Je suis membre de LinkedIn depuis 2006 et utilise cette plate-forme pour mon réseautage professionnel. Je suis membre Premium, autrement dit payant et j’ai plus de 1 500 «relations» d’affaires. Je suis actif dans la communauté et gère quelques groupes d’expertise. Au fil des ans, j’ai vu la montée en puissnce de cet outil socioprofessionnel. Quand nous étions 35 millions, puis 100, puis 150 millions.
Le 9 janvier dernier, le copain Benoît Descary a été un des premiers à souligner le passage du cap des 200 millions. J’ai repris son billet et l’ai publié sur le mur FB de mon cours à l’UdM puisque nous venions justement de parler des réseaux sociaux et j’avais parlé de 160 millions à mes étudiants. Rectification faite grâce à Benoît. L’histoire aurait pu se terminer là mais c’était sans compter sur l’équipe de marketing qui s’occupe de la visibilité de cette plate-forme.
Ainsi, quelques jours plus tard, sur les réseaux sociaux on a vu apparaître cette missive au ruban bleu incitant les membres à partager la bonne nouvelle. Excellente idée, belle reconnaissance envers la communauté.
Là où ça se gâte c’est quand on veut trop en faire et qu’on essaye de personnaliser ce message tout en flattant l’égo du membre. Ainsi, dans mon cas, je reçois ce matin par courriel cette belle lettre :
WoW !!! Eille, je suis parmi les «happy 5% few»… Je joue un rôle unique… Je clique donc pour lire la suite et voilà que je retombe sur sur la missive au ruban bleu mais cette fois personnalisée et m’incitant toujours à partager la bonne nouvelle.
Encore là, l’histoire aurait pu bien se terminer mais sur Facebook, je suis tombé par hasard sur un statut de Martin Lessard qui avait lui aussi reçu l’envoi de LinkedIn et en-dessous de son statut, plein de réactions de personnes ayant eux aussi reçu la missive (57 à date). 5% de 200 millions ça fait 10 millions donc pas de panique encore mais par les réponses, je me suis vite aperçu que certains font partie du 5%, d’autres du 10% et certains du 1%.
Et le pire c’est que cela n’a rien à voir avec le nombre de leur relations ou encore leur activité dans le réseau comme le démontre cette capture d’écran des réactions à mon statut sur FB :
L’opération est donc en train de se retourner contre LinkedIn. On parle de stunt publicitaire mal ficelé et je dirais de méconnaissance de la nature même des réseaux sociaux. C’est grave pour une entreprise qui se targue d’être le numéro UN des réseaux socioprofessionnels. La grogne monte sur Facebook, sur Google+ et sur Twitter mais aussi dans les blogues et les sites spécialisés en techno et en communication.
Jugez par vous-mêmes du billet pas très flatteur publié ce matin par Nancy Miller sur le site de FastCompany et intitulé : « The Disappointing Truth Behind Your LinkedIn Blue Ribbon» (Merci à Catherine Mathys pour le lien dans le fil de Martin).
Voici un passage fort édifiant sur la méthode de sélection des heureux élus:
«I’m sure LinkedIn is grateful for reaching 200 million members, as it wrote in notes it began emailing on Feb. 7 (LinkedIn won’t specify the exact number sent). But if gratitude was No. 1 on the agenda, why not thank everyone and email a pre-fab tweet for everyone to shoot out: “I’m one in 200 million!” Instead LinkedIn went to a bit of trouble to pay homage to a shrewd mix of members, which feels like a dastardly psychological game. The selection is producing results just random enough to make you think: That should be me in the 1%, not that loud-mouthed shmoe from marketing.
The lucky winners of the blue ribboned notes weren’t necessarily big name hoo-hahs on BuzzFeed. They were drawn from a pool of one million members (LI declined to say how it selected this crew). Each nominee needed more than 100 contacts and more than 100 page views to win. Skill endorsement winners passed muster on two levels: They boasted skills that ranked in the top 10% in their country (if you’re a sheep shearer in New Zealand, congrats!) and you needed to receive the top 1% of endorsements. And voila, the Lake Wobegone algorithm: I really am special! And your local club is nowhere near 20 million. One hundred thousand. Max. And probably much smaller, but divvied into dozens and dozens of bite-sized entities. Which makes you feel that you know everyone in them.»
Bref, tu fais un pool d’un million et tu fais un tirage au sort et remarquez que LI n’a pas voulu dire comment elle a sélectionné le million. 1%, 5%, 10%, foutaise… Une opération de reconnaissance et de marketing qui aurait pu être toute simple comme le mentionne Nancy Miller mais qui risque de tourner au cauchemar. «Qui sème le vent risque de récolter la tempête»…
4 Commentaires
Wow quelle belle leçon d’apprentissage. L’ambition fait périr son maître et le manque de transparence fait perdre son E-réputation.
Effectivement cela semble être une initiative douteuse … le problème étant effectivement que LI n’expose pas de façon transparente son calcul et qu’il y a une composante de hasard (vraiment ?). Une démarche étrange …
Et je rajouterai, outre les divers commentaires déjà émis, dont notamment, et une fois l’effet surprise du coup marketing partie, quand les doutes sur le réseau surgissent: qui sont ces 90% autres? Que font-ils pour être si nuls (si nous, du 10%, n’arrivons même pas à distinguer quelqu’un de très actifs d’un autre qui ne l’est pas.
Et aussi, surtout, comment se fait-il que Linkedin ne connaisse pas le type de civilité nous adresser (cher/chère): un défaut du système ou du push courriel? Dans tous les cas, en français, ça parait plus qu’on n’est pas si spécial que ça…
[…] vous souvenez certainement de leur campagne racoleuse sur les 200 millions de membres en février dernier? Remarquez la mauvais français du texte, probablement traduit directement […]