L’an dernier j’avais écrit, dans mon analyse des résultats de l’Observatoire de l’intranet et de la stratégie numérique qu’il y avait confusion des genres, en ce qui avait trait à la gouvernance et les «community managers» ou comme on l’écrit ici, des gestionnaires de communautés. Cette année, je dois avouer que la plus grande confusion règne autour des réseaux socio-professionnels ou RSE. Et pas seulement dans les résultats de 2014 mais bien depuis deux ans…
En effet, qu’est-ce qui différencie un RSE d’un intranet ou d’autres outils de collaboration ou de communications tels que les blogues, wikis, messagerie en temps réel (micro-blogging), idéagoras et autres plates-formes ? Encore une fois permettez-moi de revenir en arrière, soit en septembre 2013. Sur ce blogue j’ai écrit un billet justement sur cette confusion des genres quant aux RSE et fait une tentative de différentiation :
«Pour mettre fin à la confusion des genres entre tout ce beau monde, je crois qu’il est pertinent de définir clairement l’un et l’autre. Qu’est-ce qu’un intranet au juste ? Selon ma propre définition c’est : « un écosystème fédérateur et maintenant devenu collaboratif, qui se sert d’une interface Web (navigateur) pour intégrer les contenus, les bases de données, les systèmes et la technologie de façon à permettre aux gestionnaires et aux employés d’accéder au bagage complet d’information et d’outils dont ils ont besoin pour bien faire leur travail».
«Par contre le RSE ou réseau socio-professionnel interne est selon Wikipédia : «un service de communication réservé à un groupe délimité (entreprise, association, communauté) utilisant des fonctions identiques à celles des réseaux sociaux publics (le profil individuel, les messages postés sur un mur, les forums, wiki, conversations, partage de documents, vidéos, liens internet…) et, pour les solutions les plus évoluées, des outils collaboratifs dédiés à la veille, la communication en réseau, la gestion de projets...»
Il me semble que c’est plus clair non ? Un RSE est une plate-forme de service en communication qui offre des outils collaboratifs et socio-professionnels. Faut croire que cette précision n’a pas eu l’effet escompté sur les questions posées aux participants de l’Observatoire. Dans cette optique, les responsables de l’étude ont élaboré cette question un peu alambiquée à mon avis. Certes c’est bien de vérifier le taux d’adoption des services ( à mon avis, il en manque certains et pas les moindres: bloques, wikis, micro-blogging, etc.) mais la vraie question était là, en 3.1.1.
«L’intranet met-il à la disposition un réseau social d’entreprise (RSE) et des fonctionnalités sociales ?» Et dans cette question, il y a deux propositions: le réseau social d’entreprise ET les fonctionnalités sociales. Dans les choix de réponses, on a volontairement mis l’accent sur les fonctionnalités sociales et évacué le RSE en tant qu’entité. Donc, pas moyen de savoir quel est la vraie tendance dans l’adoption des RSE. Notez que le dernier point de forme est révélateur…
Donc, que penser du montage suivant ?
Le premier, publié l’an dernier, parle de RSE et celui de cette année, d’outils sociaux. Et dernier point : certains objecteront que les fonctionnalités sociales font le RSE… Pas nécessairement. Prenez les dix outils répertoriés. Des fils RSS ? Des alertes courriel ? Des enquêtes en ligne ? De la publication de commentaires ? Un présentiel ? Toutes des fonctions qui peuvent exister dans l’intranet hors du réseau social d’entreprise.
À l’inverse, prenez une suite dite sociale comme Connections d’IBM, qui se veut l’exemple ultime d’intégration de fonctions sociales en en réseau socio-professionnel taillé sur mesure pour les grandes entreprises et/ou organisations et faites la comparaison. Clairement, on ne s’entend pas ici sur ce qu’est un RSE et ses fonctions ou services…
En voyant pareil éventail se services, certains pourrait arguer qu’il s’agit plus là d’un portrait intranet mais non, l’intranet c’est autre chose et je vous renvoie aux définitions du début de ce billet. Et pourtant, il y a un tableau dans cette étude où on aurait pu donner une idée plus juste et claire de l’adoption et l’utilisation des RSE. Celui du socle technologique. Vérifier quelle suites logicielles mais surtout sociales sont utilisées. Un peu comme pour Connections… Voici le résultat qui ressemble beaucoup au socle technologique de la collaboration :
Ce n’est une surprise pour personne… Microsoft est en tête même si SharePoint n’offre pas de RSE et est très faible en intégration collaborative. En fait, SP est un portail de gestion documentaire à la base et est construit en fonction de cet usage primaire… Sauf que Microsoft a acheté Yammer, une plate-forme de micro-blogging pour l’interne qui a évolué au fil des années en une suite logicielle sociale. À noter également la montée des outils en code source libre, de Jalios, une suite française et Jive, une suite USAienne et une baisse d’IBM. À noter qu’on n’identifie même pas Connections… On parle de portail, de Quickr, Sametime, dommage. Demain, un autre point sensible pour les intranets comme pour les réseaux socio-professionnels: la gouvernance !
MAJ
Un billet de Dennis Howlett sur les grandeurs et misères de l’entreprise sociale et les RSE
Aucun commentaire