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Quel est ce tabou dont on n’ose parler sur la place publique?

14 octobre 2009

Je tiens à revenir sur un sujet très sensible dans les entreprises québécoises ces derniers mois. On en parle à mots couverts entre professionnels des communications ou des ressources humaines responsables de la gestion et du développement des intranets.

Quel est ce tabou dont on n’ose  parler sur la place publique? Eh bien, je vous le donne en mille. C’est l’incompétence de plusieurs personnes qui travaillent dans les départements de Ti, l’obsession pour la sécurité de leurs gestionnaires et l’immobilisme général qu’ils imposent à l’entreprise.

Hier, en pleine OpenWorldConference 2009 d’Oracle qui se déroule actuellement à San Francisco, Ann Livermore VP chez HP a été très claire:  70% des budgets Ti vont aux opérations et à la maintenance des systèmes et seulement 30% à l’innovation. Ce qui a fait dire à certains participants que le chiffre de 30% était encore trop optimiste…

Et Livermore a poursuivi en mentionnant que le crédo de HP dans les prochaines années serait la MODERNISATION. Pas par le Web mais bien par la rénovation de ce qui existe déjà… La modernisation des applications et des infrastructures tout en offrant les services de virtualisation et de Cloud Computing. Mais faut comprendre que HP vise à séduire les Ti traditionnels, le gros du marché en entreprise et ainsi leur faire cracher bien des $$$.

La vraie modernisation passe par le 2.0

Les responsables intranet savent bien que leurs stratégies de croissance passent par les outils et usages du Web 2.0 mais les Ti ne veulent rien entendre surtout quand il est question d’intégrer un outil tel qu’un blogue WordPress dans leur sacro-sainte architecture technologique. Encore moins un réseau social en code source ouvert, Ô sacrilège… Certains disent qu’ils ne sont pas «prêts» à intégrer le Web 2.0 dans une informatique tournée vers les processus d’affaires.

D’autres, par contre, admettent indirectement leur incompétence. Laissez-moi vous raconter… La semaine dernière j’ai rencontré une personne d’une entreprise québécoise  qui travaille dans une petite équipe responsable de l’intranet. Comme dans 70% des cas, toutes entreprises confondues, cette équipe fait partie du département des communications. L’équipe est consciente qu’elle doit prendre le virage 2.0 et teste les différents outils (blogue, wikis, etc.) mais doit le faire «sous le radar», en dehors de l’entreprise et de son firewall et surtout pas sur les serveurs de l’entreprise.

L’informatique de cette entreprise est tellement dépassée et bureaucratisée qu’elle a évalué que la mise en place d’un blogue interne coûterait, tenez-vous bien, 150 000$… Les deux bras m’en sont tombés! J’écrivais en août dernier : «Nos entreprises se débattent encore avec leurs intranets 1.0 et quand elles veulent les faire évoluer, se butent souvent à la résistance des départements TI qui, au lieu de générer l’innovation, comme ce fut jadis le cas, la freinent furieusement afin de conserver leurs prérogatives et leurs architectures si familières, si rassurantes mais pas si sécuritaires…».

C’est bien cela le principal problème des entreprises québécoises, présentement loin en retard sur celles des USA ou d’Europe. C’est que leur informatique ne suit pas, résiste, freine le changement. Les employés de ces départements sont mal formés ou pas du tout aux technologies du Web et surtout du Web 2.0. Et surtout leurs dirigeants sont de la vieille école et c’est dommage car les Ti, auparavant, généraient le changement. C’était il y a bien des années…

Et le changement vient de la base…

Comme je le dis souvent en conférence, les employés poussent pour l’adoption en interne de leurs usages externes du Web en tant que consommateurs. Les Ti eux, ont les deux pieds sur le frein. C’est tellement typique d’une entreprise 1.0 où les technologies et les usages sont dictés par les Ti alors que dans l’entreprise 2.0 ce sont les usagers qui les dictent.

Regardez d’ailleurs ce dernier tableau publié récemment sur le blogue de la conférence Enterprise 2.0 et qui porte sur les leaders de l’intégration des outils du 2.0 dans l’entreprise. Clairement et majoritairement c’est maintenant du bottom-up: les employés imposent les usages. Ce sont eux qui génèrent maintenant l’innovation.

Pour en savoir un peu plus sur les conditions de succès de l’intégration des stratégies et outils du Web 2.0 dans l’entreprise et aussi pourquoi certains se plantent royalement, je vous suggère de lire attentivement le billet publié par Dion Hinchcliffe, intitulé: « 14 Reasons Why Enterprise 2.0 Projects Fail ».

Comme par hasard, il y traite entre autres de « bottom-up » et de gouvernance… Dion est l’un des grands spécialistes de l’entreprise 2.0 et devrait d’ailleurs être à Montréal en mai prochain avec son University 2.0, dans le cadre de webcom-Montréal. En passant, c’est un pré-scoop !

Et parlant de scoop, ceux qui sont allés sur le site de webcom-Montréal auront certainement remarqué que Walton Smith, de Booz Allen Hamilton sera de la partie et viendra parler du projet de communauté interne baptisé « Hello ». BAH ce n’est pas rien aux USA, c’est un des principaux fournisseurs du gouvernement américain avec 22 000 employés. Il y aura aussi Viviane Garrigos, de la Société Générale en France qui viendra aussi présenter leur communauté interne.

À quand une communauté interne dans une entreprise québécoise?

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2 Commentaires

  • Répondre Richard Collin 14 octobre 2009 - 10 h 17 min

    Cher Claude…bien d’accord avec toi ..et à l’Emsi(Ecole de management des sytémes d’inforation) de Grenoble Ecole de Management nous essayons de faire évoluer ça…j’ai d’ailleurs un cours en master intitulé DSI2.0…un livre collectif est d’ailleurs sorti la semaine derniére chez Dunod http://www.amazon.fr/Strat%C3%A9gie-pilotage-syst%C3%A8mes-dinformation-Poissonnier/dp/2100532049 dont j’ai écrit la postface « vers le DSI 2.0″…

  • Répondre Jeff Mignon 14 octobre 2009 - 18 h 37 min

    Claude, il n’y a pas que les entreprises québecoises. Je te rassure… ou pas. C’est pas très jojo aux USA non plus. On est dans la défense de ses petits pouvoirs. Humain. Sauf que now ça va, trop souvent, à l’encontre des intérêts de l’entreprise et donc de l’ensemble des salariés. Il faut le dire haut et fort. Merci de le faire. Mais, comme la majorité des CEO ne comprennent pas grand chose aux technos, piur ne pas dire rien, ils sont bloqués.
    Je me souviens d’un RDV dans une banque, en Europe, où nous proposions de nouveaux outils de communication interne, via le web. J’avais écrit sur un papier, avant la réunion avec les TI, toutes les points qu’allait mettre en avant le service TI pour refuser d’installer la solution proposée. Le papier était entre les mains de la responsable de la communication. 100% dans la cible.
    Il est temps que les dirigeants des entreprises et surtout leurs exec se mettent aux technos. C’est maintenant partie intégrante de la majorité des jobs. On économisera bien des coûts.

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