Je tenais à partager avec vous les propos que je tiendrai mardi le 3 juillet prochain à Québec dans le cadre de la RIFÉ 2012 (Rencontre internationale de la Francophonie économique). La question posée aux membres de mon panel est : « L’usage du français dans les TIC et les réseaux sociaux : une exigence pour développer les échanges francophones ?
Bon… Pour en finir avec la mort de l’intranet !
12 juin 2012Pour une seconde fois en peu de temps, nous nous sommes retrouvés, Patrice Leroux et moi dans le même local de classe à l’Université de Montréal. Cette fois-ci, c’est Patrice qui est intervenu dans mon cours intitulé EDP2500, Communication interactive en entreprise. Je lui ai demandé de venir présenter sur un sujet qui lui tient particulièrement à coeur soit la curation de contenus. Mais ce n’est pas ce sujet qui m’a fait sortir de mon mutisme mensuel. C’est plutôt qu’il est revenu, une fois de plus, sur la prétendue mort de l’intranet dans les entreprises !
Observatoire de l’intranet 2010: les tendances se confirment… (1)
21 août 2010Dans cette série de billets un peu plus longs qu’à l’habitude, je tiens à vous présenter les résultats de l’Observatoire 2010 de l’intranet. Il s’agit du fruit du travail de Michel Germain, d’Isabelle Reyre et de Marc Lippa. Michel est professeur au CELSA mais aussi l’auteur du livre intitulé «Management des nouvelles technologies et e-Transformation» et a été longtemps président de ClubNet en France, une association qui regroupe les professionnels de la pratique intranet dans les entreprises. Ainsi, depuis 1999, l’Observatoire analyse chaque année la progression de l’intranet dans différents environnements professionnels (entreprises privées et publiques, collectivités locales, administrations, institutions et ministères).
Sa reconduction annuelle dégage les principales tendances et relève des évolutions significatives. Ces résultats consolident les réponses de près de 300 organisations et entreprises dont 90% en France, le reste au Canada, en Belgique et en Suisse dans le cadre de partenariats associatifs. Il s’agit de la seule enquête francophone qui tente de dresser un portrait clair de l’évolution des nouvelles technologies au sein des entreprises dont certaines du Québec.
L’Observatoire 2010 nous offre cinq grandes tendances en matière d’intranet dans les entreprises et grandes organisations. Des cinq, deux ne sont pas vraiment nouvelles dans le décor intranet. En effet, la gouvernance et la lutte à l’infobésité font partie des préoccupations des responsables intranet depuis au moins une décennie. Par contre, les trois autres, soit la collaboration, les réseaux sociaux et la mobilité sont des préoccupations ou des tendances assez nouvelles et qui réflètent les usages Web actuels des employés en dehors du lieu de travail.
1 -Mise en place confirmée de l’intranet mobile
- L’accès distant se généralise et concernera 71% des entreprises dans un an.
- La mise à disposition d’outils (processus génériques, applications métier, décisionnel) est croissante.
- L’adaptation de l’intranet à la consultation sur terminal léger se développe (PDA, portable).
En effet, si on consulte les graphiques ci-haut, on peut constater que les entreprises, même en retard sur le marché de la consommation Web, vont lentement mais sûrement prendre le virage de la mobilité, leur proportion passant de 7 à 20%. On constate également que l’accès distant et dans bien des cas de la maison, augmente encore et se généralise, touchant l’an prochain 70% des entreprises.
Comme je l’ai fait remarquer plus tôt, ces chiffres illustrent une réalité plus Européenne, 90% des entreprises répondantes étant françaises. Les prochains constats et statistiques le prouvent encore et encore… Comme ci-dessous dans la répartition des technologies utilisées par les entreprises en matière d’intranet. Remarquez la forte proportion de logiciel libre, 32% !!!
2 -Progression de la collaboration numérique
- Présence d’espaces collaboratifs dans la moitié des intranets.
- Espaces équipés d’outils d’interaction (Alertes, listes d’action,…) .
- Extension au-delà de la logique projet (espaces communautaires) .
- Émergence de pratiques collaboratives étendues dans les grandes entreprises en provenance du Web 2.0 (blogs, wiki, forum, FAQ sont tous en très forte progression).
Note: Une fois de plus, ce sondage vient confirmer les résultats des autres études sur les outils du Web 2.0 et leur niveau d’adoption par les entreprises. Ici, on remarque la prédominance des wikis. En passant, ces derniers sont des espaces de travail collaboratifs…
3 -Émergence du réseau social
- La mise en place de fiches personnelles enrichies est l’un des premiers projets d’évolution des intranets.
- Déploiement des outils de mise en relation.
