Je suis tombé, grâce au copain Christian Joyal d’inpowr, sur un article des plus intéressant et publié le 10 janvier dernier par Sébastien Delahaye de Libération.fr et intitulé :«Réseaux sociaux : Emporter ses amis avec soi». Surprenant pour un blogueur spécialisé dans les jeux vidéos mais qui donne parfois dans des analyses fort intéressantes sur le Web 2.0 et sans le savoir sur le Web 3.0.
Dans son billet, qui fait écho à celui paru dans Read Write Web, il retrace les grandes lignes d’une initiative américaine, la Data Portalility Initiative, (portabilité des données) initiée par un groupe de geeks dont J. Trent Adams et Ben Meltcalfe. Vous vous souvenez de la mésaventure de Robert Scoble sur Facebook, qui a été banni de profil pour avoir voulu utiliser ses propres données ailleurs ?
Vous vous souvenez également que j’ai écrit à plusieurs reprises, dont ICI, sur la charte des droits des utilisateurs des réseaux sociaux, charte mise de l’avant par les flamboyants Mark Canter et Michael Arrington ? Vous savez également que j’écris régulièrement sur Google et leur obsession de dominer le Web des données avec, entre autres, le Open Social Initiative en réponse à Microsoft et Facebook (lire ce billet) et aussi à la guerre que se livrent les deux géants sur les entrepôts de données (lire cet autre billet).
Serez-vous alors surpris d’apprendre que le Data Portalility Initiative possède son Google Group et son groupe Facebook… Mais surtout que Google et Microsoft sont maintenant des membres actifs, de même que plusieurs autres gros joueurs du Web 2.0 comme LinkedIn, Digg, Mozilla, Twitter, Flickr, SixApart, et… Facebook !!! Ce qui a eu l’effet d’une bombe dans le milieu.
Le but initial est louable : Permettre aux utilisateurs de faire ce que réclamait à grands cris Mark Canter à LeWeb3 à Paris : Permettre aux utilisateurs de posséder leurs données personnelles sur le Web social 2.0 et de pouvoir les «scraper» d’un site à l’autre, soit une sorte d’Open Social Initiative pour utilisateurs. Le but ultime : Que l’initiative soit récupérée au profit de Google et Microsoft dans leur bataille pour vos données. Et devinez qui va représenter Google au sein de«l’Initiative» ? Nul autre que Brad Fitzpatrick, l’inventeur LiveJournal et du OpenID… Et pour Facebook ? Nul autre que Benjamin Ling, qui a quitté Google il y a trois mois !!!
En conclusion de son billet, Sébastien Delahaye écrit :
«Dans les mois à venir, DataPortability devra prouver que ce n’est pas qu’un groupe de travail de plus, plein de bonnes intentions mais incapable de produire des résultats réels. Et surtout se plonger dans les arcanes de la directive européenne sur les données personnelles, qui précise que les données collectées ne peuvent être utilisées, sauf autorisation expresse des utilisateurs, hors du contexte prévu initialement. En d’autres termes, interdiction a priori pour un internaute de transférer tous ses contacts automatiquement d’un site à l’autre. Or, c’est précisément le but de DataPortability…»
Le groupe de travail, comme il le nomme, vient au moins d’accoucher hier d’un premier rapport. Très intéressant à lire et je vous le recommande. Mais il y a dans ce rapport des passages qui laissent songeurs, tels celui-ci :
«To better reflect a focus on control and privacy, the slogan on the front page has been changed from “sharing is caring” to “Connect. Control. Share. Remix”. The “Sharing is Caring” slogan was actually targeted at vendors but has been misunderstood to imply social networking and sharing of personal data.»