note encore une fois une certaine stagnation sinon un recul… Les conservateurs ont augmenté à 29,9%, les bâtisseurs sont revenus à leur proportion de 2011 soir 30,6% tandis que les champions stagnent à 3%. Il faut en conclure que 2012 a été une bonne cuvée pour l’évolution des intranets avec près de 50% des entreprises en train de bouger et d’essayer des choses, incluant une refonte. Par contre, 2013 marque un léger recul ou une pause.
8- Les facteurs clés et les freins
Mais pourquoi donc cette contraction? Quels sont les facteurs qui agissent comme accélérateurs ou freins ?. À cela, l’étude répond clairement avec le tableau ci-dessous:
Les douze points énumérés ci-haut sont d’une importance cruciale et je ne suis pas loin de croire que les trois risques y sont pour quelque chose dans le ralentissement qu’on observe et il ne faut pas oublier non plus que l’Europe est en récession… . Si les neuf facteurs-clés de succès ne sont pas au rendez-vous, ils deviennent alors des freins supplémentaires aux trois risques identifiés, donc douze écueils sur lesquels l’intranet social ou tout simplement un projet de refonte peuvent faire naufrage. Entre autres, la transparence. Mot à la mode ces temps-ci mais qui est essentielle et il ne s’agit pas que d’informer mais bien de consulter, et de faire participer, de là, le réseau «d’ambassadeurs». Et je note aussi au passage la gouvernance dont on a parlé dans le précédent billet.
Quant aux risques, ou freins, le premier est majeur et on le rencontre presque partout. Les budgets ne sont pas au rendez-vous. On priorise d’autres projets qui ont trait directement aux processus d’affaires et à la clientèle. Rien de bien nouveau là-dedans… L’interne a toujours été le parent pauvre de l’entreprise. Pourtant, TOUTES les entreprises clament haut et fort dans leurs valeurs que l’employé est au centre de leur préoccupations et qu’il constitue, selon elles, leur principal capital.
Tous les employés le savent… Les grands principes c’est beau mais cela se traduit rarement par des gestes concrets, tangibles dans un investissement sérieux et ordonné dans ce fameux capital humain. Ce qui amène donc au second risque, soit la résistance au changement. Et ce ne sont pas seulement des résistances à l’intégration de nouvelles technologies de communication, de partage ou d’amélioration des outils de travail.
C’est aussi un scepticisme généralisé et une perte de confiance des employés dans la volonté de leurs dirigeants de vouloir vraiment changer les choses et donc aussi une résistance DE la hiérarchie qui ne veut pas perdre ses prérogatives et ses pouvoirs, qui n’est par prête à mettre en place une vraie culture de collaboration basée sur l’expertise du fameux capital humain. Je vous suggère d’ailleurs de lire un des derniers billets de Dave Pollard (Merci Jon Husband) intitulé :«What if Everything Ran like the Internet?»
9- La synthèse
Que faut-il retenir de cette étude comme de précédentes ? D’une part que les priorités et tendances ont bien changé en dix ans comme le font foi les deux tableaux ci-dessous où les tendances touchaient à des problèmes d’appropriation, de gestion des contenus, de décentralisation et du fameux mot de passe unique (SSO).
Considérations bien terre-à-terre et ancrées dans l’intranet 1.0 et dans le comment faire. En cela, dix ans plus tard, il faut bien avouer que les choses ont bien changé. On joue dans une cour qui est beaucoup plus vaste et complexe où il est question de stratégie numérique, de mobilité, de collaboration et des réseaux socio-professionnels mais aussi et toujours et cela n’a pas changé depuis dix ans, de gouvernance !
À mon avis, la ligne est bien mince entre cette dernière et la stratégie numérique. Et notez, comme je l’ai écrit dans le billet précédent que le RSE va progressivement s’intégrer dans l’intranet pour « mettre fin à une forme de schizophrénie de certaines organisations où plusieurs mondes cohabitaient les uns à côté des autres».
Je viens d’écrire le mot «intégration»… C’est un mot-concept que j’ai souvent utilisé dans mes billets. J’ai souvent traité de l’intégration à propos des produits de Google ou d’IBM, de l’intégration des 3Nets, de l’intégration des magasins d’applications dans un portail intranet personnalisé mais aussi d’écosystème d’entreprise qui puisse permettre à cette dernière de devenir plus sociale, aussi bien à l’interne qu’à l’externe mais aussi plus horizontale dans sa hiérarchie avec moins de relations de pouvoir et plus de relations basées sur la collaboration.
Je vous laisse donc avec ce tableau synthèse de l’intranet (ci-dessus) que vous retrouverez en fin d’Observatoire. L’intranet en 2013 devrait être un tout intégré et ce dernier serait entièrement à propos de relations. Relation aux autres, relation au travail, relation au temps, relation à la stratégie et à l’espace. Je reconnais là si je ne me trompe pas, la touche de Michel Germain.
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