- Démarrage des présentiels et de la communication temps réel (chat, webconference).
- Reconnaissance des community managers.
Note: Le graphique montre clairement que les outils de mise en relation ou de réseautage professionnel viennent en premier lieu régler un vieux problème soit celui du répertoire téléphonique ou bottin qui trop souvent ne contient que des informations de base ne permettant que de localiser une personne par son poste téléphonique ou sa place fans la ligne hiérarchique et non par son expertise, ses compétences, les projets sur lesquels il travaille ou encore sa localisation géographique.
Premier usage, donc, bonifier les informations de l’annuaire d’entreprise. On voit que suivront les fonctionnalités de mise en relation, forcément… Car plus on en sait dans une fiche annuaire enrichie, plus les possibilités de rejoindre cette personne augmentent. Du premier contact entre deux personnes nait souvent la mise en relation, qu’elle soit occasionnelle ou permanente.
LE GESTIONNAIRE-TYPE DE COMMUNAUTÉ
Je suis aussi en accord avec l’émergence (j’aime ce mot) de la communication en temps réel et surtout de la reconnaissance croissante du rôle des gestionnaires de communautés. Ces derniers sont, à mon avis, les successeurs des coordonnateurs ou webmestres intranet 1.0. Ils et elles ont donc un rôle primordial à jouer dans l’orchestration des réseaux professionnels internes mais aussi des efforts de communication et de collaboration ainsi que dans la dynamique de gouvernance de l’intranet. Justement:
4 -La gouvernance se structure pour se mettre au diapason d’un intranet étendu
- Déploiement de la connaissance et de l’interaction avec les clients finaux (extranet alimenté par l’intranet).
- Prise en compte de l’utilisateur de manière systématique.
- Développement de la copropriété de l’intranet.
- Décentralisation de la production de contenu et de la mise en ligne s’intensifie.
- Progrès constants années après années dans la formalisation des compétences et dans la mise en place des procédures.
Note: Comme on est à même de le constater dans les deux derniers graphiques, le gouvernance se raffine, surtout dans les grandes entreprises. La propriété de l’intranet reste majoritairement entre le mains des départements de communication mais comme le démontent les colonnes vertes, la co-propriété se développe et met en scène aussi bien des binômes, des trinômes aussi bien que des multinômes qui tous confondus, comptent maintenant pour 25% des structures de gouvernance.
Et ces structures internes ne chôment pas car en plus de piloter la gestion quotidienne et les refontes, elle met en place de plus en plus d’outils de bonne gouvernance comme les chartes graphiques et éditoriales ainsi que les divers processus dont ceux de publication et d’indexation. ce qui amène la cinquième et dernière tendance:
5 -Autonomisation des utilisateurs dans la lutte contre l’infobésité
- Le profilage confirmé dans près de 66% des cas indique une vraie centralisation de la gestion des droits, une organisation qui préfigure une facilité d’accès au Cloud computing.
- Forte progression de la syndication de contenus (RSS) en bonne place des projets des entreprises
- Développement des systèmes d’alertes mail.
- Des moteurs de recherches de plus en plus puissants.
Note: J’ai choisi d’illustrer cette tendance par ces deux graphiques volontairement. Certes, les alertes courriel et les fils RSS sont importants à ce chapitre mais la personnalisation, le présentation et le catégorisation de l’information ainsi que l’augmentation de la performance ces outils de recherche sont et demeurent le nerf de la guerre. Dans les prochaines années, la quantité d’information et de données générées par les entreprises et leurs employés va croître de façon exponentielle. Cette croissance va forcer bien des entreprises à utiliser le nuage ou Cloud computing pour stocker et gérer cette montages de données. Mais il faudra toujours trouver ou retrouver…
Présentement, beaucoup d’entreprises souffrent d’infobésité car elle n’ont pas pris les mesures nécessaires pour gérer leurs données issues des intranets. On gère beaucoup par applications et en silos. Les moteurs de recherche intranet, comme le démontrent les chiffres ci-dessus, sont encore dans leur développement le plus simple et le moins efficace et souvent, les données produites n’ont aucune indexation, aucune taxonomie ou folksonomie.
Pourquoi ces ratées ? Parce que les entreprises et les responsables intranet ont à composer avec la politique du frein. De cela je traiterai dans le prochain billet mais aussi de prospective, le dernier et fort intéressant chapitre de l’Observatoire de l’intranet 2010.
Les gadgets sociaux libres à l’assaut des entreprises?
30 novembre 2009Je reprends ici et je développe un bout de mon billet qui a été publié sur la plate-forme coopérative de veille rezopointzero.com. En fin de billet, je traitais brièvement d’un phénomène, que dis-je, d’une vague qui risque de bouleverser l’intégration des technologies du Web 2.0 en entreprise.
