Entreprise 2.0 Gestion des organisations

Capital humain: arrêtez, je n’en peux plus…

29 septembre 2009

Merci à @MariaDaSilva de m’avoir mis sur la piste… Sur celle des administrateurs d’entreprises, des consultants en réingénierie des processus et tous les spécialistes en gestion des ressources humaines. Je n’en peux tout simplement de les entendre parler de «capital humain» et des employés comme une «ressources stratégique».

Le dernier en date est Daniel Lebègue, président de l’Institut français des administrateurs et de l’Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises. Ce dernier vient de s’épancher dans un article paru dans la Tribune.fr.

Tiens, ça vaut la peine que je rapporte ses propos recueillis par le ou la journaliste :

« l’ex-directeur général de la CDC estime que le conseil d’administration d’une entreprise ne devrait pas se préoccuper seulement de la préservation et du développement du capital financier, mais aussi, et surtout, de l’actif humain. Un actif qui constitue, selon lui, la véritable richesse de l’entreprise. Il souligne que la bonne gouvernance d’une société, particulièrement en des temps troublés, se traduisant par des pertes de repères, passe par la prise en compte de l’ensemble des parties prenantes et, en particulier, les salariés. Il place ainsi le facteur humain au coeur de toute démarche visant à améliorer la performance de l’entreprise.»

Beau discours mais on en rajoute quand même… En plus de parler de capital et de ressource, on y ajoute l’actif. C’est ce discours 1.0 qui me purge littéralement et qui a mené les organisations au bord du gouffre de la présente récession.

Les employés ou collaborateurs ne sont pas des ressources ! Pas plus que des actifs ou du capital. Ce sont des êtres humains qui interagissent, qui communiquent, qui travaillent, qui collaborent et surtout qui créent. Ce sont eux qui forment l’entreprise. Et tant que les administrateurs les prendront de haut dans leurs  bureaux en verre et officines feutrées, il n’y aura pas de vrai changement au sein des organisations.

Le changement et le passage à l’entreprise 2.0 ne se fera qu’à la condition que l’organisation change ses valeurs, ses attitudes et sa relation au pouvoir et à la hiérarchie. Pour cela, il ne faut guère compter sur la génération actuelle de dirigeants ni sur la prochaine.

Il faudra attendre l’arrivée aux postes de décision de la génération Y mais surtout de celles qui suivront. Celles dont les représentante(e)s ont identifiés par Marc Prensky comme étant les natifs du numérique. Ces derniers forment déjà et formeront de plus en plus des tribus, ce qui changera du tout au tout la structure de pouvoir de la société et des entreprises mais aussi ses valeurs.

Que disait Patrick McGoohan dans l’émission-culte Le Prisonnier? «Je ne suis pas un numéro…»



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12 Commentaires

  • Répondre Anthony Poncier 29 septembre 2009 - 8 h 44 min

    Qui a dit ?

    « L’HOMME, LE CAPITAL LE PLUS PRÉCIEUX »

  • Répondre Vincent 29 septembre 2009 - 8 h 46 min

    J’aime Claude quand tu réchauffes le débat avec de bons articles comme ça, courts mais percutants!

    Bon en fait c’est une mode et qui ne date pas d’hier, j’y ai moi-même cédé en son temps mais c’était avant le 2.0 et pouvant être considéré comme un réel progrès.

    Alors oui il est temps de changer et celà sans attendre la prochaine génération?

  • Répondre Anthony Poncier 29 septembre 2009 - 8 h 47 min

    Et donc la réponse :

    Staline, lors d’un discours prononcé au palais du Kremlin à l’occasion de la promotion des élèves de l’Académie de l’Armée rouge (1935)

  • Répondre Jm 29 septembre 2009 - 10 h 13 min

    Tout à fait d’accord, c’est un peu comme demandé à quelqu’un d’être objectif alors que nous ne sommes pas des objets, nous sommes des sujets donc des êtres subjectifs !

  • Répondre Yannick Leblanc 29 septembre 2009 - 11 h 21 min

    Je suis ravi de constater un tel optimisme envers les générations futurs. Preuve d’une grande sagesse.

