Pourquoi ? C’est simple… Parce que les deux actions, semblables, vont à l’encontre de la philosophie qui est à la base du Web social soit celle du PARTAGE et de la conversation. On parle beaucoup, ces temps-ci de l’économie du partage qui est le rejeton du Web 2.0 mais au contraire de cette nouvelle économie, auparavant le partage ne se faisait pas au niveau des actions mais au niveau des idées.
Les blogues, les médias et réseaux sociaux sont nés de ce besoin d’exprimer et de partager des opinions et des idées. Dans le cas des blogues, cette philosophie impliquait qu’il ne fallait pas seulement publier SON texte mais aussi aller voir ceux des autres et de les commenter et ce, pour avoir la réciproque sur le sien. Une communauté qui converse et qui partage. C’est ce que j’enseigne toujours à mes étudiants en communication interactive. Le mot le dit d’ailleurs…
Sont ensuite arrivés Facebook et Twitter qui ont agi comme de formidables moyens de partager et de commenter à la puissance 10 ce que nous écrivions sur nos blogues. Commentaires et partage par le biais du RT étaient toujours de mise. Mais subtilement, ils sont devenus de formidables haut-parleurs… Et Facebook a introduit le «like», suivi plus tard par les autres plates-formes dont LinkedIn et surtout Twitter avec son «favorite». On parle ou on crie et tout ce qu’on obtient c’est un pouce levé éteignoir.
Ce qui a tout changé… Nous sommes passés d’une société que nous voulions plus inclusive et faite de nombreuses communautés de partage avec le blogue comme ancrage à une société où les communautés ont éclaté au profit de l’individu qui comptabilise les «like» comme mesure de succès. Mais que valent pour moi 200 likes et je-ne-sais-pas-combien de favoris ? Pas ce qu’on croit. C’est trop facile de peser sur un bouton et de s’en tirer ainsi, de penser qu’on partage. On partage quoi au juste ? Le fait qu’on aime ? Oui et après ? Si on aime, ça vaut la peine d’être partagé non ? Et si on favorise sur Twitter, ça vaut la peine de retweeter non ? Et je ne parle même pas des «like» forcés pour participer à un concours… Que valent-ils ? C’est de l’engagement ça ?
Cliquer sur ces boutons, c’est couper court à la conversation, c’est briser la chaine du partage. Tout ce pour quoi nous militions pour entre 2004 et 2007. C’est en 2006 que j’ai commencé ce blogue et je considère que c’est toujours la bonne façon de faire valoir ses idées et de les partager et de respecter les autres en écoutant ce qu’ils ont à dire et si ça me parle, de commenter et de le partager avec les autres; ça c’est de l’engagement. C’est moins facile, moins centré sur l’égo mais pour moi c’est plus authentique…
Cliquer sur les boutons «like» ou «favorite» c’est aussi éviter toute forme de controverse ou de débat, éviter la polémique ou le choc des idées. C’est s’en aller vers une société toute lisse, je dirais même policée et qui permet aux algorithmes de mieux vous tirer le portrait pour consommation future…
Oh! En passant, vous avez remarqué sur mon blogue ??? Il y a de ces boutons qui servent à partager mes billets. Un seul ne le fait pas et c’est… Oui, Facebook ! J’ai des «J’aime» mais aucun partage… Comme je l’ai déjà écrit, c’est plus facile de cliquer j’aime que d’aller faire un commentaire en bas. Ou quand l’article est republié sur Facebook par le biais de NetworkedBlogs ou par ma propre intervention, d’y faire là aussi un commentaire ou même un partage…
C’est pour ces raisons que ce billet de Elan Morgan, dite Schmutzie, m’a tant «parlé» et qu’il ma fait prendre conscience de la futilité du «like». Sentiment corroboré à la lecture d’un autre billet du pote Fred Cavazza sur un sujet semblable. Donc, depuis quelques jours déjà, je n’utilise plus ces boutons. Plus de « like» ou de «favorite» mais beaucoup de partager, de RT, de commenter…
Et sur Facebook, je commente, je partage et j’utilise de plus en plus le message direct, même s’il n’est pas public et même si j’ai entendu entre les branches que cette fonctionnalité serait appelée à disparaître. Du moins, il permet de converser en temps réel et surtout d’apprécier d’une façon beaucoup plus conviviale avec le magasin d’auto-collants humoristiques (ci-haut).