Ce phénomène est rien de moins que l’apparition de plates-formes collaboratives et «sociales» en logiciel libre en provenance de nos Voisins du Sud. C’est en écoutant une conférence de Patrick Chanezon de Google, où il expliquait à propos de l’Open Social Initiative comment entreprises et institutions pouvaient tirer profit de l’adoption des réseaux sociaux ailleurs que sur l’Internet public, que j’ai accroché sur cette «diapo» :
Patrick venait ainsi de me faire connaitre le travail effectué par la compagnie Sun, sous forme de logiciel libre, pour favoriser de façon efficace l’intégration de réseaux socio-professionnels à un intranet ou portail d’entreprise avec Socialsite. Depuis ce temps, d’autres compagnies suivent le mouvement, dont Google avec Wave dont j’ai décrit les principales fonctionnalités dans ce billet mais surtout dans cet autre où je parle de la stratégie que sous-tend l’offre Wave, un offre qui laisse présager une lutte sans merci entre fournisseurs.
D’un coté les fournisseurs traditionnels qui proposent des produits licenciés et de l’autre, les adeptes du logiciel libre de droits. Dans le cas de Socialsite comme pour Wave, on propose aux entreprises l’intégration sans peine de «gadgets sociaux» à l’intérieur d’une interface Web, que ce soit un portail intranet, un wiki ou un blogue.
Les gadgets sociaux «libres» offerts par iGoogle (cliquez sur l’image)
J’explique rapidement. De nombreux outils de portail, comme SharePoint de Microsoft ou Enteprise Portal de SAP, offrent la possibilité d’insérer dans la page d’accueil ou ailleurs des boîtes de contenus que l’on nomme «portlets». Dans un blogue ou un wiki, on insère régulièrement des composants graphiques ou «widgets».
Un exemple de portlets sous licence IBM
La dernière mode, c’est d’insérer les caractéristiques des réseaux sociaux (liste d’amis, profil, statut personnel, etc.) dans les wikis, agrégateurs à la iGoogle ou Netvibes ou portails traditionnels et de les appeler «gadgets» au lieu de «portlets» ou «widgets».
Une mode qui pose cependant une question importante : que feront maintenant les fournisseurs de produits licenciés de réseaux socio-professionnels face à menace des gadgets libres?
Entreprise 2.0: les employés poussent à l’adoption, les Ti ont les deux pieds sur le frein…
22 août 2009C’est rare que je fasse cela. En fait c’est plus que rare… Ce n’est jamais arrivé que je reprenne mot pour mot un billet paru ailleurs. Mais vous allez voir qu’il va bien servir mon propos. Car nous allons encore traiter d’entreprise 2.0. Donc, au lieu de mettre un lien sur le billet paru dans la version française de ReadWriteWeb, intitulé « Pour Google l’école mène à l’entreprise 2.0 », je le reproduis ci-dessous:
« Aux États-Unis, et probablement ailleurs dans un second temps, Google a offert gratuitement sa suite Google Apps aux écoles, aux lycées et aux universités. La campagne ‘Going Google’ insiste particulièrement sur l’adoption par le monde étudiant des applications Google. Quelle est donc la stratégie de Google ?
Même si la campagne de Google a pour principal but de convertir des entreprises à l’utilisation des versions professionelles des Google Apps, les offrir au monde étudiant relève d’une stratégie particulièrement intelligente : habituez-les dès le plus jeune âge.
De l’école primaire au lycée, Google est omniprésent dans l’espoir que les enfants et les adolescents, une fois habitués à travailler avec les Google Apps, en feront usage lors de leur arrivée dans le monde de l’entreprise.
De la maternelle au doctorat
La plupart des évolutions faites sur les Google Apps cette année étaient destinées au marché de l’entreprise. Quand les Google Apps ont été commercialisées, les plans de Google à ce sujet étaient clairs.
Mais depuis que la campagne ‘Going Google’ est apparue, certains de ses composants comme le compte Twitter GoogleAtWork et le blog Google Entreprise, n’ont jamais cessé de parler de la version ‘Education’ de la suite Google.
Presque chaque semaine, Google annonce qu’une nouvelle université a adopté les Google Apps, la semaine dernière, c’était au tour de l’université de Notre Dame, mais Google ne s’arrête pas aux université, les écoles primaires ne sont pas en reste.
