Depuis quelques semaines, le numérique au Québec est un des sujets qui fait couler le plus d’encre dans les médias comme sur les blogues. Un peu plus d’un an après le deuxième Forum des idées pour le Québec où le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard nous promettait une stratégie numérique pour le Québec, sortait un communiqué en provenance son bureau annonçant la création d’un groupe-conseil et le lancement d’une consultation publique sur Internet.
Deux articles assez semblables provenant de la même source (1, 2), mais diffusés dans deux médias différents affirment que «Québec veut prendre son temps». Mais aussi travailler de façon sectorielle comme l’explique Sylvain Carle, un des membres du groupe-conseil, sur un forum de discussion dédié au Plan Numérique: «l’approche sectorielle/traditionnelle ne va que renforcer les défauts de ce qu’on a déjà. Je crois que le groupe de travail actuel a quelques forces (notamment le CEFRIO), mais beaucoup de faiblesses (les groupes qui représentent les industries TI). J’ai l’impression que le processus en cours est vraiment mauvais, on part de plein plein plein de documentation/énoncés et on travaille ça petit morceau par petit morceau. C’est la meilleure manière de noyer le poisson.»
Sylvain a fait part de ses doutes sur son propre blogue en publiant:
Du numérique au Québec, plan, programme ou principes?
Et il a été appuyé par d’autres voix:
Aurons-nous un jour un plan numérique? De Michelle Blanc
Le Plan numérique, c’est notre responsabilité De Yves Williams
Oubliez la stratégie numérique… De Mario Asselin
Feuille de route de l’économie numérique : il y a un trou De Josée Plamondon
Ayant déjà personnellement écrit plusieurs billets sur le sujet et ayant fait partie des 13 Étonnés et participé à son Manifeste, je joins ma voix à ces dernières pour déplorer l’approche gouvernementale. En apprenant la nouvelle, j’ai écrit en boutade aux autres «Étonnés» que je passais d’étonné à indigné! Sylvain a rajouté résigné et proposé une nouvelle rencontre du groupe mais élargi à plusieurs autres acteur(trice)s du milieu. Cette rencontre aura lieu probablement le 20 novembre. Annoncer la formation d’un groupe d’experts très peu représentatif du milieu et faire une consultation-bidon sur Internet au lieu de convoquer de vraies Assises du Numériques m’avait mis, je l’avoue, en beau fusil. Je me serais attendu que le travail des Étonnés et surtout celui, immense du Michel Cartier, soit considéré, que des Assises citoyennes soient convoquées au lieu d’un petit groupe derrière des portes closes.
CEFRIO et PME numériques…
Mais comme le mentionnait Sylvain, il y a des forces intéressantes qui agissent dont le CEFRIO. C’est sectoriel, j’en conviens mais ce matin, le CEFRIO rendait public sur le site PMEnumerique.ca des résultats du programme PME 2.0 mis sur pied par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations afin de rehausser la productivité des PME québécoises par le numérique. En trois ans, le Centre a accompagné 30 entreprises des secteurs de l’aérospatiale, de la mode et du vêtement dans leur passage au numérique. Pour réaliser leur stratégie numérique, ces entreprises auront investi au-delà de 10 M $ dans leurs projets.
Une deuxième phase du programme PME 2.0 se déroulera de 2015 à 2018. « Le passage à l’entreprise numérique est un grand défi pour nombre de PME québécoises soucieuses de leur productivité et compétitivité internationale. Réponse concrète à ce défi, le programme PME 2.0 a démontré des résultats probants et nous sommes fiers de le voir reconduit pour trois autres années par le gouvernement du Québec », a déclaré Jacqueline Dubé, PDG du CEFRIO.
Les résultats du programme PME 2.0 ont été partagés ce matin devant plus de 250 participants réunis dans le cadre de la journée RDV Perspectives organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain en association avec le CEFRIO et intitulée: «L’inévitable passage au numérique». Les participants ont pu y entendre les témoignages de dirigeants de PME et de grandes entreprises ayant pris avec succès le virage numérique telles que APN, Second Clothing et plusieurs autres. Bref, un bon début dans un des secteurs-clé de l’économie québécoise.
Par leur participation à ce programme, les entreprises sélectionnées en 2013 ont planifié leur stratégie numérique, mis en oeuvre des projets d’adoption de technologies de l’information et développé leurs compétences numériques. Le CEFRIO a réuni et animé une équipe de partenaires sectoriels, de chercheurs universitaires et d’experts pour accompagner et intervenir auprès des entreprises participantes. PME 2.0 a été reconduit dans le cadre du budget 2015-2016 du gouvernement du Québec. Sa portée sera élargie afin :
– de favoriser l’adoption de solutions permettant aux détaillants de profiter pleinement des outils du commerce électronique;
– d’entreprendre le virage des PME manufacturières vers l’industrie 4.0;
– de favoriser l’usage des technologies numériques par les entreprises de l’économie sociale.
PMEnumerique.ca et approche sectorielle
Le CEFRIO a profité de l’occasion pour lancer le site PMEnumerique.ca. On y retrouve des témoignages de dirigeants exposant les bénéfices de leur passage au numérique réalisé dans le cadre de PME 2.0 ainsi que des outils simples mais efficaces pour aborder des projets d’adoption technologiques. Ces outils, regroupés en 6 étapes (les 6 clés de l’adoption du numérique), mettent en valeur les bonnes pratiques en matière d’adoption des TIC (planification, sélection de solution, etc.). Qu’on me comprenne bien: l’initiative du CEFRIO et du MEIE a du mérite et s’attaque concrètement à un aspect important de l’économie numérique: la participation des PME. Mais cela demeure sectoriel. On agit à la pièce, petit morceau par petit morceau, comme le mentionnait Sylvain Carle.
Après le Plan culturel numérique, ce sera donc l’économie comme le démontre cette image de la «feuille de route» du comité d’experts mis en place par le gouvernement et dont voici la composition. Un Plan numérique pour le Québec doit s’appréhender dans sa globalité et ensuite être déployé en phases concrètes. Pas l’inverse car où est la Vision?
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