Je fais ici une expérience… En fait, je reprends (avec son autorisation) le texte de Sylvain Grand’Maison qui portait sur les podcasts de niche. En le lisant, je me suis dit que la correspondance était frappante avec l’expérience du blogue. Alors voici le résultat :
Une niche en Creative Commons…
Avoir une niche spécifique pour son blogue, c’est-à-dire un sujet et un auditoire ciblés, peut paraitre limitatif pour bien des gens. Et je n’étais pas loin de penser ainsi avant de lancer emergenceweb/blog au printemps 2006. Comme pour Sylvain et son podcast, j’avais un certain doute en arrière-pensée… Non pas sur le fait que je sois capable de «pondre» du contenu pertinent et de qualité car je savais bien qu’avec du travail et un zeste de passion, on finit toujours par arriver à ses fins. Plutôt je me demandais si j’aurais des lecteurs… Vous partez de rien, vous êtes un minuscule point sur la Blogosphère : monsieur 133 millionième…
Imaginez : faire un blogue techno et d’affaires portant en particulier sur l’Entreprise 2.0. Au départ, cette niche n’était même pas affirmée dans mes billets mais elle s’est vite imposée et c’est à ce titre que plusieurs de mes lecteurs/trices m’identifient maintenant et tiennent à me lire…Eh, oui, ils sont venus !!!
Une niche à l’intérieur d’une niche
Le Québec est un petit marché-niche. Même s’il y a près de soixante-cinq millions de Français, ce ne sont pas eux qui sont les premiers visés. Ils ont leurs propres spécialistes du domaine comme les amis Fred Cavazza, Bertrand Duperrin, Éric Blot ou encore
Et à l’intérieur de ce petit marché-niche immobile et peu innovant, un blogue qui traite d’entreprise 2.0, de hiérarchie horizontale, de «digital natives», de «Cloud Computing» et de dématérialisation des emplois est encore plus une niche. Et si ce blogue, vise, en plus, à démontrer son expertise afin de pouvoir générer des contrats de consultation, vous voyez alors que c’est super-niche ! Il y a bien des sujets qui seraient susceptibles d’attirer plus lecteurs que ceux-là. Non pas que ça n’intéresse personne, au contraire. Et c’est ce qui est le plus surprenant. C’est Dion Hinchcliffe qui disait que cette niche valait 4,3 milliards $ US d’ici cinq ans chez nos voisins du Sud. C’était bien entendu avant la crise financière mais encore là…
Atteindre sa cible
Le succès des blogues de niche ou de super-niche réside dans le fait qu’ils sont plus spécifiques, plus pointus, plus ciblés et proposent à leurs lecteur une denrée rare : l’innovation, ce que O’Reilly mentionne comme étant la clé technologique qui nous fera sortir de la dépression économique annoncée.
Plus on est innovants et originaux, plus les gens qui recherchent ce type de contenu, vont le trouver facilement et plus on risque d’atteindre sa cible. La cible à atteindre étant l’intérêt et la curiosité du lecteur mais aussi son besoin de trouver ce qui est nouveau. La cible n’est donc pas le nombre de lecteurs, le classement selon Technorati ou Wikio.
Car dans le domaine du blogue ciblé et d’affaires, il importe plus de trouver les lecteurs qui s’intéressent à notre contenu qu’un nombre faramineux de lecteurs passifs. Un lecteur passif est un lecteur de passage, du genre un peu voyeur. Un lecteur intéressé reste, commente, revient, participe et finit par vous donner un contrat ou vous mettre en relation avec un autre qui lui… Vous voyez la chaîne et elle n’est pas bassement matérialiste…
Communiquer la passion
Les blogues de niche son ceux qui déchaînent le plus les passions. Si on parle de science-fiction en général par exemple, on ratisse large et on peut intéresser vaguement beaucoup de gens. Alors que si l’on décide d’être spécifique et de parler uniquement des films-culte comme 2001 Odyssée de l’espace et Blade Runner, on va attirer une foule moins impressionnante de lecteurs mais beaucoup plus passionnés.
Difficile vous me direz dans le cas d’un blogue d’affaires ? Pas si vite… Ceux qui suivent régulièrement celui de l’amie Michelle Blanc savent qu’elle écrit avec passion de son métier et du marketing Web qui est SA niche. C’est aussi le cas quand je parle des possibilités impressionnantes qu’offre le Web 2.0 aux entreprises ou celui de l’ami
Une passion que nous avons d’ailleurs transmise lors de notre récent séjour à Bordeaux. Une passion qui aurait pu prendre la forme d’un chemin de Damas mais qui bien au contraire a plus ressemblé à celui de Compostelle et j’en prends à témoin nos hôtes Isabelle Juppé et Hélène Frébourg et regardez cette entrevue que nous donnions Philippe et moi entre deux rencontres. Pas besoin de vous dire qu’ils ont aimé là-bas…
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Le paradoxe de la niche
Parfois avoir un blogue de niche peut amener beaucoup plus de lecteurs qu’un autre généraliste. C’est une sorte de paradoxe car on aurait tendance à croire le contraire si on base cette réflexion sur le modèle des médias traditionnels. Dans les journaux, un quotidien généraliste comme La Presse attire des centaines de fois plus de lecteurs que le magazine spécialisé.
Mais dans le blogue, c’est souvent l’inverse qui se passe. Pourquoi ? C’est simple… La Longue Traîne… Jusqu’ici, les journaux généralistes disaient un peu de tout à beaucoup alors que les médias spécialisés disaient beaucoup de spécifique à très peu. Maintenant les médias spécialisés et dans la marge mais bien présents les blogues, disent maintenant beaucoup à beaucoup (le «many to many», le «peer-to-peer», le «user generated content»). Une recherche maintenant sur Google sur un sujet niché et bien référencé et hop voici venir les lecteurs…
Au-delà de la notion de blogue spécialisé, il est probablement plus important de choisir un sujet qui nous passionne que de se “bâtir une niche” dans le but d’attirer le plus grand nombre de lecteurs possible. Et vous, vous en dites quoi ?