Les jeunes travailleurs sont le moteur de l’entreprise 2.0
Dans un rapport sur l’entreprise 2.000 publié début août, Jakob Nielsen, l’un des grands gourous de l’ergonomie et des usages en entreprise, souligne l’importance qu’ont les jeunes générations dans l’évolution des usages de la technologie au sein des entreprises, dans l’adoption de nouveaux outils et de nouvelles pratiques liées aux technologies pour faire des affaire et gérer le quotidien des entreprise. Il souligne également que les pratiques professionnelles de ces jeunes générations, en terme de technologies, sont avant tout dérivées de pratiques adoptées ailleurs.
Microsoft, pour suivre, devra non seulement offrir gratuitement ses produits, mais également mettre à disposition des versions en ligne performantes. Gageons que nous assisterons à cela sous peu.
“Alors que les gens adoptent les média sociaux dans leur vie privée, ils s’attendent à utiliser des outils similaires dans leur entreprise. C’est particulièrement vrai pour les plus jeunes qui utilisent ces outils dans leur vie quotidienne”
La stratégie de Google, qui consiste à faire adopter ses applications durant les études des travailleurs de demain, se révèle dès lors particulièrement intelligente et redoutable. »
Un bon billet de Fabrice Epelboin, qui met en lumière ce que je dis dans mes conférences depuis 2006: pas seulement les jeunes mais TOUS les employé(e)s (ou collaborateurs pour les français) sont aussi des consommateurs dans leur vie hors entreprise et leurs habitudes de consommation du Web, en particulier leurs usages des blogues, micro-blogues, wikis et médias sociaux vont se répercuter inévitablement dans l’entreprise.
Si cette dernière n’est pas prête, ne fait rien, elle risque une saignée de personnel qui elle se traduit en des saignées dans la performance et la rentabilité. Ce qui est le plus drôle ou surprenant c’est que la phrase de Nielsen, citée ci-haut, je ne l’utilise pas seulement en conférence depuis 2006 mais aussi avec tous nos clients.
SharePoint en perte de vitesse ?
D’ailleurs, la sortie de Jakob sur l’entreprise 2.0 a généré, il y a quelques jours, ce billet de l’amie Michelle Blanc et mes commentaires. Ce que je dis souvent aussi dans mon blogue quand je parle de Google c’est qu’on sous-estime la compagnie de Mountain View quand il est question de savoir qui va dominer le marché de l’entreprise, qu’elle soit 2.0, 3.0 ou autre 0. Historiquement, IBM et Microsoft sont les deux grand opposants. Microsoft avec SharePoint, qu’on l’aime ou non, s’est accaparée avec les années de près de 80% de marché des intranets en entreprise. IBM avec WebSphere et les autres petites compagnies de portails ou « d’intranet-in-a-box », se partagent le reste.
Mais SharePoint s’essouffle, les critiques sont de plus en plus acerbes surtout quand vient le temps de parler de ses potentialités collaboratives. SharePoint FUT un bon portail 1.0… À Boston, en juin dernier, Il était clair qu’IBM avait le haut du pavé. Ce n’est pas pour rien… Big Blue s’est positionnée depuis 2006 comme LA compagnie entreprise 2.0 et en prêchant par l’exemple comme l’indique le tableau suivant tiré de chiffres fournis par IBM-France en juin dernier.
Mieux, IBM tente de se faire reconnaître comme le navire-amiral du changement collaboratif et le champion de l’innovation. Poussés dans leurs derniers retranchements les représentants de Microsoft tentent de regagner le terrain perdu avec la prochaine version de SharePoint. Dans leur suite à Boston, ils ont d’ailleurs donné cette entrevue à l’ami Oliver Marks. Bref, SharePoint2010 saura-t-il freiner la poussée d’IBM mais surtout mettre en échec celui dont je n’ai pas encore parlé.
Quand je vous dis que la stratégie est discrète… Je parle bien sûr de Google et de sa stratégie aussi bien scolaire, relatée ci-haut mais de sa stratégie globale Entreprise 2.0 qui a aussi comme autre arme Google Wave en « Open Source »! Du logiciel libre en entreprise ? Jamais en Amérique du Nord ! C’est ce tous nous serions portés à dire en réaction à ce que va faire Google mais, comme je l’ai déjà écrit dans cet autre billet, la forteresse logiciel propriétaire est en train de se fissurer…
En juin, à Boston, Lockheed Martin et Booz Allen Hamilton ont expliqué que leur suite de « business networking », construites au départ par-dessus SharePoint sont passées au logiciel libre en cours d’année. Et rajoutez que Google a travaillé activement avec la CIA pour mettre en place la suite Intellipedia, là aussi du libre…. Cette tendance, pour une fois, est née en Europe en réaction à la domination de Microsoft, IBM, Oracle, Sun et autres. Mais elle gagne les rivages de l’Oncle Sam. Et le Québec dans tout cela ? Vous me voyez venir… Notre retard général se confirme une fois de plus.
