C’est en lisant un statut (ci-dessous) sur le mur Facebook de l’amie et blogueuse fort connue Anne Lataillade que l’idée de ce billet m’a littéralement explosé au visage… Écrire sur le «scraping» de données sur ce blogue, dix ans après l’avoir fait une première fois le 9 janvier 2008. Et pourquoi revenir sur le sujet? Tout simplement parce que personne ou presque ne s’est soucié du phénomène jusqu’au «scandale» de Cambridge Analytica sur l’utilisation des données personnelles de plus de 800 millions d’abonné.e.s Facebook.
Notre petit échange sur Facebook au sujet du «scraping»
À la sortie des premières infos sur cette affaire, j’ai réagi avec une certaine indifférence mais je ne peux rester insensible au fait que tout le monde s’y mette et se scandalise sans savoir que tout le monde le fait en même en cuisine comme le souligne Anne.
Et voilà qu’en plus, «Zuckie» en agneau sacrificiel emblématique de la Silicon Valley, est forcé d’aller témoigner devant les deux chambres du Congrès. Alors là, je me suis dit: mais voyons donc, pourquoi ils en font tout un plat ? Tout le monde le sait depuis au moins dix ans. Et malheureusement, on a vu l’ignorance de ces pauvres sénateurs qui représentent bien leurs électeurs ( voir l’image de couverture). Il n’y a rien de nouveau là et ces politiciens devraient le savoir…
Tous les partis politiques ont, depuis la campagne Obama en 2008, leur propre système avec un nom particulier pour faire du ciblage à partir des réseaux sociaux. De là à passer à la manipulation, le pas est très court mais le monsieur ou la madame qui nous représente choisit de ne rien voir ou mieux de ne rien savoir. Jusque là….
Faut croire que pour beaucoup de monde, hors de la sphère du Web et la techno, c’était de l’inédit, comme s’ils se réveillaient tous d’un coup en 2018 en se disant «Au secours, on tripote dans mes données personnelles !» Désolé groupe mais c’est pratique courante et pas juste avec Facebook. Voici reproduit ci-dessous, le billet que j’ai commis en 2008. Oui, oui, vous lisez bien.
Et en passant, je n’ai pas eu un coup subit de science infuse pour l’écrire. C’était pour… Mais voyez par vous-mêmes:
«Un billet pour partager avec vous mes réflexions à la suite de la lecture du dernier numéro du magazine Wired. Tout d’abord sur le reportage «The Data Wars», écrit par Josh Mchugh et dont j’ai parlé cette semaine en faisant référence au phénomène du «scraping» des données, phénomène courant pour les plates-formes de mise en relation sociale ou professionnelle ( ex: LinkedIn ou Viadeo qui vous proposent de récupérer les adresses de vos contacts dans Outlook ou Gmail)
Dans cette guerre des données, que se livrent, entre autres, Google et Microsoft, l’auteur note que lorsque Microsoft a investi dans Facebook, toutes les plates-formes rivales, dont LinkedIn, se sont vues interdire l’accès au service webmail de Microsoft, ne pouvant plus ainsi «scraper» les noms et adresses email des membres. De plus, plusieurs compagnies, dont Google ont commencé à mettre en place des API pour contrôler et même canaliser le «raclage» de leurs données par d’autres sites ou plates-formes.
Le reportage se termine par une répartie de Reid Hoffman, (le fondateur de LinkedIn) :
«It’s not the place of companies like Yahoo, Microsoft, Facebook or LinkedIn to decide who gets access to their user’s data. It should be up to the users themselves. It’s simple, the individual owns the data, even if it sits in some company’s server farm».
(Google pour ne pas la nommer…) Et on en revient au débat qui a fait rage à la fin de la conférence LeWeb3 à Paris. La propriété des données, leur utilisation à des fins autres entre autres et débattu lors d’un panel sur l’Open Social Initiative, avec sur scène Eric Tholomé, de Google, Marc Mayor, de MySpace (NDLR: oui, oui, ça existait encore) et Éric Didier de Viadeo et dans la salle, rien de moins que Marc Canter.
On en revient aussi à un autre article, toujours paru dans le dernier Wired mais qui est passé presque inaperçu. Il s’agit d’une courte entrevue avec Nicholas Carr, auteur du livre «The Big Switch- Rewiring the world, from Edison to Google». Ce titre dit tout… Sur les intentions de la firme du Mountain View. Dans cette entrevue, il parle des méga-entrepôts de données, des ordinateurs personnels qui vont devenir des terminaux, que Eric Schmidt et Google vont finalement réaliser le rêve de Sun Microsystems : «The network IS the computer». Un seul ordinateur mondial relié aux méga-centres de données et qui créent un «data cloud».
Le méga-entrepôt de serveurs de Google à The Dalles en Orégon
Et Carr y va de cette tirade terrifiante:
«But as systems become more centralized — as personal data becomes more exposed and data-mining software grows in sophistication — the interests of control will gain the upper hand. If you’re looking to monitor and manipulate people, you couldn’t design a better machine.»