Et sur Twitter, j’évite en autant que faire se peut la petite étoile, même si celle-ci permet de créer une catégorie à part, les favoris, qui peut être ensuite consultée aussi bien sur Twitter que dans un agrégateur comme TweetDeck. D’ailleurs, qui va consulter cet onglet chez un de ses abonnés ?
Et j’aimerais que nos blogues puissent avoir la possibilité d’offrir un tel magasin dans la mesure où la personne vient commenter notre dernier billet. Ce serait un peu comme à la petite école que plusieurs d’entre vous n’ont pas connue… La maîtresse d’école (i.e. l’enseignante) nous mettait des anges et des étoiles quand on avait bien écrit dans nos cahiers, clairement, sans fautes et avec une belle écriture sans gribouillages…
MAJ
Ce billet a généré une avalanche de commentaires sur le mur Facebook de l’ami Frédéric Harper. Je retranscris l’intégralité car s’y est développée une intéressante conversation :
J’abonde dans le sens de Claude -> Pour moi, c’est terminé les «like» sur Facebook et les «favorite» sur Twitter !via @emergent007 #in
5 Commentaires
Bien entendu on peut voir le Like comme une forme d’approbation sociale, simple et efficace. Un peu comme une foule qui applaudit rapidement en poursuivant son parcours empressé vers chacun sa destination (mais où ?). Donc effectivement, cette facilité lorsqu’elle est surutilisée, ne présente guère d’intérêt car elle n’enrichit pas la conversation… Ce qui vas à l’encontre du principe de réseau « social ». Difficile à dire, mais une chose est certaine, ceux qui, d’entre nous, préférons écrire que liker, ont plus tendance à se lier d’amitié … On peut alors constater, parfois par notre frustration à ne rien recevoir d’autre qu’un Like, l’effet inhibant de ce bouton de la facilité.
J’aime bien ta phrase finale. Belle conclusion ;-=)
Bonjour,
Voici mon petit avis sur la question après lecture attentive de votre article et sans avoir mis de « j’aime » ;). Je pense juste que le « j’aime » est un partage ET un appel à la conversation en soi. Ce n’est pas juste un « j’aime » qui incrémente un compteur, c’est un « j’aime » qui est vivant, parce qu’il est mentionné sur la page de celui qui aime, parce qu’il contient la force de celui qui aime (si Obama like un de vos posts, ce n’est pas pareil que si c’est moi), et parce que cliquer sur « j’aime », c’est comme l’écrire, sauf que c’est plus rapide. Enfin, certaines publications apportent un petit plaisir mais toutes ne nécessitent pas forcément débats, commentaires, ou envolées lyriques. Parfois, on a juste envie d’être primal : j’aime un point c’est tout.
Au final, votre billet me semble assez anachronique. Ne plus cliquer sur « j’aime » ou sur « favorite », c’est un peu comme chercher à revenir à l’argentique en photo ou essayer de faire écrire les gens sur du papier à lettre. Tout cela a vécu, il faut prendre en compte les nouvelles forces en présence, ce qui marche, ce qui ne marche pas, et surtout bien se rendre compte que ce n’est pas parce qu’on supprime le j’aime que les gens tout à coup vont se mettre à davantage partager ou à communiquer. Ils vont juste moins le faire…
Bien amicalement,
Philippe
Étrangement (ou non) j’ai fait la même réflexion dernièrement. On est devenu des exhibitionnistes: on fait de la « communication » à sens unique! Toutefois, c’est devenu un (mauvais) réflexe qui est difficile à détrôner…
[…] à l’interaction sur les réseaux sociaux. Et comme la réaction était forte sur mon blogue (voir la mise à jour), j’ai décidé de vérifier si elle le serait autant sur un autre blogue, moins «niché», […]