À qui appartient l’intranet: la gouvernance
Nos entreprises se débattent encore avec leurs intranets 1.0 et quand elles veulent les faire évoluer, se butent souvent à la résistance des départements TI qui, au lieu de générer l’innovation, comme ce fut jadis le cas, la freinent furieusement afin de conserver leurs prérogatives et leurs architectures si familières, si rassurantes mais pas si sécuritaires… Elles se butent entre autres au problème de la gouvernance Web.
Dans le temps du 1.0 la bataille faisait rage à l’interne entre les départements de communication et ceux de Ti. À qui appartient l’intranet a longtemps été au centre des débats. Généralement et cela partout en Amérique comme en Europe, la proportion s’était stabilisée à 70/30 en faveur des communications. Mais j’ai toujours soutenu que la solution d’une bonne gouvernance réside plutôt dans un partenariat et que l’intranet n’appartient pas plus aux Communications qu’aux Ti. L’intranet appartient à ses utilisateurs ! Certains ont compris d’autres pas. Gartner continuerait à dire que la gouvernance globale du Web n’est pas nécessaire, que plusieurs gouvernances en silo sont possibles. Je m’excuse mais cela c’est du 1.0.
Des gouvernances en silo empêchent l’intégration des trois « Nets », intranet-Internet-extranet ou encote les BtoE, BtoB et BtoC. Elles empêchent également toute horizontalisation de l’entreprise, toute stratégie intégrée, toute possibilité de prendre vraiment en compte les usagers. Elle ne fait que solidifier le pouvoir des Ti. Une entreprise peut avoir plusieurs portails internes et externes mais leur gouvernance globale, celle qu’on nomme Web, doit regrouper tous les acteurs et prendre en compte le propriétaire-utilisateur. Les portails ont des responsables mais l’entreprise elle a UNE stratégie. Les communautés ont aussi des responsables mais l’entreprise elle est LEUR finalité. L’intranet 2.0 a des responsables mais l’entreprise, elle EST ses employés.
Regardez d’ailleurs ce dernier tableau publié récemment sur le blogue de la conférence Enterprise 2.0 et qui porte sur les leaders de l’intégration des outils du 2.0 dans l’entreprise. Clairement et majoritairement c’est du bottom-up: les usagers imposent les usages. On en revient aux propos du début. Les usagers poussent pour l’adoption de leurs usages externes et donc favorisent l’innovation. Les Ti eux, ont les deux pieds sur le frein.
Bref, il y a encore loin de la coupe aux lèvres ici au Québec. Et le libre dans tout cela, vous me direz ? Demandez à Cyrille Béraud qui se bat encore en cour avec le gouvernement du Québec en soutenant que ce dernier favorise Microsoft dans ses appels d’offres. Là aussi on est loin de la coupe aux lèvres…
Donc, en 2010, il faudra surveiller attentivement les gestes stratégiques posés par Google. Et oui, Google à l’école, c’est génial !
Mise à jour
Pour en savoir un peu plus sur les conditions de succès de l’intégration des stratégies et outils du Web 2.0 dans l’entreprise et aussi pourquoi certains se plantent royalement, je vous suggère de lire attentivement le billet publié par Dion Hinchcliffe, intitulé: « 14 Reasons Why Enterprise 2.0 Projects Fail ». Comme par hasard, il y traite entre autres de « bottom-up » et de gouvernance… Dion est l’un des grands spécialistes de l’entreprise 2.0 et devrait d’ailleurs être à Montréal en mai prochain avec son University 2.0, dans le cadre de webcom-Montréal. En passant, c’est un pré-scoop !
Et parlant de scoop, ceux qui sont allés sur le site de webcom-Montréal auront certainement remarqué que Walton Smith, de Booz Allen Hamilton, dont j’ai parlé plus haut, sera de la partie et viendra parler du projet de communauté interne baptisé « Hello ». BAH ce n’est pas rien aux USA, c’est un des principaux fournisseurs du gouvernement américain avec 22 000 employés.
Le logiciel libre, la «rock star » et le T…witter #e2conf
27 juin 2009Je dois absolument vous parler des « Rock Stars ». Non, non, ce ne sera pas un billet culturel quoique… Il s’agit plutôt des « vedettes » de la conférence Enterprise 2.0 à Boston. Et comme pour l’an dernier, il y en a eu deux: Booz Allen Hamilton et Lockheed Martin. C’est toujours pareil… Les 1 500 participants se passionnent pour les études de cas. Pas les grandes théories des « gourous et évangélistes » ou encore les meilleures pratiques des consultants ou les «pitches de vente » des fournisseurs mais des expériences vécues par leurs semblables dans la mise en place des stratégies et outils de Web 2.0 au sein de leurs entreprises. D’ailleurs c’est ça, entre autres, l’entreprise 2.0 non?