Nous ne sommes plus très loin de «Big Brother»… Son livre demeure un must en 2008, en cette année où l’identité numérique et le propriété des données seront, à mon avis, l’enjeu crucial…»
Je ne croyais pas si bien dire mais je me suis quand même trompé de dix ans…
NDLR: Parlant de dix ans, il en aura fallu douze pour que j’atteigne finalement le cap des 1 000 billets. CE BILLET EST LE 1 000e !!! Faut dire que j’ai été occupé à d’autres choses depuis la fin de 2013…
MAJ:
On me fait remarquer de ne pas oublier de parler du RGPD qui entre en vigueur le 25 mai (Règlement général sur le protection des données), qui vise la protection des renseignements personnels pour la zone Euro mais qui nous touchera surtout les entreprises et agences et leurs bases de données mais aussi les individus. Cliquez sur le lien ci-haut pour en savoir plus.
C’est ainsi que s’intitule la stratégie numérique dévoilée le 13 décembre par le gouvernement du Québec en présence d’un aréopage de ministres dont Dominique Anglade qui pilote le dossier. Ce matin, je voulais me brancher sur Facebook Live pour suivre le dévoilement de cette stratégie mais mon portable a planté à la suite d’une mise à jour difficile dans la nuit. Lire la suite
Titre provocateur s’il en est un mais qui cache une bien triste réalité: la collaboration est actuellement offerte en sacrifice à l’autel de la sécurité des données et des applications… Finie l’utopie du Web 2.0, de l’espoir de changer le monde tous ensemble dans un vaste élan de prise de parole et de collaboration. De changer les entreprises, leur hiérarchie et leur domination du capital sur le social. Finie ou presque le grand espoir du logiciel libre et ouvert qui ferait économiser des milliards aux gouvernements. Presque finie aussi la grande illusion de la fin de la corruption par l’ouverture des données publiques… Lire la suite
Bon… C’est parti pour une autre campagne électorale. Que vous le vouliez ou non, c’est le grand exercice démocratique que bien des peuples nous envient. On parle de style et de couleur à la télé. On parle d’image des chefs, de slogans, d’attitudes. Les Québécois interviewés à la télé parlent de gestion: de gestion de la santé, de l’éducation, de l’économie, des infrastructures, etc. Mais qui parle de vision, d’un coté comme de l’autre ? Lire la suite
Ce matin et sans jeu de mots, tout le monde en parle… De quoi au juste ? Du Tweet-selfie qui est devenu hier le plus populaire de la courte histoire des médias sociaux, dans ce cas-ci Twitter. L’ancien record allait à un politicien. Bien entendu la photo de Barack Obama à la suite de sa victoire en 2012. Le Tweet Four more years avait été RT près de 800 000 fois. Dans mon cours à l’Université de Montréal, je recense pour mes étudiants les tweets marquants de l’histoire de ce médium de l’instantanéité. Tous ces derniers ont trait à des événements politiques ou sociaux qui ont marqué les sept dernières années (2007-2014). Lire la suite
Hier soir à LeWeb, il y avait neuf activités dont deux soirées officieuses mais très importantes chacune dans leur genre… Le Badoo Party, pour les amateurs de soirées branchées, avec filles sexy et musique techno et avant, la réception à l’ambassade de Suède… Et c’est justement de cette réception que je veux vous entretenir car j’y suis allé en compagnie d’une nouvelle bonne amie, soit la blogueuse Russe Daria Batukhtina, ceci à mon grand bonheur mais aussi à mon grand désarroi….
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C’était aujourd’hui le jour J ! En effet, à 10h00 ce matin nous dévoilions notre rapport d’étonnement qui devrait mener à la mise en forme d’un Plan numérique pour le Québec. La rencontre de presse a eu lieu à la Société des Arts Technologiques (SAT) à Montréal. Comme je l’écrivais dans le billet précédent, le reste dépend de VOUS !
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NDLR: Je publie ci-dessous le contenu personnalisé et légèrement modifié (ce qui n’engage que moi…) d’une lettre que nous avons collectivement publiée aujourd’hui sur le site de Démocratie ouverte:
Pour répondre aux nombreux questionnements légitimes soulevés par un article de Nathalie Collard de La Presse, qui titrait : « À quand un ministre du numérique?» et qui nous citait, voici, en toute transparence quelques explications que j’estime devoir apporter.
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Plusieurs d’entre nous militent depuis longtemps pour que notre gouvernement prenne enfin le virage du numérique et nous assure une compétitivité mondiale en ce domaine mais il semble que bien peu de nos politiciens soient au fait de l’importance d’une politique numérique pour une société qui se veut fermement tournée vers le futur. Il y a bien eu une amorce avec le rapport Gautrin qui a d’ailleurs accouché du portail de données ouvertes. Mais il faut voir plus loin, beaucoup plus loin…
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C’est la faute à Michelle Blanc… Elle a écrit un billet récemment sur la «pochitude» des sites des divers partis politiques québécois, leur absence de stratégie Web 2.0 et surtout leur silence tonitruant en matière de vision pour un Québec numérique. En fait, aucun parti ne propose de stratégie pour mettre le Québec «sur la mappe» du numérique et cela autant Michelle que d’autres le dénoncent avec raison. J’ai fait aussi ma part dans cette dénonciation en signant, entre autres CE BILLET.
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Je ne pouvais pas passer sous silence ce qui se passe aujourd’hui chez nos voisins du Sud et un peu partout sur la planète alors que comme le mentionne Le Devoir «Plus de 7000 sites Internet du monde, surtout anglophones, manifestent aujourd’hui leur opposition aux projets de lois de lutte contre le piratage des élus américains».
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