J’ai publié un billet semblable il y a plus d’un an mais il faut croire que je n’ai pas assez tapé sur le clou car l’amie Fadhila Brahimi est revenue sur le sujet sur l’événement Yulbiz-Paris sur Facebook en réponse à un probable participant…
Le sujet est le capital humain ou social… Et je n’en peux plus d’entendre parler de CAPITAL quand il est question d’humains, de travailleurs ou comme on les nomme en France de collaborateurs. Je n’en peux plus de la réthorique des administrateurs d’entreprises, des consultants en réingénierie des processus et tous les spécialistes en gestion des ressources humaines. Je n’en peux tout simplement de les entendre parler de «capital humain ou social» et des employés comme une «ressource stratégique»!!!
Un de ceux-là est Daniel Lebègue, président de l’Institut français des administrateurs et de l’Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises. Ce dernier s’est épanché dans un article paru dans la Tribune.fr.
Tiens, ça vaut la peine que je rapporte ses propos recueillis par le ou la journaliste :
« l’ex-directeur général de la CDC estime que le conseil d’administration d’une entreprise ne devrait pas se préoccuper seulement de la préservation et du développement du capital financier, mais aussi, et surtout, de l’actif humain. Un actif qui constitue, selon lui, la véritable richesse de l’entreprise. Il souligne que la bonne gouvernance d’une société, particulièrement en des temps troublés, se traduisant par des pertes de repères, passe par la prise en compte de l’ensemble des parties prenantes et, en particulier, les salariés. Il place ainsi le facteur humain au coeur de toute démarche visant à améliorer la performance de l’entreprise.»
Beau discours et le monsieur en rajoute… En plus de parler de capital et de ressource, on y ajoute l’actif. C’est ce discours 1.0 qui me « purge » littéralement et qui a mené les organisations au bord du gouffre de la présente récession.
Les employés ou collaborateurs ne sont pas des ressources ! Pas plus que des actifs ou du capital. Ce sont des êtres humains qui interagissent, qui communiquent, qui travaillent, qui collaborent et surtout qui créent. Ce sont eux qui forment l’entreprise. Et tant que les administrateurs les prendront de haut dans leurs bureaux en verre et officines feutrées, il n’y aura pas de vrai changement au sein des organisations.
Le changement et le passage à l’entreprise 2.0 ne se fera qu’à la condition que l’organisation change ses valeurs, ses attitudes et sa relation au pouvoir et à la hiérarchie. Pour cela, il ne faut guère compter sur la génération actuelle de dirigeants ni sur la prochaine.
Il faudra attendre l’arrivée aux postes de décision de la Net Gen, celle dont les représentante(e)s ont identifiés par Marc Prensky comme étant les natifs du numérique. Ces derniers forment déjà et formeront de plus en plus des tribus, ce qui changera du tout au tout la structure de pouvoir de la société et des entreprises mais aussi ses valeurs.
Que disait Patrick McGoohan dans l’émission-culte Le Prisonnier? «Je ne suis pas un numéro…»
8 Commentaires
Désolé de te décevoir mais ça n’est pas demain que ça va changer. Ta Netgen va devoir un jour apprendre des choses très 1.0 comme la finance et la comptabilité. Tes êtres humains vont devenir au pire des coûts au mieux des actifs qu’on veut valoriser.
Le seul problème du capital humain c’est qu’il apparait dans la colonne dépenses du compte de résultat mais pas dans le bilan…le jour où il y sera je suis sur qu’on y fera plus attention.
Tant qu’on les traite pas comme des immobilisations….
ah ah je t’adore en ronchon.
Le bon point c’est de passer de variable d’ajustement a capital. Ensuite les envolees lyriques c’est en effet du pipo 2.0 pour aller dans le sens du vent et ameliorer son image .
Il faut demander la traduction dans les faits.
Pour ma part je suis pour revenir deja a un vrai dialogue social!
D;accord avec ce point de vue.
Le problematique est, d’apres moi, que les corporations ont poor trop long temps maintenant (grace souvent aux recommendations (de ce qui est soit a la mode ou a « cash cow » type of method) des grands boites conseils) assumer que le relation entre entreprise et employee est transactionel et n’est qu’une question financiere. Do that for 30+ years, ajout a ce melange de la remuneration variable (les bonis), laisse le mijoter plusieurs ans pendant qu’il evolue une situation d’emploi de plus en plus precare, and you get cynical people responding to cynical organizations and conditions.
That’s what attending to people as resources and capital gets you .. and thus into an endless set of loops. Add ‘social’ as a modifier for the term ‘capital’ into the mix and you get a fundamental disrespect for the issues that can really make a difference … an open-but-with-clear-goals-and-boundaries work environment where people are (and feel) a part of making something great happen on an ongoing basis.
Excellent billet. Possible de le faire plus court encore. Utiliser une métaphore économique pour qualifier l’humain est suffisament clair pour qu’il soit inutile d’en rajouter. Pour des financiers on évoque le « capital humain », « les actifs » comme les militaires évoquent des « troupes » et les startup des « geeks talentueux ». Chacun est dans sa logique.Modifier le cadre modifiera le glissement sémantique. Je crois comprendre que c’est la logique de ce post 🙂
@Bertrand: À mon tour de te décevoir mais très cynique et très européen et je dirais même très Français comme réaction. Pas pour rien que traités de la façon dont tu le décris, les « collaborateurs » dans les entreprises se suicident ou cherchent désespérément à émigrer vers des sociétés moins hiérarchiques, où ce qui compte c’est ce que tu fais et non ce que tu es…
SYS in Paris 😉
@Claude Les RH n’ont finalement jamais trouvé un équilibre dans ses termes: Ressources humaines, Relations Humaines, Relations des Personnes,etc. Autant de termes qui laissent penser qu’il est difficile de positionner la « masse salariale » dans une appellation qui puisse à la fois faire partie du Bilan de l’entreprise et de sa stratégie globale.
Je suis d’accord avec Bertrand « Le seul problème du capital humain c’est qu’il apparait dans la colonne dépenses du compte de résultat mais pas dans le bilan…le jour où il y sera je suis sur qu’on y fera plus attention. »
Et je ne suis pas Ok avec la traduction Wuffie = capital social.
Ah au fait @Claude ce n’est pas parce que tu as tapé sur le clou il y a un an ou plus que je suis censée être sous la tête du clou ou de l’objet frappant 😉 Je peux penser différemment et probablement y adjoindre une autre vision, celle de la MGRH (très faiblement abordée par ailleurs ou traitée par des personnes qui n’ont jamais gérer plus de 10 collaborateurs …Or la MGRH se situe à partir de 300)
Aussi, le problème de capital Social, ou actif humain, car c’est bien de cela dont il est question revêt différents aspects qui vont de la gestion de la rémunération à la gestion des compétences en passant par l’organisation, la communication et les relations sociales. Or, toute la difficulté est de ne pas occulter que gérer la relation avec des collaborateurs pour une Direction des Ressources Humaines c’est aussi la gestion des coûts (salaires, variables,etc), l’impact des politiques en matière d’emploi et des compétences, l’enjeu des accords cad maintenir l’attractivité, la motivation, l’équité…
[…] dans l’écosystème de l’entreprise: potentiel mobilisable… Ça me fait penser è mon coup de gueule sur le capital […]