Un commentaire qui reflète bien le sentiment général est celui formulé par l’ami Gil Yehuda sur son blogue: « We get frustrated when we hear “motherhood and apple-pie” lessons about E2.0. I would have screamed had I heard one more speaker or seen one more tweet telling me “it’s not about the tools, you know. It’s about culture.” Yes, we heard. We agree. But we are past this.». Clair non?
Les participants lors des conférences « keynote » du mardi matin. Je suis là, tout à gauche…
Mais c’est aussi autre chose… L’édition 2009, nous attendait avec deux surprises de taille: d’une part l’omniprésence de Twitter, aussi bien en utilisation par les participants et dans les soirées baptisées « Tweet-up » mais aussi dans les tables-rondes, et la majorité des conférences. D’autre part, l’entrée en scène fort remarquée du « Open Source », du logiciel libre et pas par la petite porte…
L’Open Source fait son entrée aux USA
Bref, l’an dernier, la CIA et Lockheed Martin avaient fait office de « rock stars » de la conférence en présentant leurs études de cas. Celle de la CIA appelée Intellipedia est un ensemble d’initiatives 2.0, soutenues par nul autre que Google dont voici les composantes :
- Intellipedia or aggregation
- Intelink blogs for communication
- Tag|Connect (similar to the Internet’s del.icio.us) for organization
- Inteldocs (a document management system for file sharing community-wide)
- Gallery (similar to the Internet’s flickr)
- iVideo (similar to YouTube)
- Intelink Instant Messaging (IIM)
- Really Simple Syndication (RSS)
Une solution en « Building Blocks » et faisant appel au logiciel libre! Qui peut se vanter d’être plus secret et bardé de niveaux de sécurité? La CIA en «Open Source »? Hérésie informatique nord-américaine, non? De son côté, celle de Lockheed-Martin était organisée autour de SharePoint avec des « plugins » (plugiciels) tels que Google Search et NewsGator, entre autres. Car ce n’est un secret pour personne que les outils collaboratifs de la suite SharePoint sont décevants et qu’il faut avoir recours aux plugiciels pour compléter le dispositif de collaboration et de réseautage.
Pas facile donc avec un outil générique comme SharePoint, qui est tout de même installé dans 80 % des intranets d’entreprise, surtout quand Shawn Dahlen et Christopher Keohane, viennent dire à Andrew McAfee en bilan de deuxième année et devant toute l’assistance réunie à Boston qu’ils ont mis de côté SharePoint et opté pour une solution semblable à celle de la CIA, donc qui implique Google et le logiciel libre…
Dur pour le moral des « microsoftiens ». Ces derniers ont d’ailleurs eu toutes les misères du monde à établir leur crédibilité à la conférence qui se déroulait du 22 au 25 juin. D’ailleurs plusieurs participants se promenaient à la conférence en portant le t-shirt distribué par Box.net et sur lequel j’ai mis la main:
Même Ross Mayfield l’a porté le jeudi matin.. D’ailleurs, Ross et Thomas Vander Wal ont eu une discussion tardive et surtout très musclée le mardi soir avec Christian Finn, directeur SharePoint Collaboration, au sujet de la prochaine version de SharePoint, qui sera annoncée publiquement en octobre au SharePoint Developer Conference de Las Vegas. Sa sortie sur le marché est prévue au 1Q ou 2Q 2010 et les gens de Redmond fondent beaucoup d’espoirs sur cette version. Ross et surtout Thomas, qui en connaît long sur le sujet, se sont ainsi permis de relever toutes les failles de cette future version. Le lendemain matin, cette prise de bec était LE sujet de discussion aux tables au petit-déjeuner… Bref, la présentation McAfee/Lockheed Martin ce même matin n’a rien fait pour redorer leur blason…
La deuxième vedette, j’en ai parlé dans mon billet précédent. Il s’agit de Booz Allen Hamilton, un fournisseur de technologies pour le gouvernement américain. Ils ont gagné le concours organisé par Enterprise 2.0, soit le Open Innovation 2009. Le trophée leur a été présenté par Oliver Marks, Stowe Boyd et Steve Wylie. En dernière journée de conférence, le responsable du projet « Hello », Walton Smith est revenu présenter le projet en détails avec une démo en « live ». Intéressant de l’entendre parler d’un taux d’adoption de la plateforme par plus de 41% de leurs 21 000 employés et aussi, preuves à l’appui sur leur blogue, de la résistance de la haute direction à son projet.