  • Répondre Marc Traverson 29 septembre 2009 - 11 h 54 min

    Vous avez raison, bien sûr. Et cependant je serais moins critique que vous sur le fond de l’affaire. Ce langage copié-collé de l’univers de la finance et de la gestion (capital, ressource, actif et tutti quanti), n’est-ce pas simplement celui d’une certaine frange de décideurs? Leur jargon, en somme. Alors, même s’ils viennent de loin, même s’ils sont maladroits et peu à l’aise avec les hommes et les femmes de leurs entreprise, je salue leur tentative pour prendre en compte cette dimension. C’est mon côté optimiste. Espérons que c’est un premier pas.

    Meilleures salutations

  • Répondre papyjo 29 septembre 2009 - 12 h 09 min

    Oui, moi je suis d’accord que le personnel fait partie du capital donc de l’actif d’une société. Pourquoi alors le maintenir dans les dépenses du compre d’exploitation à coté des stylos et du papier c…

  • Répondre Eric Baillargeon 30 septembre 2009 - 7 h 32 min

    Elle se pointe la nouvelle génération… du moins en Allemagne :
    http://www.spiegel.de/international/germany/0,1518,651748,00.html

  • Répondre Alain Theriault 4 octobre 2009 - 9 h 54 min

    Moi, je le vois d’un autre oeil. Il y a les mots et les intentions.

    Dans certaines sociétés, tutoyer équivaut à un manque de respect. J’ai personellement manqué de respect plus souvent à des gens que je devais vouvoyer.

    Je peux très bien traiter mes ressources et « bichonner » mes actifs comme je peux être un chef de tribus despotique et prendre mes « associés » de haut.

    Un imbécile riche fait plus d’imbécilité.

    Les natifs du numérique vont créer des grandes choses de par leur collaboration numérique et ils vont exercer leur soif de « pouvoir » par le même canal.

  • Répondre émergenceweb : blogue » Bonne Année 2010! Quelques billets… 4 janvier 2010 - 15 h 15 min

    […] Capital humain: arrêtez, je n’en peux plus… […]

  • Répondre émergenceweb : blogue » Observatoire de l’intranet 2013: dix ans plus tard, Pareto fait toujours la loi ! 3 juin 2013 - 8 h 46 min

    […] par des gestes concrets, tangibles dans un investissement sérieux et ordonné dans ce fameux capital humain. Ce qui amène donc au second risque, soit la résistance au changement. Et ce ne sont pas […]

  • Répondre Andrée Laforge 20 novembre 2013 - 8 h 46 min

    C’est à deux économistes américains du milieu du XXe siècle, Theodore W. Schultz et Gary S. Becker, tous deux prix Nobel d’économie, que nous devons l’expression de capital humain. Le capital humain représente ce que possède chaque être humain : sa force physique et ses capacités intellectuelles. Ces deux économistes ont démontré que la croissance d’une économie développée est largement due à la croissance de son capital humain, croissance obtenue grâce à des investissements importants des individus dans leur éducation et leur santé. On a ensuite transposé la notion de capital humain à l’entreprise. C’est ce qui permet de faire contrepoids au capital financier des entreprises. Le capital financier est l’ensemble des actifs tangibles de l’entreprise. Tandis que le capital humain se retrouve au niveau de l’intangible. Dans les intangibles, on a le capital intellectuel qui se retrouve sous trois rubriques : le capital structurel, le capital clientèle et le capital humain. Le premier couvre les logiciels, bases de données, brevets et marques de commerce (ceci appartient à l’organisation). Le second (capital clientèle) désigne le tissu de relations que l’organisation a développé et entretient avec ses clients (ceci appartient aussi à l’organisation). Le troisième est l’ensemble des connaissances, compétences, aptitudes, attitudes, capacités détenues par le personnel. Malheureusement pour l’organisation, ce capital ne lui appartient pas. Mais il est du ressort de cette dernière si elle veut demeurer compétitive de l’attirer, de le mobiliser et de le conserver à l’intérieur de son organisation. Voilà! Il n’y a rien de péjoratif à utiliser le terme Capital Humain, au contraire, il vient plutôt bonifier l’importance de l’être humain dans l’organisation.

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