Événements Politique numérique

#wcit2012mtl(2): Déceptions 2.0, «pitches» de vente et plans numériques

22 octobre 2012

Juste avant de me diriger vers la Palais des Congrès à Montréal pour assister au WCIT2012, j’ai reçu un communiqué très officiel de l’organisation tentant de bien positionner l’événement. Le passage le plus évocateur de François Morin, PDG de l’événement allait ainsi : « Le WCIT 2012 représente une opportunité unique pour les décideurs de l’industrie, les gens d’affaires, les représentants des gouvernements et du milieu universitaire ainsi que pour la société civile de discuter des enjeux de l’industrie des TIC et de nouer des relations stratégiques favorables à la croissance des affaires».

Comme c’est le cas de bien des événements du genre, on promet beaucoup mais on livre peu, du moins pour ce matin…

photo (96)

Désolé de la qualité de la photo…

Donc une légère déception en ce début de première journée. Ainsi, nous avons eu droit  après les cérémonies officielles d’ouvertture à une conférence moins inspirée que prévue de Clay Shirky sur le rôle des médias  et leur public d’utilisateurs et non de consommateurs. Bref, le discours que nous entendons depuis quelques années, venant autant de Shirky que de Jeff Mignon ou Jeff Jarvis, genre :«Les médias étaient des pipelines qui allaient du producteur au consommateur. Ceux qui en étaient les destinataires peuvent désormais agir en qualité de créateurs, de rédacteurs, d’interprètes ainsi que de promoteurs ou de détracteurs publics.» Faut dire que l’auditoire ici à la conférence est très Ti et assez âgé. Je donne donc le bénéfice du doute à Clay. Il y a encore de la sensibilisation à faire.

Ce qui fut aussi le cas du panel suivant où on retrouvait entre autres, Jonathan Zittrain, Danah Boyd et Juliana Rotich, de la plate-forme de «crowdsourcing» Ushahidi. Leur panel portait sur  – Bâtir une société numérique : les médias sociaux et la place publique mondiale. Encore là, rien de bien nouveau sauf qu’on a passé beaucoup de temps sur les problèmes de présence positive ou négative sur les réseaux sociaux et qu’on a fait gras cas des problèmes actuels de cyberintimidation en particulier du cas d’Amanda Todd. Ce que je n’ai pas eu ce matin, c’est ce qui avait été promis : une vraie discussion sur la place du Web 2.o dans la future société numérique. Le débat n’a pas eu lieu, ni sur scène, ni entre la scène et l’auditoire. Et en animation, Don Tapscott en a rajouté une couche en revenant, très pédagogique sur la place des «natifs de numérique» dans la société, en dehors des stéréotypes. Mais Tapscott resasse ce discours depuis son livre «Grown Up Digital», écrit il y a 12 ans…

minute

Finalement, dernière intervention avant le lunch du midi, une dénommée Kimberly S. Stevenson, VP et directrice de l’informatique pour Intel. Dommage, le sujet promettait : «Toute la population de la terre : réaliser le potentiel d’un monde vraiment connecté» Mais nous avons eu droit à un «pitch» de vente interminable. En fait, je résume par ce Tweet glané sur le mot-clic de la conférence :

Nkem Uwaje ‏@MissUwaje K. Stevenson Intel CIO’s presentation started on an inspirational note & suddenly turned into an advert 🙁 #WCIT2012mtl

Une seule consolation, l’image présentée en début de conférence sur une nouvelle présentation des chiffres sur le Web en une minute (voir ci-haut).

En début de PM. les attentes ne sont pas élevées surtout que nous aurons affaire aux politiciens qui viendront lire leur cassette et tenter de nous convaincre qu’ils travaillent sur le leadership et l’innovation dans un monde branché. Nous attendions Christian Paradis, nous avons eu droit à Gary Goodyear et une cassette conservatrice bien huilée où on a mis de l’avant la bonne santé de l’économie du Canada, le soutient aux entreprises et Ti, etc…

C’est souvent les petits pays qui sortent de la langue de bois… Ce fut le cas pour Dr Maximus Ongkili Datuk Seri Panglima , ministre de la science et de la technologie de la Malaisie. Dans Wikipedia, on décrit ce petit pays comme un des tigres asiatiques. Il est passé en 25 ans du stade de pays en voie de développement à celui de pays développé. Le développement de la Malaisie est organisé en fonction de plans de développement quinquennaux. En mars 2006, le gouvernement a lancé le 9e plan de développement. Le gouvernement a pour but d’arriver en 2020 a une nation pleinement moderne et développée. ‘Malaysia 2020’ constitue un véritable leitmotiv dans le pays. Et le ministre en a présenté une vision toute numérique.

Un hors d’oeuvre intéressant qui met la table pour pour mercredi, en fin de conférence où  Anthony D. Williams, responsable de la programmation de WCIT 2012 dévoilera aux participants un Plan d’action pour une société numérique lors de la cérémonie de clôture du congrès. Ce Plan vise avant tout à établir les principes qui maximiseront les nombreux avantages que divers secteurs et institutions peuvent tirer des technologies numériques. Il sera susceptible d’informer, d’inspirer et de guider les décideurs oeuvrant dans des domaines aussi diversifiés que ceux de l’administration publique et des soins de santé en passant par l’éducation, l’environnement, la culture et les sciences. La WITSA fera la promotion du Plan d’action comme outil d’élaboration de politiques publiques, de programmes d’enseignement, de programmes de responsabilité civile, etc. jusqu’à la tenue du WCIT 2014 à Guadalajara au Mexique.

Ce sera intéressant de voir si les grandes lignes de ce plan peuvent correspondre aux travaux que nous menons présentement sur le Plan numérique pour le Québec. À suivre…

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2 Commentaires

  • Répondre André Mondoux 22 octobre 2012 - 19 h 14 min

    Faut-il encore s’étonner du capitalisme 2.0 qui,
    somme toute, ressemble à s’y méprendre à la première mouture. L’harmonie mondiale promise est d’abord et avant tout économique. En un sens, l’hégémonisme peut effectivement passer pour une forme d’harmonie…

  • Répondre Daniel J. Carrière 24 octobre 2012 - 7 h 26 min

    Par contre la vision numérique de la Malaysie valait certainement le détour. Sans doute un dossier à creuser, car cette adoption des technologies au moment où elles sont « matures », pour peut qu’elles ne le soient jamais, est évidemment un facteur susceptible de propulser leur économie.

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