Il a expliqué comment la haute direction est venue exposer son scepticisme sur le blogue. S’en sont suivis de longs échanges en commentaires. Et ce dernier de dire qu’il est fier d’avoir tenu son bout et qu’il allait aller mettre le trophée sur leur bureau, ce qui a bien fait rire les participants entassés dans la salle.
Et encore une fois, dois-je le souligner, la solution Web 2.0 retenue chez Booz Allen Hamilton est un amalgame de blogues, wikis, fils RSS, tagging, réseau socio-professionnel, etc. en « Open Source » (encore…) qui viennent s’installer par-dessus SharePoint. Interrogé à ce sujet, Smith a précisé que la solution Microsoft ne servait pas de portail intranet mais bien de solution pour la gestion du contenu et des documents. Leur démarche ressemble d’ailleurs beaucoup à celle de Lockheed Martin…
Dans les trois cas, soit aussi bien pour la CIA que pour Lockheed Martin et Booz Allen Hamilton, leurs projets intranet ou de Web collaboratif sont faits de solutions différentes pour chaque fonction et l’utilisation de logiciel libre se répand. Tout cela, question de coûts inférieurs et d’agilité dans le déploiement. Dur coup, non seulement pour Microsoft mais pour toutes les suites logicielles propriétaires, en majorité nord-américaines, De cela, je vous reparle dans le prochain billet.
L’omniprésent Twitter…
Je viens d’écrire que les participants étaient entassés dans la salle où Walton Smith est venu présenter son projet « Hello ». Cela est une forte indication de l’intérêt des participants et de la popularité du sujet. Foule, donc pour les études de cas mais aussi pour tout ce qui, de près ou de loin, faisait référence à Twitter. Dès le lundi, en ateliers, j’ai pu constater l’ampleur du phénomène. L’an dernier peu de participants twittaient la conférence. Cette année, sur les tables, tout plein d’ordinateurs portables et de «Smart Phones » avec soit Twitter et beaucoup de TweetDeck!
Le panel Twitter animé par Jessica Lipnack avec entre autres, Clara Shih et Bill Ives
Pas besoin de vous expliquer que le panel How Twitter Changes Everything #e2conf21a connu un succès phénoménal les gens faisant une longue file à la porte mais bizarrement, la modératrice Jessica lipnack n’a pas jugé bon mettre en projection, le flux des messages qui originaient de la salle. En fait, un seul modérateur l’a fait systématiquement, soit Oliver Marks. Bref, au lieu de vous faire le résumé des discussions, je vous laisse le plaisir de lire les fameux commentaires des participants. (L’ordre est inversé) #e2conf21
Ce qui arrive dans pareil cas, c’est qu’une partie de l’assistance est captivée par le flot incessant de messages et en oublie presque les propos des panélistes. Dans certains autres cas, les commentaires, parfois durs des participants peuvent déstabiliser les conférenciers. Bref, cela me rappelle notre propre expérience de novembre 2006 à webcom-Montréal avec Sylvain Carle.
Les organisateurs, pour leur part, se sont aperçus de l’utilité de pareille exposition d’information et ont installé le mercredi un écran dans le hall de la conférence (ci-dessous).
Pas besoin de vous expliquer que le session en keynote intitulée The Future of Social Messaging in the Enterprise #e2conf14 a connu elle aussi un immense sucès. Vous avez probablement remarqué que dans les deux liens ci-dessus qui amènent aux panels ont des #hashtags qui leur sont propres. C’est là une intéressante initiative des organisateurs. En plus du hashtag officiel soit #e2conf, ils ont créé des hashtags particuliers pour chaque conférence ou tables-rondes, permettant ainsi de mieux classer et retrouver ce qui s’est écrit sur chacune.
Le Tweet-up du mardi soir. Plein à craquer. Du réseautage à l’état pur..
Et que dire des soirées ? Plus des « Meet-ups » mais bien des « Tweet-ups », sauf pour la soirée privée et sur invitation d’Andrew McAfee, chez lui. Et devinez? En effet, je n’ai pas été invité. Faut dire que nous ne sommes pas en très bons termes depuis son passage à webcom en 2008, passage pour le moins controversé, ce dernier ayant fait une présentation vieille de deux ans, ce qui a valu de la part de certains participants le titre de « conférencier template ».
Andrew McAfee à webcom en 2008
Et puisqu’il est question de webcom, une brève mention de tous les points communs entre les deux évènements, que ce soit au niveau de l’usage des réseaux sociaux, des blogueurs officiels, des gratuités comme les keynotes ou de leur Open Enterprise (webcamp pour Montréal) ou leur E2.TV, l’équivalent de du webcom-live et de ses captations vidéo. Mais aussi plusieurs différences… D’une part, la conférence bostonienne souffre, comme plusieurs autres, du manque de connectivité (Wifi). Sur ce point, Montréal offre une source fiable mais qui sait ce que ce sera quand elle aura 1 500 participants qui twittent et bloguent en même temps?
Aussi que la conférence Enterprise 2.0 se déroule sur trois jours et quatre pistes en plus d’offrir des ateliers le premier jour ainsi que la désormais célèbre soirée « Evening in the Cloud », sur le Cloud Computing pour les entreprises. Aussi qu’elle va offrir une petite soeur californienne à compter de l’an prochain. En effet, il y aura deux conférences Enterprise 2.0. L’une à Boston et l’autre à San Francisco. Et l’ami Steve Wylie, l’a confirmé: je suis invité aux deux!
p.s. Parlant de nouveautés, surveillez le blogue de webcom. Les organisateurs ne seront pas en reste et vont bientôt annoncer un programme 2009-2010 revu et amélioré…
Entreprise 2.0 : le frein de la monoculture du logiciel propriétaire…
19 mai 2009À la suite de mon billet sur l’entreprise 2.0 et le retard du Québec en cette matière, Nicolas Roberge a laissé un commentaire fort à propos et auquel je voulais répondre également en commentaire. Mais je voulais y intégrer un autre tableau/image de l’étude réalisée par Forrester. Alors, aussi bien y aller de ce billet en lieu et place…
Donc, voici d’une part son commentaire :
Superbe analyse! J’ai particulièrement aimé le passage qui explique que les entreprises et gouvernements ont fait la plupart de ses investissements internet avant 2001. Toutefois, avec la venue du SOA (architecture orientée services), il y avait façon de faire évoluer ces mêmes solutions morceau par morceau, soit sans jeter le bébé avec l’eau du bain. Toutes les technologies sont en mesure de travailler ensemble et d’offrir des solutions intégrées de grande envergure. La monoculture dans l’industrie des TIC au Québec nuit beaucoup à son développement.
L’éclatement d’internet de cette décennie est largement attribuable au logiciel libre qui a réduit les frais reliés au développement d’infrastructures d’envergure.
Et d’une autre, ma réponse :
Nicolas, tu as raison quand tu parles du logiciel libre mais, car il y a un mais, aussi bien au Québec qu’ailleurs en Amérique du Nord nous avons, comme tu le dis si bien, une monoculture du logiciel propriétaire et de l’informatique traditionnelle. Cette culture Ti est loin de vouloir changer, si on se fie à cet autre tableau de l’étude de Forrester à laquelle je référais dans le précédent billet.
En effet, si la réduction des coûts des Ti est la principale préoccupation en cette période de récession, l’usage du logiciel libre pour réduire ces coûts est loin dans les priorités. Un maigre 10% des entreprises considèrent très important d’étendre leur usage du logiciel libre alors que 34% disent que ce n’est pas important et je gagerais bien une de mes chemises que dans le 10% on retrouve beaucoup de répondants européens… Et ce n’est pas tout. Le reste du tableau est encore plus navrant…
Pas important non plus de réduire le nombre de vendeurs majeurs de logiciels avec lesquels les entreprises font affaires, pas important non plus d’externaliser les applications et encore moins important de prioriser la dématérialisation de ces mêmes applications. Bref, le Cloud Computing vient en dernier dans les priorités.
Et pourtant aussi bien le logiciel libre que le SaaS et le Cloud Computing sont des solutions à la préoccupation majeure qui est la réduction des coûts des Ti en entreprise. Bref, reste encore beaucoup de chemin à faire avant que la monoculture informatique traditionnelle change. Et sans ce changement, l’entreprise ne pourra pas vraiment se dire ou être 2.0 !
Ce que confirme d’ailleurs un des «gourous» du Web et de l’entreprise 2.0 aux USA, soit Dion Hinchcliffe, que j’ai rencontré l’an dernier à la conférence Enterprise 2.0 à Boston. Ce dernier a publié, à la fin janvier, un billet très intéressant sur ZDNet.com, billet intitulé :« Using Web 2,0 to reinvent your business for the economic downturn». Et sa recommandation no 1 : Move to lower-cost online/SaaS versions of enterprise applications.
En fait, les voici toutes :
- Move to lower-cost online/SaaS versions of enterprise applications.
- Use Enterprise 2.0 to capture the knowledge and know-how of employees.
- Strategically move IT infrastructure to the cloud.
- Embrace new low-cost models for production such as crowdsourcing.
- Lower customer service costs by pro-active use of online customer communities.
- Reduce application development and integration time/expenditures with new platforms and techniques.
- Open your supply chain to partners on the Web
- Overhauling and reinventing paper and digital workflow.